L engagement dans l arène médiatique. Les associations de lutte contre le sida - article ; n°95 ; vol.17, pg 155-196
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L'engagement dans l'arène médiatique. Les associations de lutte contre le sida - article ; n°95 ; vol.17, pg 155-196

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Réseaux - Année 1999 - Volume 17 - Numéro 95 - Pages 155-196
L'article montre comment les associations de lutte contre le sida ont opté pour des manières concurrentielles de définir les questions posées par l'épidémie, de construire leur visibilité et de recourir à des modes d'intervention spécifiques dans les médias. Il propose d'analyser quatre formes d'engagement associatif, au croisement de deux axes : le choix d'identification publique des associations (posture de victimes/posture distanciée) et la définition des enjeux de leur mobilisation (pôle politique/pôle organisationnel). Il met en évidence l'existence de deux conceptions associatives de l'intervention dans les médias (pallier les dérapages de la presse grand public face aux réactions irrationnelles du public récepteur de l'information/les instrumentaliser par la mise en scène de débordements de malades). Il montre que ces conceptions ne peuvent être comprises que par leur ancrage dans des formes d'engagement associatif qui se sont constituées à la fois historiquement et relationnellement.
This article shows how Aids associations have opted for competitive ways of defining the questions raised by the epidemic, of constructing their visibility and of using specific modes of intervention in the media. Four forms of associative engagement are analysed, at the intersection of two axes: the associations' choice of public identification (posing as victims/objective stance) and the definition of the implications of their mobilization (political pole/organizational pole). The author highlights the existence of two ways in which associations conceive their intervention in the media: offsetting excesses by the mass media in the face of irrational reactions by the audiences that receive this information/instrumentalizing these excesses by displaying patients' extreme reactions. She shows that these conceptions can be understood only in the context of their embeddedness in forms of associative engagement, constituted both historically and relationally.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Janine Barbot
L'engagement dans l'arène médiatique. Les associations de
lutte contre le sida
In: Réseaux, 1999, volume 17 n°95. pp. 155-196.
Résumé
L'article montre comment les associations de lutte contre le sida ont opté pour des manières concurrentielles de définir les
questions posées par l'épidémie, de construire leur visibilité et de recourir à des modes d'intervention spécifiques dans les
médias. Il propose d'analyser quatre formes d'engagement associatif, au croisement de deux axes : le choix d'identification
publique des associations (posture de victimes/posture distanciée) et la définition des enjeux de leur mobilisation (pôle
politique/pôle organisationnel). Il met en évidence l'existence de deux conceptions associatives de l'intervention dans les médias
(pallier les dérapages de la presse grand public face aux réactions irrationnelles du public récepteur de l'information/les
instrumentaliser par la mise en scène de débordements de malades). Il montre que ces conceptions ne peuvent être comprises
que par leur ancrage dans des formes d'engagement associatif qui se sont constituées à la fois historiquement et
relationnellement.
Abstract
This article shows how Aids associations have opted for competitive ways of defining the questions raised by the epidemic, of
constructing their visibility and of using specific modes of intervention in the media. Four forms of associative engagement are
analysed, at the intersection of two axes: the associations' choice of public identification (posing as victims/objective stance) and
the definition of the implications of their mobilization (political pole/organizational pole). The author highlights the existence of two
ways in which associations conceive their intervention in the media: offsetting excesses by the mass media in the face of
irrational reactions by the audiences that receive this information/instrumentalizing these excesses by displaying patients'
extreme reactions. She shows that these conceptions can be understood only in the context of their embeddedness in forms of
associative engagement, constituted both historically and relationally.
Citer ce document / Cite this document :
Barbot Janine. L'engagement dans l'arène médiatique. Les associations de lutte contre le sida. In: Réseaux, 1999, volume 17
n°95. pp. 155-196.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1999_num_17_95_2158<5Г
L'ENGAGEMENT
DANS L'ARENE MEDIATIQUE
Les associations de lutte contre le sida
Janine BARBOT
Réseaux n° 95 - CNET/Hermès Science Publications - 1999 épidémie de sida a suscité une forte production journalistique1 L^
Depuis de nombreuses années, les associations de lutte contre
le sida interviennent régulièrement dans les médias. Cet article
propose d'analyser les formes d'engagement associatif dans l'arène
médiatique2. La notion de formes traduit l'existence de
configurations spécifiques par lesquelles les associations ont elles-mêmes
articulé des questions de natures différentes : leur choix d'identification
publique (en tant qu'associations de malades, d'homosexuels ou de
professionnels), la définition des enjeux de leur mobilisation, l'analyse des
contraintes d'accès aux médias, etc. La diversité des associations de lutte
contre le sida a souvent été soulignée3. Nous proposons de comparer les
formes d'engagement de quatre d'entre elles, en analysant comment elles se
sont constituées à la fois historiquement et relationnellement. Ces
associations ont en effet opté pour des manières concurrentielles de définir
les enjeux de la lutte contre le sida, de construire leur visibilité et de
recourir à des modes d'intervention spécifiques dans l'arène médiatique4.
