La politique linguistique de la Guinée de 1966 à 1984 - article ; n°1 ; vol.52, pg 144-151
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La politique linguistique de la Guinée de 1966 à 1984 - article ; n°1 ; vol.52, pg 144-151

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Description

Mots - Année 1997 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 144-151
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 46
Langue Français

Extrait

Ali Badara Sylla
La politique linguistique de la Guinée de 1966 à 1984
In: Mots, septembre 1997, N°52. pp. 144-151.
Citer ce document / Cite this document :
Sylla Ali Badara. La politique linguistique de la Guinée de 1966 à 1984. In: Mots, septembre 1997, N°52. pp. 144-151.
doi : 10.3406/mots.1997.2472
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1997_num_52_1_2472Badara SYLLA0 Ali
La politique linguistique de la Guinée
de 1966 à 1984
comme par en de Très la « dans 1958 radicalisation Cette phase matière l'identité un peu l'histoire à engagement langue 1966), étude de d'intérêt culturelle « politique concerne officielle de la Guinée révolution la a fort été lutte Guinée africaine linguistique la et du accordé a anti-néocolonialiste unique période régime adopté culturelle indépendante ». aux langue En à de la en langues savoir même effet, socialiste faveur 1966 d'enseignement la le à » avant attitude guinéennes. du maintien et période 1984, » socialisme de marquée cette « que qui l'affirmation caractérisée du étape à ses constitue français l'école. ; par pairs c'est (de la
Le revirement s'est produit quand la rupture avec la France a
été plus prononcée à partir de 1964 et que le parti unique a prôné
la « désoccidentalisation » des structures et des mentalités. On a
décidé alors de promouvoir les langues guinéennes au détriment du
français qui, perçu comme symbole de l'aliénation culturelle, a été
relégué au second rang.
Un plurilinguisme africain
Dans les jeunes nations, le problème linguistique fait partie de
l'ensemble de la question nationale. Avec ses caractères propres, il
représente l'un des problèmes les plus aigus et les plus complexes
de l'édification nationale, d'autant plus que, dans presque tous les
pays africains, il existe généralement plusieurs langues couramment
utilisées par les populations. Le problème qui se pose en pareil cas
E. N.S. de Manéah, BP. 795, Conakry
144 est de savoir, dans un pays multilingue, la ou les langues à valoriser
par divers biais. Les multiples difficultés qui s'attachent à un tel
choix entraînent des positions parfois hésitantes quant à la décision
à prendre. La Guinée pour sa part, sous le régime de Sékou Touré,
a opéré ce choix politique en adoptant le plurilinguisme comme
fondement de sa de promotion des langues.
Ainsi, tenant compte de la réalité du bilinguisme propre aux
minorités linguistiques, huit langues sur les vingt et une recensées
ont été choisies comme langues d'enseignement et d'alphabétisation
des adultes : les trois véhiculaires que sont le soso, le peuhl
et le malinké, et cinq des dix-huit langues minoritaires (le kissi, le
toma, le guerzé, le koniagui et le bassari).
Ces langues étaient parlées, par zone linguistique respective, soit
comme premières, soit comme langues secondes des diffé
rentes communautés, et elles furent enseignées comme telles de
1966 à 1984.
Selon les autorités politiques de l'époque, l'option pour un tel
nombre répondait à un souci de « cohésion nationale », de « dé
mocratie et de paix » de la part du parti ; car on craignait
implicitement les réactions aux conséquences imprévisibles de ceux
dont les langues ne seraient pas retenues. Par ailleurs, une formation
idéologique des populations était régulièrement menée afin d'éviter
que les disparités linguistiques ne deviennent des facteurs de
division.
Se présentant comme l'inverse de la politique linguistique colo
niale essentiellement péjorative, voire « glottophagique » à l'endroit
des langues africaines, la nouvelle option se fixait, dès lors, les
objectifs suivants : -
