L « islam parallèle » en Union soviétique - article ; n°1 ; vol.21, pg 49-63
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L'« islam parallèle » en Union soviétique - article ; n°1 ; vol.21, pg 49-63

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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1980 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 49-63
Alexandre Bennigsen, Chantal Lemercier-Quelquejay, Parallel Islam in the Soviet Union. Sufi brotherhoods in the Checheno- Ingush Republic.
Since the introduction of the Sufi orders in Northern Caucasus at the end of the eighteenth century, Daghestan and the Chechen country have been the bastions of the most conservative Islam. Nowadays they have preserved this same character. In the present article based on the most recent Soviet sources, an attempt is made to analyze the evolution of Sufism under the Soviet regime and its curious adaptation to the new conditions of a collectivized society.
Alexandre Bennigsen, Chantal Lemercier-Quelquejay, L' « Islam parallèle » en Union Soviétique. Les organisations soufies dans la République tchétchéno-ingouche.
Depuis l'implantation des confréries soufies dans le Caucase du nord à la fin du XVIIIe siècle, les territoires du Daghestan et de la Tchetchnia ont été, et sont encore, des bastions d'un islam très conservateur. Dans le présent article basé sur les sources soviétiques les plus récentes, on analyse l'évolution des organisations soufies sous le régime soviétique et leur remarquable adaptation aux conditions d'une société collectivisée.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Chantal Lemercier-Quelquejay
Alexandre Bennigsen
L'« islam parallèle » en Union soviétique
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 21 N°1. Janvier-Mars 1980. pp. 49-63.
Abstract
Alexandre Bennigsen, Chantal Lemercier-Quelquejay, " Parallel Islam" in the Soviet Union. Sufi brotherhoods in the Checheno-
Ingush Republic.
Since the introduction of the Sufi orders in Northern Caucasus at the end of the eighteenth century, Daghestan and the Chechen
country have been the bastions of the most conservative Islam. Nowadays they have preserved this same character. In the
present article based on the most recent Soviet sources, an attempt is made to analyze the evolution of Sufism under the Soviet
regime and its curious adaptation to the new conditions of a collectivized society.
Résumé
Alexandre Bennigsen, Chantal Lemercier-Quelquejay, L' « Islam parallèle » en Union Soviétique. Les organisations soufies dans
la République tchétchéno-ingouche.
Depuis l'implantation des confréries soufies dans le Caucase du nord à la fin du XVIIIe siècle, les territoires du Daghestan et de
la Tchetchnia ont été, et sont encore, des bastions d'un islam très conservateur. Dans le présent article basé sur les sources
soviétiques les plus récentes, on analyse l'évolution des organisations soufies sous le régime soviétique et leur remarquable
adaptation aux conditions d'une société collectivisée.
Citer ce document / Cite this document :
Lemercier-Quelquejay Chantal, Bennigsen Alexandre. L'« islam parallèle » en Union soviétique. In: Cahiers du monde russe et
soviétique. Vol. 21 N°1. Janvier-Mars 1980. pp. 49-63.
doi : 10.3406/cmr.1980.1373
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1980_num_21_1_1373BENNIGSEN • CHANTAL LEMERCIER-QUELQUEJAY ALEXANDRE
V «ISLAM PARALLÈLE» EN UNION SOVIÉTIQUE
Les organisations soufies
dans la République tchétchéno-ingouche
Dans son numéro 10 d'octobre 1979, la revue antireligieuse Nauka i
religija de Moscou publie un document remarquable et curieux qui jette
une lumière nouvelle sur le problème de Г « Islam parallèle »x en Union
Soviétique. Il s'agit de l'article d'un Tchétchène, S. Umarov, candidat
ès-sciences historiques de l'Université (ou de l'Institut pédagogique) de
Groznyj (RSSA tchétchéno-ingouche) qui décrit la visite effectuée par
« son ami et collègue » (ou par lui-même ?) dans Y aul natal de ses parents
— peut-être le village de Kurčaloy, un gros bourg des basses terres, assez
moderne, semble-t-il, puisqu'il possède deux écoles, un internat et
« 200 représentants de l'intelligentsia soviétique », médecins, instituteurs,
ingénieurs, etc.2.
Le jeune homme arrive le soir dans la maison de son père — un ancien
militant antireligieux et tombe sur un zikr3 naqshbandi4 auquel parti
cipent sous la direction d'un mollah5 tous les membres mâles de son clan
vivant dans le village, y compris le président du kolkhoze et le secrétaire
du soviet local, soit une vingtaine de personnes. L'auteur assiste sans
protester à la cérémonie.
