La mosaïque de Prima Porta - article ; n°1 ; vol.13, pg 49-59
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La mosaïque de Prima Porta - article ; n°1 ; vol.13, pg 49-59

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1893 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 49-59
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1893
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Georges Bénédite
La mosaïque de Prima Porta
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 13, 1893. pp. 49-59.
Citer ce document / Cite this document :
Bénédite Georges. La mosaïque de Prima Porta. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 13, 1893. pp. 49-59.
doi : 10.3406/mefr.1893.6082
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1893_num_13_1_6082LA MOSAÏQUE DE PRIMA PORTA
Lettre a M. Geffroy, directeur de L'École française de Rome.
Monsieur le Directeur. — La mosaïque découverte récem
ment par M. Piacentini, dans son domaine à peu de distance
de la villa de Livie, ne m'est jusqu'à présent connue que par
l'aquarelle que vous avez bien voulu me communiquer (V. notre
planche I, exécutée d'après cette aquarelle), et par la lithochro-
mie insérée dans le Bullettino (1) à la suite de l'article de M. Ma-
rucchi. Elle est bien de style égyptisant. Le doute qu'au premier
abord m'avait inspiré la forme de certains accessoires, notamment
du siège, n'a pas résisté à un examen plus attentif, et je dois
reconnaître que le caractère égyptisant de la mosaïque, malgré
ces détails, est très suffisamment sauvegardé. La couleur verte,
ou d'un bleu tirant sur le vert, de l'une des deux figures, i
ndépendamment de l'exactitude un peu sommaire des costumes a
une grande importance à cet égard. Je ne crois pas qu'en dehors
de l'art égyptien on trouve teintés de couleurs aussi arbitraires
des personnages complètement anthropomorphes , c'est à diro;
exempts de tout emprunt au monde des animaux réels ou fa
buleux.
Nous sommes donc en présence d'une mosaïque à sujet égypt
ien. Quel est ce sujet ? M. Marucchi n'hésite pas à le décla
rer religieux. Le tableau formant motif central représenterait,
selon lui, l'intérieur d'un temple dont l'extérieur serait ligure
par la partie supérieure de la mosaïque imbriquée ou appareillée
(1) Di un pavuiuïnto a mosaico con, figure egizie. 'Bullei tino d,<j Ilo-
Commissione archeologica di Roma, fase. 2, 1892.
MELANGES D ARCH. ET D HIST. 50 LA M0«Aï<4UE DE PRIMA POETA
à la façon d'une muraille. La taheila, les deux boucliers votifs
suspendus dans le haut de la composition, la ciste autour de
laquelle s'enroule le serpent, l'acte mein? que semblent accomp
lir les deux personnages s'accordent parfaitement avec l'inte
rprétation de M. Marucchi. Mais M. Maruechi va plus loin. Pour
lui ce temple serait celui d'isis, déesse qui était l'objet d'une
très grande vénération à Rome, à qui Ton consacrait, selon le t
émoignage de Tibulle f 1), un grand nombre d'ex-votos, et qui avait
pour principal emblème la ciste mystique. De là à conclure que
le personnage debout à la gauche de la scène n'est autre qu'un
prêtre, il n'y a qu'un pas pour M. Marucch', et comme le per
sonnage assis à droite lui paraît Atre une femme, il en déduit
par simple analogie que c'est une prêtresse. Prêtre et prêtresse
de quelle divinité? — d'Lsis, laquelle, en fin de compte, serait
représentée par le serpent. Quant à la cérémonie, il va de soi,
dans cette hypothèse, qu'elle consiste en l'offrande de la nour
riture divine, autrement dit, le sacrifice.
