La catégorisation des prédications : traits sémantiques et perspectives socio-cognitives - article ; n°132 ; vol.32, pg 9-27
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Description

Langages - Année 1998 - Volume 32 - Numéro 132 - Pages 9-27
The purpose of this article is to test the psychological reality of some linguistics descriptors used for the classification of predications (Action, Act, Activity, event, process, state). We have analysed the psychological processes implicated in the attribution task of semantic components . Data from experiment provided an evidence that these linguistic descriptors have a corresponding at the cognitive level, and that the semantic of verbs and cognitive working introduce some fluctuations into the attribution of semantic components.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Bromberg
Christiane Kekenbosch
Edouard Friemel
La catégorisation des prédications : traits sémantiques et
perspectives socio-cognitives
In: Langages, 32e année, n°132, 1998. pp. 9-27.
Abstract
The purpose of this article is to test the psychological reality of some linguistics descriptors used for the classification of
predications (Action, Act, Activity, event, process, state).
We have analysed the psychological processes implicated in the attribution task of semantic components . Data from experiment
provided an evidence that these linguistic descriptors have a corresponding at the cognitive level, and that the semantic of verbs
and cognitive working introduce some fluctuations into the attribution of semantic components.
Citer ce document / Cite this document :
Bromberg Marcel, Kekenbosch Christiane, Friemel Edouard. La catégorisation des prédications : traits sémantiques et
perspectives socio-cognitives. In: Langages, 32e année, n°132, 1998. pp. 9-27.
doi : 10.3406/lgge.1998.2175
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1998_num_32_132_2175Marcel BROMBERG, Christiane KEKENBOSCH, Edouard FRIEMEL
Groupe de Recherche Sur la Parole, Université Paris 8
LA CATEGORISATION DES PREDICATIONS
TRAITS SÉMANTIQUES
ET PERSPECTIVES SOCIO-COGNITIVES
Introduction
Les structures sémantiques et conceptuelles qui sous-tendent le langage naturel ont
fait l'objet de nombreuses théorisations tant linguistiques (Fillmore 1968 ; Smith,
Medin 1981 ; Jackendoff 1983, 1990 ; Desclés 1985) que psychologiques (Schank
1972 ; Miller et Johnson-Laird 1976 ; Le Ny 1989). Ces dernières années, des psychol
ogues et des linguistes ont tenté d'affronter ensemble les redoutables problèmes que
pose l'analyse des représentations conceptuelles d'actions, d'événements et d'états
dans une approche de sémantique cognitive. (Cf. numéro 100 de Langages, 1990). Il
s'agit d'identifier :
— Les entités conceptuelles qui entrent dans ces représentations.
— Les relations de dépendances conceptuelles de ces
— la forme sous laquelle se présente la structure globale de ces représentations.
François (1989, 1990) propose un classement sémantique de prédications minimal
es fondé sur une combinaison de propriétés primitives susceptibles de décrire la
sémantique des représentations d'actions, de causation, de processus et d'états. Pour
l'essentiel, l'auteur fonde son classement sur la combinatoire de six traits sémantiques
qui sont d'une part des descripteurs de constitution temporelle (dynamicité, télicité,
changement, momentanéité) et d'autre part des descripteurs de constitution partici
pative (agentivité, causativité).
Verstiggel et Denhière (1990) testent ce modèle linguistique en demandant aux
sujets de se prononcer sur la présence ou l'absence dans la signification de la prédicat
ion des quatre traits, Dynamicité, Changement, Causativité, Agentivité. Les auteurs
font l'hypothèse que les activités de compréhension des prédications mettent en jeu des
invariants cognitifs qui participent à la constitution des catégories d'États, d'Événe
ments et d'Actions et que ces invariants cognitifs sont des analogons d'invariants
sémantiques identifiés par François (1990) dans son modèle.
