L ancrage du texte dans le temps absolu - article ; n°1 ; vol.67, pg 114-128
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Description

Langue française - Année 1985 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 114-128
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 203
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert de Dardel
Anne-Marie De Both-Diez
L'ancrage du texte dans le temps absolu
In: Langue française. N°67, 1985. pp. 114-128.
Citer ce document / Cite this document :
de Dardel Robert, De Both-Diez Anne-Marie. L'ancrage du texte dans le temps absolu. In: Langue française. N°67, 1985. pp.
114-128.
doi : 10.3406/lfr.1985.4654
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1985_num_67_1_4654Robert De Dardel et Anne-Marie De Both-Diez
Université de Groningue
L'ANCRAGE DU TEXTE DANS LE TEMPS ABSOLU
1. L'hypothèse générale est que le début d'un texte polyphrase ou le
texte monophrase doivent nécessairement se rattacher au monde du lecteur
et sont, de ce fait, soumis à des contraintes, qu'on peut décrire en termes
de situations et de traits linguistiques. Le rôle principal, dans ces contraint
es, revient aux traits qui déterminent la référence nominale au monde
extra-linguistique et extra-situationnel (un homme, l'Homme), à sa situation
(un homme, cet homme) ou au contexte (l'homme, cet homme, il). Joue
peut-être aussi un rôle, quoique moins évident et moins systématiquement
étudié, la référence au temps ; et c'est sur cet aspect-ci des débuts de texte
que notre attention s'est portée.
Nos recherches s'inspirent surtout de E. Benveniste (instance de
discours), de R. Harweg (débuts de texte) et de H. Reichenbach ou de ceux
qui utilisent son modèle (description des temps). Pour éviter une dispersion
excessive, nous avons limité nos recherches aux textes monologues déclarat
ifs qui empruntent le canal de l'écriture. En principe, nous nous appuyons
sur des exemples réels, que nous complétons éventuellement par des
exemples forgés pour les besoins de la discussion. Nous n'avons pas la
prétention de couvrir tout le sujet, ni de traiter tous les cas rencontrés ; cela
nous mènerait trop loin ; nous essayons plutôt de mettre en évidence
l'usage le plus fréquent.
Nous partons d'une définition fonctionnelle du texte - le texte est une
unité de message achevée - sans chercher à serrer cette notion de plus près,
de même qu'on travaille généralement en linguistique avec les notions de
mot et de phrase de façon intuitive, sans définition précise.
2. Toute communication linguistique se déroule dans une situation. La
situation est autonome par rapport à la communication à laquelle elle sert
de (une altercation dont je suis le témoin dans la rue et qui se
termine par la réconciliation des antagonistes est autonome par rapport à
mon commentaire, adressé à la personne qui m'accompagne : Tout est bien
qui finit bien).
Toute communication linguistique a une justification, qui est la ré-
114 à la question « Pourquoi cette communication ici et maintenant ? » ; ponse
la justification réside dans la situation ou dans des éléments de la situation
(dans l'exemple ci-dessus, c'est l'altercation et son dénouement positif qui
justifient mon commentaire).
Chez E. Benveniste, la dichotomie instance de discours/instance
historique s'applique à diverses variables : la personne, le lieu et le temps.
Nous n'appliquons cependant cette dichotomie qu'à une seule variable,
celle du temps, et plaçons les autres entre parenthèses. Pour nous donc, les
constituants se réfèrent à Г instance de discours lorsque la relation tempor
elle qu'ils établissent dépend du moment de renonciation et ils se réfèrent
à Yinstance historique lorsque la relation temporelle qu'ils établissent est
indépendante du moment de renonciation.
Une communication linguistique peut en rapporter une autre, la com
munication rapportée (toute citation sous la forme du discours direct, la
pièce de théâtre écrite par rapport au titre, à la liste des personnages et aux
indications scéniques) ; la communication rapportée peut n'être qu'un
fragment, arbitrairement prélevé sur la communication originale (début
d'une pièce de théâtre : Enfin, Phyllis, je renonce à te convaincre que tes
intentions sont absurdes).
