L individu-plus. Une vision distribuée de la pensée et de l apprentissage - article ; n°1 ; vol.111, pg 57-71
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L'individu-plus. Une vision distribuée de la pensée et de l'apprentissage - article ; n°1 ; vol.111, pg 57-71

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Description

Revue française de pédagogie - Année 1995 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 57-71
La psychologie s'interroge sur le « processus de pensée et d'apprentissage » sous l'angle de l'individu- solo. Celui qui pense et apprend n'est pas un groupe mais un individu et les supports physiques (livres, ordinateurs...) ne sont qu'accessoirement analysés. Une perspective théorique plus juste consiste à considérer « l'individu-plus », c'est-à-dire la personne et son environnement physique et social. Dans la cognition effective, le savoir et les représentations-clés, l'espace de travail cognitif ne se trouvent pas uniquement dans l'esprit mais, pour une bonne part, dans l'environnement physique. Ils peuvent aussi être répartis entre plusieurs individus dont aucun ne dispose de toutes les ressources. Même les fonctions d'exécution sont souvent extérieures à la personne : des « objets physiques » tels que les instructions écrites d'autres individus tels qu'un « mentor » fournissent les directives. Une vision dépassant la personne individuelle permet de mieux comprendre et de cerner l'enseignement et l'apprentissage et de construire des théories de l'apprentissage et du développement humain plus pertinentes.
Addressing fundamental questions like « how do thinking and learning happen, » psychology normally takes a person-solo view. The agent that thinks and learns is not a group but an individual, and physical supports like pencils, notebooks, and computers are a secondary part of the analysis at best. A different, more accurate, and in some ways more powerful theoretical perspective treats the agent that thinks and learns as the « person-plus » - person plus physical and social surround. In realistic circumstances of cognition, important knowledge, key representations, cognitive workspaces, and more are commonly held not just in the mind but in considerable part in the physical environment. Also, they are often shared among several people, none individually having all the resources. Even decisions about what to do next - what might be called the executive function - remarkably often are ceded to the surround : Physical objects like written instructions or other humans like a mentor provide direction. A person-plus view offers implications for understanding and improving settings of teaching and learning, as well as for building better theories of learning and human development.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 102
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

