La circulation des biens à l intérieur de la famille dans la région du Rhin moyen - article ; n°2 ; vol.111, pg 911-931
22 pages
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 2 - Pages 911-931
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Franz Staab
La circulation des biens à l'intérieur de la famille dans la région
du Rhin moyen
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°2. 1999. pp. 911-931.
Résumé
Franz Staab, La circulation des biens à l'intérieur de la famille dans la région du Rhin moyen, p. 911-931.
Que la stratégie familiale préside à la circulation des biens paraît un fait nouveau pendant le haut Moyen Âge. Le manuel de
Dhuoda en donne un belle illustration en 841/843, en montrant que le passage des biens familiaux à son mari puis à son fils
(sans qu'on ait recours à l'écrit) renforçait les liens entre eux et soutenait leur carrière politique.
La Rhénanie n'a pas connu la variété des formules relatives aux transferts patrimoniaux que l'on rencontre dans d'autres régions
du monde franc. Sa documentation, riche en volume, se limite pour l'essentiel à des copies abrégées d'actes transcrits dans des
cartulaires, dont l'interprétation exige le recours aux monographies foncières et familiales. Une bonne appréciation de ce
contexte permet de reconnaître de multiples relations et transactions : héritages indivis, partages à égalité ou non, rôle de la
propriété féminine. Les donations «pieuses» et les précaires passées avec les établissements ecclésiastiques ont pour but la
sécurité des possessions et des revenus pour les individus ou, parfois, les couples âgés.
L'exemple de Roden est celui d'un confié en 786 à la protection de l'abbaye de Lorsch par sa donatrice, Aba, qui le fit gérer par
des abbesses issues de sa famille. De son côté, la parenté de Raban Maur investit beaucoup dans le monastère de Fulda (dont
Raban devint abbé en 822); durant la crise qui suivit la mort de Louis le Pieux, ce réseau mis en place soixante ans auparavant
fut mis à profit pour leur soutien mutuel.
Citer ce document / Cite this document :
Staab Franz. La circulation des biens à l'intérieur de la famille dans la région du Rhin moyen. In: Mélanges de l'Ecole française
de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°2. 1999. pp. 911-931.
doi : 10.3406/mefr.1999.3728
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1999_num_111_2_3728FRANZ STAAB
LA CIRCULATION DES BIENS À L'INTÉRIEUR DE
LA FAMILLE DANS LA RÉGION DU RHIN MOYEN
État ET LIMITES DE LA DOCUMENTATION
Le Moyen Âge classique et tardif offre, grâce au nombre et à la prolixi
té de ses sources, pléthore d'études particulières sur les stratégies famil
iales de l'aristocratie européenne, mais manque encore de synthèses sur la
question1. La noblesse du haut Moyen Âge semble au contraire avoir eu
comme trait commun son attache étroite aux rois, voire se définir par le
service et la fidélité envers la couronne ainsi que par les faveurs qu'elle en
obtenait2. Était-elle moins intéressée par les «stratégies» familiales? Ré
gine Le Jan a récemment donné un tableau nouveau, d'une richesse inat
tendue, des coutumes, des rapports, des réseaux sociaux et du pouvoir poli
tique des familles franques qui plaide pour le contraire3. Et pour les
contemporains francs, penser aux plans de la famille, élaborer des straté
gies et mobiliser des biens fonciers pour les faire aboutir semble avoir été
assez ordinaire. Le manuel écrit de 841 à 843 par Dhuoda pour son jeune
1 Cf. l'introduction de K.-H. Spiess, Familie und Verwandtschaft im deutschen
Hochadel des Spätmittelalters, 13. bis Anfang des 16. Jahrhunderts, Stuttgart, 1993
(Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, Beiheft, 111) p. 4-14.
2 R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle). Essai d'an
thropologie sociale, Paris, 1995 (Publications de la Sorbonne, série Histoire ancienne et
médiévale, 33), p. 9-12; Ead. (éd.), La royauté et les élites dans l'europe carolingienne
(du début du IXe aux environs de 920) [Lille, mars 1997], Lille, 1998, p. 8-15; K.-
H. Spiess, op. cit., p. 1. - Cependant, H. Dannenbauer, dans ses études publiées de
puis 1941 (dans Id., Grundlagen der mittelalterlichen Welt. Skizzen und Studien, Stutt
gart, 1958), avait lancé la thèse d'une aristocratie germanique qui aurait existé i
ndépendamment du roi, pourvue de grandes propriétés foncières et d'un pouvoir ad
ministratif autogène. Elle n'aurait fait que perdurer à l'époque franque. Cette thèse
fut défendue de nouveau pour l'Alémanie par M. Borgolte, Geschichte der Grafschaft
en Alemanniens in fränkischer Zeit, Sigmaringen, 1984 (Vortrage und Forschungen.
