La Revue française de pédagogie au miroir de ses grands acteurs - article ; n°1 ; vol.135, pg 87-97

Robert André

Description

Revue française de pédagogie - Année 2001 - Volume 135 - Numéro 1 - Pages 87-97
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 2001
• Nombre de lectures: 37
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

M. André Robert
La Revue française de pédagogie au miroir de ses grands
acteurs
In: Revue française de pédagogie. Volume 135, 2001. pp. 87-97.
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Robert André. La Revue française de pédagogie au miroir de ses grands acteurs. In: Revue française de pédagogie. Volume
135, 2001. pp. 87-97.
doi : 10.3406/rfp.2001.2798
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_2001_num_135_1_2798La Revue française
de pédagogie
au miroir
de ses grands acteurs
André Robert
taire ou pluriel reste largement ouvert. Que ce
débat existe et qu'il aboutisse à des décisions
concrètes, voilà bien le signe que le besoin se fait
alors vivement sentir de remplir un espace universles de La sein Pédagogique comme Debesse, jour sciences de trois Revue l'université, en constitutives Gaston hommes, française 1967, National de Mialaret, l'éducation dans sous de d'une (1) Jean pédagogie l'influence (IPN), le respectivement filière cadre Chateau, sont l'année spécifique (RFP) déterminante de officialisées même l'Institut Maurice profesvoit où au le
itaire encore en partie vacant (bien que des
enseignements se référant à ces problématiques
aient vu le jour - plutôt sous l'appellation de
«pédagogie» - ici et là depuis 1945, si nous
seurs aux universités de Bordeaux, La Sorbonne, nous en tenons à cette date de référence), en
Caen. C'est dans ce dernier établissement que, à réponse à une demande multiforme émanant des
l'initiative de Mialaret, aux mêmes dates environ, chercheurs, des enseignants, plus généralement
naît (ou renaît) une revue qui porte explicitement des professionnels de l'éducation, mais aussi des
dans son titre la référence à la nouvelle dénomin politiques et des décideurs institutionnels. À l'o
ation : Les sciences de l'éducation pour l'ère ccasion de l'hommage rendu à Jean-Claude
nouvelle (2). À quelques mois du fameux colloque Forquin, hommage auquel sont associés ses deux
prédécesseurs à la rédaction en chef de la revue d'Amiens qui, en mars 1968, réfléchit sur une
École nouvelle, donc en période de préparation (Louis Legrand, Jean Hassenforder), compte tenu
de celui-ci, on peut constater que règne dans tout du rôle progressivement occupé par la RFP, il
un secteur de l'Éducation nationale un véritable n'est pas dénué d'importance, notamment dans la
climat d'effervescence, quant à la dénomination perspective d'inciter à des recherches ultérieures
(on a hésité pendant plusieurs années entre approfondies concernant ce point, de s'interroger
« pédagogie », « psycho-pédagogie » et « sciences sur les conditions institutionnelles de sa création,
de l'éducation »), et quant à la définition d'une et sur le processus qui, à partir de ces bases,
a conduit à la « scientificisation » (3) de son discipline (?) ou d'un faisceau plus ou moins uni
fié de disciplines, s'inscrivant au sein d'un projet contenu, faisant de ce support editorial un lieu
général de rénovation de l'enseignement et pre d'accueil des sciences de l'éducation plus que de
nant pour objet l'ensemble des phénomènes qui la pédagogie stricto sensu, sans que celle-ci soit
pour autant exclue. De ce rôle on peut dire - dans relèvent de problématiques éducatives dans leurs
multiples dimensions et surdéterminations, groupe le cadre d'une figure du paradoxe, à s'en tenir au
disciplinaire dont le statut épistémologique seul titre, et sans vouloir faire ombrage aux autres
Revue Française de Pédagogie, n° 135, avril-mai-juin 2001, 87-97 87 - qu'il est devenu majeur dans la publications de l'histoire de la RFP que nous tentons d'es
structuration du champ des sciences de l'éduca quisser ici réside en réalité dans l'évolution de la
tion en France, ainsi que Régine Sirota en a fait posture à partir de laquelle la revue aborde l'e
