Japon - Mexique : un cas spécifique de relations Nord-Sud - article ; n°1 ; vol.21, pg 60-75

Christian Milelli

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1982 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 60-75
This article stress the emergence during 1980 by Japan of a new strategy in commercial exchanges with Mexico. Due to threats on hydrocarbon international market, Japan whose mastery of energy supply is the core of her economie security reacts very fast. Thus, at the initiative of Japan takes step towards Mexico who disposes of numerous attractions in economie and politic fields a process of perfect mutual specialization : hydrocarbons in conterpart of equipments goods and know-how. These are supplied by Japan in areas where it excels — steel industry, transportation infrastructures — to Mexico who has a great need of them.
Cet article souligne la mise en œuvre au cours de l'année 1980 par le Japon d'une nouvelle stratégie de relations commerciales avec le Mexique. En raison des menaces pesant sur le marché international des hydrocarbures, le Japon dont la maîtrise de l'approvisionnement énergétique est au cœur même de sa sécurité économique a réagi très rapidement. Ainsi, vis-à-vis du Mexique qui dispose de nombreux atouts tant économiques que politiques, s'est amorcé à l'initiative du Japon un processus de spécialisation réciproque parfait : des hydrocarbures en contrepartie de biens d'équipement et de savoir-faire. Ces derniers sont offerts par le Japon dans des domaines où il excelle — sidérurgie, infrastructures de transport — au Mexique qui en a le plus grand besoin.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 17
• Langue: Français

Extrait

Christian Milelli
Japon - Mexique : un cas spécifique de relations Nord-Sud
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 21. 3e trimestre 1982. pp. 60-75.
Abstract
This article stress the emergence during 1980 by Japan of a new strategy in commercial exchanges with Mexico. Due to threats
on hydrocarbon international market, Japan whose mastery of energy supply is the core of her economie security reacts very
fast. Thus, at the initiative of Japan takes step towards Mexico who disposes of numerous attractions in economie and politic
fields a process of perfect mutual specialization : hydrocarbons in conterpart of equipments goods and know-how. These are
supplied by Japan in areas where it excels — steel industry, transportation infrastructures — to Mexico who has a great need of
them.
Résumé
Cet article souligne la mise en œuvre au cours de l'année 1980 par le Japon d'une nouvelle stratégie de relations commerciales
avec le Mexique. En raison des menaces pesant sur le marché international des hydrocarbures, le Japon dont la maîtrise de
l'approvisionnement énergétique est au cœur même de sa sécurité économique a réagi très rapidement. Ainsi, vis-à-vis du
Mexique qui dispose de nombreux atouts tant économiques que politiques, s'est amorcé à l'initiative du Japon un processus de
spécialisation réciproque parfait : des hydrocarbures en contrepartie de biens d'équipement et de savoir-faire. Ces derniers sont
offerts par le Japon dans des domaines où il excelle — sidérurgie, infrastructures de transport — au Mexique qui en a le plus
grand besoin.
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Milelli Christian. Japon - Mexique : un cas spécifique de relations Nord-Sud. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 21. 3e
trimestre 1982. pp. 60-75.
doi : 10.3406/rei.1982.2057
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1982_num_21_1_2057- Mexique : un cas spécifique de Japon
relations Nord-Sud
Christian MILELLI
Coordinateur de l'Equipe Economie
CDSH - CNRS
Le but recherché à travers cet article est de dessiner les contours de la nouvelle
stratégie amorcée par le Japon au cours de l'année 1980 vis-à-vis du Mexique. En
raison des tensions sur le marché pétrolier, guerre irako-iranienne, le Japon s'est
activé tout au long de l'année 1980 à précipiter quelque peu le « cours normal »
des relations entre les deux pays en exerçant une pression constante qui culmina à
l'occasion de la visite à Mexico du premier ministre japonais Masayoshi Ohira au
mois de mai 1980.
Il faut toutefois rappeler que le cadre d'échange et de coopération entre les
deux pays avait été tracé au cours de la visite du président Lopez Portillo au
Japon à l'automne 1978 (1).
Au Japon, plus que jamais, le problème énergétique apparaît comme la pierre
angulaire de la sécurité économique — concept très concret aux yeux des respon
sables nippons — même si ce pays au lendemain du premier choc pétrolier a
entrepris une vigoureuse politique énergétique comportant deux volets :
— programme drastique d'économies d'énergie ;
— réaménagement du bilan énergétique à moyen et long terme (baisse relative
du pétrole et hausse des parts respectives nucléaire, de gaz naturel, de
charbon et d' hydro-électricité) (2).
(1) Le président du Mexique avait précisé en ces termes les motifs de la visite :
« ...proposer au Japon une relation intelligente et profonde qui tienne compte de l'intérêt que le
pétrole présente pour le Japon et des avantages que ce pays offre au Mexique du point de vue du
financement, de la technologie et du marché. Cette relation devra s'articuler à un projet de grande
envergure en vue d'établir entre les deux pays une association complémentaire à long terme...
(Conférence de presse prononcée au club de la Presse du Japon, Tokyo, 2 novembre 1978).
Le communiqué conjoint publié à l'issue de cette visite donne des précisions sur la nature des rela
tions : «... la conception globale des relations entre les deux nations dépasse le simple renforce
ment des courants commerciaux et vise désormais à développer d'une part, les investissements
d'intérêt mutuel dans diverses branches économiques selon les possibilités des deux pays, et,
d'autre part, à rechercher de façon systématique des domaines complémentaires. Au nombre des
branches, le président mexicain mentionna la sidérurgie, la fabrication de biens d'équipement, la
technologie, la pêche, l'utilisation des ressources naturelles et le tourisme. Enfin, les dirigeants
des deux pays mirent l'accent sur les intérêts de leur pays dans le domaine du pétrole et du gaz ;
ainsi, fut envisagé la possibilité pour le Mexique de produire d'importants volumes de pétrole
brut destiné à la vente au Japon.
(2) Japan Economie Journal, dec. 9, 1980.
60 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n°21, 3' trimestre 1982 Respectant scrupuleusement le cadre des relations économiques proposé en
1978 par le Mexique, le Japon a en 1980 expressément demandé à celui-ci
d'accroître rapidement ses exportations pétrolières en contrepartie d'une aide
importante de nature financière et technologique. On voit donc s'amorcer une
spécialisation réciproque parfaite entre les deux pays dans un climat qui n'est pas
pour autant dépourvu de frictions.
La spécificité du dynamisme japonais se trouve une nouvelle fois illustrée dans
sa grande capacité de réaction face à des situations incertaines ; en outre, il
témoigne ici d'une remarquable faculté d'adaptation dans des relations interna
tionales complexes où sont étroitement imbriqués les intérêts bien compris des
firmes et des Etats.
1. — LE MEXIQUE : IMAGE CONTRASTÉE (3)
Les atouts :
— population de 70 millions (4) et superficie de 2 millions de km2 environ ;
— frontière septentrionale commune avec les USA sur une longueur de 2 000 km ;
— ressources naturelles importantes ; pour les hydrocarbures est au 7ème
rang mondial après la réévaluation des réserves en 1978 (5), premier producteur
mondial d'argent et 6ème producteur mondial de cuivre en 1979 ;
— pays qualifié de semi-industrialisé — en 1980 le secteur industriel représent
ait 40 °/o du PIB (6) — ou de nouveaux pays industrialisés — NPI selon les critè
res de l'OCDE ;
— stabilité politique grâce à la présence d'une classe moyenne qui s'accroît et
devient influente ;
Les faiblesses :
— une démocratie galopante — 2,3 °/o d'accroissement annuel en 1980 (7) —
qui présente deux point sensibles :
— accroissement rapide et anarchique de la population de la capitale,
— fort courant immigratoire vers les USA où la minorité d'expression espa
gnole tend à rejoindre la minorité noire ;
— un relatif échec de la révolution agraire — « ejidos » — qui s'est tra
duit par une productivité médiocre à l'exception de l'agriculture commerciale
extravertie des Etats du Nord où 6 % seulement des unités productives agricoles
nationales produisent plus de la moitié du produit agricole ;
— des inégalités sociales et des disparités régionales grandissantes.
(3) Données tirées en partie de « Mexique : une nouvelle puissance moyenne ou une nouvelle révolu
tion », D. DULTZIN dans Revue d'Economie Industrielle, Numéro 14 IV 1980, pp. 187-196.
(4) El trimestre Económico, Mexico, oct./déc. 1980.
(5) Informe de Pemex, 1979. J.D. SERRANO dans Commercio Exterior, avril 1980.
(6) Banco Nacional de Mexico, 1980.
(7) El trimestre Económico, Mexico, oct-déc. 1980.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n" 21, 3» trimestre 7982 61 — L'INTÉRÊT ÉCONOMIQUE DU MEXIQUE POUR LE JAPON EN 2.
DEHORS DU PÉTROLE
Le Mexique a dû emprunter sur le marché mondial (8) après la dévaluation (9)
de 1976 qui a sanctionné le mandat du président Etcheverria. Le Fonds Monét
aire International assortissait cette aide financière de la double contrainte sui
vante : rétablissement de l'équilibre interne et externe dans les 3 ans à venir à
dater de 1976. Des limites strictes étaient énoncées à l'endettement extérieur, la
dépense publique, la progression des salaires, et, il était parallèlement recom
mandé de libéraliser les prix et le commerce extérieur.
Les options de politique économ