Le dysfonctionnement du système acier - article ; n°1 ; vol.8, pg 114-123
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1979 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 114-123
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Christian Stoffaës
Le dysfonctionnement du système acier
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 8. 2e trimestre 1979. pp. 114-123.
Citer ce document / Cite this document :
Stoffaës Christian. Le dysfonctionnement du système acier. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 8. 2e trimestre 1979. pp.
114-123.
doi : 10.3406/rei.1979.2863
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1979_num_8_1_2863CHRONIQUE
Le dysfonctionnement
du système acier.
par Christian STOFFAES
du Chef Ministère du Centre de d'Etudes l'Industrie et Prévisions
A l'heure où, en face de la profonde crise industrielle qui
traverse la France, certaines voix réclament une intervention plus ac
tive de l'Etat dans la planification des investissements, il n'est pas
inutile d'examiner le système d'interaction mis en place entre l'Etat et
la sidérurgie et la manière dont il a fonctionné.
L'intervention passée de l'Etat dans le secteur de l'acier il
lustre les risques de dysfonctionnement qui s'attachent à la planifica
tion étatique des investissements et des décisions industrielles et les
dérivés ou effets imprévus qui semblent entacher les meilleures intentions.
DE LA RECONSTRUCTION A L'EXPANSION : LA RELIGION DE L'INVESTISSEMENT
La sidérurgie était, avant la Seconde Guerre Mondiale, une i
ndustrie relativement "libérale" (l'intervention de l'Etat se réduisant
à des achats publics, d'équipement militaire ou civil), de capitalisme
familial (les Wendel, les Schneider et bien d'autres maîtres de forges)
et assez dispersée (au moins en comparaison de ce qu'on appelait alors
les cartels allemands) . Elle avait été au XIXème siècle une industrie
florissante mais s'était étiolée à l'ombre du protectionnisme et du re
tard de l'industrialisation française. Partiellement détruite par la
guerre, elle n'était pas à même de répondre spontanément aux besoins de
la Recontruction de la France. Le Premier Plan Monnet permet de diriger
vers la sidérurgie d'importantes ressources financières : les entrepri
ses sont encouragées à lancer des emprunts collectifs pour attirer l'é
pargne ; le traité de la C.E.C.A. fait disparaître, quelques années a-
vant le Marché Commun, les barrières aux échanges de charbon et d'acier
— 114 — — — REVUE D'ECONOMIE INDUSTRIELLE
dans la petite Europe et expose l'industrie sidérurgique française au vent
bénéfique de la concurrence. Avec l'édification d'aciéries et de laminoirs
modernes, l'équipement et la modernisation avancent à grands pas. La pro
duction passe de 4,5 millions de tonnes en 1946 à 12,5 en 1955, soit un
triplement en 10 ans. Parallèlement, pour éviter l'emballement de l'indice
général qui dépend beaucoup du prix de l'acier, le Gouvernement bloque ce
prix à plusieurs reprises, pour des périodes de quelques mois, qui corres
pondent aux phases hautes du cycle conjoncturel, lorsque la rareté de 1'
offre ne permet pas de faire face à la demande (1) .
En 1965/1966, un autre plan acier, négocié avec les industriels
à la recherche de nouveaux crédits par Michel Debré, alors Ministre des
Finances, prévoit une importante restructuration des entreprises : deux
grandes entreprises sont créées, USINOR à dominante Nord, et SACILOR-
SOLLAC, à dominante Lorraine. D'importants crédits du Trésor Public et
du Crédit National sont prévus pour financer la construction de deux gran
des aciéries sur l'eau aux hautes performances de productivité sur le mo
dèle japonais, l'une à Dunkerque d'abord, puis une autre à Fos-sur-Mer.
De nouveaux emprunts groupés sont lancés auprès des épargnants (GIS, GIFOS,
GIFIAP, etc..) avec la bénédiction sinon la garantie formelle de l'Etat.
Enfin, la Chambre Syndicale de la Sidérurgie se voit confier un rôle in
formel de puissance publique déléguée pour gérer la répartition des cré
dits de l'Etat et des fonds recueillis par les groupements et pour devenir
l'interlocuteur privilégié de l'Etat, écran entre celui-ci et les entre
prises .
