La France et le Caucase à l époque de Chamil - article ; n°1 ; vol.19, pg 5-65
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1978 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 5-65
Michel Lesure, France and the Caucasus at the time of Shamil, in the light of the telegrams of French consuls.
From 1830 to 1860, ruthless battles opposed the Russian army to Caucasian tribes. These were inspired by a fierce will of independence and by religious fanaticism sustained by Muridism, preached by a Muslim mystical sect of which Shamil was the most illustrious chief. This obscure war, consisting of deathly ambushes, unpopular in Russia, was little known in the West because of military censorship. This explains the interest attached to reports, neglected till now by historians, those of the French consuls in Tiflis, Odessa, Trabzond and Erzerum. Their correspondence contains first hand information, confidences of Headquarters officers and appreciations — often pertinent — of the local administration. Whilst selecting out some of these dispatches for publication, the author studies here the personality of different consuls, the part played by them and their methods of information.
In France, the poorly informed public opinion was slow to be touched by the events in the Caucasus. But a vigorous propaganda originating in England, some resounding articles of the French press, the stories of travellers awoke first the curiosity and then the sympathy of the public towards the resistance of the mountaineers. On the eve of the War of Crimea, the French leaders deceived by too simple a vision of the situation in the Caucasus, launch the idea of a second front and an alliance with Shamil, raised to the rank of a legendary hero. Arms which he never received, are being sent to him; officers, diplomats, an unexperienced consul are sent in disorderly missions to try — in vain — to establish contacts with the chiefs of the mountaineers. These poorly prepared initiatives, based on misunderstanding of the real nature of the resistance and of the Turkish alliance, will result in further driving the Caucasus into itself.
Michel Lesure, La France et le Caucase à l'époque de Chamil à la lumière des dépêches des consuls français.
De 1830 à 1860, d'âpres combats ont opposé l'armée russe aux tribus caucasiennes animées d'une farouche volonté d'indépendance et d'un fanatisme religieux entretenus par le muridisme, prêché par une secte mystique musulmane dont Chamil fut le chef le plus illustre. Cette guerre obscure, faite de sanglantes embuscades, impopulaire en Russie, était mal connue en Occident en raison de la censure militaire. D'où l'intérêt des témoignages, jusqu'à présent négligés par les historiens, des consuls français à Tiflis, à Odessa, à Trébizonde et à Erzeroum. Leur correspondance contient des renseignements recueillis à chaud, des confidences d'officiers de l'état-major, et des appréciations souvent pertinentes sur l'administration locale. En attendant de publier une sélection de ces dépêches, l'auteur étudie la personnalité des différents consuls, leur rôle et leurs moyens d'information.
En France, l'opinion publique, mal informée, fut lente à s'émouvoir des événements du Caucase. Mais une vigoureuse propagande venue d'Angleterre, quelques articles retentissants de la presse française, des récits de voyageurs éveillèrent la curiosité, puis la sympathie du public envers la résistance des montagnards. A la veille de la Guerre de Crimée, les dirigeants français, abusés par une vision simpliste de la situation au Caucase, lancent l'idée d'un second front et d'une alliance avec Chamil, devenu un héros légendaire. Des armes lui sont envoyées, qui ne lui parviendront jamais ; des officiers, des diplomates, un agent consulaire inexpérimentés sont envoyés en mission d'une manière désordonnée pour tenter — mais en vain — d'établir le contact avec les chefs montagnards. Ces initiatives, mal préparées, fondées sur une méconnaissance de la nature réelle de la résistance et sur les malentendus de l'alliance turque, n'aboutiront qu'à refermer le Caucase sur lui-même.
61 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Michel Lesure
La France et le Caucase à l'époque de Chamil
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 19 N°1-2. Janvier-Juin 1978. pp. 5-65.
Citer ce document / Cite this document :
Lesure Michel. La France et le Caucase à l'époque de Chamil. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 19 N°1-2. Janvier-
Juin 1978. pp. 5-65.
doi : 10.3406/cmr.1978.1306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1978_num_19_1_1306Abstract
Michel Lesure, France and the Caucasus at the time of Shamil, in the light of the telegrams of French
consuls.
From 1830 to 1860, ruthless battles opposed the Russian army to Caucasian tribes. These were
inspired by a fierce will of independence and by religious fanaticism sustained by Muridism, preached
by a Muslim mystical sect of which Shamil was the most illustrious chief. This obscure war, consisting of
deathly ambushes, unpopular in Russia, was little known in the West because of military censorship.
This explains the interest attached to reports, neglected till now by historians, those of the French
consuls in Tiflis, Odessa, Trabzond and Erzerum. Their correspondence contains first hand information,
confidences of Headquarters officers and appreciations — often pertinent — of the local administration.
Whilst selecting out some of these dispatches for publication, the author studies here the personality of
different consuls, the part played by them and their methods of information.
In France, the poorly informed public opinion was slow to be touched by the events in the Caucasus.
But a vigorous propaganda originating in England, some resounding articles of the French press, the
stories of travellers awoke first the curiosity and then the sympathy of the public towards the resistance
of the mountaineers. On the eve of the War of Crimea, the French leaders deceived by too simple a
vision of the situation in the Caucasus, launch the idea of a second front and an alliance with Shamil,
raised to the rank of a legendary hero. Arms which he never received, are being sent to him; officers,
diplomats, an unexperienced consul are sent in disorderly missions to try — in vain — to establish
contacts with the chiefs of the mountaineers. These poorly prepared initiatives, based on
misunderstanding of the real nature of the resistance and of the Turkish alliance, will result in further
driving the Caucasus into itself.
Résumé
Michel Lesure, La France et le Caucase à l'époque de Chamil à la lumière des dépêches des consuls
français.
De 1830 à 1860, d'âpres combats ont opposé l'armée russe aux tribus caucasiennes animées d'une
farouche volonté d'indépendance et d'un fanatisme religieux entretenus par le muridisme, prêché par
une secte mystique musulmane dont Chamil fut le chef le plus illustre. Cette guerre obscure, faite de
sanglantes embuscades, impopulaire en Russie, était mal connue en Occident en raison de la censure
militaire. D'où l'intérêt des témoignages, jusqu'à présent négligés par les historiens, des consuls
français à Tiflis, à Odessa, à Trébizonde et à Erzeroum. Leur correspondance contient des
renseignements recueillis à chaud, des confidences d'officiers de l'état-major, et des appréciations
souvent pertinentes sur l'administration locale. En attendant de publier une sélection de ces dépêches,
l'auteur étudie la personnalité des différents consuls, leur rôle et leurs moyens d'information.
En France, l'opinion publique, mal informée, fut lente à s'émouvoir des événements du Caucase. Mais
une vigoureuse propagande venue d'Angleterre, quelques articles retentissants de la presse française,
des récits de voyageurs éveillèrent la curiosité, puis la sympathie du public envers la résistance des
montagnards. A la veille de la Guerre de Crimée, les dirigeants français, abusés par une vision
simpliste de la situation au Caucase, lancent l'idée d'un second front et d'une alliance avec Chamil,
devenu un héros légendaire. Des armes lui sont envoyées, qui ne lui parviendront jamais ; des officiers,
des diplomates, un agent consulaire inexpérimentés sont envoyés en mission d'une manière
désordonnée pour tenter — mais en vain — d'établir le contact avec les chefs montagnards. Ces
initiatives, mal préparées, fondées sur une méconnaissance de la nature réelle de la résistance et sur
les malentendus de l'alliance turque, n'aboutiront qu'à refermer le Caucase sur lui-même.ÉTUDES
MICHEL LESURE
LA FRANCE ET LE CAUCASE A L'ÉPOQUE
DE CHAMIL
à la lumière des dépêches des consuls français
Par le traité d'Andrinople, conclu en 1829, l'Empire ottoman avait
cédé ses droits sur une partie du littoral oriental de la mer Noire, laissant
ainsi les mains libres à la Russie et lui reconnaissant, sinon la souveraineté,
du moins un droit d'intervention sur une vaste région de la Circassie. Les
cours européennes ne semblent pas avoir perçu immédiatement l'impor
tance de cet événement, qui marque le début d'une phase décisive dans
la longue histoire de la conquête du Caucase commencée à la fin du
xviiie siècle. La légitimité de cette cession était pourtant contestable,
puisque les populations de ces régions, jalouses de leur indépendance,
n'avaient jamais reconnu la souveraineté du sultan. Mais le texte du traité,
qui mettait l'accent sur la modération des exigences russes et présentait
cette annexion de fait comme un simple ajustement de frontière, pouvait
faire illusion1. Il fallut attendre l'occupation effective des ports côtiers par
les troupes russes, leurs premiers heurts, l'année suivante, avec les tribus
montagnardes, et surtout l'instauration d'un blocus du littoral circassien,
pour que le monde occidental s'inquiétât vraiment de l'expansion russe
vers le sud. Tout l'équilibre politique de l'Europe orientale pouvait en
effet être mis en péril au moment où la Turquie, affaiblie par la perte de
ses provinces grecques, déchirée par la révolte du pacha d'Egypte, se
tournait vers la Russie pour sauver l'autorité du sultan et risquait ainsi
de devenir une proie pour les ambitions du tsar Nicolas Ier.
Alors qu'elle se préoccupait surtout de l'évolution de la « Question
d'Orient » et du sort de « l'Homme malade », l'Europe découvrit peu à peu,
avec étonnement, à travers les rares nouvelles que laissait filtrer la censure
militaire russe, l'existence d'un vaste conflit qui dépassait largement le
cadre des régions circassiennes. Prises dans un engrenage d'expéditions
militaires, d'embuscades et de représailles, toutes les populations musul
manes du Caucase central et oriental étaient à leur tour entraînées dans
la guerre. Fanatisées par les chefs du mouvement mystique appelé muri-
disme et surtout par le plus illustre d'entre eux, l'imâm Chamil, elles
allaient tenir tête pendant un quart de siècle à des forces russes chaque
année plus considérables.
Depuis les expéditions du général Paskevič et les premiers mouvements
Cahiers du Monde russe et soviétique, XIX (1-2), janv.-juin 1978, pp. 5-65 6 MICHEL LESURE
de résistance des montagnards en 1830, jusqu'à la capture de Chamil en
1859, les ambassadeurs et les consuls français en Russie et en Turquie ont
suivi avec attention les événements du Caucase et les ont fréquemment
évoqués dans leur correspondance. En nombre comme en qualité, leurs
témoignages sont d'une importance très inégale d'un poste à l'autre,
suivant la personnalité de leurs auteurs et les moyens d'information dont
ils disposaient. Cependant les dépêches consulaires et diplomatiques,
prises dans leur ensemble, peuvent être considérées comme une source
primordiale de l'histoire de ces provinceSi qu'elles éclairent souvent d'un
jour bien différent de celui des communiqués de l'état-major, des articles
de presse et même des récits de nombreux historiens russes du xixe siècle.
Les consuls français à Tiflis et à Odessa, en particulier, transmettaient
au ministre des Affaires étrangères non seulement les informations mili
taires, politiques et administratives qu'ils pouvaient recueillir par la voie
officielle, ou des études de caractère général, mais aussi des renseignements
que la censure militaire interdisait de divulguer, des rumeurs révélatrices
du moral de l'armée et de l'opini

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