La distribution d'eau, outil de la régionalisation industrielle - article ; n°1 ; vol.20, pg 83-100

Bertrand Bellon

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1982 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 83-100
Water is seemingly of secondary importance : water supply to consumers, for filling swimming pools or for meeting the needs of industries.
Prosperous and quiet, the industry shows peculiar characteristics : private management of a public utility, progressive elimination of risks, barriers to entry, non-competition practices...
The reorganisation of this activity on a basin basis would constitute a best way of satisfying two major socio-economic objectives of the day : nationalization and regionalization.
Question d'apparence secondaire que celle de l'eau : distribution aux particuliers, pour remplir les piscines ou satisfaire les besoins des usines.
Pourtant cette industrie, prospère et silencieuse, recouvre des caractéristiques bien particulières : gestion privée de service public, suppression progressive du risque, barrières à l'entrée, pratiques anticoncurrentielles....
La réorganisation par bassin de cette activité pourrait constituer la meilleure réponse aux deux objectifs socio-économiques majeurs actuels : la nationalisation et la régionalisation.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1982
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Extrait

Bertrand Bellon
La distribution d'eau, outil de la régionalisation industrielle
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 20. 2e trimestre 1982. pp. 83-100.
Abstract
Water is seemingly of secondary importance : water supply to consumers, for filling swimming pools or for meeting the needs of
industries.
Prosperous and quiet, the industry shows peculiar characteristics : private management of a public utility, progressive elimination
of risks, barriers to entry, non-competition practices...
The reorganisation of this activity on a basin basis would constitute a best way of satisfying two major socio-economic objectives
of the day : nationalization and regionalization.
Résumé
Question d'apparence secondaire que celle de l'eau : distribution aux particuliers, pour remplir les piscines ou satisfaire les
besoins des usines.
Pourtant cette industrie, prospère et silencieuse, recouvre des caractéristiques bien particulières : gestion privée de service
public, suppression progressive du risque, barrières à l'entrée, pratiques anticoncurrentielles....
La réorganisation par bassin de cette activité pourrait constituer la meilleure réponse aux deux objectifs socio-économiques
majeurs actuels : la nationalisation et la régionalisation.
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Bellon Bertrand. La distribution d'eau, outil de la régionalisation industrielle. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 20. 2e
trimestre 1982. pp. 83-100.
doi : 10.3406/rei.1982.2049
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1982_num_20_1_2049La distribution d'eau,
outil de la régionalisation industrielle
Bertrand BELLON
CREI
Université de Paris Nord
Question d'apparence secondaire que celle de l'eau : distribution aux particul
iers, pour remplir les piscines ou satisfaire les besoins des usines. Activité sans
problème et sans relief qui paraît se résumer au passage, une ou deux fois par an,
du préposé en casquette pour le relevé des compteurs et de rares travaux d'entre
tien d'un réseau de canalisation réparti sur tout le territoire et peu sujet à détério
ration rapide.
Pourtant cette industrie, prospère et silencieuse, recouvre des caractéristiques
bien particulières : gestion privée de service public, suppression progressive du
risque, barrières à l'entrée, pratiques anticoncurrentielles... Caractéristiques qui
prennent toute leur valeur avec le débat actuel sur la légitimité des structures
industrielles en France et sur les projets d'appropriation publique du capital, de
modification des conditions de la gestion ou des politiques d'investissement.
Cette étude se propose de présenter les caractéristiques d'ensemble de la distr
ibution et du traitement des eaux, et d'éclairer les prises de décision de politique
industrielle touchant aux ressources de l'Etat, au développement de l'investiss
ement dans l'industrie et la recherche, et surtout au du pouvoir
régional en matière d'équipement et de gestion industrielle.
1. — CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
Traditionnellement, la gestion de l'eau ne pose pas de problème aigu en
Europe, alors qu'elle continue d'être une condition de survie pour les habitants
de près de la moitié de la planète (1). La France est riche en eau. Elle n'utilise que
(1) Le pourcentage de la population ayant accès à l'eau potable est encore aujourd'hui particulièr