Des investissements gigantesques sont alors entrepris. En cinq
ans, 6,6 milliards de francs de travaux neufs sont effectués. Le Trésor
Public prend en charge 30 % environ des dépenses en capital de 9,7
milliards de Francs. L'obsession de la Reconstruction, celle du tonnage
produit plutôt que celle de la rentabilité, poursuit. L'euphorie de l'ex
pansion inflationniste conduit à des projections excessives de la demande
d'acier à moyen et long terme, que traduisent les prévisions du Vème ,
Vlème et Vllème Plans. En 1971, les Pouvoirs Publics poussent à l'implan
tation d'un grand complexe moderne à Fos et prennent à leur charge, sous
forme de prêts, le quart environ de la dépense en capital de 10 milliards
de francs que représente la première tranche.
Avec l'argent prêté, sans trop de difficultés par l'Etat, les
banques et les épargnants, les entreprises édifient les installations mo
dernes de Dunkerque et de Fos, mais on ne ferme pas pour autant les vieil
les installations des régions sidérurgiques traditionnelles. On moder
nise en partie, certes, mais sans grande coordination entre les trois
principaux groupes concurrents, USINOR, SACILOR et CHIERS, ni sans se pré
occuper excessivement d'intégration, de rationalisation, d'élimination des
doubles emplois. Faute d'effectuer ces redéploiements de production, les
usines modernes ne tournent pas au plein de leurs capacités prévues ini
tialement (deuxième tranche) : mais l'expansion future de la demande d'
acier et de l'exportation devait prendre soin, en principe, d'occuper à
plein les installations et les effectifs. La production annuelle passe de
17 millions de tonnes en 1960 à un palier de 20 millions vers la fin des
années 60 et culmine a un sommet de 27 millions de tonnes en 1974 : le
Vllème Plan table sur une production de 34 de tonnes en 1980 (et
31 en hypothèse basse) . Les effectifs qui avaient décru lentement de 1960
à 1970 malgré l'augmentation de 40 % de la production en raison des gains
(1) C'est en particulier le cas des années 1949 et 1955 (blocage du plan
Ramadier) .Les marges bénéficiaires de la sidérurgie se laminent, les
difficultés s'amoncellent et les entreprises, pour faire face à leurs
plans d ' investissement , sont obligées de recourir à l'aide de l'Etat.
— 115 — — — REVUE D'ECONOMIE INDUSTRIELLE
de productivité, recommencent à croître à partir de 1972 : 15.000 emplois
nets sont créés en deux ans, faisant remonter les effectifs de 1974 au ni
veau de 1960 (158.000 personnes).
LA SIDERURGIE DEVANT LA CRISE
II n'est pas étonnant qu'un tel laxisme dans la politique d'in
vestissement ait amené la sidérurgie française dans un état de faiblesse
marqué devant la crise ouverte en 1974 :
- la dépression de l'économie mondiale, la plus profonde depuis la crise
des années 30, provoquée en partie par la ponction pétrolière, a fait
subir au taux de croissance français une inflexion d'une pente de 6 %
environ (sur 60/73) à une pente de 3 % (sur 74/79). Le secteur des biens
d'équipement, gros consommateur d'acier a en particulier subi le premier
choc de la crise de l'investissement : la consommation d'acier chute de
16 % en 1975 et ne reprend que lentement en 1976 et 1977. Les surcapaci
tés accumulées pendant la période précédente (achèvement des installa
tions décidéesen 1973/1974) conduisent à une chasse aux débouchés et à
une guerre des prix ruineuse entre les producteurs du monde entier ;
- la baisse tendancielle de l'élasticité de la consommation d'acier par
rapport au PNB. La croissance des économies avancées se poursuit en
consommant de moins en moins d'acier en raison notamment de l'amélio-
tion des performances techniques des aciers (pour construire un pont de
mêmes caractéristiques, il faut aujourd'hui deux fois moins de tonnage
d'acier qu'il y a vingt ans). Ce phénomène, ancien déjà aux Etats Unis
(les U.S.A. produisaient 90 MT en 1974 pas beaucoup plus qu'en 1944,
soit 18,6 % de la production mondiale) commençait aussi à affecter la
France: de 1960 à 1977 ,1a consommation spécif

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