Journalisme, le défi de l autorégulation - article ; n°100 ; vol.18, pg 385-401
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Réseaux - Année 2000 - Volume 18 - Numéro 100 - Pages 385-401
La dernière décennie a vu se rouvrir le débat sur la déontologie des journalistes. Celui-ci pour être compris appelle un retour sur l'histoire de la profession. Cette dernière par le passé a finalement repoussé toutes les formes ď autorégulation contraignantes. La question est d'autant plus complexe que les journalistes se posent comme contre-pouvoir. Face aux solutions qu'avance la société, quelles sont les voies que sont prêts à réellement prospecter les journalistes ? Et, quand bien même en auraient-ils les moyens sachant qu'il s'agit de salariés. Autorégulation des journaliste ou autorégulation des entreprises de médias.
Debate on journalistic deontology was reopened in the last decade. In order to understand it we need to consider the history of this profession which previously rejected all restrictive forms of self-regulation. The question is particularly complex because journalists assume the position of a counter-power. Faced with the solutions put forward by society, what possibilities are journalists really prepared to explore, and when will they have the means to do so, given their status as employees? Is the issue about the self-regulation of journalists or of media companies?
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Charon
Journalisme, le défi de l'autorégulation
In: Réseaux, 2000, volume 18 n°100. pp. 385-401.
Résumé
La dernière décennie a vu se rouvrir le débat sur la déontologie des journalistes. Celui-ci pour être compris appelle un retour sur
l'histoire de la profession. Cette dernière par le passé a finalement repoussé toutes les formes ď autorégulation contraignantes.
La question est d'autant plus complexe que les journalistes se posent comme contre-pouvoir. Face aux solutions qu'avance la
société, quelles sont les voies que sont prêts à réellement prospecter les journalistes ? Et, quand bien même en auraient-ils les
moyens sachant qu'il s'agit de salariés. Autorégulation des journaliste ou autorégulation des entreprises de médias.
Abstract
Debate on journalistic deontology was reopened in the last decade. In order to understand it we need to consider the history of
this profession which previously rejected all restrictive forms of self-regulation. The question is particularly complex because
journalists assume the position of a counter-power. Faced with the solutions put forward by society, what possibilities are really prepared to explore, and when will they have the means to do so, given their status as employees? Is the issue
about the self-regulation of journalists or of media companies?
Citer ce document / Cite this document :
Charon Jean-Marie. Journalisme, le défi de l'autorégulation. In: Réseaux, 2000, volume 18 n°100. pp. 385-401.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_2000_num_18_100_2230JOURNALISME,
LE DEFI DE L' AUTOREGULATION
Jean-Marie CHARON
Réseaux n° 100 - CNET/Hermès Science Publications - 2000 ,
La décennie qui s'était ouverte sur le double signe du faux charnier de
Timisoara et la déroute de l'information lors de la guerre du Golfe
va se clore sur la multitude des questions posées par la couverture
du conflit Kosovar. Le débat ne s'est jamais vraiment éteint au sein des
rédactions, sans cesse relancé par le traitement des « affaires », les
circonstances de la mort d'un ancien premier ministre, des « bidonnages »,
etc. En même temps ses termes évoluent peu. A l'extérieur de celles-ci, des
sondages réguliers semblent indiquer que la confiance du public s 'érode
inexorablement1, alors que des personnalités, des instances ou des secteurs
entiers de la société ont entrepris un véritable procès des médias2. Et comme
si le domaine mouvementé des médias traditionnels ne suffisait pas, les
années quatre-vingt-dix sont également celles de l'essor de nouveaux
supports de communication, au premier rang desquels figure désormais
Internet, dans lequel se trouve posé avec force la question d'un mode de
régulation interne, à l'ensemble des acteurs et singulièrement à ceux qui
prétendent faire œuvre d'information. Jamais semble-t-il la question de la
régulation des moyens d'information ne se sera posé avec autant de force, à
l'échelle nationale, mais aussi mondiale.
Mais dans quels termes peut être posée cette régulation ? Doit-elle conduire
à une révision, une adaptation des législations en vigueur ? Nombre
d'hommes politiques, d'avocats, de magistrats, de personnalités le pensent
appelant, pour la France, à une révision de la loi sur la presse de 18813, ainsi
que de nombre de textes concernant l'information proprement dite
(présomption d'innocence, secret de l'instruction, protection de la vie privée,
etc.). Doit-elle donner naissance à des structures nouvelles, sur le mode
1. Voir principalement le sondage sur « la confiance des français dans leurs médias » réalisé
par la SOFRES, chaque année depuis 1997, pour le compte de La Croix et Médiaspouvoirs,
puis La Croix et Télérama.
