Introduction - article ; n°1 ; vol.6, pg 13-19
7 pages
Français

Introduction - article ; n°1 ; vol.6, pg 13-19

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
7 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Culture & Musées - Année 2005 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 13-19
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

J
A
C
Q
U
E
L
I
N
E
E
I
D
E
L
M
A
N
INTRODUCTION
À
l’horizon 2010, le paysage parisien des
musées d’ethnographie sera entièrement modifié. Une institu-
tion unique – le musée du Quai-Branly – va se substituer à trois
établissements dont l’origine remonte aux années 1930, lorsque
la discipline ethnologique, dans ses différents aspects, éprouvait
sa légitimité. La nouvelle institution, qui rassemblera la majeure
partie des collections publiques extra-occidentales, entend arti-
culer histoire de l’art et culture matérielle. Lui répondent les
projets d’une Cité nationale d’histoire de l’immigration en lieu et
place du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, d’un nouveau
musée de l’Homme recentré sur l’espèce humaine dans son
rapport avec l’histoire et l’environnement, d’une réinvention
du musée des Arts et Traditions populaires sous les aspects d’un
musée national des Civilisations de l’Europe et de la Méditer-
ranée à Marseille. À travers ces projets qui s’interpellent, on peut
discerner plus généralement l’acclimatation du concept nord-
américain de
musée de civilisation
sous la forme de
musée des
cultures du monde
, en meilleure harmonie avec l’histoire euro-
péenne des idées – ce que l’on voit en France, s’aperçoit du
reste dans d’autres pays du continent, en Belgique, en Suède, en
Allemagne… Le moment semble donc propice pour examiner
les différentes lignes de force qui préparent une telle reconfigu-
ration. Un point de concours paraît être une plus grande atten-
tion portée aux visiteurs et à leurs horizons d’attentes. Ceci peut
se lire dans le développement des études de réception d’exposi-
tion, qui, à un titre ou à un autre, préfigurent les créations à veni
r.
Mais également, dans la mise en oeuvre d’une nouvelle logique
d’action : la muséologie participative. Sur quels concepts et pos-
tulats reposent ces différentes démarches ? Quels principes
et quelles méthodes mobilisent-elles ? À quels univers de sens et
de pratiques font-elles référence ? Quels agencements et réagen-
cements des rapports qu’entretiennent les professionnels des
musées et les publics prennent-elles en compte ?
Contexte de mondialisation des échanges culturels oblige, le
genre
musées de sociétés
est appelé à servir d’enseigne à une
relation renouvelée des individus et des collectifs à la culture et
aux cultures. On le voit d’emblée, le balancement entre l’usage
du singulier et du pluriel manifeste que la question renvoie aux
13
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
p
rocessus d’individualisation et de socialisation des systèmes
réifiés de liens matériels ou idéels qui se nouent ou se
dénouent entre les personnes, de quelque origine soient-elles,
de quelque groupe d’appartenance se réclament-elles (Candau,
2000). C’est dire que, plus distinctement que pour d’autres
genres de musées (ceux de beaux-arts ou de sciences, par
exemple), la question qui est ici convoquée est celle du
contenu de ces liens (« horizontaux » et « verticaux », pour parler
comme Namer, 1989) qui, à travers la mémoire et le patrimoine,
sont tissés entre le (les) individu(s), le(s) groupe(s) et la (les)
société(s).
Or, en France, ce n’est que très récemment que les établisse-
ments rassemblés couramment sous le vocable de musées de
sociétés ont encouragé une recherche sur les publics sous l’angle
de la compréhension des identités narratives (Ricoeur, 1990)
et de
leur socialisation. Si une perspective conceptuelle du visiteur
et
de la visite au musée était au principe de la notion d’écomuséo-
logie et de la figure du « visiteur-habitant » (chez G. H. Rivière et
H. de Varine), sa traduction concrète dans une politique des
publics, issue de la connaissance des pratiques et de la signi-
fication des visites, est restée inaccomplie. Alors que ces établis-
sements auraient dû être aux avant-postes d’une démarche
intégrant la connaissance des visiteurs à la création muséale, ils
se sont montrés particulièrement réticents sauf, peut-être, en ce
qui concerne la constitution et la documentation des collections.