Sonderband , 31); Id., Die Grafen Alemanniens in merowingischer und karolingischer
Zeit. Eine Prosopographie, Sigmaringen, 1986 (Archäologie und Geschichte, 2).
3 R. Le Jan, Famille et pouvoir..., passim.
MEFRM - 111 - 1999 - 2, p. 911-931. FRANZ STAAB 912
fils Guillaume donne entre autres choses une des meilleures vues de la
mentalité vigoureuse et ambitieuse d'une grande famille franque. Dhuoda
exhorte Guillaume maintes et maintes fois à rester fidèle au roi, selon la
tradition de ses ancêtres, mais elle place au premier rang la loyauté envers
la famille, à commencer par celle due à son père, Bernard4. Certes sont pré
sentés les exemples des rois, des patriarches et de leurs fils de l'Ancien Tes
tament5, qui illustrent les rapports salutaires entre les fils et les pères et
soulignent ainsi les grands desseins que Dhuoda nourrit pour son fils. En
obéissant au quatrième commandement de l'Écriture, Guillaume obtien
drait une longue vie sur terre. Mais, de manière plus empirique, sa mère lui
promet d'abord sa part des biens terrestres de sa famille pour prix de l'
obéissance à son père puis, comme un supplément, la vie éternelle :
Non solum in hanc terram habebis in aliquibus sortent, sed etiam illam
cum sanctis mereberis possidere, de qua ait Psalmista : « Credo uidere bona Do
mini in terra uiuentium»6.
Vers la fin du livre, Dhuoda revient sur le rôle du père dans le transfert
des biens familiaux au fils. Parmi les défunts de la famille ayant besoin de
prières, elle consacre une page au parrain de Guillaume, feu Thierry. Celui-
ci avait cédé tous ses biens à Bernard pour qu'ils parviennent plus tard à
Guillaume :
Te quasi primogenitum paruulum relinquens in saeculo, sua cuncta dotti
no et seniori nostro, ut tibi prodesse ualerent in omnibus, remanserunV '.
On a longtemps rapporté l'expression domnus et senior noster à l'empe
reur Louis le Pieux; mais Louis, décédé en 840, ne pouvait transmettre des
biens à Guillaume en 841-843. Aussi Pierre Riche a-t-il pu rendre aux mots
leur acception technique, souvent employée dans le livre, qui désigne sous
le calarne de Dhuoda le comte Bernard8.
4 S. Airlie, Semper fidèles? La loyauté envers les carolingiens comme constituant
de l'identité aristocratique, dans La royauté et les élites..., p. 129-143 : p. 133-134; sur
le premier rang du père, cf. C. B. Bouchard, Family structure and family conscious
ness among the aristocracy in the ninth to eleventh centuries, dans Francia, 14, 1986,
p. 640-658 : p. 642-643.
5 Dhuoda, Manuel pour mon fils. Introduction, texte critique, notes par P. Ri
che, traduction par Β. de Vregille et C. Mondésert, Paris, 2e éd., 1991 {Sources chré
tiennes, 225bis), III, 1, p. 134-136; III, 3, p. 142-148.
6 Op. cit., III, 1, 72-75, p. 140; cf. Ps. 26, 13.
7 Op. cit., VIII, 15, 8-10, p. 320-322. Par conséquent, l'importance du père pour
Guillaume n'est pas seulement fondée sur l'héritage paternel, cf. C. B. Bouchard Fa
mily structure... cit. n. 4, p. 642, mais aussi sur la gestion intermédiaire d'autres
biens, qui devaient passer à Guillaume à l'occasion de sa majorité.
8 Dhuoda, Manuel pour mon fils..., p. 322-323 n. 1, et p. 19. LA CIRCULATION DES BIENS DANS LA RÉGION DU RHIN MOYEN 913
Dhuoda ne mentionne pas d'écrit à propos de la cession des biens de
Thierry à Bernard dans l'intérêt de Guillaume. On doit supposer une procé
dure orale comprenant une remise symbolique. Ces biens devaient être as
sez considérables vu le rang du personnage, mais échappent à l'historien :
la possibilité qu'une transaction de cette ampleur, au premier rang de la so
ciété, n'ait pas laissé de trace écrite montre les limites de notre docu
mentation.
Cependant, même si l'écrit n'était ni systématique ni obligatoire pour
la circulation des b

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