— restaurer et promouvoir les langues nationales pour en faire
des langues de science et de technique grâce à leur transformation
en écrites, aussi bien au niveau de l'école qu'au niveau
des populations.
— remplacer, à terme, le français comme véhicule du savoir par
les langues guinéennes à tous les niveaux du système éducatif ainsi
que dans l'administration et la vie politique.
Toutes les mesures prises et les actions accomplies visaient à
atteindre ces objectifs.
145 La mise en œuvre de cette politique
La planification du développement des langues retenues s'est
traduite par : l'introduction de celles-ci à l'école, l'alphabétisation,
l'utilisation dans la presse et dans les activités artistiques et
culturelles, la création d'institutions techniques chargées de la
recherche, la codification et l'élaboration de manuels et d'autres
supports indispensables au succès de l'entreprise. Nous allons les
examiner successivement.
L'enseignement dans les langues « nationales » : l'introduction des
langues nationales à l'école s'est inscrite dans le cadre des réformes
du système éducatif visant à « ancrer l'école dans les réalités
nationales » d'une part, et à en faire un outil du développement
d'autre part. Mais il convient de signaler, au passage, que dans ce
cadre, comme dans d'autres d'ailleurs, les décisions prises l'ont été
exclusivement par les politiques lors des instances du parti, sans
aucune sollicitation d'avis de techniciens ou de chercheurs. Ces
instances ont pris et renouvelé les décisions à ce sujet sans toujours
se soucier de l'application des antérieures, ni de l'évalua
tion des actions accomplies.
Un certain nombre d'arguments d'ordre psychopédagogique et
politique ont été avancés pour justifier le recours aux langues
nationales à l'école, entre autres :
— l'enfant n'avait plus à subir le choc psychologique qu'il
ressentait lorsqu'il avait à apprendre à l'école une langue étrangère
qu'en général ni son père ni sa mère ne parlaient ;
— la facilité que l'enfant aurait désormais dans l'acquisition
rapide des concepts que l'usage d'une langue étrangère rend ardus ;
— enfin, l'école allait devenir démocratique et populaire.
Examinons rapidement les différentes phases de l'évolution de
l'enseignement :
— 1966-1968 : les huit langues nationales sont d'abord introduites comme
disciplines d'enseignement à tous les niveaux du système éducatif:
primaire, secondaire, supérieur. L'objectif, à ce stade, étant de sensibiliser
élèves et étudiants au système de transcription et à la grammaire de nos
langues d'une part, et d'autre part, de les préparer aux tâches d'alpha
bétisation des adultes.
— 1968-1975 : ces langues servent de véhicules d'enseignement aux trois
premières années du primaire, le français n'intervenant comme matière
qu'en 3e année (CEI), puis comme véhicule à partir de la 4e année
(CE2).
146 — à partir d'octobre 1975, on décide de faire couvrir tout le primaire
par les langues nationales pendant que le français y est maintenu comme
matière d'enseignement à partir de la 4e année, à raison de trois heures
par semaine.
— octobre 1976 : la première année du collège est couverte par les
langues nationales.
— octobre 1977 : la 2e année du collège est couverte à son tour, tandis
que le français devient véhicule d'enseignement à partir de la 3e année
du secondaire. L'objectif visé alors étant de faire passer le BEPC en
langue nationale en juin 1979.
— à partir d'octobre 1978, on généralise l'enseignement en langues
nationales pour tout le collège. L'apprentissage d'une 2e langue nationale
devient obligatoire à ce niveau, dans le but de renforcer le bilinguisme
africain chez tous les élèves.
— à partir d'octobre 1979, le CNR décide de ramener le nombre des
langues d'enseignement de huit à six, les communautés koniagui et
bassari, satellites linguistiques des Peuhls, ayant été invitées par le parti
à renoncer à l'usage scolaire de leurs langues au profit de la langue
peuhl qu'ils maîtrisent suffisamment bien.
Mais la réalité, c'est qu'à partir de cette période, un blo

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