La mobilité transnationale en éducation : un espace de recherche - article ; n°1 ; vol.129, pg 65-72

Geneviève Zarate

Description

Revue française de pédagogie - Année 1999 - Volume 129 - Numéro 1 - Pages 65-72
La mobilité transnationale, qui était le privilège des élites nationales, fait actuellement l'objet d'une politique éducative nouvelle et s'élargit à tous les secteurs des systèmes éducatifs, en particulier dans le contexte européen. Les démarches volontaristes d'aujourd'hui s'appuient sur un capital d'expérience que cet article cherche à cartographier, tant dans une perspective historique, que dans les modèles produits par le tourisme et par l'entreprise. Cet article vise à préciser les frontières de ce champ de recherches en émergence, qui n'est encore que peu visible dans le débat français, mais qui peut alimenter la réflexion d'une ingénierie éducative centrée sur la dimension internationale.
Transnational mobility, which was once the reserve of a priviledged few, is currently the focus of a new educational policy, and it is now extending into all areas of educational systems, particularly in the European context. The initiatives being implemented today draw upon a pool of experience which will be explored in the article both from an historical perspective and through the models produced by tourism and business. This article attempts to define the parameters of this emerging field of research, which is still only just visible in the French sector, but which may provide a way forward for an educational program with truly international dimensions.
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mme Geneviève Zarate
La mobilité transnationale en éducation : un espace de
recherche
In: Revue française de pédagogie. Volume 129, 1999. pp. 65-72.
Résumé
La mobilité transnationale, qui était le privilège des élites nationales, fait actuellement l'objet d'une politique éducative nouvelle et
s'élargit à tous les secteurs des systèmes éducatifs, en particulier dans le contexte européen. Les démarches volontaristes
d'aujourd'hui s'appuient sur un capital d'expérience que cet article cherche à cartographier, tant dans une perspective historique,
que dans les modèles produits par le tourisme et par l'entreprise. Cet article vise à préciser les frontières de ce champ de
recherches en émergence, qui n'est encore que peu visible dans le débat français, mais qui peut alimenter la réflexion d'une
ingénierie éducative centrée sur la dimension internationale.
Abstract
Transnational mobility, which was once the reserve of a priviledged few, is currently the focus of a new educational policy, and it
is now extending into all areas of educational systems, particularly in the European context. The initiatives being implemented
today draw upon a pool of experience which will be explored in the article both from an historical perspective and through the
models produced by tourism and business. This article attempts to define the parameters of this emerging field of research, which
is still only just visible in the French sector, but which may provide a way forward for an educational program with truly
international dimensions.
Citer ce document / Cite this document :
Zarate Geneviève. La mobilité transnationale en éducation : un espace de recherche. In: Revue française de pédagogie.
Volume 129, 1999. pp. 65-72.
doi : 10.3406/rfp.1999.1065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1999_num_129_1_1065La mobilité transnationale
en éducation :
un espace de recherche
Geneviève Zorote
La mobilité transnationale, qui était le privilège des élites nationales, fait actuellement l'objet d'une poli
tique éducative nouvelle et s'élargit à tous les secteurs des systèmes éducatifs, en particulier dans le
contexte européen. Les démarches volontaristes d'aujourd'hui s'appuient sur un capital d'expérience que
cet article cherche à cartographier, tant dans une perspective historique, que dans les modèles produits
par le tourisme et par l'entreprise. Cet article vise à préciser les frontières de ce champ de recherches
en émergence, qui n'est encore que peu visible dans le débat français, mais qui peut alimenter la
réflexion d'une ingénierie éducative centrée sur la dimension internationale.
La mobilité géographique est devenue un mot diplômes traditionnellement impliqués dans cette
d'ordre des sociétés européennes. Elle tou dimension, relevant des affaires, du commerce ou
che en particulier tous les niveaux de l'enseigne de la politique internationale ou au seul appareil
ment, de la maternelle à l'université et toutes les des rencontres internationales. Nous cherchons ici
catégories, de l'enseignement technique à l'ense à présenter les formes les plus nouvelles de la
ignement général. Son étude constitue un champ mobilité au moment où un espace européen de la
