L Institut des idéologues - article ; n°2 ; vol.108, pg 659-676
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1996 - Volume 108 - Numéro 2 - Pages 659-676
Claude Nicolet, L'Institut des «idéologues», p. 659-676. On rappelle les étapes de l'histoire de l'Institut pendant la période révolutionnaire : entre le décret du 8 août 1793, qui avait supprimé les Académies (sauf celle des sciences), et ceux d'octobre 1795 qui fondaient et organisaient l'Institut, la continuité était d'autant mieux assurée que cette fondation était expressément prévue par l'article 3 du décret de 1793. Mais, du triple point de vue de l'épistémologie (les fondements et les liens des diverses sciences), de la politique (place du système éducatif et de la science dans la République), et de la philosophie qui doit inspirer le tout, le projet de 1795 - qui s'est à peu près survécu, au prix de quelques transactions, dans l'organisation actuelle - frappe par sa cohérence et sa volonté d'unité, sous la double influence du Discours préliminaire de d'Alembert et Diderot, et de la philosophie de Condillac. On examine ensuite la place particulière (v. au verso) - et centrale - qui était faite à la «science politique» dans la seconde classe de l'Institut qui sera supprimée par Bonaparte, avant d'être ressuscitée en 1832 sous le nom d'Académie des sciences morales et politiques.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Nicolet
L'Institut des idéologues
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 108, N°2. 1996. pp. 659-676.
Résumé
Claude Nicolet, L'Institut des «idéologues», p. 659-676.
On rappelle les étapes de l'histoire de l'Institut pendant la période révolutionnaire : entre le décret du 8 août 1793, qui avait
supprimé les Académies (sauf celle des sciences), et ceux d'octobre 1795 qui fondaient et organisaient l'Institut, la continuité
était d'autant mieux assurée que cette fondation était expressément prévue par l'article 3 du décret de 1793. Mais, du triple point
de vue de l'épistémologie (les fondements et les liens des diverses sciences), de la politique (place du système éducatif et de la
science dans la République), et de la philosophie qui doit inspirer le tout, le projet de 1795 - qui s'est à peu près survécu, au prix
de quelques transactions, dans l'organisation actuelle - frappe par sa cohérence et sa volonté d'unité, sous la double influence du
Discours préliminaire de d'Alembert et Diderot, et de la philosophie de Condillac. On examine ensuite la place particulière
(v. au verso) - et centrale - qui était faite à la «science politique» dans la seconde classe de l'Institut qui sera supprimée par
Bonaparte, avant d'être ressuscitée en 1832 sous le nom d'Académie des sciences morales et politiques.
Citer ce document / Cite this document :
Nicolet Claude. L'Institut des idéologues. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 108, N°2. 1996.
pp. 659-676.
doi : 10.3406/mefr.1996.4462
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1996_num_108_2_4462CLAUDE NICOLET
L'INSTITUT DES «IDÉOLOGUES» *
Lorsque fut décidée la fondation, par l'article 298 de la Constitution
du 5 fructidor an III (le 22 août 1795), d'un «Institut national», et
lorsque celui-ci fut effectivement créé et organisé par les décrets de la
Convention du 3 brumaire et du 15 germinal an IV (25 octobre 1795 et
4 avril 1796), on aurait pu croire un instant qu'il s'agissait d'une sorte
de remords de la part de la majorité thermidorienne, qui se serait
empressée de rétablir, sous un autre nom, les académies de l'Ancien
Régime1. Celles-ci, en effet, avaient vécu des jours difficiles à partir de
* Je tiens à remercier vivement Mlle S. A. Leterrier, historienne de l'Académie
des sciences morales et politiques et P, qui a bien voulu me faire parvenir de Paris,
avec érudition et gentillesse, une documentation et des textes en photocopie, introu
vables à Rome.
1 II n'existe pas encore d'histoire exhaustive de l'Institut de France. On doit se
contenter, provisoirement, des volumes publiés récemment à l'occasion de la célé
bration du bicentenaire : Histoire des cinq Académies, Paris, 1995, en part. p. 339 et
suiv.; et les Actes des colloques du Bicentenaire, Paris, 1995 (où une version abrégée
de la présente communication a été publiée, p. 333-342). Mais on n'oubliera pas ce
pendant l'ouvrage publié il y a un siècle, Le centenaire de l'Institut, Paris, 1895.