1. HERZLICH et PIERRET, 1988 ; NELKIN, 1991 ; FAVRE, 1992.
2. Centre de recherche médecine, sciences, santé et société (CERMES), 182, boulevard de la
Villette, 75019 Paris, France. Ce travail a été réalisé dans le cadre d'un doctorat de sociologie
sur la mobilisation des associations de lutte contre le sida concernant la recherche
thérapeutique et la mise à disposition des nouvelles molécules, sous la direction de
C.Herzlich, Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle s'inscrit dans un
programme collectif engagé au CERMES par N. Dodier. Ce programme a bénéficié du
soutien de l'ANRS et de SIDACTION dans le cadre de contrats gérés en partie par
l'association ADRESSE.
3. POLLAK et ROSMAN, 1989 ; POLLAK, 1991a et b, 1992 ; ADAM, 1993 et 1997 ;
BUSSCHER et PINELL, 1996a et b.
4. Au milieu des années 1970, les analyses autour des mouvements sociaux (TOURAINE,
1975 et 1978) ont souligné la transformation importante liée à l'utilisation des médias par de
nouveaux modes de militantisme. En France, la place accordée aux médias dans les théories
de l'action collective est restée néanmoins très faible et les travaux empiriques peu
nombreux. Il faut attendre le début des années 1980, pour voir paraître les premiers travaux
prenant pour objet la manifestation (CHAMPAGNE, 1984; FAVRE, 1990; FILLIEULE,
1996) et le tournant des années 1990, pour que soit analysé de façon détaillée, le travail de
« construction d'images » à destination des médias, auquel se livrent les manifestants
(CHAMPAGNE, 1990 et 1991). La question qui nous intéresse ici est celle de la diversité des Réseaux n° 95 158
Le rapport des associations aux médias ne peut être analysé
indépendamment de son ancrage dans leurs conceptions plus générales de la
lutte contre l'épidémie.
Les études sociologiques sur les associations de lutte contre le sida, se sont
le plus souvent intéressées aux conditions sociales et politiques de la
mobilisation5. Plusieurs travaux ont ainsi mis l'accent sur les éléments
susceptibles d'éclairer l'ampleur et les caractéristiques de l'engagement
associatif. La proximité avec la maladie a été pointée comme un facteur
déterminant de l'engagement des individus6. Elle a conduit à une
mobilisation différenciée entre - ce qu'il était alors l'usage d'appeler - les
catégories les plus touchées par l'épidémie. Les associations ont en effet été
impulsées essentiellement par des homosexuels masculins7*8. Les
toxicomanes par voie intraveineuse, qui représentaient aussi une part
importante des personnes contaminées9, se sont quant à eux peu mobilisés.
Cette caractéristique a donné lieu à une analyse des facteurs qui ont favorisé
la mobilisation des homosexuels : la disposition d'un capital culturel10,
l'appartenance aux classes moyennes supérieures et la possibilité d'y
mobiliser des alliés, la préexistence de réseaux de sociabilité volontaires, de
liens électifs entre des individus, constitués ou renforcés par la conscience
formes d'engagement des associations dans l'arène médiatique. Nous considérons que les
relations des associations avec les médias ne peuvent être comprises qu'en analysant leur
ancrage dans les configurations spécifiques par lesquelles ces associations articulent entre
elles toute une série de questions.
5. Ils se sont, à ce titre, inscrits dans le courant classique d'analyse de l'action collective en
termes de ressources mobilisables (OBERSCHALL, 1973 et MC CARTHY et ZALD, 1977)
ou d'opportunités politiques.
6. « Le véritable réseau qui alimente et cimente un peu partout le monde associatif de lutte
contre le sida a été créé par le virus lui-même : les personnes atteintes physiquement et/ou
affectivement » (POLLAK, 1991b, p. 83). Pour Pollak, cette caractéristique distingue les
associations de lutte contre le sida des associations caritatives traditionnelles.
7. Pollak mentionne que les premières de lutte contre le sida ont recruté leurs
membres parmi les homosexuels masculins, avant 1987 : 90 % des volontaires sont de sexe
masculin (POLLAK, 1991b, p. 83).
8. Homosexuels et bisexuels masculins représentent 44,7 % des cas de sida diagnostiqués
entre 1978 et 1998 selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 37/1998,
Surveillance du sida en France - Situation au 30 juin 1998 - Réseau national de santé
publique.
9. 23,4 % des cas de sida diagnostiqués entre 1978 et 1998 selon le Bulletin épidémiologique
hebdomadaire, n° 37/1998, article cité.
10. Sur la notion de capital culturel, voir BOURDIEU, 1979. L'engagement

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