La préposition : un «auxiliaire» du nom ? - article ; n°135 ; vol.33, pg 75-86
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Description

Langages - Année 1999 - Volume 33 - Numéro 135 - Pages 75-86
Danielle Leeman evokes the resemblance existing between the preposition's fonction with respect to the noun on the one hand, and some tenses with respect to the verb, on the other hand. She rejects, like many others, the partition between lexical and grammatical items and offers to elaborate a hypothesis regarding the meaning of these forms. She presents different categories of nouns and examines their compatibility with the preposition ~~dans~~. Leeman further demonstrates that dans is susceptible to forming both temporal and causal complements. She concludes that whatever the noun category introduced by ~~dans~~ is, the preposition presents the event as a whole. Leeman supports the hypothesis that the preposition establishes a certain aspectual feature of the noun, in the same way as the auxiliary establishes an aspectual interpretation of the verb.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 45
Langue Français

Extrait

MME Danielle Leeman
La préposition : un «auxiliaire» du nom ?
In: Langages, 33e année, n°135, 1999. pp. 75-86.
Abstract
Danielle Leeman evokes the resemblance existing between the preposition's fonction with respect to the noun on the one hand,
and some tenses with respect to the verb, on the other hand. She rejects, like many others, the partition between lexical and
grammatical items and offers to elaborate a hypothesis regarding the meaning of these forms.
She presents different categories of nouns and examines their compatibility with the preposition dans. Leeman further
demonstrates that dans is susceptible to forming both temporal and causal complements. She concludes that whatever the noun
category introduced by dans is, the preposition presents the event as a whole. Leeman supports the hypothesis that the
preposition establishes a certain aspectual feature of the noun, in the same way as the auxiliary establishes an aspectual
interpretation of the verb.
Citer ce document / Cite this document :
Leeman Danielle. La préposition : un «auxiliaire» du nom ?. In: Langages, 33e année, n°135, 1999. pp. 75-86.
doi : 10.3406/lgge.1999.2204
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1999_num_33_135_2204Danielle LEEMAN
Université Paris X Nanterre
UMR 5610 (CNRS)
LA PREPOSITION : UN « AUXILIAIRE » DU NOM ?
On entend par « grammaticalisation » un processus diachronique par lequel
une unité lexicale devient l'élément d'une construction l ou une unité grammatic
ale 2 et de ce fait perd son sens initial ou change de signification (H. Bat-Zeev
Shyldkrot, 19956 : 74).
La distinction entre « lexical » et « grammatical » est peu claire : tradition
nellement, le nom, le verbe et l'adjectif sont rangés dans les unités lexicales sur le
critère qu'ils correspondent à un « réfèrent » 3, l'unité lexicale évoquant par
elle-même le concept d'une réalité (existante ou fictive), tandis que l'unité gram
maticale n'aurait qu'un « sens », qu'elle trouverait dans sa relation avec les
unités lexicales ou dans sa fonction dans la phrase. La distinction vaut tant qu'on
l'illustre par des mots tels que carotte ou manger d'un côté, à ou que de l'autre 4,
mais n'est plus si évidente lorsqu'on se demande pourquoi l'adverbe n'est pas du
côté des lexemes : si sagesse aussi bien que sage présupposent le concept de
« sagesse » (G. Kleiber, 1997), en quoi sagement ne le présuppose-t-il pas ?
Certaines prépositions ne sont-elles pas, aussi bien que des noms, des verbes ou
des adjectifs, associées à des notions : l'« intériorité » pour dans, la « présence »
pour avec, l'« absence » pour sans (A. Niklas-Salminen, 1997) ? Et des conjonct
ions telles que car, quand, quoique n'évoquent-elles pas à elles seules une idée ?
Bref : il semble que l'on puisse rejeter avec P. Cadiot (19976 : 35) « la partition
intenable entre lexique et grammaire » et que le travail du linguiste soit, pour
toutes les unités — qu'on les dise « lexicales » ou « grammaticales » — , d'élabor
er, par l'observation des formes et le raisonnement sur les formes observées, une
hypothèse sur leur sens. Dans ce qui suit, on admettra donc simplement qu'une
unité linguistique a un sens, à tâcher de saisir (de construire) dans ses relations
aux autres unités.
L'une des difficultés est alors, si l'on tient au « principe de naturabité » rappelé
par J.-C. Milner (1989) selon lequel signifiant et signifié vont de pair, de rendre
compte de la raison sémantique commune aux divers emplois et acceptions d'une
