La religion dans le cyberespace - article ; n°1 ; vol.75, pg 17-27
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Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2004 - Volume 75 - Numéro 1 - Pages 17-27
Presque tous les groupes religieux américains ont une visibilité sur le World Wide Web, indépendante de leur importance numérique dans la société. Par ailleurs, une étude récente révèle que 64 % des internautes américains ont utilisé le net à des fins religieuses ou spirituelles. Dans cet article, l’auteure replace l’utilisation des moyens technologiques par les groupes religieux dans une perspective historique de façon à montrer que, loin de représenter une véritable révolution, le recours à l’Internet est la conséquence logique d’une stratégie de communication de masse mise en place dans les colonies par les évangélistes dès le début du dix-huitième siècle. Aujourd’hui, l’Internet favorise l’expression personnelle de la croyance et accompagne, plus qu’il ne crée, les nouvelles pratiques et les nouveaux comportements religieux.
Almost all US based religious groups have a presence on the Internet, regardless of the number of people associated with them. Besides, a recent survey reveals that 64% of Internet users have used the Web for religious or spiritual purposes. The author places the use of technological advances by religious groups in a historical perspective. She underlines that the use of the Internet is a logical consequence of a strategy of mass communication set up by Evangelicals in the revivals of the 18th and 19th century. She shows that today the Internet amplifies, more than it creates, the development of new religious practices by fostering the expression of personal beliefs, and modifying the relationship to traditional modes of worship.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

La religion Nathalie CARON dans le cyberespace
L’ internet, dont l’utilisation s’est répandue à la fin des années 1990, est l’un des phénomènes culturels les e plus marquants de la fin du XX siècle, concomitant à la troisième révolution informatique, celle de l’« ubiquité numérique », ou de la progressive dilution de l’ordina-1 teur dans l’environnement . Utopie ou chaos, vecteur de progrès ou facteur d’inégalité, créateur de différen-tiation ou au contraire de standardisation, on ne sait s’il faut craindre ou encourager cette intrusion toujours plus grande du numérique dans notre quotidien. Ce qu’il est d’ores et déjà convenu d’appeler le cyberespace, pour reprendre un terme emprunté à la science-fiction, est en effet un univers créatif ouvert à la multiplicité des pos-sibles, que l’on rêve capable de générer les moyens d’une communication universelle, de mettre le monde à la disposition de l’utilisateur et de rendre justice à l’in-2 dividualité de chacun . Mais c’est aussi un espace caractérisé par l’absence de planification ou de régle-mentation, propice à toutes sortes de dissimulations et de manipulations, dans une large mesure accessible uniquement aux individus aux revenus et niveau d’étu-de assez élevés pour avoir accès à l’internet et savoir s’en servir, dans lequel la nécessaire centralisation ne peut que donner lieu à une forme d’uniformisation. Si l’internet est présent sur toute la planète, son utilisation est inégalement répartie : en septembre 2002, l’organis-meNUAestimait à 605,60 millions le nombres de per -sonnes ayant eu accès au net dans les trois mois précé -dant le sondage. Parmi ces cybernautes, seuls 5,12 mil-lions étaient des Mo yen-Orientaux, 6,31 millions des 3 Africains, 33,35 millions des Sud-Américains . Du monde des affaires à la vie spirituelle, en passant par le commerce, la finance, la presse, le tourisme, le jeu, la culture, la musique, la politique, l’uni vers éduca-tif, l’immobilier , la météo, la rencontre amoureuse, le sexe ou le sport, pour ne citer que quelques exemples, l’internet est néanmoins dev enu en quelques années incontournable dans un monde globalisé et pressé, satu-ré d’informations, à la recherche perpétuelle de gain de
NATHALIECARON,est maître de conférences à l’Université Paris-X-Nanterre.
temps et d’argent. Le recours à l’e-mail, l’e-learning, l’e-commerce, la création de communautés virtuelles par le biais des groupes de discussion ou forums, la pos-sibilité d’effectuer des visites virtuelles de musées, d’ex-positions, d’églises, de bibliothèques, d’habitations en vente ou à louer, les possibilités extraordinaires offertes par des sites toujours plus nombreux et des logiciels de navigation toujours plus sophistiqués sont en train de modifier notre rapport à la vie réelle. S’effacent en effet encore davantage les frontières entre réalité et virtualité, processus entamé avec l’émergence de la culture tech-nologique née des progrès de la science dans le domai-ne de la représentation et de la communication. Je me propose ici d’analyser certains aspects de l’internet en m’intéressant plus particulièrement aux sites religieux. Après avoir présenté par quelques statis-tiques la façon dont la religion se positionne aujour-d’hui sur l’internet, j’inscrirai cette évolution dans une perspective historique et culturelle. Mon intention est ensuite, sans prétention d’exhaustivité, de brosser un tableau de la présence religieuse sur le net à partir de ma propre navigation au cours de l’hiver 2003-2004, le net étant objetetmoyen d’étude. J’appuierai mes observations sur les quelques analyses disponibles, dont les enquêtes minutieuses du Pew Research Center, ainsi queReligion on the Internet: Research Prospects and Promises, recueil d’articles dirigé par Jeffrey K. 4 Hadden et Douglas E. Cowan, publié en 2000 . Une attention spécifique sera enfin portée sur trois types de sites web, dont il est pour le moment rarement question dans les études sur la religion sur l’internet, les déistes, les « universistes » et les «Brights», dont je tenterai, dans la lignée de ce qui se fait pour d’autres types de mouvements religieux, de mettre en évidence les caractéristiques et de définir les objectifs.
Le goût de l’innovation
La place de la religion sur l’internet
Le phénomène est particulièrement ancré aux États-Unis, société à la fois éminemment religieuse et tech-nologique, dans laquelle, d’une part, la religion est
1. La première révolution est celle des ordinateurs centraux, un ordinateur reliant plusieurs personnes ; la deuxième révolution est celle de la relation individuelle à l’ordinateur. Voir Mark Weiser, « The Computer for the Twenty-First Century »,Scientific American,septembre 1991, pp. 94-110.
2yberspace ». Le mot « c est apparu pour la première fois en 1984 dans un roman de science-fiction, Neuromancer, de William Gibson.
3. « How many on line », http://www.nua.ie/surveys (11 juin 2004).
4. Jeffrey K. Hadden et Douglas E. Cowan (dirs.), Research Prospects and Promises, vol. 8 de la collection « Religion and the Social Order » dirigée par David Bromley, Amsterdam, Londres, New York, JAI Press (Elsevier Science), 2000. Jeffrey K. Hadden, aujourd’hui décédé, est l’auteur du très riche Religious Movements Homepage Project de l’université de Virginie (http://www.religiousmov ements.lib.virginia.edu/).
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