Un dépouillement de la revue
Ethnologie française
, par exempl
e,
témoigne d’un désintérêt, à peu près complet, pour une
approche empirique de la fréquentation de ces établissements
qui pourrait rendre compte de l’écho rencontré par ce projet de
la
Nouvelle Muséologie
chez le public tout-venant – et si, chez
un P. Mairot (1997), on devine l’effet en retour d’un contact
régulier avec les visiteurs sur une pratique professionnelle, l’ap-
proche demeure toute théorique. Faut-il y voir le signe que les
professionnels de ces musées se sont, d’abord, attachés à
convaincre (voire se convaincre) du statut scientifique des col-
lections dont ils avaient la charge afin de mettre un terme au
mépris dans lequel ils se sentaient tenus par leurs collègues des
musées de beaux-arts ? Lorsque, à l’aube des années 1990, le
ministre de la Culture entreprend de mettre en exergue la fonc-
tion sociale de ces établissements, il paraît que le propos ne dé-
passe pas le cercle des conservateurs : c’est que l’ambiguïté de
la dénomination « musées de société » semble « une riposte, une
réplique » bien insuffisante face à la « toute-puissance » des
musées dits légitimes, comme ne se prive pas de le remarquer
Jacques Hainard (Actes du colloque
Musées et sociétés
, 1993).
Même important, leur public est presque passé sous silence,
comme s’il ne paraissait pas en mesure de légitimer une action
culturelle de haute volée. Conséquence directe ou effet pervers,
14
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
ces visiteurs demeurent mutiques quand on cherche à trouver
une trace de leur fréquentation dans leurs pratiques culturelles,
si ce n’est honteux de leur goût pour eux (Eidelman, Cordier,
Letrait, 2003).
De fait, à l’instar du travail longtemps demeuré isolé de A.-M. Rie
u
(1988) à propos des musées de Mulhouse, le souci des publics
a, le plus souvent, relevé de l’étude classique de marché et c’est
du reste, du côté des études en marketing culturel dans l’op-
tique du développement touristique local qu’on trouve encore
le plus grand nombre de données référencées (Cousin, 2000).
L’approche linguistique et formelle que M.-S. Poli développe à
Grenoble (2002) intervient plusieurs années après et réinscrit les
travaux sur les publics dans le champ des sciences de l’informa-
tion et de la communication. D’une certaine manière, le détour
par l’Amérique du Nord, et plus particulièrement le Canada,
réaiguille les questionnements et les pratiques d’investigation.
En tant que nouveau paradigme muséal (que Davallon identi-
fiera comme
muséologie de point de vue
) et en tant qu’initiateur
de larges programmes consacrés à l’étude de visiteurs, le con-
cept de musée de civilisation (au pluriel ou au singulier) va incite
r
la communauté française des praticiens et des chercheurs à porte
r
un nouveau regard sur les publics et sur les musées qui se
consacrent à la mise-en-culture des faits de sociétés, qu’elles
soient proches ou lointaines.
Deux principales questions croisées se posent à eux pour
étudier l’impact de ces « musées-monde », ouverts et pluriels,
supposés délivrer au plus grand nombre les clés d’interprétation
des évolutions des modes de vie et de pensée à travers la mise
en exposition d’un patrimoine de toute nature et origine. La pre-
mière porte sur la manière dont ils servent le projet de chaque
individu de construire et d’énoncer sa propre histoire, à lui-
même et aux autres. La seconde s’intéresse à la façon dont ils
parviennent à échapper à l’enfermement d’une problématique
identitaire, susceptible de produire un communautarisme exa-
cerbé et un renforcement des distinctions, pour promouvoir de
l’universalisme par le métissage. Bref, en tant que dispositifs
socio-symboliques (Davallon, 1999), ces musées de la diversité
culturelle illustrent-ils une modalité renouvelée de l’individu et
du social ? Parviennent-ils à être non seulement des lieux d’échange
et de partage, mais aussi des lieux de sociologie réflexive : de
soi-même comme un autre (Ricoeur, 1996) et des autres en soi
(Caune, 1992) ?
Les articles qui suivent explorent cette tension en s’intéressant
à cette transaction réflexive que le dispositif de médiation
muséal installe entre des visiteurs et des oeuvres de culture qui
peuvent leur sembler tout à tour familières ou étranges.