David N. Perkins
L'individu-plus. Une vision distribuée de la pensée et de
l'apprentissage
In: Revue française de pédagogie. Volume 111, 1995. pp. 57-71.
Citer ce document / Cite this document :
Perkins David N. L'individu-plus. Une vision distribuée de la pensée et de l'apprentissage. In: Revue française de pédagogie.
Volume 111, 1995. pp. 57-71.
doi : 10.3406/rfp.1995.1232
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1995_num_111_1_1232Résumé
La psychologie s'interroge sur le « processus de pensée et d'apprentissage » sous l'angle de l'individu-
solo. Celui qui pense et apprend n'est pas un groupe mais un individu et les supports physiques (livres,
ordinateurs...) ne sont qu'accessoirement analysés. Une perspective théorique plus juste consiste à
considérer « l'individu-plus », c'est-à-dire la personne et son environnement physique et social. Dans la
cognition effective, le savoir et les représentations-clés, l'espace de travail cognitif ne se trouvent pas
uniquement dans l'esprit mais, pour une bonne part, dans l'environnement physique. Ils peuvent aussi
être répartis entre plusieurs individus dont aucun ne dispose de toutes les ressources. Même les
fonctions d'exécution sont souvent extérieures à la personne : des « objets physiques » tels que les
instructions écrites d'autres individus tels qu'un « mentor » fournissent les directives. Une vision
dépassant la personne individuelle permet de mieux comprendre et de cerner l'enseignement et
l'apprentissage et de construire des théories de l'apprentissage et du développement humain plus
pertinentes.
Abstract
Addressing fundamental questions like « how do thinking and learning happen, » psychology normally
takes a person-solo view. The agent that thinks and learns is not a group but an individual, and physical
supports like pencils, notebooks, and computers are a secondary part of the analysis at best. A
different, more accurate, and in some ways more powerful theoretical perspective treats the agent that
thinks and learns as the « person-plus » - person plus physical and social surround. In realistic
circumstances of cognition, important knowledge, key representations, cognitive workspaces, and more
are commonly held not just in the mind but in considerable part in the physical environment. Also, they
are often shared among several people, none individually having all the resources. Even decisions
about what to do next - what might be called the executive function - remarkably often are ceded to the
surround : Physical objects like written instructions or other humans like a mentor provide direction. A
person-plus view offers implications for understanding and improving settings of teaching and learning,
as well as for building better theories of learning and human development.L'individu-plus
Une vision distribuée
de la pensée et de l'apprentissage
David N. Perkins
solo. considérer cognition uniquement ordinateurs...) La être psychologie répartis Celui effective, « qui dans l'individu-plus entre ne pense s'interroge l'esprit sont plusieurs le et savoir qu'accessoirement apprend mais, sur », individus et c'est-à-dire le pour les n'est « processus représentations-clés, une dont pas bonne la un aucun analysés. personne de groupe part, pensée ne dispose Une mais dans et et son l'espace perspective un l'environnement d'apprentissage environnement de individu toutes de travail et théorique les ressources. » physique. cognitif physique supports sous plus l'angle ne physiques et Ils juste se Même social. peuvent de trouvent consiste l'individu- les Dans (livres, aussi foncpas la à
tions d'exécution sont souvent extérieures à la personne : des « objets physiques » tels que les instruc
tions écrites d'autres individus tels qu'un « mentor » fournissent les directives. Une vision dépassant la
personne individuelle permet de mieux comprendre et de cerner l'enseignement et l'apprentissage et de
construire des théories de l'apprentissage et du développement humain plus pertinentes.
Sous-jacentes à la multitude de recherches en en termes de problèmes et de schémas (« sche
psychologie ne se trouvent que quelques mata ») ; et le point de vue plus récent qui parle
grandes questions éternelles, autour desquelles de traitement distribué en parallèle et développe
gravitent les plus spécifiques. L'une de une conception holographique de la manière dont
ces questions fondamentales — ou peut-être deux l'esprit capte et élabore l'information. en une seule — consiste à se demander
Quelle que soit la théorie choisie, il existe une « Quel est le processus de pensée et d'apprentis
sage ? ». Il existe plusieurs manières d'aborder la asymétrie flagrante, et en quelque sorte singul
ière, entre la position adoptée vis-à-vis de l'indquestion : la tradition béhavioriste, avec sa théor
ividu et celle vis-à-vis de l'environnement physique ie du conditionnement fondée sur le concept clas
sique de réflexe ; les premières théories cogni- dans lequel se déroulent la pensée et l'apprentis
tives désormais classiques, qui ont une approche sage. Prenons l'exemple d'un (e) étudiant (e) sui-
Revue Française de Pédagogie, n° 111, avril-mai-jum 1995, 57-71 57 vant un cours d'histoire médiévale et qui a mis au apprend. La question se poserait alors de savoir
point des notes soigneuses et bien organisées sur s'il est particulièrement utile de le faire. En res
l'époque." La plupart 1066 et les événements de sortirait-il des vérités lumineuses qui nous échap
des théories de l'apprentissage soutiennent que peraient autrement ?
seul ce qui se trouve dans la tête de l'étudiant (e)
fait réellement partie de sa connaissance. Ce qui
est inscrit dans son cahier de notes seulement
mais pas dans sa tête ne fait pas partie de ce que LA COGNITION DISTRIBUÉE
l'étudiant (e) a appris.
Le point de vue général que nous adoptons ici Non pas, bien sûr, que le cahier de notes soit
part du concept de « l'intelligence distribuée » considéré sans importance. L'effort fourni par
l'étudiant (e) pour tenir ses notes de façon rigou (« distributed intelligence ») élaboré par Roy Pea
reuse et bien organisée se sera certainement tra (1993). Pea nous engage fermement à reconsidér
er la cognition humaine comme étant répartie de duit par un meilleur codage mental d'une bonne
partie des idées exprimées également dans les plusieurs manières au-delà des limites de l'org
notes, ainsi que par une meilleure compréhension anisme lui-même : dans l'interaction avec d'autres
personnes, en comptant sur des médias symbolet une meilleure mémorisation de celles-ci en ra
ison du « processus d'élaboration » (« elaborative iques, et en utilisant l'environnement et ses outils.
processing ») (cf. Baddeley, 1982 ; Craik & Lock- Notre position reprend également à son compte hart, 1972 ; Pressley, Wood & Woloshyn,1990). Il la distinction établie par Salomon, Perkins, et n'en reste pas moins que le cahier de notes en lui-
Globerson (1990) entre les effets obtenus grâce même n'est en règle générale pas considéré aux technologies de traitement de l'information et comme étant le creuset de ce que l'étudiant(e) ceux résultant de ces mêmes technologies, les aura appris, même si le cahier de notes repré effets obtenus grâce aux technologies étant des sente un investissement cognitif considérable amplifications des capacités cognitives de l'utilisdans une banque de mémoire bien organisée, ateur au cours de l'utilisation de ces technologies, banque qui se révélera fructueuse, lorsque l'ét et les effets résultant des technologies étant des udiante) écrira, à l'aide de cette source d'idées effets cognitifs inattendus qui surviennent en l'abien organisée, une dissertation de fin de bsence desdites technologies. Notre propos est de semestre par exemple. discuter des effets obtenus grâce aux technolo
gies — non seulement aux hautes technologies Mais on peut bien entendu considérer les cho
ses différemment. Nous pourrions prendre comme mais également grâce à ce que nous appellerons
dans l'ensemble la distribution physique de la unité d'analyse non pas l'étudiant sans les re
ssources de son environnement — l'individu en cognition en général sur des éléments comme les
solo (« person-solo ») — mais l'individu plus son ordinateurs, bien s&#

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