Les textes constitutifs de la création de l'Institut se trouvent dans Léon Aucoc,
L'Institut de France. Lois, statuts et règlements concernant les anciennes Académies et
l'Institut de 1653 à 1889, Paris, 1889; les débats relatifs à la création de l'Institut ac
compagnent ceux sur la mise en place d'une «Éducation nationale»; ils sont publiés
dans J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de l'Assemblée lé
gislative, Paris, 1889, et du Comité d'instruction publique de la
Convention nationale, vol. 1-4, Paris, 1891-1907; le détail des Mémoires et questions
de concours discutés à l'Institut (et dans l'Académie des inscriptions auparavant) se
trouve dans le précieux recueil de E. de Rozière et E. Chatel, Table générale et méthod
ique des mémoires contenus dans les recueils de l'Acad. des insc. et belles-lettres et de
l'Académie des sciences morales et politiques, Paris, 1850 (dont la préface est une ré
flexion bibliographique et épistémologique non sans rapport avec le sujet qui nous
occupe). La meilleure mise au point sur la création de l'Institut et sur l'Académie des
sciences morales et politiques se trouve dans la thèse récente de S. Leterrier, Les et à l'Institut de France, Paris, 1992 (3 vol. multigraphiés),
dont une version légèrement abrégée a été publiée, L'institution des sciences morales
(1795-1850), Paris, 1995.
MEFRIM - 108 - 1996 - 2, p. 659-676. CLAUDE NICOLET 660
la fin de 1792. Le 13 novembre, un décret leur avait d'abord interdit de
pourvoir les places vacantes (il fut, à vrai dire, annulé par un autre
décret du 17 mai 1793 en ce qui concerne la seule Académie des
sciences). Un autre décret (du 8 août 1793), proposé par le Comité
d'instruction publique, supprime, dans son article 1 «toutes les acadé
mies et sociétés littéraires, patentées ou dotées par la Nation». Belle
occasion pour certains, bien sûr, de parler du «vandalisme» révolutionn
aire2. Il faut toutefois connaître la suite du décret3. D'abord, l'article 2
excepte de cette suppression l'Académie des sciences - provisoirement
chargée de ses divers travaux - et lui maintient ses «attributions
annuelles». L'article 4 confirme le droit des citoyens de se réunir en
«sociétés libres»; les articles 6 et 7 maintiennent «comme par le passé»
les cours de sciences, d'arts et de métiers mécaniques dépendant des
sociétés supprimées, et confient à la «surveillance des autorités consti
tuées» les jardins botaniques, cabinets, musées, bibliothèques et autres
monuments attachés aux académies supprimées. Mais surtout, l'article 3
(dû plus particulièrement à Grégoire) prévoyait expressément le rem
placement des académies par une société destinée à l'avancement des
sciences et des arts et chargeait le Comité d'instruction publique d'en
présenter le plan. Ainsi la continuité serait assurée, les décrets d'octobre
1795 pouvant sembler la réalisation - après un peu plus de deux ans -
de cette décision. Ce n'est pourtant, il faut le dire, pas tout à fait exact.
Car, entre temps, sous la Terreur, les divers projets d'Instruction et
d'Éducation qu'avaient présentés les Montagnards4 et que favorisait le
2 C'est, on le sait, le titre d'un livre d'Eugène Despois, Le vandalisme révolu
tionnaire, Paris, 1868 : titre trompeur, puisque Despois s'efforce au contraire, non
sans d'excellentes raisons, de défendre et d'illustrer l'œuvre positive des assemb
lées révolutionnaires dans le domaine de la culture. Curieusement, l'expression
«vandalisme» a été employée, pour la première fois sans doute, par l'abbé Gré
goire lui-même.
3 Sur le décret, et ses origines, voir toujours le récit si vivant de Jules S
imon, Une académie sous le Directoire, Paris, 1885, p. 23-30. On ne peut être tout
à fait d'accord avec le spirituel et sceptique Jules Simon, qui dit que cet article 3
«n'était guère qu'une espérance» et que la Convention voulait surtout détruire.
Cela est démenti par la composition même du Comité d'instruction publique qui
prépara le décret, où siégeaient Grégoire, Lakanal, Daunou, Chénier (futurs fon
dateurs de l'Institut); et surtout, comme on verra, par la constante présence
d'instituts ou de sociétés, dans la plupart des projets de la période.
4 Très commodément rassemblés et commentés par B. Baczko, Une éducat
ion pour la démocratie, Paris, 1982 (Les classiques de la politique, C. Nicolet
dir.); cf. en particulier le projet de Lepeletier, présenté par Robespierre
1793), de Bouquier, et le discours de Thibaudeau. DES «IDÉOLOGUES» * 661 LINSTITUT
Comité ne s'étaient guère occupés que de l'instruction primaire et des
fêtes nationales. Et Robespierre lui-même, on le sait, avait prononcé le
7 mai 1794 une célèbre diatribe contre la «secte» des Encyclopédistes,
qu&#

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