Serge Chaumier, dont le travail approfondi sur les musées de
territoire fait désormais référence, procède d’un point de vue
15
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
épistémologique pour cadrer le débat autour des philosophies
d’action des établissements qui se réclament de l’anthropologie
culturelle. Il rappelle, d’abord, comment les musées d’histoire et
d’ethnologie se sont approprié le concept d’
identité
pour se pose
r
en tant que « musée identitaire ». Il relève qu’au même moment
où cette figure prend forme, son principe se voit contesté par
les analyses critiques de la modernité émanant des sciences
humaines et sociales. Quelles alternatives s’offrent à ces établis-
sements qui paraissent comme piégés par une valorisation de la
communauté au nom du relativisme culturel ? Davantage qu’un
simple remplacement d’un mot par un autre, le musée est appelé
à jouer un rôle de mise en garde en abordant frontalement la
question de l’identité et en proposant des outils d’interprétation
critique. Il doit s’engager dans une voie qui, nous dit Chaumier,
consiste à déconstruire les identités, les traditions, les cultures,
plutôt qu’à les fortifier en nourrissant l’illusion de leur perma-
nence. Un travail sur les représentations sociales tout comme
sur la réception des expositions et les effets de sens qu’elles
génèrent chez les publics doit, par conséquent, être au centre
de leur réflexion comme de leurs pratiques.
L’article de Jean-Pierre Cordier suggère une première manière
de procéder. Il prend pour support l’étude de réception de
l’une des dernières expositions présentées au musée des Arts
d’Afrique et d’Océanie. Celle-ci, consacrée au thème de la mort
et aux rites funéraires en Océanie et en Europe alémanique, lui
donne la possibilité d’aborder la question des
limites
au musée,
en tant qu’analyseur d’une variabilité des individus et du poten-
tiel créatif du travail muséographique. Considérant ce qui lui
semble être un décloisonnement croissant des secteurs et
champs disciplinaires à l’oeuvre dans la sphère muséale, il fait
tout d’abord un détour par les expositions d’art contemporain
pour mieux situer les attendus des phénomènes de transgres-
sion. À partir de là, il peut passer à l’étude des frontières mou-
vantes de la compréhension intellectuelle et sensible de l’altérité
et de l’identité. Ce serait à la fois la situation d’interaction entre
la proposition muséale, les caractéristiques des visiteurs et leurs
conduites de sociabilité durant la visite qui permettrait de résou-
dre le problème de l’
acceptabilité
d’une façon constructive, en
le faisant évoluer selon un principe de réflexivité.
Quittant le contexte des musées français, on passe à la ma-
nière dont la problématique s’énonce ailleurs. Analysant les
motifs du débat sur la diversité culturelle, Gérard Selbach et
Laurella Rinçon considèrent des populations longtemps laissées
pour compte par l’histoire des musées et plus largement par le
patrimoine des nations. Tandis que l’un porte son attention sur
la quête patrimoniale des populations autochtones amérin-
dien
nes des États-Unis, l’autre s’intéresse, en Suède, à celle d’un
group
e d’immigrés originaires de la Corne d’Afrique. Tous deux,
16
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
cependant, étudient la transposition d’une problématique « com-
munautaire » visant à accorder une visibilité aux minorités dans
les institutions culturelles, lorsque son principe est intégré à une
expérimentation de la muséologie participative ou intégrative.
Au National Museum of Natural History à Washington, Selbach
se penche sur le processus de fabrication en « cogestion » d’une
exposition sur les Séminoles où un couple d’Amérindiens a été
appelé à travailler de concert avec un conservateur non-indien
pour sélectionner des artefacts représentant leur tribu et les
commenter dans des textes affichés à destination du public. Au
Världkulturmuseet de Göteborg, Rinçon prend pour référence la
réalisation d’une exposition à l’occasion de laquelle un groupe
d’une vingtaine de personnes d’origine africaine a été invité à
collaborer à un projet de réinterprétation des collections du
musée, et qui, dès lors, acquiert le statut de « collaborateur » au
même titre que le reste des professionnels du musée (commis-
saires, muséologues, scénographes, etc.). Ces deux exemples
entendent montrer à quel point une pratique muséographique
innovante sert l’enrichissement de la documentation d’un patri-
moine comme celui de sa réception.
Côté réception, justement, Wilfried Rault et Mélanie Roustan
reviennent sur deux études consacrées aux représentations qui
entourent le projet de musée au Quai-Branly. Une analyse des
discours recueillis, à deux ans de distance, auprès de visiteurs
du
MAAO
montre une polyphonie d’images tout comme la réso-
nance toute particulière des problématiques d’ouverture et de
fermeture pour le monde des musées. Regroupement de musées,
« grand projet » et institution dédiée aux « arts premiers » sont les
représentations qui viennent spontanément. Puis, s’éloignant de
la question du statut des objets de musée pour passer à celle de la
représentation des cultures non occidentales, ou abandonnant
celle des conditions d’accessibilité pour s’interroger sur la fonc-
tion sociale de l’équipement culturel, le défi s’avère d’un autre
ordre : comment le rapport au passé colonial de la France sera-
t-il présenté ? Jusqu’à quel point montrera-t-on une complémen-
tarité entre art et ethnologie ? La politique des publics sera-t-elle
de type élitiste ou de démocratisation ? Sur ces trois plans recom-
posés, le projet du futur musée apparaît politique.
