La Psychologie culturelle des immigrants hispaniques aux Etats-Unis : implications pour la recherche en éducation - article ; n°1 ; vol.101, pg 27-44
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Description

Revue française de pédagogie - Année 1992 - Volume 101 - Numéro 1 - Pages 27-44
Cet article vise à éclairer trois dimensions de l'expérience des immigrants hispaniques aux États-Unis à travers une approche qui met en lumière les ressorts psychologique profonds de leur attitude dans le pays d'accueil. L'auteur présente tout d'abord les conditions très différentes de l'immigration au sein d'une communauté hispanique assez hétérogène en dépit de caractéristiques communes. Il souligne la différence de comportement entre les immigrants de la première génération et leurs enfants. Les premiers ont à accepter leur nouvelle existence à un coût affectif et psychologique élevé, avec le sentiment très fort d'une dette morale à l'égard des membres de leur famille restés au pays. Les seconds ont mieux assimilé les aspirations de la société dominante, mais ils ressentent plus durement les formes de discrimination persistantes à leur égard, ce qui explique pour une part leur échec à l'école.
This paper studies the deep psychological root of Spanish immigrants attitude towards their country of adoption.
The disparity of immigration conditions among the hispanic community is shown. The author stresses the differing behaviours of first generation immigrants and of their children : the first generation was ready to accept psychological and affective frustrations to get a new start, because they felt responsible for their families still at home ; their children are ajusted to the WASP aspirations but resent strongly the discrimination still existing against them, which explains partly their school failure.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marcelo Suarez-Orozco
Carola Suarez-Orozco
La Psychologie culturelle des immigrants hispaniques aux Etats-
Unis : implications pour la recherche en éducation
In: Revue française de pédagogie. Volume 101, 1992. pp. 27-44.
Résumé
Cet article vise à éclairer trois dimensions de l'expérience des immigrants hispaniques aux États-Unis à travers une approche qui
met en lumière les ressorts psychologique profonds de leur attitude dans le pays d'accueil. L'auteur présente tout d'abord les
conditions très différentes de l'immigration au sein d'une communauté hispanique assez hétérogène en dépit de caractéristiques
communes. Il souligne la différence de comportement entre les immigrants de la première génération et leurs enfants. Les
premiers ont à accepter leur nouvelle existence à un coût affectif et psychologique élevé, avec le sentiment très fort d'une dette
morale à l'égard des membres de leur famille restés au pays. Les seconds ont mieux assimilé les aspirations de la société
dominante, mais ils ressentent plus durement les formes de discrimination persistantes à leur égard, ce qui explique pour une
part leur échec à l'école.
Abstract
This paper studies the deep psychological root of Spanish immigrants attitude towards their country of adoption.
The disparity of immigration conditions among the hispanic community is shown. The author stresses the differing behaviours of
first generation immigrants and of their children : the first generation was ready to accept psychological and affective frustrations
to get a new start, because they felt responsible for their families still at home ; their children are ajusted to the WASP aspirations
but resent strongly the discrimination still existing against them, which explains partly their school failure.
Citer ce document / Cite this document :
Suarez-Orozco Marcelo, Suarez-Orozco Carola. La Psychologie culturelle des immigrants hispaniques aux Etats-Unis :
implications pour la recherche en éducation. In: Revue française de pédagogie. Volume 101, 1992. pp. 27-44.
doi : 10.3406/rfp.1992.1308
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1992_num_101_1_1308La Psychologie culturelle
des immigrants hispaniques
aux Etats-Unis :
implications pour la recherche
en éducation
Marcelo Suarez-Orozco
Co roi a Suorez-Orozco
Cet article vise à éclairer trois dimensions de l'expérience des immigrants hispaniques aux États-Unis à
travers une approche qui met en lumière les ressorts psychologique profonds de leur attitude dans le
pays d'accueil. L'auteur présente tout d'abord les conditions très différentes de l'immigration au sein
d'une communauté hispanique assez hétérogène en dépit de caractéristiques communes. Il souligne la
différence de comportement entre les immigrants de la première génération et leurs enfants. Les premiers
ont à accepter leur nouvelle existence à un coût affectif et psychologique élevé, avec le sentiment très
fort d'une dette morale à l'égard des membres de leur famille restés au pays. Les seconds ont mieux
assimilé les aspirations de la société dominante, mais ils ressentent plus durement les formes de
discrimination persistantes à leur égard, ce qui explique pour une part leur échec à l'école.
