L aspect comme modificateur du mode d action : à propos de la construction être + participe passé - article ; n°1 ; vol.67, pg 95-113
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L'aspect comme modificateur du mode d'action : à propos de la construction être + participe passé - article ; n°1 ; vol.67, pg 95-113

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Description

Langue française - Année 1985 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 95-113
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Carl Vikner
L'aspect comme modificateur du mode d'action : à propos de la
construction être + participe passé
In: Langue française. N°67, 1985. pp. 95-113.
Citer ce document / Cite this document :
Vikner Carl. L'aspect comme modificateur du mode d'action : à propos de la construction être + participe passé. In: Langue
française. N°67, 1985. pp. 95-113.
doi : 10.3406/lfr.1985.4653
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1985_num_67_1_4653Carl Vikner
Université de Copenhague
L'ASPECT COMME MODIFICATEUR DU MODE
D'ACTION : À PROPOS DE LA CONSTRUCTION
ETRE + PARTICIPE PASSE
1. Les deux sens*
On sait qu'avec les constructions en être + participe passé il est
souvent possible d'associer deux sens à une même forme, comme par
exemple avec la séquence sont installées dans les deux phrases suivantes :
(1) Les fusées sont en cachette
(2) Les déjà installées
Dans (1), sont installées décrit une action et la phrase entière corre
spond à une phrase active au présent : Quelqu 'un installe les fusées. Dans (2),
sont installées décrit un état, conçu comme le résultat d'une action anté
rieure qu'on peut décrire à l'aide d'une phrase avec le verbe installer au
passé composé : Quelqu'un a installé les fusées} Cette ambiguïté potentielle
des constructions être + participe passé est surtout intéressante parce
qu'elle peut servir à éclaircir certains faits importants du comportement des
modes d'action et des aspects.
Ce qui m'intéresse ici, ce sont donc les constructions qui se composent
d'une forme du verbe être suivie du participe passé d'un verbe transitif. Je
ne m'occuperai pas des autres structures mettant en jeu le être et un
*Je suis reconnaissant à Hanne Korzen, Ghani Merad, Lis Olsen, Sten Vikner et surtout à
Marie-Alice Séférian, qui ont bien voulu discuter les problèmes présentés dans cet article avec moi, ainsi
qu'à Co Vet, qui m'a suggéré d'importants remaniements dans une version antérieure de ce travail.
1 . Dans d'autres langues, on exprime explicitement cette différence sémantique. Par exemple, le sens
(1) se rend en allemand par le verbe werden et en danois par le verbe blive ou par une forme passive en — s :
Die Raketen werden heimlich aufgestellt
r. Raketterne . „ 2{ bliver opstillet í ) . i al , ,hemmehghed ,. . ,
( opstilles )
Tandis que le sens (2) se traduit par les verbes sein et vcere :
Die Raketen sind schon aufgestellt
Raketterne er allerede opstillet.
95 participe passé, comme par exemple celles comportant le participe d'un
verbe intransitif (Elle est partie ou pronominal (Elles se sont brouillées/Elles
sont brouillées).
Notre problème a souvent été traité par les grammairiens. Qu'il me
suffise ici de mentionner quelques-unes des études les plus importantes,
comme celle d'Engwer (1931), de Klum (1961 : 126-149), de Schmitt Jensen
(1963), d'Authier (1972). Ces travaux contiennent un grand nombre d'ob
servations relatives aux restrictions de cooccurrence concernant les deux
sens de être + participe passé, et certains d'entre eux tentent d'établir des
règles qui rendent compte de l'apparition de ces deux sens.
Je me propose ici, sur la base d'une étude succincte des modes d'action
(§ 2), de présenter une analyse syntactico-sémantique qui associera deux
structures différentes aux constructions en être + participe passé, selon
qu'elles expriment l'un ou l'autre sens (§ 3). A partir de cette double
analyse, il sera possible d'expliquer quelques-unes des restrictions obser
vées comme résultant d'un système plus général d'interaction entre modes
d'action, temps verbaux et adverbiaux temporels (§ 4). Cependant, si l'on