particulier qui s'inscrit dans un espace de fait bi- recherche est en cours de constitution, œuvre
ou plurinational, doté de ses institutions propres, volontariste des autorités européennes, mais dans
de pratiques spécifiques, qui se caractérise par les faits largement exploré par les travaux anglo-
une diversité de positionnements théoriques. saxons. Il nous a donc paru pertinent de proposer
une cartographie de l'expertise disponible dans
ce domaine, en faisant état tant de la tradition hisCet article se donne pour objet de contribuer à la
lisibilité des transformations en cours dans le champ torique française quand il s'agit de penser la
éducatif. On ne saurait réduire les recherches sur la dimension transnationale, que de l'environnement
mobilité internationale au seul recensement des européen.
Revue Française de Pédagogie, n° 129, octobre-novembre-décembre 1999, 65-72 65 MOBILITÉ INTERNATIONALE niale française sur le plan éducatif. Dans cet enjeu LA
DANS LE CHAMP ÉDUCATIF FRANÇAIS : de portée nationale, mais qui s'inscrit également
dans un champ de concurrence international que LES TRADITIONS HUMANISTE, COLONIALE,
se disputent les grandes puissances du moment PACIFISTE
(Royaume-Uni, Allemagne, Russie), l'élite de la
France y trouve ses intérêts objectifs (3). La vocat
La dimension internationale de l'éducation hérite ion messianique fondée sur la foi dans la Raison,
d'un passé prestigieux qui sert de toile de fond le Progrès et les Droits de l'homme, qu'implique
symbolique aux actuels projets européens. C'est la présence coloniale, est rapidement institution
d'abord sur le plan universitaire que se construit nalisée. Chaque réseau se dote d'instances de
une République de Lettres, réponse intellectuelle formation : l'École coloniale est fondée en 1885
au cloisonnement politique de l'Europe médiév pour assurer le recrutement des administrateurs
ale. Les trois universités européennes les plus coloniaux. L'Alliance crée des cours de vacances
anciennes (Bologne, Paris, Oxford) sont placées pour les professeurs étrangers de français, valau XIIIe siècle sous l'autorité papale. Les disci idés à partir de 1894 par un Diplôme d'aptitude à
plines enseignées sont le droit canon, la théologie l'enseignement du français, puis fonde en 1911
et la médecine. Ces trois universités se voient l'École Supérieure de la langue française, desti
rapidement concurrencées par plus de cinquante née à former toute personne qui voudrait « se
autres au XVe siècle (1). Les maîtres se recrutent consacrer à l'enseignement de notre langue au
sur une licencia ubique docendi qui leur permet dehors » (4). L'École pratique, créée en 1919, per
d'enseigner dans plusieurs établissements rele met d'offrir à Paris un enseignement permanent
vant de principautés, de cours royales ou d'États du français pour étrangers, distinct des cours pro
différents. Simultanément les étudiants bénéfi fessés à la Sorbonne. L'École Jules Ferry, École
cient de cette concurrence pour construire un normale d'enseignement colonial, est fondée en
parcours itinérant qui leur permet de cumuler les 1902 par la Mission Laïque.
maîtres, les bibliothèques et les diplômes les plus
prestigieux. Erasme, né à Rotterdam, d'abord étu Ces structures favorisent l'émergence de nou
diant à Deventer, se rend successivement à Paris, veaux questionnements pédagogiques. L'École
Oxford, Louvain, Turin, Florence, Venise, Padoue, coloniale offre de nouveaux champs de connais
Sienne, Rome, Bucklersbury, Cambridge, Louvain, sances : « Dans les lycées de l'élite, Chaptal,
Gand et Bâle. La perigrinatio academica lie fo Henri IV, Louis le Grand, les matières exotiques
rmation des élites et mobilité internationale. Les attirent une foule d'adolescents enthousiastes.
grands établissements de prestige n'ont de cesse Entre 1927 et 1931, un nombre de candidats au
de conjuguer accueil d'étudiants étrangers et concours d'entrée triple » (5). L'enseignement hors
encouragement au séjour à l'étranger de leurs de l'hexagone doit faire l'objet d'une pédagogie
propres étudiants, une politique qui place l'inter- spécifique, adaptée à l'éducation de ces « peuples
connaissance des élites sur un plan international. enfants ». Le programme de formation dispensé
La tradition humaniste constitue ainsi le premier par l'École de Jules Ferry comprend : « l'étude de
creuset de la mobilité dans le champ éducatif. méthodes de l'enseignement colonial, des cours
d'agriculture coloniale, de médecine pratique, de
La mobilité internationale, interprétée dans le langues indigènes de travaux techniques » (6). Les
contexte spécifiquement français, peut revendi applications pratiques et professionnelles de cet
quer un second héritage, lié cette fois à l'espace enseignement son également pointées : l'ense
d'influence diplomatique et culturelle que la France igne