L année lunaire aux origines du calendrier pré-julien - article ; n°1 ; vol.96, pg 175-193
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1984 - Volume 96 - Numéro 1 - Pages 175-193
Jacques Flamant, ~~L'année lunaire aux origines du calendrier pré-julien~~, p. 175-193. Le calendrier romain pré-julien est un calendrier solaire (très défectueux) qui a conservé des éléments lunaires primitifs (longueur de l'année, place des Ides et des Nones à l'intérieur du mois). Il présente aussi la curieuse originalité de privilégier les nombres impairs. Si l'on fait abstraction, provisoirement, des renseignements, parfois fantaisistes, fournis pr les érudits anciens et si l'on s'attache d'abord à la structure mathématique de l'année, on s'aperçoit que les bizarreries du système d'intercala-tion sont les traces fossiles d'une année lunaire primitive de 355 j. dans laquelle l'excès de ces 355 j. sur la durée de l'année lunaire vraie de 354,36j. était corrigé empiriquement par l'intercalation d'un mois de 27 j. Ainsi s'expliquerait qu'on recoure, dans le calendrier républicain, à un mois de 27 j. pour obtenir une intercalation effective de 22/23 jours.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Flamant
L'année lunaire aux origines du calendrier pré-julien
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 96, N°1. 1984. pp. 175-193.
Résumé
Jacques Flamant, L'année lunaire aux origines du calendrier pré-julien, p. 175-193.
Le calendrier romain pré-julien est un calendrier solaire (très défectueux) qui a conservé des éléments lunaires primitifs (longueur
de l'année, place des Ides et des Nones à l'intérieur du mois). Il présente aussi la curieuse originalité de privilégier les nombres
impairs. Si l'on fait abstraction, provisoirement, des renseignements, parfois fantaisistes, fournis pr les érudits anciens et si l'on
s'attache d'abord à la structure mathématique de l'année, on s'aperçoit que les bizarreries du système d'intercalation sont les
traces fossiles d'une année lunaire primitive de 355 j. dans laquelle l'excès de ces 355 j. sur la durée de l'année lunaire vraie de
354,36j. était corrigé empiriquement par l'intercalation d'un mois de 27 j. Ainsi s'expliquerait qu'on recoure, dans le calendrier
républicain, à un mois de 27 j. pour obtenir une intercalation effective de 22/23 jours.
Citer ce document / Cite this document :
Flamant Jacques. L'année lunaire aux origines du calendrier pré-julien. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T.
96, N°1. 1984. pp. 175-193.
doi : 10.3406/mefr.1984.1406
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_1_1406HISTOIRE ROMAIXE ET ÉPIGRAPHIE
JACQUES FLAMANT
L'ANNÉE LUNAIRE
AUX ORIGINES DU CALENDRIER PRÉ- JULIEN
Le calendrier romain pré-julien est, dans l'ensemble, assez bien con
nu, même si le mécanisme — ou plutôt la pratique — de Intercalation
demeure quelque peu obscur et discuté; toutefois la découverte des Fasti
Antiates majores a levé quelques difficultés et permis en particulier à
A. K. Michels de montrer que le mois intercalaire est toujours de 27 jours
et que l'addition de 22 ou de 23 jours dépend seulement de sa place dans
le mois de février1. Les difficultés naissent cependant dès qu'on veut
constituer ce calendrier en un système cohérent : commentateurs anciens
et historiens modernes se trouvent aux prises avec les mêmes casse-tête :
pourquoi une année de 355 jours (et non de 354, année lunaire usuelle); une intercalation de 22/23 jours qui, répartis sur 4 ans donnent
une année solaire trop longue d'un jour (355 + — 45 = 366 jours 1/4)? Pour
quoi cette intercalation de 22/23 jours est-elle réalisée à l'aide d'un mois
intercalaire de 27 jours? Pourquoi ces mois dont la durée bizarre (31
jours pour mars, mai, juillet, octobre, 28 jours pour février) ne corres
pond pas, à première vue, aux nécessités du comput, mais complique au
contraire l'établissement du calendrier? Enfin, last but not least, pourquoi
les Pontifes, maîtres du calendrier, ont-ils fait preuve de tant d'incompét
ence puisque, du fait d'intercalations fantaisistes, l'année calendaire a pu
prendre jusqu'à quatre mois d'avance, sur l'année solaire2? Je laisse de
1 A. K. Michels The Calendar of the Roman Republic, Princeton, 1967,
p. 160 sq.; cet ouvrage est, aujourd'hui, au point de départ de toute étude du calen
drier romain : il donne une synthèse très claire des travaux antérieurs et élimine
un certain nombre de fausses pistes qui ont encombré inutilement la recherche.