Si les résultats expérimentaux valident globalement cette hypothèse, certains
s'écartent du modèle. Ce fait conduit les auteurs à conclure qu'il est nécessaire de
procéder à « un examen détaillé, classificateur par classificateur, classe de prédication
par classe de prédication, à la lumière des invariants cognitifs supposés entrer dans la
définition des catégories d'états, d'événements et d'actions » . Pour leur part, François
et Denhière (1992) justifient les écarts au modèle linguistique par l'intervention de
paramètres « cachés » et « parasitaires » , maîtrisés ou non dans les différentes situa- tions expérimentales utilisées pour la validation cognitive du modèle, paramètres
intervenant tant aux niveaux lexicalo-syntaxique, sémantique que méthodologique.
Pour notre part, il nous semble qu'au-delà d'une prise en compte de ces paramètres
dit « cachés » , il est nécessaire de (re)considérer les fonctionnements cognitifs du sujet
impliqué dans les jugements d'attribution des traits, jugement qui requiert l'élabora
tion d'une représentation de ce que signifie, pour le sujet, la prédication. L'attribution
de traits sémantiques implique, d'une part, des processus de compréhension des
prédications et du contenu des traits dont il faut identifier la présence ou l'absence ; et,
d'autre part, des processus de comparaison des représentations ainsi construites. La
compréhension d'une prédication ne se réduit pas au seul traitement des données
linguistiques. Tout message langagier ne peut se comprendre sans référence au monde.
Les activités cognitives intègrent dans une représentation unique les éléments résultant
du traitement de données explicites et ceux résultant de 1' activation du modèle de
situation auquel renvoient ces données explicitées (Van Dijk et Kintsch 1983).
C'est ainsi que dans son activité de compréhension, le sujet active des structures de
connaissance — dont le contenu participe à la construction du sens — à partir
desquelles il va élaborer des inferences. Ces structures de connaissances se composent
d'informations concernant des acteurs sociaux, des animaux, des objets, des actions,
des événements et des concepts abstraits, et les relations entre ces entités. Que ces
structures soient selon les auteurs des schémas (Rumelhart et Ortony 1977 ; Mandler
1984), des scripts (Schank et Albelson 1997 ; Bower, Black, Turner 1979), des cadres
(Minsky 1975 ), elles constituent un arrière-plan de connaissances du monde indispen
sable pour construire la représentation de la situation attachée au texte. Le sujet
élabore, parallèlement à ses activités de compréhension du texte explicite, des infer
ences sur la base de ces structures de connaissances pour construire un modèle de
situation associé. Ce modèle de situation selon Graesser et Kreuz (1993) constitue une
sorte de micro-monde peuplé d'un ensemble d'objets, d'agents, d'activités, d'événe
ments, d'états. Lorsque le sujet construit un modèle de situation sur la base de la
prédication, il crée un micro-monde analogue aux expériences vécues dans le monde
physique et social. Il faut insister ici sur le fait que cette construction intègre non
seulement un ensemble d'objets physiques ainsi que les relations qui les lient, mais
aussi des séquences d'événements de nature psychologique, de comportements so
ciaux, intégrés sous formes d'expériences vécues et mémorisées, à partir desquelles
l'acteur social comprend, interprète et construit la « réalité » sociale, et décide des
actions à entreprendre. Une grande partie des connaissances acquises le sont sur la
base d'interactions du sujet social avec son environnement.
Ainsi, lorsqu'on lui présente une prédication, qu'elle soit minimale ou complexe, le
sujet s'engage dans des activités de compréhension, dont on sait qu'elles ne se réduisent
pas au traitement des seules données linguistiques. Le sujet en construisant un modèle
de situation s'engage dans une activité de contextualisation qui n'est pas sans incidence
sur la perception du caractère statique ou dynamique des situations exprimées dans les
prédications et en conséquence sur l'attribution des traits.
Ces diverses considérations nous amènent à présenter d'une part les données
linguistiques sur lesquelles nous nous sommes fondés et d'autre part une analyse
théorique des processus cognitifs impliqués dans la compréhension des prédications.
10 I. Les données linguistiques
Les définitions établies par Lyons (1980) des situations statiques qui « renvoient
aux états des choses » et des situations dynamiques qui recouvrent les événements , les
processus, les actions, constituent pour nous une partition de base des prédications.
« Une situation statique (ou état des choses ou simplement état) a pour caractéris
tique d'exister, d'être homogène ou continue et immuable pendant

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