La stylistique des genres - article ; n°1 ; vol.135, pg 33-49
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Langue française - Année 2002 - Volume 135 - Numéro 1 - Pages 33-49
Dominique Combe : The stylistics of genres In spite of the importance of literary kinds in theory today, a stylistics of genres is still to be expected, although it was initiated in France by Pierre Larthomas. The field of such a stylistics was yet opened by Russian Formalists and Bakhtine in the twenties, but the ambivalent situation of stylistics (individual/ social discourse, formal criteria /historical and analysis, etc.), prevented it to be fully acknowledged within the field of poetics and stylistics.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 126
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Combe
La stylistique des genres
In: Langue française. N°135, 2002. pp. 33-49.
Abstract
Dominique Combe : The stylistics of genres
In spite of the importance of literary kinds in theory today, a stylistics of genres is still to be expected, although it was initiated in
France by Pierre Larthomas. The field of such a stylistics was yet opened by Russian Formalists and Bakhtine in the twenties, but
the ambivalent situation of stylistics (individual/ social discourse, formal criteria /historical and analysis, etc.), prevented it to be
fully acknowledged within the field of poetics and stylistics.
Citer ce document / Cite this document :
Combe Dominique. La stylistique des genres. In: Langue française. N°135, 2002. pp. 33-49.
doi : 10.3406/lfr.2002.6461
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2002_num_135_1_6461Dominique COMBE
Université Paris Ill-Sorbonne Nouvelle
in memoriam Pierre Larthomas
« Là où il y a style il y a genre »l
LA STYLISTIQUE DES GENRES
suscite Le regain d'innombrables d'intérêt pour discussions, le style controverses et la stylistique, et polémiques, depuis les au années point que 80,
le débat ne porte plus tant sur la stylistique elle-même que sur son retour, sa
renaissance voire sa résurrection, sa réhabilitation ou sa « mutation »2. Dans le
flot des commentaires - autour par exemple de la théorie de Nelson Goodman
du style comme « exemplification » -, la notion de genre paraît singulièrement
absente du champ de la stylistique contemporaine. Non d'ailleurs que la
problématique des genres - genres du discours, genres littéraires - se soit
effacée des sciences du langage qui, au contraire, lui accordent à nouveau une
place importante depuis quelques années, mais bien plus dans la linguistique
textuelle, la poétique ou la sémiotique littéraire que dans la stylistique propre
ment dite3. C'est chez les poéticiens (Jolies, Frye, Todorov, Genette, Lejeune,
Schaeffer, etc.), les sémioticiens (Greimas, Fontanille, Rastier, etc.), les
linguistes (Weinrich, Adam, Charolles, etc.) que s'affiche l'intérêt pour la
notion théorique de genre, qui procède largement d'un retour à Aristote.
L'histoire et la critique littéraires, quant à elles, continuent à inspirer des
monographies de genres, qui comportent nécessairement une approche stylis
tique. Mais le style n'est qu'un facteur parmi d'autres, principalement destiné
à établir le statut du genre et à en retracer l'histoire. Le retour concomitant de
la théorie des genres et de la stylistique n'a curieusement pas éveillé l'intérêt
qu'on pouvait attendre pour une stylistique des genres, même si, au fil des
études poéticiennes, ont été amassés les matériaux nécessaires à une telle
stylistique.
1. Bakhtine, M. (1984) « Les genres du discours », Esthétique de la création verbale, trad, fr., Galli
mard, p. 271.
2. Cf. Frédéric, M. (1997), La stylistique française en mutation ?, Bruxelles, Académie royale de
Belgique. Voir également, entre autres, Compagnon, A. (1998), Le démon de la théorie, Paris, Seuil.
3. Cf. Combe, D. (1993), Les genres littéraires, Paris, Hachette, pour l'histoire et la méthode des
différentes approches dans le domaine de la théorie des genres.
33 Il faut souligner que cette situation est proprement exceptionnelle. La notion
même de style de genre, pour un historien des art plastiques ou du cinéma, pour
un musicologue, est une évidence, au même titre d'ailleurs que style d'époque -
baroque, classique, rococo, etc. -, ou d'école, à telle enseigne qu'en dehors du
champ littéraire, c'est bien toute stylistique qui mérite l'appellation de stylistique
des genres*. Le « sceau » ou la « signature » qui inscrit l'œuvre dans le singulier
par la « manière » de l'artiste est en effet indissociable des genres, de leurs
conventions, de leurs contraintes et de leur hiérarchie. Dans le monde german
ique, la stylistique, née dans la seconde moitié du XIXe siècle dans le champ de
l'esthétique et de l'histoire de l'art5, se fonde sur une notion générale du style,
héritée de la philosophie de Humboldt et de Cassirer, qui permet de rapprocher
la littérature des Beaux-arts. La tradition philologique de Karl Vossler, qui
conduit à la stylistique spitzerienne, repose encore sur les mêmes fondements
philosophiques humboldtiens que l'esthétique de Wôlfflin, de Worringer, de
Riegl, de Panofsky. Mais, dans la tradition française (franco-helvétique) ouverte
par Bally, selon l'héritage saussurien, la stylistique se tient à l'écart de la philoso
phie de la représentation commune à la linguistique et à l'histoire de l'art. La
stylistique littéraire de Cressot, de Marouzeau et de leurs héritiers6 est bien plus
tournée vers la rhétorique, la linguistique et les sciences du langage, que vers
l'esthétique, et a fortiori la philosophie. Cette divergence peut pour partie expli
quer l'indifférence aux critères génériques, qui tient à l'effacement de ce que les
Formalistes appellent la «sensation du genre»7, intacte chez l'historien d'art. La
renaissance d'une stylistique des genres suppose que la stylistique, dont l'objet
est en communication naturelle avec les arts, s'ouvre à nouveau sur l'esthétique
- philosophie et histoire de l'art (des arts, incluant le cinéma et la photographie,
essentiels pour la lecture des textes contemporains) -, comme elle a pu le faire,
dès les années 20, lorsque par exemple Jakobson s'intéressait à la peinture,
Chklovski au cinéma8.
4. Ainsi d'ailleurs que l'observe G. Genette : « La catégorie générique (au sens large) la plus pert
inente est ici celle de style, qui, on le sait, fonctionne dans le champ de la musique et des arts
visuels à beaucoup plus vaste échelle qu'en littérature, où l'on préfère généralement l'investir
dans des considérations purement idiosyncrasiques. Interprétée (le plus souvent) ou non (voyez
Eugenio d'Ors sur le Baroque) en termes historiques, la notion de style ne cesse de relier la
critique des œuvres individuelles à la considération des mouvements collectifs de plus ou moins
vaste amplitude » (« Le genre comme œuvre », Littérature n° 122, juin 2001, p. 111).
5. Voir par exemple le texte fondateur de Semper, G. (1860), Der Stil in den technischen und tektonis-
chen Kunsten. Sur ce rapport entre stylistique et histoire de l'art : Combe, D. (1991), La Pensée et le
style, Éditions universitaires, 1991, pp. 181-86.
6. Ce n'est que récemment, à la faveur d'une réflexion sur la notion de « style », à partir de l'esthé
tique analytique, mais aussi de la sémiotique, qu'un rapprochement a été opéré en France entre la
stylistique littéraire et l'esthétique générale.
7. Cf. Tynianov, I. (1924) « Le littéraire aujourd'hui », traduit par M. Weinstein, Tynianov ou la
poétique de la relativité, Presses universitaires de Vincennes, 1996, p. 194.
8. De manière significative, Molinié, G. (1998), sous-titre Sémiostylistique : «L'effet de l'art», dans
la perspective d'une « intersémiotique des arts ».
34 1 . Histoire de la stylistique des genres*.
La stylistique des genres n'a pas d'existence universitaire ou académique
reconnue, à la différence de la stylistique grammaticale (Cressot), quantitative
(Guiraud), structurale (Riffaterre), de la sémiostylistique (Molinié), dont les
noms mêmes attestent une consécration académique, confirmée par l'histoire
de la discipline9. Mais l'absence de dénomination ne signifie évidemment pas
l'inexistence de la stylistique des genres, qui a sa propre histoire.
Il serait évidemment tentant de rechercher dans la Poétique d'Aristote
l'origine d'une stylistique des genres, puisque l'ouvrage fonde précisément sa
description de la mimesis poétique sur les notions de « modes » (épique/
dramatique) et de « genres » (épopée /tragédie /comédie). Pourtant, Aristote
réserve les chapitres 19, 20, 21, à la fin de son analyse de la tragédie, au
problème de la lexis, qui pour lui relève d'abord de la rhétorique. On y trouve
une définition, certes essentielle, de la métaphore, mais surtout des considérat
ions d'ordre grammatical sur l

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