ement faible :
Afrique sud saharienne : 16 %
Asie et Pacifique : 31 %
Amérique latine : 57 %
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n" 20, 2* trimestre 1982 83 30 °/o de ses ressources disponibles (2) et les problèmes techniques les plus diffici
les à résoudre tiennent moins dans l'existence de réserves que dans leur sauve
garde devant l'accélération croissante des diverses pollutions conséquentes de
notre système de production et de consommation.
Le marché de la distribution et du traitement des eaux comprend deux activités
très proches l'une de l'autre : celle des collectivités locales et celle de l'industrie
(3). La proportion de ces marchés directement assurée par les collectivités locales
s'amenuise d'année en année au profit de la distribution privée qui représente
59 °/o des abonnés en 1979 contre 50 °7o en 1970 et 30 °7o en 1950 (4). Dominent
ainsi deux groupes : la Société Lyonnaise des Eaux et de l'Eclairage (SLEE) et la
Compagnie Générale des Eaux qui représentent toutes deux 76 °/o de l'activité
privée (5).
En prolongement naturel de la distribution, le traitement de l'eau constitue une
activité liée dans laquelle la part des groupes est identique à la précédente. La
structure de la valeur ajoutée y est cependant différente car s'ajoutent l'équip
ement et l'exploitation d'importantes installations plus complexes nécessitant des
études préliminaires et des frais d'entretien substantiels.
La distribution et le traitement débouchent à leur tour, du fait de synergies
commerciales, financières, technologiques et industrielles, sur la plupart des ser
vices d'équipement et surtout de gestion d'équipements urbains (chauffage,
dépollution, ordures ménagères, assainissement...).
Au plan financier, la concession (voir les différents contrats en annexe) de ser
vices publics entraîne une importante activité de recouvrement des taxes et rede-
(2) Sur un total de 90 milliards de m3 annuellement disponibles (sur 450 milliards de m3 d'eau de
pluie) les prélèvements moyens sont de 23 milliards, dont une partie en prélèvement direct et
l'autre distribuée sous forme de service public. Les prélèvements directs sont ceux du refroidiss
ement des centrales EDF (9,4 milliards de m3) de l'industrie (4,6 milliards de m3) et de l'agriculture
(5 miliards de m3). L'alimentation en eau potable représente 4 de m3 chaque année
(ministère de l'Environnement, période 1975-1980).
Le développement industriel fait augmenter la consommation d'eau :
300 kg d'eau sont nécessaires pour obtenir 1 kg d'acier
250 kg 1 kg de papier
600 kg d'eau sont pour obtenir 1 kg de nitrate
II en est de même pour le développement de l'agriculture :
4 500 kg d'eau sont nécessaires pour obtenir 1 kg de riz
10 000 kg 1 kg de coton
1 500 kg d'eau sont pour obtenir 1 kg de blé.
(3) On n'inclut généralement pas dans l'industrie de l'eau les consommations de l'EDF pour le refro
idissement de ses divers types de centrales ni, pour l'essentiel, l'eau d'irrigation. L'EDF, les agri
culteurs (quelques exceptions cependant régionalisent l'eau agricole comme cela est le cas pour la
Compagnie Nationale du Rhône) et parfois les industriels s'approvisionnent eux mêmes (sous
réserve de conventions avec les collectivités locales).
(4) Le pourcentage est comparable si l'on retient les volumes distribués. Par ailleurs aujourd'hui
95 % de la population française (49 millions d'habitants) est desservie par le réseau public
d'adduction d'eau. La consommation moyenne par habitant (consommation industrielle exclue)
est de 66 m3 par an et s'accroît de 2 °7o par an environ.
(5) Voir l'étude DAFSA parue en 1980 sur le secteur de la distribution et du traitement des eaux.
84 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 20, 2* trimestre 1982 vanees ainsi que la constitution et la gestion, à la place des collectivités locales, de
provisions pour reconstitution des domaines concédés ou d'amortissements
(industriels et de caducité). Les entreprises privées bénéficiaires de ces conces
sions sont amenées à doubler leur activité spécifique d'une gestion financière qui
acquiert très rapidement une relative autonomie.
Enfin, l'ensemble de ces activités présente un avantage notable par rapport aux
secteurs industriels car l'élimination de la plupart des facteurs de risque (contrats
à long terme, procédures d'indexation, concurrence réduite, etc..) conduit à
une rentabilité particulièrement élevée ; des problèmes pouvant naître du réinves
tissement des profits réalisés dans des secteurs autres que ceux qui leur ont donné
naissance.
2. — COMMENT S'EXPLIQUE LA GESTION PRIVÉE D'UN SERVICE
PUBLIC ?
En droit, la distribution de l'eau en France est entre les mains de pouvoirs
publics : les communes. Celles-ci décident de la création des réseaux et les finan
cent (loi du 5 av