La métaphore : de la définition à la typologie - article ; n°1 ; vol.134, pg 6-20
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Description

Langue française - Année 2002 - Volume 134 - Numéro 1 - Pages 6-20
Michèle Prandi : Metaphor: from definition to typology The main point of this paper is that no consistent definition of metaphor can be at once general and adequate. If a definition is so broad as to include the whole set of metaphors, it simply circumscribes from outside a layered category without saying anything about the qualifying properties of the different kinds it includes. The alternative proposed is to combine a definition broad enough to include any kind of metaphor with a fine-grained typology isolating the main parameters whose variation defines the different kinds of metaphor. At this point, the relevant question is not the Socratic one - What is metaphor - but a question dealing with typicality - namely, What kind of metaphor valorizes at its best the potential of the figure?
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michèle Prandi
La métaphore : de la définition à la typologie
In: Langue française. N°134, 2002. pp. 6-20.
Abstract
Michèle Prandi : Metaphor: from definition to typology
The main point of this paper is that no consistent definition of metaphor can be at once general and adequate. If a definition is so
broad as to include the whole set of metaphors, it simply circumscribes from outside a layered category without saying anything
about the qualifying properties of the different kinds it includes. The alternative proposed is to combine a definition broad enough
to include any kind of metaphor with a fine-grained typology isolating the main parameters whose variation defines the different
kinds of metaphor. At this point, the relevant question is not the Socratic one - What is metaphor - but a question dealing with
typicality - namely, What kind of metaphor valorizes at its best the potential of the figure?
Citer ce document / Cite this document :
Prandi Michèle. La métaphore : de la définition à la typologie. In: Langue française. N°134, 2002. pp. 6-20.
doi : 10.3406/lfr.2002.6450
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2002_num_134_1_6450Michèle Prandi
Université de Bologne - SSLiMIT, Forlï
LA METAPHORE :
DE LA DÉFINITION À LA TYPOLOGIE
Les définitions connues de la métaphore - par exemple en termes de subs
titution, d'interaction conceptuelle ou de similitude elliptique - ne probléma-
tisent pas le procès de construction du trope, mais focalisent chacune l'un des
effets qu'il est en mesure de produire au niveau textuel. Comme je l'ai montré
ailleurs (Prandi 1992), une telle perspective est doublement partielle. D'une
part, l'étude de la métaphore est confinée dans une dimension interprétative,
ignorant les conditions linguistiques et conceptuelles de sa mise en forme.
D'autre part, la dimension structurale réapparaît subrepticement dans une
forme à son tour partielle, car chaque approche est en fait taillée sur un type
structural isolé et privilégié.
Comme l'interprétation discursive de la métaphore dépend d'un nombre
très élevé de variables structurales et textuelles, tant les conceptions classiques
et néo-classiques que les conceptions interactives et cognitives finissent inév
itablement par se concentrer chacune sur une forme donnée de transfert méta
phorique, et par généraliser la démarche interprétative la plus typique qui
caractérise cette forme.
Les conceptions substitutives classiques et récentes, de Fontanier au
Groupe u, de Todorov à Genette, privilégient le nom métaphorique en position
référentielle : par exemple, le désignateur Ce rossignol pour se référer à une fille.
Le désignateur métaphorique, qui entre en conflit avec l'identité conceptuelle
du réfèrent visé in absentia, apparaît naturellement comme un substitut d'un cohérent, remplaçable par celui-ci. Grâce à une généralisation de
ce modèle, l'idée de métaphore s'associe à l'idée de substitution.
La conception interactive de Black et les théories cognitivistes qui s'en sont
inspirées, pour leur part, privilégient le nom en position predicative : par
exemple, Cette fille est un rossignol. Observée à partir de tels exemples, la méta
phore apparaît comme une sorte de définition, qui fait interagir in praesentia
un definiens conflictuel et un definiendum identifié indépendamment par le
sujet1. L'idée de métaphore comme interaction entre concepts (Richards 1936;
1. Il est significatif que les titres des paragraphes de Lakoff & Turner (1989) reproduisent tous
cette formule : People are -plants ; A lifetime is a day ; Life is a journey ; Death is going to a final destina
tion, et ainsi de suite. Black 1954 [1962]) est certainement plus adéquate que l'idée de substitution
pour caractériser la métaphore, entre autres parce qu'elle fait place à la substi
tution comme cas-limite. Mais grâce à la généralisation du comportement du
nom en position predicative, l'idée d'interaction métaphorique s'associe à
l'idée d'une relation in praesentia entre deux concepts.