2. Faute de pouvoir les citer de façon exhaustive, il faut au moins se remémorer les rappels à
l'ordre répétés des églises et tout particulièrement de Jean-Marie Lustiger et surtout les
discussions très sévères au sein de la Commission consultative des droits de l'homme en
1995, ainsi qu'au sein du Conseil Economique et Social en 1999.
3. A titre d'exemple on pourra se reporter à l'article de KIEJMAN, 1990, p. 131-137. Réseaux n° 100 388
d'autorités (sur le modèle du CSA par exemple), de structures corporatives
(un « Ordre », nouvelles attributions de la Commission de la carte4, etc.) ou
encore d'instances ad hoc (Conseil de presse, etc.) ? Faut-il s'en remettre,
comme le suggèrent une fois de plus d'une même voix éditeurs et
journalistes, à Г autorégulation du secteur ? П faut par ailleurs préciser à qui
doit s'appliquer en premier chef cette régulation : les propriétaires des
médias comme l'institue la loi sur la presse ? Les journalistes qui produisent
concrètement l'information ? Les hiérarchies rédactionnelles, qu'ignorent la
loi, mais responsables devant les dirigeants et propriétaires des médias ?
Est-il possible d'affirmer que jamais cette question de la régulation ne s'est
posée avec autant d'acuité, sans interroger l'histoire des médias et
singulièrement l'histoire du journalisme ? Les récents travaux d'historiens5
de la profession, rappellent opportunément que la question de
Г autorégulation de la presse et du journalisme se pose, en fait, dans des
termes assez proches depuis l'apparition d'une information libre et de masse,
dans les deux dernières décennies du XIXe siècle. Dès l'origine se trouve
posé le problème de l'ambiguïté de la relation entre les éditeurs et les
journalistes, d'une régulation sectorielle, de la presse, ou d'une régulation
corporative, des journalistes. De même que s'impose la question de la place
que doivent y jouer la loi, les règles professionnelles (la déontologie) et la
morale (l'éthique journalistique).
RETOUR HISTORIQUE
La loi sur la liberté de la presse de 1881, constitue à la fois un moment clé et
la mise en place d'un pivot du dispositif de régulation de l'information. Il
institue largement la confusion éditeur et journaliste en partageant la
responsabilité des fautes entre l'auteur principal, le directeur de la
publication et son « complice », le journaliste auteur de l'article. Le texte
permet aux individus, institutions et autorités qui auraient pâti d'excès de la
presse (diffamation, injure, fausses nouvelles, etc.) d'obtenir condamnation
ou/et réparation. Le fait qu'à l'origine, au moins, ces faits relèvent de la
4. Comme le demandait la recommandation de la Commission consultative des droits de
l'homme, déjà évoquée.
5. Sans méconnaître l'apport inestimable de sommes comme L'Histoire générale de la presse
française, sous la direction de Claude BELLANGER, d'historiens des médias tels que Pierre
Albert ou Marc Martin, nous faisons référence aux publications de DELPORTE, 1999, et de
RUELLAN, 1993 et 1997. le défi de Г autorégulation 389 Journalisme,
Cour d'assise, marque la volonté de voir la société, au travers du jury, juger
de la réalité et de la gravité des fautes commises6.
Si la loi de 1881 marque sur le plan législatif la spécificité de la presse, elle
laisse entières les dispositions qui marqueraient les particularités et les
caractéristiques de la profession de journaliste, sous la forme de la
reconnaissance d'un statut particulier. Ce que fera, un demi-siècle plus tard
la loi de 1935 (Brachard). Entre ces deux dates un long processus de
maturation va permettre à la profession de se structurer et d'engager toute
une série de réflexions sur ce que sont les conditions de son exercice, ses
règles professionnelles et sa morale. Cette construction de l'identité
professionnelle va se faire largement en se démarquant d'un côté de l'éditeur
et de l'autre des différents métiers intervenant dans la fabrication,
principalement, les ouvriers du Livre. Au risque de schématiser, il est
possible d'affirmer que la création du premier syndicat des journalistes en
1918, constitue une étape essentielle et le cadre privilégié du déroulement de
la réflexion, des discussions et de la conduite des actions en faveur d'une
affirmation des intérêts spécifiques de la corporation. Il se posera de ce point
de vue comme le principal acteur d

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