forme ; on peut pour cela retracer l'itinéraire de son histoire ou s'efforcer de
1. Ainsi, les substantifs pas ou point sont devenus une partie delà construction négative ne... pas, ne...
point.
2. Par exemple aller (verbe de mouvement) est devenu un auxiliaire temporel.
3. Néanmoins, certains ne reconnaissent qu'au seul nom l'aptitude à la référence, par exemple
J.-C. Milner (1978).
4. Exemples de M.-F. Mortureux (1997).
75 dans la nécessité de « résoudre un problème » 5 l'explication de l'émertrouver
gence d'un sens — avec le risque de circularité que comporte le recours téléologi-
que 6. Ou l'on peut essayer de saisir en synchronie le fonctionnement du système
considéré 7 : c'est le choix qui sera fait ici. On admettra de la sorte que, quelles
que soient les raisons extralinguistiques éventuellement corrélables à tel emploi de
tel mot, il y a dans l'identité de ce mot en langue de quoi motiver que ce soit
précisément lui qui serve à exprimer telle notion 8 ; en l'occurrence, il existe en
français plusieurs prépositions ou locutions prépositives dévolues à l'expression
du temps (pendant, au cours de, lors de. . .) et d'autres à celle de la cause (à cause
de, du fait de, en raison de. ..), ce qui n'empêche pas que ce soit dans, prototypi-
quement associée à la notion d'« intériorité » — spécialement spatiale — , qui
apparaît pour traduire le temps, la cause, ou les deux concomitamment en (1), (2)
et (3). En (1), dans sa chute montre la chute en train de se dérouler et dans peut
commuter avec lors de ou au cours de :
(1) « Un faux mouvement, et il a chuté dans le vide [...]. Dans sa chute, il a rencontré
des frênes et des charmes avant d'atterrir sur un palier inaccessible » (Libération
du 18 mai 1998 : « Chute miracle à Besançon »).
En (2), les torrents de boue sont la cause de la destruction des réserves et l'on
pourrait substituer par ou à cause de à dans :
(2) « Moi, je vends du riz , des haricots, et mes réserves ont été broyées dans des torrents
de boue » (Libération des 7 et 8 novembre 1998 : « Après le passage de l'ouragan
Mitch »).
En (3), dans le choc inclut la double idée que la perte du feu arrière s'est produite
lors du choc et du fait du choc :
(3) « Dans la nuit du 6 au 7 août, après une altercation devant une discothèque de
Montpellier, une Peugeot 205 fonçait en marche arrière sur un groupe de piétons,
tuant Jean-François Chopard, 22 ans. Dans le choc, la voiture perdait un phare
arrière » (Libération du 27 août 1998 : « Le chauffard trahi par un feu arrière »).
De tels exemples posent la double question de la différence de sens entre les
prépositions commutables lorsqu'elles le sont, et de la raison de leur non-
commutation quand elles ne le sont pas, afin de saisir l'identité propre de dans :
pourquoi le journaliste a-t-il choisi en (1) dans plutôt que pendant, également
possible, et pourquoi en (3) pendant est-il moins acceptable que dans ? Du fait que
chute, mais non choc, est susceptible d'être duratif 9, l'idée émerge que la prépo-
5. Le locuteur, dans le cas d'exprimer un concept nouveau pour lequel la langue ne lui propose pas de
moyen approprié, créerait ce que L. Guilbert aurait appelé un « néologisme sémantique » (1975 : 64) :
« grammaticalization can be interpreted as the result of a process that has problem solving as its main goal
whereby one object is expressed in terms of another » (B. Heine, U. Claudi, F. Hiinnemeyer, (1991 : 29).
6. Les études de G. Gougenheim (1996, 1975) par exemple montrent qu'il est rarement possible de
justifier les changements diachroniques par l'émergence (préalable) de nouveaux concepts, même dans le
domaine lexical ; J. Picoche conclut également que la question du « pourquoi » des transformations
« reste presque entière » (1977 : 89). Cf. aussi la contribution de C. Marchello-Nizia in. F. Gadet (1997).
7. Cf. pour les emplois de aller entre autres, D. Bouchard (1995).
8. M. Noailly (1982) note l'apparition de nouvelles prépositions comme côté dans Côté sexe, il est pas
terrible. Pourquoi côté et non pas bord, par exemple ? Et pourquoi est-ce limite qui s'adverbialise dans des
emplois tels que II est limite clodo ?
9. La chute en (1) occupe une certaine durée entre le faux mouvement qui la déclenche et « l'atterris
sage » qui en marque la fin, temps pendant lequel celui qui tombe rencontre des frênes et des charmes.
76 sition est en rapport avec l'aspect du nom : l'hypothèse ici défendue sera que la
préposition institue ou active une certaine vision aspectuelle du nom, comme
l'auxiliaire (tel que conçu dans la tradition gr

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