Pour sortir des limites de telles perspectives, il n'y a qu'à tracer, préalable
ment à toute définition, un inventaire exhaustif des conditions structurales de
mise en place de la métaphore. Mais un tel passage nous signale une seconde
limite des approches considérées : tant les conceptions substitutives que leurs
antagonistes interactives et cognitives restreignent leur attention aux transf
erts de concepts ponctuels - typiquement, de noms - et ignorent les transferts
de concepts relationnels - de verbes.
Si par surcroît nous considérons que chacun de ces nombreux types struc
turaux de métaphore admet, au niveau textuel et discursif, un éventail assez
large d'options interprétatives (voir Prandi 1992 : Sect. II, Ch. III), il s'avère
simplement impossible de donner une définition de la métaphore qui soit à la
fois générale et exhaustive - qui s'applique à toutes les métaphores et qui
explicite en même temps les propriétés qualifiantes de chacune. Ce qui arrive
en fait, c'est que plusieurs définitions de la métaphore, assez hétérogènes
pour être incompatibles, sont chacune appuyées par quelques-unes des don
nées, alors même qu'aucune n'est adéquate pour la généralité des métap
hores. Pour sortir de l'impasse, il ne reste qu'un chemin : se replier sur une
définition minimaliste, qui circonscrit de l'extérieur le domaine de la méta
phore, et la doubler d'une typologie qui se propose de différencier dans leur
spécificité structurale et dans leur potentiel discursif les cas les plus intéres
sants de transfert métaphorique. À ce stade, la question pertinente sur la
métaphore n'a plus la forme d'une question essentielle, socratique - Qu'est-ce
que la métaphore ? - mais d'une sur la typicité - Parmi les différents
types de transferts métaphoriques attestés, quel est le type qui représente au
mieux la catégorie complexe et stratifiée, valorisant au niveau le plus élevé les
ressources structurales et textuelles du transfert métaphorique ?
1 . La métaphore et l'expression linguistique
Le premier paramètre de différenciation que nous allons aborder au sujet
de la métaphore concerne son régime conceptuel et son rapport avec l'expres
sion linguistique. Envisagée sous cet angle, la métaphore admet apparemment
deux définitions alternatives : la métaphore peut être définie ou bien comme
une structure conceptuelle indépendante que l'expression linguistique se
charge simplement de véhiculer, ou bien comme un conflit conceptuel dont la
mise en place demande l'intervention d'une expression linguistique 3
priétés spécifiques - et donc comme le signifié d'une expression dépourvu d'une contrepartie conceptuelle indépendante (voir spécifique,
Prandi 1998).
Les deux définitions envisagées se présentent comme alternatives. Si elles
visaient la généralité des métaphores, elles seraient même incompatibles. Si
elles sont reconduites chacune dans ses limites, chacune d'elles est vraie, car
chacune est appuyée par un éventail significatif et intéressant d'attestations.
1.1. La conception cognitiviste : la métaphore
comme structure conceptuelle cohérente
D'après la conception cognitiviste2, la métaphore n'est pas le signifié d'une
expression linguistique capable de bouleverser nos structures conceptuelles
partagées, mais elle constitue à son tour une structure conceptuelle dont la
mise en place valorise une stratégie cognitive très exploitée et productrice :
l'utilisation d'un domaine-source familier comme modèle pour catégoriser un
domaine-but moins exploré. Les concepts les plus communs de notre expé
rience sont catégorisés d'une telle façon : le temps comme une ligne, la vie
comme une journée ou un voyage, la mort comme destination finale, ou départ pour un autre la discussion comme une guerre.
Si nous limitons notre attention à ce genre de concepts métaphoriques, leur
mise en place apparaît effectivement comme issue de stratégies purement
cognitives, indépendantes de l'expression linguistique et de ses structures
spécifiques, ce qui amène à conclure que « metaphor resides in thought, not
just in words

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