La communication écrite est dite permanente lorsqu'elle est destinée à
être reçue de façon identique pendant une période prolongée (exemples :
enseigne, billet de banque, texte littéraire) ; elle est dite momentanée lors
qu'elle est destinée à être reçue pendant une période brève :
billet, lettre, tract, article de quotidien).
La communication écrite permanente est dite continue ou discontinue
selon qu'elle s'exprime par une technique durable (encre, peinture, impress
ion, gravure) ou non (texte lumineux enclenché par l'actionnement d'un
circuit électrique, par exemple dans le cas du Stop qui interdit l'accès à un
pont pendant qu'il est levé).
La communication est dite actuelle ou inactuelle selon qu'elle exprime
des faits qui sont contemporains de l'émission (Entrée interdite) ou non
(manuel d'histoire ancienne).
Dans la orale, et la réception de la commun
ication sont simultanées ; au fur et à mesure que l'émission progresse, la
réception progresse aussi.
Dans la communication écrite (qui seule nous intéresse ici), vu que
l'émission est fixée dans l'écriture, la simultanéité de l'émission et de la
réception est exceptionnelle (elle se produit dans la communication par
télex ou lorsque le professeur écrit au tableau noir en présence de ses
étudiants) ; normalement il y a, entre l'émission et la réception, un décalage
chronologique, très variable selon les cas.
3. L' ancrage est le lien qu'une communication établit entre les faits
rapportés et la place qu'ils occupent dans le temps absolu, c'est-à-dire dans
le temps tel qu'il se déroule en dehors de la communication et indépe
ndamment d'elle ; par exemple, des deux phrases Napoléon était chauve et
Venise était une république, la première présente un ancrage, grâce à ce que
la qualité de chauve est situable dans le temps absolu par l'intermédiaire
de l'argument Napoléon, et la seconde ne pas d'ancrage, du fait que Venise ne permet pas de situer dans le temps absolu le moment
où Venise a été une république.
Notre hypothèse de travail peut être formulée en deux parties, comme
115 suit : (a) dans un texte écrit monologué déclaratif, le récepteur est
normalement en mesure de reconnaître l'ancrage ; (b) dans un texte écrit
monologué déclaratif polyphrase, l'ancrage se réalise normalement dans la
phrase initiale.
Dans un texte l'ancrage est dit immédiat lorsqu'il se réalise
dans la phrase initiale, conformément à notre hypothèse b, différé lorsqu'il
se réalise dans une phrase non initiale.
L'ancrage selon notre double hypothèse peut être complété, précisé ou
remplacé par un ancrage qui n'est pas intégré au texte de la communication,
mais qui figure dans son voisinage immédiat et qui est interprété comme s'y
rapportant : date dans Геп-tête d'un journal ou d'une lettre, nom de
l'expéditeur d'une lettre, de l'auteur d'un livre. Nous appellerons cet
ancrage périphérique.
Il y a non-ancrage lorsque l'ancrage ne se réalise pas, pas même sous
la forme d'un ancrage périphérique, que ce soit dans un texte monophrase
ou dans un texte polyphrase.
L'ancrage se réalise au moyen de traits linguistiques : ceux-ci se
répartissent en trois catégories, qui réalisent l'ancrage seules ou en combi
naison, à savoir les temps verbaux (// neige ; II neigera ; II vient de neiger ;
Autrefois, Venise était une république) , ainsi que, selon l'instance de
discours, les déictiques de temps {Je pars demain) et, selon
historique, les arguments indicateurs de temps absolu {Napoléon dans
Napoléon était chauve ; 1924 dans Mon frère est né en 1924).
Si notre double hypothèse est correcte, les textes monophrases et la
phrase initiale des textes polyphrases doivent normalement contenir cer
tains des traits linguistiques ou certaines combinaisons des traits linguisti
ques ci-dessus qui ne sont pas nécessairement contenus dans les phrases
non initiales des textes polyphrases ; or, effectivement, on constate que
certaines combinaisons de traits, comme dans Une fois, ma mère fit le tour
du monde, s

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