ne tenait compte que de ce mécanisme syntactico-sémantique, beaucoup de
phrases resteraient ambiguës. Or, quand ces phrases sont employées dans
un contexte discursif donné, on arrive presque toujours à les désambiguïser.
Pour comprendre ce phénomène, il faudra examiner de plus près les
principes pragmatiques qui déterminent l'interprétation des relations tem
porelles dans un discours narratif (§§ 5-6).
2. Types d'éventualité et modes d'action
Une phrase peut décrire une situation ou un événement. Pour disposer
d'un terme générique embrassant à la fois situations et événements, j'adopt
erai, après Bach (1981), le mot « éventualité ». Selon une longue tradition
philosophique et linguistique, il est possible de distinguer quatre types
principaux d'éventualités : les états, les procès, les événements étendus et
les événements instantanés.2 Voici, à titre d'illustration, quatre phrases
décrivant chacune un des quatre types mentionnés :
(3) Etat : Elle est soûle
(4) Procès : Elle cherche sa clef
(5) Evénement étendu : Elle boit un cognac
(6)instantané : Elle retrouve sa clef
On fait remonter cette typologie à Aristote, mais elle a été raffinée et
utilisée par des philosophes et linguistes du XXè siècle, notamment Ryle,
Vendler et Kenny. Elle correspond à ce qu'on appelle aussi « modes
d'action » (d'après l'allemand « Aktionsarten »). Pour moi, les éventualités
font partie de la réalité extra-linguistique, tandis que les modes d'action
caractérisent des entités linguistiques. Ainsi, on peut dire que des verbes
(1979 2. : 51-71), Pour une Bach présentation (1981 : 67-72). plus approfondie La typologie de a cette également typologie, été voir appliquée notamment au français, Vendler cf. (1967), Guenthner, Dowty
Hoepelman, Rohrer (1978 : 12-17), Vet (1980 : 55-57), Nef (1983 : 149-155).
En ce qui concerne la terminologie, j'ai adopté les dénominations de Bach (1981), sauf pour
« situation », que j'utiliserai comme terme commun pour désigner les états et les procès.
96 comme chercher et retrouver, qui décrivent des éventualités de types
différents, appartiennent de ce fait à des modes d'action différents.
Chacun des quatre types d'éventualité se distingue de façon assez nette
des autres, ce qui peut être montré à l'aide de trois propriétés, ponctualité,
hétérogénéité et dynamisme, de la manière suivante :3
(7)
ponctuel hétérogène dynamique
- - - ETATS
SITUATIONS - - PROCES
EVENTUALITES
ETENDUS +
EVENEMENTS
INSTANTANES +
Par « ponctuel » je n'entends pas une éventualité n'ayant aucune
étendue temporelle au sens physique strict, car il n'existe sans doute pas
d'événements ni de situations possédant cette propriété-là. Une éventualité
ponctuelle est une éventualité qui ne peut pas être décomposée en événe
ments plus petits ou au cours de laquelle il est impossible d'imaginer la
survenue de deux autres éventualités successives. Ceci revient à dire qu'une
éventualité ponctuelle est une éventualité que la langue traite comme si elle
n'occupait aucun espace temporel. Il s'agit surtout de quelques événements
mentaux, tels que ceux décrits par les verbes s'apercevoir, découvrir, trouver,
comprendre, oublier, reconnaître (cf. Dowty, 1979 : 68 ; Nef, 1983 : 297).
Tout événement est hétérogène. Cela veut dire qu'une partie d'un
événement ne peut pas constituer un événement du même genre. Prenons
l'événement décrit par la phrase Elle a bu deux tasses de café. Aucune partie
(propre) de cet événement ne peut être décrite au moyen de la même phrase.
Si nous regardons, par contre, les situations, nous constatons qu'elles ne
sont pas hétérogènes. Ainsi, on peut très bien décrire une partie du procès
Elle a couru au moyen de la même phrase. C'est donc l'hétérogénéité qui
détermine la distinction entre événements et situations.4 A cette distinction
correspond, entre autres choses, une asymétrie dans la distribution des
adverbiaux temporels en en et en pendant. En trois minutes se combine
seulement avec des syntagmes décrivant des événements, pendant trois
minutes seulement avec des syntagmes décrivant des situat

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