Le concours général et son rôle dans la formation des élites universitaires au siècle 19e - article ; n°1 ; vol.31, pg 71-82

Jacques Champion

Description

Revue française de pédagogie - Année 1975 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 71-82
Historique du concours général créé en 1733 pour couronner la culture gréco-latine dans l'enseignement secondaire. Son règlement initial, son importance dans la vie nationale. Son éclipse par le développement de l'esprit scientifique et les concours d'entrée aux grandes écoles. Son avenir dans l'enseignement moderne.
The « Concours Général » and its role in the formation of a university elite in the XIXth century. — History of the « Concours Général » created in 1733 as a tribute to the Greco-Latin culture in secondary education. Its original regulations, its importance in the national life ; How the Concours Général has been superseded by the development of science and admission exams to high level institutes (Grandes Ecoles). Its position and prospect within the framework of modern education.
El concurso general y su papel en la formation de los universitarios mas escogidos en el siglo XIX. — Historia del concurso general creado en 1733 para premiar la cultura greco-latina en la segunda enseñanza. Su reglamento inicial, su importancia en la vida nacional. Su eclipse por el desarrollo del espiritu científico y los concursos de acceso a las grandes escuelas. Su provenir en la enseñanza moderna.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 51
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jacques Champion
Le concours général et son rôle dans la formation des élites
universitaires au siècle 19e
In: Revue française de pédagogie. Volume 31, 1975. pp. 71-82.
Résumé
Historique du concours général créé en 1733 pour couronner la culture gréco-latine dans l'enseignement secondaire. Son
règlement initial, son importance dans la vie nationale. Son éclipse par le développement de l'esprit scientifique et les concours
d'entrée aux grandes écoles. Son avenir dans l'enseignement moderne.
Abstract
The « Concours Général » and its role in the formation of a university elite in the XIXth century. — History of the « Concours
Général » created in 1733 as a tribute to the Greco-Latin culture in secondary education. Its original regulations, its importance in
the national life ; How the Concours Général has been superseded by the development of science and admission exams to high
level institutes (Grandes Ecoles). Its position and prospect within the framework of modern education.
Resumen
El concurso general y su papel en la formation de los universitarios mas escogidos en el siglo XIX. — Historia del concurso
general creado en 1733 para premiar la cultura greco-latina en la segunda enseñanza. Su reglamento inicial, su importancia en
la vida nacional. Su eclipse por el desarrollo del espiritu científico y los concursos de acceso a las grandes escuelas. Su provenir
en la enseñanza moderna.
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Champion Jacques. Le concours général et son rôle dans la formation des élites universitaires au siècle 19e. In: Revue
française de pédagogie. Volume 31, 1975. pp. 71-82.
doi : 10.3406/rfp.1975.1587
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1975_num_31_1_1587le début du XIXe siècle, étaient déposées aux Archives
nationales de France ; d'autres copies primées avaient été
reliées manuscrites ; elles sont conservées à la bibli
othèque de la Sorbonne, avec de nombreux autres docu
ments sur la fondation, la réglementation et les comptes LE CONCOURS GENERAL du concours, pour la période comprise entre 1744 et 1790.
Les copies originales du XVIII* siècle ont disparu, en ET SON ROLE
partie sous la Révolution, en partie avec celles de l'Empire
DANS LA FORMATION antérieures à 1809, dans l'incendie de la préfecture de
la Seine, sous la Commune de 1871. Quelques-unes cepenDES ELITES UNIVERSITAIRES dant nous sont parvenues, imprimées dans les recueils
d'Annales, publiées régulièrement à partir de 1825 (2). AU XIXe SIECLE
UNE INITIATIVE PRIVÉE DÉTOURNÉE DE SON BUT PAR
L'ÉTAT CENTRALISATEUR
Nous savons que le concours général fut institué par
un legs fait à l'université en 1733 par l'abbé Louis Le
Gendre, chanoine de Notre-Dame de Paris, mais exécuté
seulement en 1747, après plusieurs procès avec ses héri
tiers. Ce legs instituait des sortes de jeux quadriennaux,
comparables aux Jeux olympiques ou aux Jeux floraux,
mais où les prix « seront donnés aux personnes de quel
que sexe, de quelque nation, état ou profession qu'elles
soient, qui auront fait les trois plus belles pièces de
prose française, d'environ une demi-heure de lecture cha
cune, les trois plus belles pièces en vers héroïques fran
çais, au moins au nombre de cent, les trois plus belles