L’ensemble de ces contributions ouvre donc largement un
champ
de questionnements sur les formes identitaires, leur cir-
culation, leur mise en représentation et leur réception. En atti-
rant l’attention sur les interactions symboliques et matérielles
au
musée, il fournira la matière, espérons-le, à une meilleure
appréhension de la nature flexible du lien social dans nos socié-
tés multiculturelles.
Un « point de vue » apporte un complément à ces articles scien-
tifiques. C’est un acteur de référence de la scène des musées
canadiens qui prend la plume. Avant de diriger le programme
17
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
d’enseignement en muséologie de l’université de Toronto,
Thierry Ruddel a passé dix-neuf ans au musée de l’Homme à
Ottawa, qui, en 1989, est devenu le musée canadien des Civilisa-
tions. De Paris, où il est en année sabbatique, il jette sur l’évolution
des musées « civilisants » un regard d’historien et de praticien qui
tranche avec certains discours laudatifs. En quelques pages, il
passe en revue les attendus des créations à Québec et dans la
capitale fédérale et la manière dont était inscrit en germe leur
évolution ultérieure : la commémoration muséale des commu-
nautés culturelles au nom de la différence (des francophones
par rapport aux anglophones, des minorités entre elles) lui
semble avoir dangereusement engagé le musée vers une délégi-
timation de son statut de référent heuristique dès lors qu’il s’est
montré insuffisamment critique par rapport aux agendas poli-
tiques et que ses professionnels ont abdiqué leurs responsabi-
lités dans l’optique du consensus atone et du « politiquement
correct ».
J. E.
Cerlis (
UMR
8070,
CNRS
-Paris-V)
18
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Candau (Joël). 2000.
Mémoire et
expériences olfactives : anthro-
pologie du savoir-faire sensoriel.
Paris : Presses universitaires de
France.
Caune (Jean). 1992.
La Culture en
action : de Vilar à Lang : le sens
perdu.
Grenoble : Presses uni-
versitaires de Grenoble.
Cousin (Saskia). 2000. « Un brin de
culture, une once d’économie :
économie et économusée
»,
Publics & Musées
, 17-18, p. 115-
137.
Davallon (Jean). 1999.
L’Exposition
à l’oeuvre : Stratégies de commu-
nication et médiation symbo-
lique.
Paris : Éd. L’Harmattan.
Desvallées André (sous la dir.).
2000. « L’écomusée : rêve ou
réalité ? ».
Publics & Musées,
17-18.
Direction des musées de France.
1993. Actes du colloque
Musées
et Sociétés
, juin 1991, Mulhouse-
Ungershein.
Eidelman
(Jacqueline), Cordier
(Jean-Pierre), Letrait (Muriel).
2003. « Musées et patrimoine :
catégories administratives, caté-
gories de la recherche et catégo-
ries “spontanées” », p. 189-205,
in
Regards croisés sur les prati-
ques culturelles
/ sous la direc-
tion d’Olivier Donnat. Paris : La
Documentation française.
Mairot (Philippe). 1997. « Musées et
société »,
Ethnologie française
,
27(3), p. 344-356.
Namer (Gérard). 1989. « Mémoire
sociale, temps social, lien social »
,
in
Le Lien social
. Actes du
XIII
e
colloque de l’
AISLF
, t. I, uni-
versité de Genève.
Poli (Marie-Sylvie). 2002.
Le Texte
au musée : une approche sémio-
tique
. Paris : Éd. L’Harmattan.
Ricoeur
(Paul). 1990.
Soi-même
comme
un autre.
Paris : Éd. du
Seuil.
Rieu (Alain-Marie). 1988.
Les Visi-
teurs et leurs musées : le cas des
musées de Mulhouse
. Paris : La
Documentation française.
Symposium franco-canadien sur
l’évaluation des musées
. 1995.
[Symposium des 8-9 déc. 1994,
musée de la Civilisation, Qué-
bec.] Québec : Éd. Musée de la
Civilisation. (Documents, 21.)
19
I
NTRODUCTION
C
U
L
T
U
R
E
&
M
U
S
É
E
S
N
°
6
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents