La laïcité, un enjeu pour les femmes - article ; n°1 ; vol.78, pg 50-53
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Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2005 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 50-53
To mesure the importance of secularity regarding women emancipation, the study is based on the fact that the three big monotheistic religions are linked with patriarchate. Equal but different, woman has the status of second of man. He creates, she procreates. Theology and physiology support each other to found the distinction of roles and parts. The law of 1905, making a distinction between private and public life, the believer and the citizen, recognizing freedom of conscience puts a brake on religious imperium. The results of this secularization of democratic societies are considerable for women. This secularization principle which is considered obsolete by some people remains the sine qua non condition of girls emancipation.
Pour mesurer l’importance de la laïcité quant à l’émancipation des femmes, l’étude se base sur le souvenir que les trois grandes religions monothéistes ont partie liée avec le patriarcat. Égale mais différente, la femme a le statut de seconde de l’homme. Il crée, elle procrée. Théologie et physiologie s’épaulent pour fonder la distinction des rôles et des fonctions. La loi de 1905, en opérant la distinction entre le privé et le public, le croyant et le citoyen, et en reconnaissant la liberté de conscience, porta un sérieux coup d’arrêt à l’imperium religieux. Les résultats de cette laïcisation des sociétés démocratiques sont considérables pour les femmes. Ce principe de la laïcité jugé obsolète par certains, reste la condition sine qua non de l’émancipation des filles.
4 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

P
our mesurer l’importance de la laïcité quant à
l’émancipation des femmes, il faut d’abord se souvenir
que les trois grandes religions monothéistes ont partie
liée avec le patriarcat. Dès l’origine, elles reconnaissent
le pouvoir absolu du père. Dieu tout puissant est notre
créateur. Il exige de ses enfants une soumission
aveugle, comme ce fut longtemps le cas du père
humain à l’égard des siens. Créé à l’image de Dieu,
l’homme est le premier de ses enfants, chronologique-
ment antérieur et ontologiquement supérieur à sa com-
pagne, née de sa côte et à son image à lui. De par sa
généalogie, la femme a le statut de seconde, façon de
dire d’emblée que l’homme et la femme n’appartien-
nent pas exactement à la même humanité. Égaux, mais
différents, dira-t-on. À cette première différence dans
l’ordre de la création s’en ajoute une autre de l’ordre
de la nature. Il crée, elle procrée.
Deus sive natura
:
tout est en place pour ériger la complémentarité des
sexes en modèle unique du rapport homme/femme,
lequel s’accompagne d’une incontournable hiérarchie
entre les deux. Leur union sexuelle n’est légitime que
dans le mariage qui impose à la femme obéissance à
son mari jusqu’à la mort. Deux poids, deux mesures :
l’adultère féminin est plus lourdement condamné, alors
qu’au gré des temps et de l’espace la polygamie a sou-
lagé les hommes du fardeau de la fidélité. C’est elle qui
met les enfants au monde, mais c’est à lui qu’ils appar-
tiennent. Autorité maritale et puissance paternelle sont
les privilèges de l’homme qui doit en échange protec-
tion et aliments à sa compagne. Théologie et physiolo-
gie s’épaulent pour fonder la distinction des rôles et des
fonctions. À lui, le rapport à Dieu, la gestion de la cité,
la direction et la survie de la famille. À elle, l’élevage
des enfants, le soin de la maison, le bien-être de
l’époux. L’univers est coupé en deux : le monde exté-
rieur pour lui, le foyer pour elle.
Si le système patriarcal s’est imposé depuis plus de
quatre mille ans, nul doute que les religions ont large-
ment contribué à sa formidable pérennité. Comment
mettre fin à un système de pouvoir qui tient sa force des
hommes et sa légitimité de Dieu ?
Quelles que furent les tensions avec la puissance
séculière, les religions ont longtemps détenu trois armes
redoutables. La première est le monopole du sacré qui
appelle révérence et soumission. Au nom de Dieu, elles
décident du bien et du mal, des récompenses et des
sanctions éternelles. La seconde est une conception du
temps qui leur est propre. Elles ne connaissent que le
temps immobile et l’éternité ! Leur référence suprême
est la parole originelle transmise par la tradition. Le
même modèle doit se perpétuer pour rester conforme à la
volonté de Dieu. À leurs yeux, « progrès », « libertés »,
« bonheur individuel » sont des notions suspectes qui
La laïcité,
un enjeu pour les femmes
Élisabeth BADINTER
É
LISABETH
BADINTER,
philosophe, maître de conférence à
l’École Polytechnique. Sa réflexion, nourrie par la philosophie des
lumières et les idées de Simone de Beauvoir, réévalue la place de
la femme dans la société. Élisabeth Badinter est aujourd’hui au
coeur des débats sur la laïcité et l’éducation de demain.
Carte postale, 1905
(collection Claude Maillard-Chary)
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