quelques travaux intéressants qui concernent les Cet article aborde plusieurs thèmes essentiels
Américains originaires de Cuba ou de Puerto Rico. de la psychologie culturelle des immigrants
hispaniques et de leurs enfants aux États-Unis. Il est impossible de traiter de la condition hispa
nique comme s'il s'agissait d'un phénomène Nous y explorons quelques aspects importants de
l'expérience de ce groupe, en prenant en compte monolithique. Les Américains d'origine mexicaine,
ceux d'origine cubaine, les Portoricains et les les individus de première et seconde générations,
les familles et les dynamiques de groupe. Nous immigrants d'Amérique centrale forment des
nous appuyons sur les résultats les plus stimu populations distinctes, bien qu'ils partagent un
lants des chercheurs qui travaillent sur les immi certain nombre de caractéristiques communes.
grants mexicains et les Américains d'origine mexi Ces groupes sont à des degrés divers familiers
caine (1) (mexicains de la seconde génération : le avec la langue espagnole et ils possèdent des
plus grand groupe hispanique aux États-Unis), traits culturels communs tels que l'importance de
ainsi que sur nos propres résultats de recherche la famille étendue et une inclination forte pour le
parmi les immigrants et les réfugiés arrivés récem « hic et nunc », plutôt que pour l'orientation vers
ment d'Amérique centrale (les Américains hispani l'avenir que valorise la culture américaine domi
ques « les plus récents »). Nous évoquerons aussi nante.
Revue Française de Pédagogie, n° 101, octobre-novembre-decembre 1992, 27-44 27 il est important de souligner que les à des problèmes particuliers selon qu'ils sont Néanmoins,
Hispaniques constituent aux États-Unis une popul entrés aux États-Unis avec ou sans papiers offi
ation hétérogène au plan démographique et ciels, selon qu'ils sont venus volontairement ou
par suite de persécutions politiques (de nombreux socio-culturel. Ils viennent de plusieurs pays diffé
rents et sont issus de milieux socio-économiques, immigrants récents d'Amérique centrale sont
professionnels et culturels divers. Les Américains venus à la recherche d'un asile politique), ou
originaires de Cuba, par exemple, tendent à avoir selon qu'ils sont des migrants saisonniers décidés
eu un niveau d'éducation supérieur à tous les à retourner au pays d'origine ou qu'ils entendent
autres groupes hispaniques et à disposer aussi de rester de façon plus ou moins permanente aux
revenus supérieurs. Toutefois, les immigrants États-Unis, et enfin selon qu'ils sont venus seuls
venus plus récemment de Cuba sont issus de ou en famille.
milieux socio-économique moins élevés et moins Dans le cas des Américains d'origine mexicaine,
éduqués. Par exemple, en 1980, en quelques il convient de souligner un facteur important, noté
semaines, 129 000 immigrants de Cuba — su précédemment à savoir que le Sud-ouest des rnommés les « Marielitos » — sont venus en masse États-Unis, où ils constituent maintenant le aux États-Unis. A l'inverse, nombre des premiers « groupe ethnique » le plus important, a été autre
immigrants venus de Cuba étaient issus de milieux fois un territoire mexicain. De ce fait, les Améri
professionnels supérieurs et s'étaient décidés à cains d'origine mexicaine qui étaient dans les ter
partir pour des raisons politiques, après la venue ritoires du Sud-ouest avant leur conquête par les
au pouvoir de Fidel Castro en 1959. Certains États-Unis ne peuvent pas être considérés comme auteurs ont défendu l'idée que la formation pro des immigrants au sens traditionnel du terme. Plufessionnelle et la qualité de réfugiés ont donné tôt que de dire qu'ils sont venus aux États-Unis, il aux Cubains de milieux aisés « une identité parti faudrait dire que ce sont les États-Unis qui sont
culière » qui a pu facilier leur adaptation à un venus à eux.
nouvel environnement et qui explique peut-être
leur réussite relative aux États-Unis (Bernai 1982 : Tous ces facteurs ont un impact considérable
197). sur l'expérience de la migration et sur les possibil
ités qu'elle offre pour l'avenir. Si nous devions
Les Portoricains, en revanche, tendent à avoir cherche un dénominateur commun à cette expé
un niveau d'éducation moins élevé et comptent rience qui soit vrai pour la plupart des immigrants
parmi les plus pauvres de tous les groupes hispa hispaniques, c'est qu'ils sont originaires de pays
niques. Il convient de noter le problème particulier relativement pauvres, le plus souvent issus des
de la relation entre les États-Unis et l'île de Porto couches socio-économiques inférieures, et qu'ils
Rico, puisqu'en vertu d'un traité, les habitants de viennent s'installer dans une société industrielle
l'île ont droit à la nationalité américaine. En outre, riche. Il faut à nouveau souligner le fait que le
la nature quasi coloniale de cette relation a créé statut élevé des premiers immigrants cubains ou
des problèm

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