L investissement intellectuel - article ; n°1 ; vol.43, pg 107-118
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1988 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 107-118
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Caspar
L'investissement intellectuel
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 43. 1er trimestre 1988. pp. 107-118.
Citer ce document / Cite this document :
Caspar Pierre. L'investissement intellectuel. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 43. 1er trimestre 1988. pp. 107-118.
doi : 10.3406/rei.1988.1012
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1988_num_43_1_1012intellectuel L'investissement
Pierre CASPAR
Professeur au Conservatoire national des arts et métiers - Paris France
INTRODUCTION
« Plusieurs fois déjà, dans l'histoire des nations, les règles fondamentales qui
rythment l'activité des hommes ont changé. L'économie industrielle a succédé à
l'économie agricole marchande. Celle-ci s'était substituée à l'économie féodale »
(1). Ce moment, nous le connaissons à nouveau. Les mutations technologiques
en cours, les évolutions socio-culturelles à l'œuvre actuellement, le rôle accru des
connaissances dans le fonctionnement des systèmes productifs sont en train de
faire basculer les nations développées dans une autre problématique. Les autres
également, ne serait-ce que par contre-coup.
Les questions des dernières années ont été celles de la diffusion des technolog
ies et de leur impact sur les principaux ressorts de l'économie industrielle. L'inter
rogation qui va s'y substituer est celle du changement de nature du système socio-
économique lui-même. Les raisonnements classiques sur le travail et le capital ne
paraîtront plus pertinents face à un système de production et d'échange qui se
structure autour de la gestion du savoir, véritable investissement des temps modern
es. A condition, bien sûr, d'accepter que la « matière première stratégique » de
l'industrie, ne soit plus désormais le charbon, le pétrole ou quelque métal rare
mais la « matière grise ». Celle-ci, dès qu'on sait la mobiliser, transforme tout.
Il n'y a plus de secteurs de pointe ou d'industries du passé ; mais des entreprises
qui misent sur l'intelligence et d'autres qui préfèrent encore s'appuyer sur des re
ssources moins puissantes, qu'elles soient financières ou matérielles.
A l'appui de cette hypothèse, on peut identifier avec l'OCDE un certain nomb
re de points communs aux entreprises et aux pays compétitifs :
— leur niveau culturel élevé et le haut degré de qualification de la main-d'œuvre,
— une inscription de plus en plus fine de l'intelligence humaine dans les maté
riaux et dans le processus de production et de commercialisation,
— la recherche délibérée de l'information, son analyse et son exploitation syst
ématique, de façon à anticiper sur les changements provoqués ou induits,
— la mobilisation des potentiels dans un nouveau partage des responsabilités,
— l'acceptation du fait que le changement concerne tout le monde et que cha
cun peut y contribuer,
(1) Cf. P. LEMOINE — Prospective 2005.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43, 1« trimestre 1988 107 — l'exploitation rapide des ressources offertes par les technologies les plus
avancées,
— l'extrême rapidité de réaction à tous niveaux,
— la recherche systématique de la productivité dans les petites tâches quoti
diennes et pas seulement sur les grands projets,
— la cohérence entre les discours des responsables et leur mise en pratique.
Tous ces choix ont eux-mêmes un point comun : le pari sur l'intelligence trans
formatrice, le pari sur l'homme, un renvoi vers la « base » de l'exercice de cette
intelligence.
Admettons le bien fondé et l'efficacité des choix précédents, face au faisceau
croisé de mutations économiques, techniques et scientifiques, sociales et culturell
es que nous vivons. On ne peut alors qu'être convaincu de la nécessité de donner
un poids croissant aux investissements immatériels, à répartir l'exercice de l'inte
lligence et donc du pouvoir qui lui est attaché, à faire naître une attitude différent
es envers la technologie et le changement.
S'il est toujours vrai d'affirmer que l'investissement physique commande le déve
loppement des techniques et technologies nouvelles, les progrès de compétitivité
et la possibilité d'arriver à un taux de croissance économique suffisant, il faut
constater que le contenu de l'investissement à sensiblement changé au cours des
10 dernières années. Non seulement la nature des biens d'équipements accumulés
se modifie ; mais on observe, parallèlement à l'investissement matériel en bâti
ments, machines et équipements de production, un essor considérable d'autres
dépenses consacrées à préparer l'avenir : dépenses de logiciels informatiques, de
développement commercial, de formation, de recherche-développement, d'infor
mation. L'investissement change d'identité dans la société.
Si la notion « d'investissement intellectuel » apparaît aujourd'hui, ce n'est pas
seulement affaire de mode ou de langage. Il s'agit plutôt d'une volonté délibérée
consistant à miser sur l'introduction et le développement du savoir dans tous les
éléments qui composent un système de production, au sens large du terme. Et à
en attendre, en retour, des effets permanents et durables.
Il n'est plus raisonnable, en effet, de ne parler que des biens matériels comme
les immeubles, les machines ou les matériels de transport, lorsque l'on parle inves
tissement. Car on sait bien qu'il faut désormais y ajouter un ensemble considéra
ble de dépenses à consentir dans le secteur « quaternaire », dépenses dont les
impacts s'apprécient à terme beaucoup plus long qu'une année fiscale. De même,
11 n'est plus raisonnable, lorsque l'on parle productivité, de ne s'intéresser qu'aux
performances des outils et des machines, qu'ils soient traditionnels ou à la pointe
du progrès. Car on sait bien que la contribution de la technologie la plus moderne
est extrêmement dépendante de la relation homme-machine que l'on a su créer.
Ici encore, des dépenses sont à consentir qui ne se situent pas dans le palpable,
le matériel, le visible, mais dans la création de potentiel, l'assimilation de nouvell
es logiques et le développement de l'intelligence des situations.
Quelques chiffres peuvent nous aider à préciser les choses. Ainsi l'évolution de
l'investissement en France depuis 1974, en distinguant entre formation brute de
capital fixe (EBDF) et investissement immatériel et investissement total.
108 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43, 7" trimestre 1988 Évolution de l'investissement (1)
(Base 100 en 1974)
Illustration non autorisée à la diffusion
1S7¿ 1S75 1575 ÍS 1979 1S5C 1981 1S82 196:
— FBCF O INV. IMMATERIEL A INV. TOTAL
(1) Source : Crédit national
On le voit, le taux d'investissement « physique » des entreprises décroît sur la
période et passe de 18,1 % en 1974 à 15,4 % en 1983.
Il y a simultanément, évolution de la structure même de ce que l'on range com
munément sous la bannière de l'investissement immatériel.
L'investissement immatériel tend à représenter une part croissante des dépens
es des entreprises. L'évolution du ratio 1.1/FBCF passe de 21,2 °Io en 1974 à
32,2 °/o en 1983.
C'est avec toutes ces questions en tête que le Centre de Prospective et d'Éval
uations du Ministère de l'Industrie des P et T et du Tourisme français a souhaité
engager une réflexion approfondie sur ce domaine. Pour des raisons que nous expli
citerons plus loin, il a choisi de la conduire sous le vocable général « d'investisse
ment intellectuel », expression qui paraissait renvoyer à une attitude et à des démar
ches plus globales que l'investissement immatériel stricto sensu.
Nous présentons ici quelques éléments extraits d'un rapport « Essai sur l'inves
tissement intellectuel » que le CPE a publié fin juin 1986 (1). Le plan que nous
suivrons est le suivant :
(2) Étude CPE n° 71 — P. CASPAR avec la collaboration de C. AFRIAT. CPE 1, rue Descartes,
75005 Paris.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43. 1« trimestre 1988 109 Investissement immatériel : structure
de (1974

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