nsemble des problèmes liés aux objets « éducation ci-dessus la brillante démonstration à propos de
la rubrique « Notes de synthèse » (4), dans l'aire et formation », dans un cadre inaugural encore
spécifiquement constituée par la sociologie de incertain, qui se réfère à la pédagogie (générale),
l'éducation. qui n'est pas d'emblée celui des sciences de
l'éducation (bien que l'environnement universi
taire commence à y prédisposer) mais qui n'est L'enjeu de cette histoire, qui convoquera pas non plus celui de la pédagogie au sens resquelques-uns des « grands acteurs » de la revue - treint. principalement les trois premiers rédacteurs en
chef - par le moyen de l'entretien et de la citation,
n'est pas le glissement, subreptice ou délibéré,
de la pédagogie (entendue en un sens étroit) aux
sciences de l'éducation, ou bien encore le « déni LA LECTURE DE LOUIS LEGRAND
de la » suivi de son « assumption »
dénaturante (c'est-à-dire sa fausse refondation Louis Legrand, directeur de recherche à l'IPN en par le recours à une discipline scientifique lui 1967, se souvient (7) ; « La création de la Revue conférant du dehors ses lettres de noblesse), française de pédagogie s'est faite à l'initiative de selon la thèse défendue par Jean Houssaye (5). la direction de l'IPN, de MM. Chilotti, directeur, et En effet, dès la naissance de la RFP, les cartes Majault, directeur-adjoint, car le besoin d'une sont déjà distribuées dans la mesure où, institu- telle revue se faisait sentir dans le système éductionnellement, c'est le syntagme « sciences de atif français. L'expression de ce besoin émanait l'éducation » qui a été retenu, et où - à NPN, en de la hiérarchie de l'institut et des sphères minisrelation avec le ministère, malgré le titre choisi en térielles plus que des chercheurs, qui étaient peu référence aux grandes revues d'autres disciplines nombreux à l'institut à cette époque-là (trois peret sans doute aussi en conformité avec l'usage sonnes, dont Jean Hassenforder). Ceux-ci avaient ancien dominant - les fondateurs n'assignent pas travaillé sous la direction de Roger Gai, mon prà la revue une mission exclusivement pédagog édécesseur au service de la recherche, qui avait ique, du moins au sens étroit qui renverrait été auparavant secrétaire de la Commission directement vers une pure exaltation/élévation Langevin-Wallon. Au démarrage, la Revue frandes pratiques en elles-mêmes, mais visent un lec- çaise de pédagogie fut assez peu reconnue torat, concerné par les problèmes scolaires, qu'il par les universitaires, qui d'ailleurs étaient assez s'agit d'intéresser à la réflexion et au débat sur peu nombreux dans ses instances directoriales. les questions posées par l'évolution de l'éduca La nature de la RFP consista d'abord à accueillir tion en France et dans le monde, c'est-à-dire à ce des articles sur les problèmes pédagogiques du qu'on a longtemps plutôt appelé pédagogie génér moment. Ce n'étaient pas des articles de rale, en même temps qu'il s'agit de le faire accé echerche, c'étaient des articles de pédagogie der à l'information et à la documentation la plus d'une façon générale. actuelle. Donc, contrairement à l'analyse critique
mentionnée ci-dessus, on ne part pas d'une myst La RFP avait la prétention d'atteindre un public
ification nominaliste (un recours au mot « péda beaucoup plus large et général de personnes
gogie » qui dénierait en fait la chose) mais d'une s'occupant de pédagogie tandis que le Courrier
situation d'entre-deux où la pédagogie générale de la recherche pédagogique était épisodique et
(qui, pour Houssaye, ne constitue pas le vrai sens ne publiait que des synthèses des travaux de
de pédagogie (6)) a une place mais non pas toute recherches menées au Service de la recherche ».
la place, et où - bien que les productions issues
de la recherche soient présentes dans la partie De fait, si l'on examine la composition du
documentaire - le monde de la recherche n'est comité de rédaction des origines, on ne relève les
pas au total prédominant. Ne se situant pas plus noms - outre celui de Louis Legrand lui-même,