odes latines, au moins de dix strophes, de quatre vers...
et les trois plus belles pièces de musique... ».
Donc, dans l'esprit de son instigateur, un concours
Un jour viendra, où nous sentirons que nous international devait récompenser tous les quatre ans les
avons moins besoin assurément de savoir le grec « athlètes », d'abord de la culture française en vers et
et le latin, que le malabarais ou l'arabe. en prose, fussent-ils femmes ou étrangers, ensuite ceux
de la versification latine, à l'instar d'Horace dans son ode Abbé de Saint Pierre (1658-1743). « Odi Profanum vulgus et arceo », enfin, ceux de la
(1) Cette recherche était conduite dans le cadre de notre UNE MASSE DE DOCUMENTS projet de thèse d'Etat, déposé à Paris V, en juin 1971, sur : La
pédagogie du français : imprégnation antique et culture moderne Recherchant récemment un corpus constitué de (Professeur Snyders).
copies d'élèves, en vue d'une étude synchronique et dia- (2) Chez Brédif ou chez Hachette, éditeur jusqu'en 1830 ; puis, chronique de l'enseignement de la dissertation française au-delà, et jusqu'en 1903, chez Delalain frères, imprimeur officiel
depuis un siècle environ, je crus facilement trouver des de la Sorbnne.
Les Annales des sujets et des copies primées, publiées en copies du baccalauréat. Or, je m'aperçus vite que, mises 1825 et en 1827, retenaient quelques d'avant la, B*^*ttrnon> à part une ou deux de celles-ci publiées chaque année notamment des discours latins ou des, ^isco»»* *rro\ça\s, pour les
par « Le Figaro » et « Le Monde », assez régulièrement années 1751, 1757, 1763, 1777, 1Z8* >**»vrles recueils des années
suivantes, soit reliés ente» *«*> soit Publiés en fascicules séparés, depuis 1945, il était impossible d'en rassembler une suite on trouve la ***** complète de 1805 à 1903 à la Bibliothèque natiohistoriquement et statistiquement utilisable en s'adressant nal», une série moins complète à la bibliothèque de H.N.R.D.P.,
soit aux lycées, soit aux Archives départementales, soit 29, rue d'Ulm, ainsi qu'à la bibliothèque de la Sorbonne et à la
bibliothèque Saint-Geneviève (où se trouvent également des fasciaux Offices du baccalauréat (1). cules séparés pour la période de 1922 à 1969). Les bibliothèques Au contraire, et à notre grande surprise, des cen d'université en province possèdent aussi quelques-uns de t*s
taines de copies du concours général, conservées depuis recueils officiels.
71 pourvu qu'ils chantent « les louanges de la Qui donc était admis à concourir ? Les élèves désimusique,
nation ou de quelques-uns des grands hommes qu'elle gnés par les régents de classe au XVIII* siècle, les provi
seurs des lycées à partir de 1803. Seul l'acte de naissance a produits dans l'église, dans i'épée, dans la magistrature,
dans les sciences et les arts ». ou son équivalent était exigé, car les limites d'âge furent
très strictes à partir de 1850 (il n'en existait pas au début Or les exécuteurs du testament et les donateurs sui pour la rhétorique). Donc, ces limites étaient de 18 ans vants, les Coffin, les Coilot et le tout-puissant Etat cen pour la rhétorique, 19 ans pour la philosophie, mathémattralisateur, le bourbonien, le jacobin, le napoléonien iques élémentaires, physique 1r< année, 19 ans pour macomme le républicain, ont détourné la volonté du testa- thématiques spéciales et physique 2* année. L'âge limite taire, au moins deux fois, de son but primitif ; d'abord en 6e était donc de 13 ans, en 5e de 14 ans ; en rhétoen le réduisant à un test annuel de la valeur scolaire rique, les redoublants ou vétérans avaient le droit de se des candidats, élèves des seuls collèges parisiens de présenter à 19 et 20 ans. En 1859, les limites d'âge furent garçons à tous les niveaux de l'enseignement secondaire ; retardées, donc fixées entre 15 et 21 ans. ensuite, en le voulant consécration de la formation et de
A partir de 1805, comme sous l'ancien régime, toutes la culture classiques, c'est-à-dire latine et grecque,
les classes de l'enseignement secondaire furent appelées l'épreuve de discours français restant absente au-dessous
à concourir ; mais en 1848, on supprima la 6e ; en 1852, de la réthorique jusqu'en 1881.
la 5e ; en 1880 la 4e, par suite de l'augmentation considéOn dit donc au concours, à partir de 1747 : un discours rable du nombre des candidats pour les autres classes. latin, un discours français, une version grecque et une
Outre les lycées et collèges de Paris et de Versailles, pièce de vers latins pour la réthorique, un thème latin,
dont les noms changèrent au cours de l'histoire politune pièce de vers latins et une version grecque pour la
ique (4), furent admis à concourir, successivement les seconde, un thème latin, une version latine et une version
lycées de province et des départements et les classes de grecque pour la troisième. Ainsi inauguré, et couronné
l'