Il apparaît que la tenue d'un zikr est une manifestation courante de
la vie sociale d'un bourg caucasien, puisque, au moment même où se
déroulait le zikr naqshbandi, les réjouissances suivantes avaient lieu dans
Y aul : trois soirées dansantes, la projection pour la Nième fois d'un vieux
film (en présence de 10 à 15 spectateurs) — la projection avait lieu au
club du village, « mal famé et peu fréquenté » et enfin quatre zikr qadiris*
avec chants, musique et danses.
L'article décrit avec précision le déroulement du zikr et fournit de
très précieuses explications sur l'activité des organisations soufies dans
les territoires musulmans de l'Union Soviétique. Cet article s'inscrit
une longue liste d'ouvrages et d'articles publiés dans la République
tchétchéno-ingouche ou consacrés à l'Islam dans le pays tchétchène et
ingouche, et plus spécialement au renouveau du courant mystique soufi,
représenté au Caucase du nord par les deux grandes tariqaf, la Naqshban-
diya et la Qadiriya. On en trouvera la liste en Annexe.
Le pays tchétchène et ingouche fut, avec l'Ossétie, la dernière région
du Caucase du nord où le christianisme et même le paganisme réussirent
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXI (1), janv.-mars iç8o, pp. 49-63.
4 5O ALEXANDRE BENNIGSEN • CHANTAL LEMERCIER-QUELQUEJAY
à se maintenir. Au début du xvine siècle, une partie des Tchétchènes et
la quasi-totalité des Ingouches étaient encore des non musulmans.
L'Islam n'y pénétra que tardivement et il y fut introduit par les confréries
soufies.
Le premier prédicateur soufi au Caucase du nord fut un naqshbandi
tchétchène, le sheikh Mansur Ušurma du village d'Aldy. Selon la tradi
tion orale tchétchène, il fut initié soit à Bukhara, soit — ce qui est plus
vraisemblable, par un naqshbandi bukhariote se rendant à la Mecque.
Selon une autre source, moins vraisemblable, recueillie par Hasan al-
Qadari8, Mansur aurait été initié quelque part dans l'Empire ottoman et
« aurait été envoyé au Caucase par les Turcs pour inciter les Tchétchènes
et les Daghestanais à se joindre à la guerre contre les Russes ».
Le sheikh Mansur fut le premier à mener le djihad contre les Russes.
Après quelques succès spectaculaires, dont la destruction d'une brigade
russe sur la rivière Sunža en 1785, il fut capturé par les Russes à Anapa
en 1791. Condamné à la détention perpétuelle, il mourut en 1793 dans la
forteresse de Schlùsselburg9.
Les naqshbandis disparaissent du Caucase pour près de trente années
et leur tariqat ne réapparaît qu'en 1823 au Shirvan. Cette fois, la silsile
(chaîne de transmission initiatique) est parfaitement connue. Le sheikh
Ismail de Kiirdamir qui fut le premier à prêcher au Shirvan fut le disciple
d'un murshid naqshbandi kurde, le sheikh Halid de Siileymaniyeh, lui-
même disciple du sheikh Abdullah de Delhi10. Ismail de Kiirdamir eut
pour le sheikh Khas Mohammed, un Bukhariote ou un Shirvani,
qui, à son tour, initia Mohammed Efendi de Yaraglar dans le Daghestan
méridional et qui fut le second murshid après Mansur Ušurma à prêcher
la guerre sainte contre les Russes. Mohammed de Yaraglar initia le sheikh
Djemaleddin de Kazi-Kumukh dans le Daghestan central qui fut le
maître de Ghazi Mohammed et de Shamil, premier et troisième imams
du Daghestan.
Ce fut sous l'imamat de Shamil, vers 1830, que la doctrine de la
Naqshbandiya fut introduite en pays tchétchène par un des naib de
Shamil, Tasho (ou Tashev) Hadji d'Indiri, qui semble avoir été initié
par le sheikh Abdurrahman de Sogratl (mort en déportation en Sibérie),
lui-même disciple de Djemaleddin de Kazi-Kumukh. Par ses actions
guerrières et sa haine inflexible des Infidèles, Tasho Hadji s'attira un
grand renom de sainteté. A ce jour, il reste pour les Tchétchènes ce que
Shamil est pour les Daghestanais, l'ustad par excellence, maître spirituel
et modèle de chef politique11.
Après la défaite de Shamil en 1859 et la conquête du pays par les
Russes, la Naqshbandiya disparut une fois de plus de la scène tchétchène.
Ses sheikhs furent déportés ou moururent au combat ou en prison ; d'autres,
découragés, quittèrent le Caucase pour l'Empire ottoman. Quant

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