Cette interprétation, je dois le dire, ne me semble juste que
dans sa dernière partie. C'est avec raison que M. Marucchi ident
ifie le serpent avec la déesse Isis, d'accord en cela avec la
vieille théologie égyptienne et surtout, ce qui est préférable,
avec ce que nous savons du culte des divinités alexandrines à
Rome. L'image vénérable de la toute puissante déesse, nous dit
Apulée, n'était ni un quadrupède domestique, ni un oiseau, ni
une bête sauvage, ni même rien de semblable à un homme, mais
K urnula faberrime carata , i'undo quam rotundo , miris extrin-
secus simulacris JÎgyptiorum effigiata. Eins orili cium non al-
tiuscule levatura, in canalem porrer-.tum, longo rivulo promi-
nebat. Ex alia vero parte multum recéderas .--patiosa dilatione,
adhaerebat ansa; quam contorlo ìhodalo a up er se deb at axpis, squa-
a) I, III, v. 28-20. LA MOSAÏQUE DE PRIMA PORTA 51
me.ae cervicis striato tumore siiMimis ., f\j. (-ju'il s'agisse ici d'un
serpent réel ou d'un ornement faisant partie intégrante de l'a
iguière, de la même manière que l'anse qui lui sert de support,
la vipère n'en constitue pas moins l'objet principal, le point
culminant de la description: dans les deux cas, elle symbolise
la déesse. A qui ne tiendrait pas pour suffisant un passage aussi
explicite, je citerais, entre autres nombreux exemples relevés dans
le catalogue de M. G. Lai ave (2), l'autel votif (n° 103) dont on
trouve une reproduction dans le JÏuseo Capitolino (t. TV, pi. X).
Cet autel consacré à Isis présente immédiatement au dessous de
la dédicace (Sacrae Is idi) la ciste surmontée d'un croissant et
de deux épis, et enlacée d'un serpent à la partie supérieure.
Les représentations d'isis accompagnée ou remplacée par son
serpent sont d'autant moins rares à Rome que la déesse égyp
tienne s'y confond de pins en pins avec Hvgie du fait qu'elle
y est invoquée en sa qualité, de guériss<-'.nse. 11. y a plus: ident
ifiée également avec la Foriu/na on Tijckc d'Alexandrie, ses
droits au serpent s'accroissent de ceux de ftanenit, la Tyché de
l'ancienne Egypte (.">).
Mais là où j'hésite à suivre M. .Vlarucrhi, c'est d'abord lors
qu'il affirme que la future assise ne peut être qu'une femme,
" comme il appert des formes plus délicates et du vêtement r
ecouvrant la poitrine „. Attentif à tous les détails, il a parfai-
<T. Métamorph., XI.
(2; G-. Lafaye. ffistoi,·* dit. mit h des dvrviùtA* (V Alerco/n.drie, p. 293
(Fascicule Hii de la nÌbliotlu-qn,^ des hic, oies française* d' At'h'anes et
de Horn/').
(3j Jj.'.'S Τ ι/ eli/' ;^réc')-A^ypt:f-i:],i'-:s, represent-.'.·;-;.-; par une femme
dont le corps se termine «n serpent, ne sont pas rares en Egypte,
notamment dans le Fayoum, d'où proviennent la plupart des terres -
cuites d'époque romaine. ,J:ai communiqué à ]\I. Max. Collignon la
photographie d'une Tyché anguipede de cette provenance (Collection
du D< Fouquet), 52 LA MOSAÏQUE DE PRIMA PORTA
tement raison d'être frappé de la différence que présente le
contour chez les deux personnages. L'un, le vert, accuse une
forte membrure, de gros muscles, une poitrine bombée ; l'autre,
des membres grêles, des pectoraux absolument plats, rien d'un
Hercule assurément, encore moins d'une femme. La gracilité
des formes n'est pas, dans l'art égyptien ni même d'imitation
égyptienne, la caractéristique de la femme. En admettant même
que le mosaïste ait négligé de souligner les traits les plus es
sentiels de la conformation féminine, comment s'expliquer qu'il
n'ait pas pris sa revanche en s'attachant au moins à l'exactitude
du costume ? Celui d'Isis , par exemple , est tellement conven
tionnel que toutes les représentations de cette déesse se recon
naissent au premier coup d'œil. Celui de ses prêtresses, susceptible
également de peu de variétés, comporte dans tous les cas un
long vêtement tombant jusqu'aux chevilles (1). Dans les bas-
reliefs proprement égyptiens, l'aspect dévêtu du corps féminin
ne résulte que de la transparence du costume. Le galbe de l'a
bdomen et des jambes y est très nettement indiqué; mais ce qui
ne l'est pas moins, c'est la bordure inférieure de la robe à la
ligne des chevilles; c'est aussi, pour les figures non divines, le
lacis des plis formés par la robe à hauteur des cuisses. De tout
cela nulle trace dans notre figure assise. Rien de bien particulier
non plus, dans sa coiffure, ne la distingue du personnage debout,
si ce n'est cependant que la chevelure, à l'endroit où l'on s'a
ttendrait à trouver l'oreille, se détache du klaft dans une intention
gracieuse, selon toute apparence. Je me hâte d'ajouter que ce
petit détail ne convient pas moins à un adolescent qu'à une
f

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents