La Table Ronde en Orient. Le poème grec du vieux chevalier - article ; n°1 ; vol.55, pg 308-340
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1938 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 308-340
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Breillat
La Table Ronde en Orient. Le poème grec du vieux chevalier
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 55, 1938. pp. 308-340.
Citer ce document / Cite this document :
Breillat Pierre. La Table Ronde en Orient. Le poème grec du vieux chevalier. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 55,
1938. pp. 308-340.
doi : 10.3406/mefr.1938.7290
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1938_num_55_1_7290LA TABLE RONDE EN ORIENT
LE POÈME GREC DU VIEUX CHEVALIER
Les « romans » d'aventure, écrits pour la société de Byzance aux
xnie et xive siècles, révèlent, par les chevaliers errants qu'ils
mettent en scène et par plus d'un détail1, l'influence de la civil
isation occidentale, avec laquelle l'Orient, depuis les Croisades, se
trouvait plus étroitement en contact. Mais c'est aux mœurs et à
la langue2 des nouveaux venus, bien plutôt qu'à leur littérature,
que les auteurs byzantins ont fait des emprunts déterminés. Depuis
les premières et déjà lointaines études de Ch. Gidel sur les « imi
tations en grec de nos romans de chevalerie 3 », on a restreint tou
jours davantage le rôle de la littérature occidentale dans la forma
tion des textes byzantins : Gidel marquait des rapports qui n'en
sont pas4 et allait jusqu'à indiquer des sources précises que la cr
itique moderne a dû abandonner5. Ainsi, des innombrables romans
1 Par exemple, le lien féodal ou la chasse au faucon : on transpose
les termes mêmes, λιζιός (l'homme lige) φαλκώνιν (cf. Ch. Diehl, Fig.
byzant., 2e série, Paris, 1908, p. 320, 337).
2 A Athènes, on parlait « axi bel francés que dins Parie ». Le grec
médiéval a emprunté une foule de mots aux vocabulaires français et
italien (Man. A. Triandaphyllidis, Die Lehnwörter der mittelgriech. Vul
gärliteratur, Strasbourg, 1909).
3 Sous-titre de son ouvrage, Étude sur la littérature grecque moderne,
Paris, 1866.
4 Ainsi, l'épisode de la chemise teinte de sang (Gh. Gidel, op. cit.,
p. 115-117, 145), dans Belthandros et Chrysantza, n'a aucun rapport avec
la substitution de Brangien à Iseut dans le lit du roi Marc, le soir des
noces.
5 Voir, par ex., J.-A. Lambert- Van der Kolf, Le roman de Libistros et « TABLE RONDE » EN ORIENT 309 LA
de la Table Ronde qui ont couru tout le monde civilisé, et dont on
a trouvé des vestiges jusque dans les saga nordiques, il ne reste,
comme trace attestée dans la littérature grecque du Moyen Age,
qu'un court fragment, 307 vers « politiques x », dont la source peut
être rapportée à Guiron le Courtois, ou plutôt, comme nous le ver
rons bientôt, à la compilation de Rusticiaus de Pise.
Ce poème, signalé il y a plus d'un siècle 2, semble avoir été oublié
Rhodamné, dans Verhand. der kon. Akad. van Wetensch. te Amsterdam,
Afd. Letterkunde, Ν. R., t. XXXV, Amsterdam, 1935.
1 Ces vers, στίχοι πολιτικοί, comptent quinze pieds, avec une césure
après le huitième. Ils sont issus des anciens tétramètres ïambiques cata-
lectiques (W. Christ, Metrik der Griechen und Römer, 2 Aufl., Leipzig,
1879, p. 375). Apparus au ive siècle avec Apollinaire d'Alexandrie
(J. Vendryes, Tr. d'acc. gr., Paris, 1929, p. 32), ils ont eu cours pendant
tout le Moyen Age. Le rythme en est déterminé par l'accent. Notre poème
répond aux combinaisons exprimées par le schéma suivant, où le point
désigne une syllabe atone :
(en particulier, la sixième et la huitième syllabe du premier hémistiche
et la sixième du second sont obligatoirement des syllabes accentuées).
Il n'est pas rimé : la rime ne s'introduit dans les vers politiques qu'à la
fin du xve siècle (A. Sophocles, Greek Lex. of the rom. and byz. periods,
New- York-Leipzig, 1904, p. 52).
Le vers de quinze syllabes n'est pas particulier au grec ; il fut célèbre
aussi dans le monde latin et roman du Moyen A.ge, avec une différence
essentielle, toutefois : la substitution du mouvement trochaïque au mou
vement ïambique, c'est-à-dire la présence des accents réglementaires,
non plus sur les syllabes paires, mais sur les syllabes impaires (A. Jean-
roy, Les origines de la poésie lyrique en France au Moyen Age, 3e éd.,
Paris, 1925, p. 342-349).
