La Russie d Élisabeth vue par des diplomates prussiens (2) - article ; n°4 ; vol.39, pg 439-485
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Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 4 - Pages 439-485
Francine-Dominique Liechtenhan, The court of Elisabeth as described by Prussian diplomats (2). Carl Wilhelm von Finckenstein was sent to Russia as ambassador plenipotentiary by Frederick II. He took his king's secret Instructions ordering him to win Elisabeth over to the Prussian cause. Once there, the ambassador was reduced to silence and a wait-and-see position. Russia had decided to take part in the War of the Austrian Succession against France, which was then an ally of Prussia. Finckenstein resigned himself to observing ministers, courtiers and foreign representatives and taking note of the reactions of the latter 's sovereigns to the reversal of the international situation. The result of his observations is a vivid depiction of the Russian empire under Elisabeth I, focusing on the court, the military system, or the financial situation, depending on Frederick II's concerns. His conclusions are clear: Russia was either on the brink of decline if power remained in the hands of the successive tsarinas, or at the threshold of a new economic development if a man such as Peter I took power. In either case, Western states must not interfere: like the Porte, the empire of the tsars was not supposed to integrate the continental political group.
Francine-Dominique Liechtenhan, La cour d 'Elisabeth vue par des diplomates prussiens (2). Cari Wilhelm von Finckenstein partit pour la Russie comme ministre plénipotentiaire muni des « Instructions » secrètes de son roi, Frédéric II, lui ordonnant de regagner Elisabeth à la cause prussienne. Sur place, le diplomate fut réduit au silence et à l'attentisme. La Russie avait décidé d'intervenir dans la guerre de Succession d'Autriche, ceci contre la France, alors alliée de la Prusse. Finckenstein se résigna à observer les ministres, les courtisans et les représentants étrangers, à scruter la position de leurs maîtres dans le revirement de la situation internationale. Il en résulta un tableau vivant de l'Empire russe sous Elisabeth Ircdans lequel la cour, le système militaire et les finances de la Russie occupent le premier plan, suivant les préoccupations de Frédéric II. Son bilan est révélateur : la Russie était soit sur le déclin si la suite de règnes féminins continuait, ou à l'aube d'un nouvel essor si un homme comme Pierre Ier réussissait à s'emparer du pouvoir. Dans les deux cas, les grandes puissances occidentales n'avaient pas à s'en mêler : l'empire des tsars, à l'instar de la Porte, n'avait pas à entrer dans le système politique continental.
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Francine-Dominique
Liechtenhan
La Russie d'Élisabeth vue par des diplomates prussiens (2)
In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 39 N°4. pp. 439-485.
Citer ce document / Cite this document :
Liechtenhan Francine-Dominique. La Russie d'Élisabeth vue par des diplomates prussiens (2). In: Cahiers du monde russe :
Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 39 N°4. pp. 439-485.
doi : 10.3406/cmr.1998.2536
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_1252-6576_1998_num_39_4_2536Abstract
Francine-Dominique Liechtenhan, The court of Elisabeth as described by Prussian diplomats (2). Carl
Wilhelm von Finckenstein was sent to Russia as ambassador plenipotentiary by Frederick II. He took
his king's secret "Instructions" ordering him to win Elisabeth over to the Prussian cause. Once there, the
ambassador was reduced to silence and a wait-and-see position. Russia had decided to take part in the
War of the Austrian Succession against France, which was then an ally of Prussia. Finckenstein
resigned himself to observing ministers, courtiers and foreign representatives and taking note of the
reactions of the latter 's sovereigns to the reversal of the international situation. The result of his
observations is a vivid depiction of the Russian empire under Elisabeth I, focusing on the court, the
military system, or the financial situation, depending on Frederick II's concerns. His conclusions are
clear: Russia was either on the brink of decline if power remained in the hands of the successive
tsarinas, or at the threshold of a new economic development if a man such as Peter I took power. In
either case, Western states must not interfere: like the Porte, the empire of the tsars was not supposed
to integrate the continental political group.