Notre étude se propose d'apporter un complément plus strictement mathématique
à la question des origines du calendrier romain; nous avons utilisé aussi, comme
on le verra, certaines suggestions de Mommsen, Die römische Chronologie bis auf
Caesar, 2e éd., Berlin, 1859.
Sur la question de l'intercalation, cf. infra p. 183-189.
2 En 191, l'éclipsé mentionnée par Tite-Live (37,4,4) comme s'étant produite le
MEFRA - 96 - 1984 - 1, p. 175-193. 76 JACQUES FLAMANT 1
côté les problèmes posés par les jours «marqués» des lettres N, F, NP, les
lettres nundinales, l'existence ou l'absence de certaines fêtes dans le férial
ancien : ces éléments, très importants pour la compréhension du calen
drier, ont été exploités parfois de manière abusive, mêlés en cercles
vicieux aux considérations tirées du simple comput3.
Notre propos est aujourd'hui limité : nous voudrions tirer d'une ana
lyse essentiellement mathématique du comput romain quelques éléments
sûrs qui puissent servir de base solide à une étude du calendrier romain,
s'étendant ensuite à d'autres domaines. Nos incursions dans des domaines
extérieurs au simple comput ne se feront que dans deux cas : 1) si des
éléments extérieurs sont aujourd'hui suffisamment prouvés pour être
admis sans discussion ; 2) si, à partir d'éléments du comput bien établis,
nous pouvons déjà amorcer une solution intéressante à des problèmes
d'un autre ordre.
La question qui nous préoccupe ici est la suivante : le dernier calen
drier républicain — le calendrier pré-julien proprement dit — est mani
festement un calendrier solaire, puisque Intercalation — combien malad
roite! — a pour but «de faire aller l'année avec le soleil» comme le
disaient les anciens, et que les jours du mois ne correspondent plus, sinon
accidentellement, avec les phases de la lune, ainsi qu'on peut aisément le
vérifier4. Pourtant ce calendrier porte les traces évidentes d'un ancien
calendrier lunaire : une année de 355 jours (douze mois lunaires font 354
jours, 36) ; des Calendes et des Ides dont la place dans le mois lunaire était
liée à la nouvelle lune et à la pleine lune. Comment a-t-on pu passer de
l'un à l'autre? Dans l'ignorance de ce qu'était le calendrier originel, nous
sommes bien obligés de procéder de manière rétrograde et d'interroger le
calendrier solaire bâtard auquel César a mis fin.
Les sources antiques (Censorinus, Solin, Macrobe, Lydus) sont, pour
notre étude, de peu d'utilité, datant le plus souvent d'une époque où le
calendrier pré-julien n'est plus qu'un souvenir; et même lorsqu'elles
11 juillet correspondrait à celle que les astronomes datent du 14 mars (Michels,
p. 102).
3 Les éléments mathématiques du comput ont une sorte de cohérence intrinsè
que qu'il est bon d'étudier en elle-même avant de faire appel, ensuite, aux indica
tions douteuses (quand il s'agit des origines) données par des auteurs postérieurs
de 10 siècles. . .
4 II est évident qu'une intercalation de 22 ou 23 jours introduit, par rapport au
cycle lunaire, un décalage de 6 ou 7 jours et demi; à supposer que l'année précé
dant l'intercalation soit très proche de l'année lunaire, l'année de l'intercalation
s'en écartera d'un quartier et vice-versa. L'ANNÉE LUNAIRE AUX ORIGINES DU CALENDRIER PRÉ-JULIEN 1 77
remontent à Varron nous sommes encore à 4 ou 5 siècles du calendrier
antique : inutile de refaire sur ce sujet la dissertation de Louis de Beau-
fort; la plus grande prudence s'impose5. . . Lorsqu'un auteur ancien don
ne d'une anomalie du calendrier une explication qui nous paraît satisfai
sante, il peut le faire non parce qu'il la tient d'une source ancienne et
sûre, mais tout simplement parce que, comme nous, il suppute ce que
révèle le calendrier pré-julien : nous avons alors là une réflexion intell
igente et non pas un document original6.
Les cycles naturels (le jour, la révolution synodique de la lune, et
l'année tropique) n'ont pratiquement pas changé depuis l'antiquité7. Mais
l'estimation de leurs durées respectives très grossière au départ, s'est len
tement améliorée, sans que nous puissions apprécier exactement les éta
pes de cette amélioration aux temps obscurs de la première histoire
romaine. Mommsen supposait un peu vite des contacts, par la Grande
Grèce, avec la première science hellène8 : une telle hypothèse cadre mal
avec les erreurs de mesure que semble révéler le premier calendrier. On
peut conjecturer que le mois lunaire moyen a été assez rapidement mesur
é avec une précision suffisante : si l'arrivée de la nouvelle lune ou de la
pleine lune ne peut s'observer qu'à un ou deux jours près, s

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