2 Découvert au Vatican (ms. grec 1822, fol. 200-205), il fut publié,
avec une version latine et des notes, par F. H. von der Hagen {Poema
graecum de rebus gestis Arturi, Tristani..., Berlin, 1821). Cette édition,
aujourd'hui introuvable, a été reproduite telle quelle par Fr. Michel
{Tristan. Recueil de ce qui reste des poèmes..., Londres, 1835, t. II, p. 269-
297) et par L. G. Visscher {Ferguut, Utrecht, 1836, p. 198 et suiv.). La
source a été indiquée un peu plus tard seulement par von Struve, à
Königsberg (cf. Ad. Ellissen, Nachtrag zum erst. Th. des Versuchs einer LA «■ TABLE RONDE » EN OHIENT 310
depuis longtemps x. Il attend encore une édition convenable 2 ; cer
tains des problèmes qu'il pose n'ont pas été entrevus ou n'ont pas
été résolus; il ne paraît donc pas inutile de le reproduire3 et de
l'étudier à nouveau.
* *
Le roman français de Guiron le Courtois, tel qu'il fut édité par
Antoine Verard4 ou traduit en italien au xvie siècle5, commence
par deux chapitres sans lien aucun avec le sujet6, deux hors-
Polygl. der europ. Poes., Leipzig, 1846, avec édition ; — le même, dans
Getting. Gelehrte Anz., 1871, p. 1533 ; F. H. von der Hagen, Über ein
mittelgriech. Gedicht von Artus..., dans Abhandl. der kön. Ahad... zu Berl
in, Phil.-hist. KL, 1848, p. 243-259).
1 Les histoires de la littérature byzantine ne le mentionnent que
d'après les travaux ci-dessus. Voir K. Krumbacher, Gesch. der by z. Liter.,
Munich, 1897, p. 866-867 ; K. Dieterich, Gesch. der byz. und neugr.
Leipzig, 1902, p. 82 (renvoie seulement à Krumbacher) ; G. Montelatici,
Storia della letter, biz. (Manuali Hoepli), Milan, 1916, p. 191. La bibli
ographie donnée par Krumbacher est reproduite par J. D. Bruce, The evo-
lut. of Arthur, romance, t. II, 2e éd., Göttingen, 1928, p. 28.
2 La lre éd. (F. H. von der Hagen) est fort défectueuse : fautes de
lecture ou dans l'interprétation de la graphie médiévale (cf. v. 13, 56,
71, 125, 199, 203, 210, 254, 281, etc..) ; essais de restitution des formes,
des cas, voire de la syntaxe, conformément à la grecite classique (v. 4,
31, 34, 44, 45, 51, 96, 97, etc..) ; certaines des corrections même n'ont
pas de raison d'être (v. 19, 96, etc..) ou ne sont obtenues qu'en violant
les règles de la prosodie (v. 19, 216, etc.). Le second éditeur (Ad. Ellis-
sen) s'efforce bien de remédier à ces défauts, mais sans avoir vu le manusc
rit, en ne disposant que du texte même et des notes de son devancier.
Son ouvrage, d'ailleurs, est devenu à peu près introuvable : nous expr
imons tous nos remerciements à M. le Dr Th. Elwert, assistant à la Biblio
teca Hertziana, à Rome, qui a bien voulu l'emprunter pour nous à la
bibliothèque de Munich.
3 Ci-dessous, en appendice.
4 Gyron le Courtoys. Açecques la devise des armes... Paris, A. Verard,
s. d. [1501?].
5 Les versions italiennes suivent le texte français pour ainsi dire à
la lettre. L'une est encore inédite (Flor., Bibl. nat., cod. Magliab. II, 1,
17), l'autre a été imprimée par Fr. Tassi (Girone il Cortese, Florence,
1855). Cf. P. Rajna, Le fonti delVOrl. fur., 2e éd., Florence, 1900, p. 61-62.
6 Ils ont paru si déplacés que Luigi Alamanni, dans son poème Girone LE POÈME GREC DU VIEUX CHEVALIER 311
d'oeuvre : les exploits du Vieux Chevalier, Branor le Brun, et le
combat de Tristan contre Lancelot au Perron-Merlin. C'est l'ordre
même suivi, dès la fin du xine siècle, par les manuscrits de la comp
ilation française attribuée à Rusticiaus de Pise1.
Le premier de ces épisodes nous transporte à Camaalot, où le
roi Artur a réuni sa cour, comme à l'habitude, un jour de Pentec
ôte. Un chevalier inconnu, de taille gigantesque, se présente,
accompagné d'une demoiselle. Il défie les compagnons de la Table
Ronde et les rois de la suite d'Artur. La jeune fille, dit-il, sera le
prix accordé au vainqueur. Dédaignant ses adversaires, il ne prend
même pas de lance pour combattre : il fait guintaine, et la seule
force du choc renverse successivement Palamède, Gauvain, Lamo-
rat, douze chevaliers ; quand vient le tour d

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