Résumé
Francine-Dominique Liechtenhan, La cour d 'Elisabeth vue par des diplomates prussiens (2). Cari
Wilhelm von Finckenstein partit pour la Russie comme ministre plénipotentiaire muni des « Instructions
» secrètes de son roi, Frédéric II, lui ordonnant de regagner Elisabeth à la cause prussienne. Sur place,
le diplomate fut réduit au silence et à l'attentisme. La Russie avait décidé d'intervenir dans la guerre de
Succession d'Autriche, ceci contre la France, alors alliée de la Prusse. Finckenstein se résigna à
observer les ministres, les courtisans et les représentants étrangers, à scruter la position de leurs
maîtres dans le revirement de la situation internationale. Il en résulta un tableau vivant de l'Empire
russe sous Elisabeth Ircdans lequel la cour, le système militaire et les finances de la Russie occupent le
premier plan, suivant les préoccupations de Frédéric II. Son bilan est révélateur : la était soit sur
le déclin si la suite de règnes féminins continuait, ou à l'aube d'un nouvel essor si un homme comme
Pierre Ier réussissait à s'emparer du pouvoir. Dans les deux cas, les grandes puissances occidentales
n'avaient pas à s'en mêler : l'empire des tsars, à l'instar de la Porte, n'avait pas à entrer dans le
système politique continental.ARTICLES
FRANCINE-DOMINIQUE LIECHTENHAN
LA RUSSIE D'ELISABETH VUE
PAR DES DIPLOMATES PRUSSIENS (2)
La « Relation générale de la Cour de Russie » (1748) de Cari Wilhelm Finck von
Finckenstein représente à la fois la suite et le complément du « Mémoire de Mardefeld
sur les Personnalités les plus importantes à la Cour de Russie » publié dans le numéro
précédent des Cahiers du Monde russe1. Le diplomate prussien arriva à la cour d'Eli
sabeth Ire muni du texte de son confrère. Pendant l'absence de celui-ci, la situation
s'était encore dégradée pour les ennemis du chancelier Bestužev. Les troupes mercen
aires avaient quitté le territoire russe, s'acheminaient vers la Pologne, s'approchaient
des frontières prussiennes. Jamais une confrontation directe entre les années des
Hohenzollern et des Romanov n'avait paru aussi menaçante. Et Frédéric voyait
60000 moujiks l'« entamer » et lui causer « un dommage furieux »2. Ses lettres, la ver
sion inédite des « Instructions » à son ministre, montrent toute l'étendue de sa haine
pour le grand chancelier, jugé seul responsable du désastre. Les exigences du roi envers
son nouveau représentant, un mélange d'espionnage et de diplomatie non dénué
d'intrigues, dépassait les forces de Finckenstein, un habile politique sinon. Ce ministre,
arrivé en automne 1747 à Saint-Pétersbourg, condamné à un attentisme humiliant,
s'appliqua à informer son maître de l'état du pays afin de permettre à celui-ci d'éval
uer le danger. La « Relation » se ressent de ses lectures de textes anciens ou contemp
orains, à tendance russophobe ; l'auteur chercha manifestement à se distinguer de son
illustre confrère en noircissant le tableau du vaste pays slave. Son insistance sur l'état
de l'armée (conformément aux « Instructions ») révèle ses appréhensions, même si
l'analyse de celle-ci tend à calmer les frayeurs de son roi. Le texte cache un autre des
sein, celui de justifier son désir de regagner au plus vite la « civilisation » ; son mépris
(mêlé de crainte) des Russes transparaît derrière chaque ligne, le vocabulaire et les
tournures stylistiques dévoilent aussi son impuissance à empêcher la dégradation des
relations diplomatiques, engrenage qui se soldera par la rupture des rapports entre les
deux nations en 1751. Une issue à laquelle Finckenstein a sa part de responsabilité.
Cahiers du Monde russe, 39 (4), octobre-décembre 1998, pp. 439-486. 440 FRANCINE-DOMINIQUELIECHTENHAN
Les « Instructions » comme la « Relation » furent rédigées en français ; elles ont
été complétées par des notes, nous n'avons cependant plus tenu compte des événe
ments et personnages déjà évoqués par Mardefeld et commentés à la suite de son
« Mémoire » dans le précédent numéro des Cahiers du Monde russe.
F.-D. L.
Lettre de Podewils à Frédéric, le 26 février 1747s
Sire
Nous avons l'honneur d'envoyer avec un profond respect à l'approbation et à la
signature de Votre Majesté, l'Instruction ci-jointe pour le Comte de Finckenstein et
son envoi à la Cour de Russie ; elle est dressée principalement sur les articles4, que
Votre Majesté a daigné dicter elle-même à moi, Podewils, et sur lesquels le Baron de
Mardefeld a fourni des Mémoires secrètes fort amples et fort détaillées, qu'on a
remis au Comte de Finckenstein, pour les copier de sa propre main, et pour m'en
remettre à moi, Podewils, l'original suivant les ordres et les intentions de Votre
Majesté, pour qu'il soit déposé bien cacheté dans les Archives secrètes.
On a renvoyé dans cette instruction le Comte de Finckenstein dans la pluspart des
articles à ces Mémoires secrètes, qui lui fourniront toutes les lumières nécessaires
dessus.
Mais on n'a rien pu déterminer dans l'article VIIe de cette Instruction, par rap
port aux moyens de mettre le Grand Chancelier, le Comte de Bestouschew dans les
intérêts de Votre Majesté, le cas existant et le besoin pressant5.
Nous nous imaginons que Votre Majesté voudra peut-être elle-même instruire le
Comte de Finckenstein avec précision la dessus, pour qu'il sache comment se
conduire, quand le temps et les circonstances ne lui permettraient point de demander
et d'attendre des ordres ultérieurs de Votre Majesté sur un objet de cette importance.
Berlin, ce 26. de février, 1747.
H. v. Podewils C. W. Borcke LA RUSSIE D'ELISABETH VUE PAR DES DIPLOMATES PRUSSIENS 44 1
Secret, at 26. Februari 17476
Instructions tour mon Ministre d'État,
le Comte de Finckenstein allant de ma part à la Cour de Russie
en qualité de ministre plénipotentiaire
1. La conduite sage et prudente, que le Comte de Finckenstein a tenue dans les
différentes commissions que je lui ai confiées jusqu'ici, et la dextérité et la fidélité
avec lesquelles il s'en est acquitté, m'ayant porté à le choisir pour le poste important
de mon Ministre Plénipotentiaire à la Cour de Russie, il se mettra en chemin aussi
tôt qu'il aura reçu la présente Instruction pour se rendre à St. Pétersbourg, et fera
toute la diligence que la saison lui permettra pour y être au plustôt.
2. À son arriv

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