Le lexique, entre la lexicologie et l hypothèse lexicaliste - article ; n°1 ; vol.30, pg 4-33
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Description

Langue française - Année 1976 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 4-33
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Simone Delesalle
Marie-Noëlle Gary-Prieur
Le lexique, entre la lexicologie et l'hypothèse lexicaliste
In: Langue française. N°30, 1976. pp. 4-33.
Citer ce document / Cite this document :
Delesalle Simone, Gary-Prieur Marie-Noëlle. Le lexique, entre la lexicologie et l'hypothèse lexicaliste. In: Langue française.
N°30, 1976. pp. 4-33.
doi : 10.3406/lfr.1976.6109
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1976_num_30_1_6109Simone Delesalle, Paris VIII.
Marie-Noëlle Gary-Prieur, Lille III.
LE LEXIQUE, ENTRE LA LEXICOLOGIE
ET L'HYPOTHÈSE LEXICALISTE
1. Points de vue sur le lexique
Pourquoi ce numéro, alors que le lexique a déjà été pris comme thème
de cette revue 1 ? Parce que nous estimons que, depuis six ans, la place de
l'étude du lexique à l'intérieur de la linguistique a changé de façon assez
considérable, et qu'il est utile aujourd'hui de faire le point sur la question
suivante : comment les théories linguistiques actuelles permettent-elles d'abor
der le lexique ?
Nous commencerons par situer rapidement le point de vue qui sera
le nôtre par rapport à ceux qui ont été pris précédemment, et que reflètent
notamment les n°" 2 et 4 de Langue française *.
Il sera question ici du lexique comme partie d'une grammaire (c'est le
sens du titre choisi pour ce numéro), grammaire étant pris au sens que lui
donne la théorie generative : modèle de la compétence des sujets parlants.
Nous nous démarquons donc de la lexicologie, de la sémantique lexicale et,
sur un autre plan, de la lexicographie.
1.1. La lexicologie : le lexique vu sous l'angle du discours.
On peut considérer que la lexicologie s'est développée, en gros, dans
deux directions 8.
1°) L'étude des relations (paradigmatiques) entre des unités lexicales
regroupées en fonction de critères d'ordre sémantico sociologiques. Par exemp
le, l'étude du vocabulaire de l'aviation4 est déterminée par l'apparition
1. Langue française, 2 (29).
2. Le n° 2 se donnait comme objet l'étude du lexique envisagé essentiellement
sous l'angle sémantique, et le n° 4, bien que consacré à la sémantique en général,
l'abordait dans la plupart des articles par l'étude de mots. Ces deux numéros nous
semblent donc complémentaires.
3. On peut consulter les Cahiers de lexicologie qui offrent un panorama complet
des différents types d'études faites dans ce domaine.
4. Guilbert (21). du point de vue linguistique) d'une sphère d'activité qui impose (contingente,
une organisation nouvelle d'un domaine lexical. La thèse de J. Dubois 5
est un autre exemple, particulièrement représentatif, de ce type d'analyse :
son domaine est délimité par la rencontre d'un champ notionnel (le voca
bulaire de la politique) et d'un intérêt historique (la période choisie).
2°) L'étude des relations entre des unités lexicales dans un texte. Ce
type de lexicologie se distingue du précédent en ce que les mots sont envi
sagés dans leur rapport à l'énoncé ; nous sommes, comme dans le premier
cas, l'ordre de la performance, il s'agit bien de signes-occurrences,
mais c'est l'axe syntagmatique qui est cette fois le support de l'analyse.
Les recherches menées dans cette direction ont privilégié deux types de
textes : la littérature et le discours politique. Un exemple d'étude lexico-
logique de type littéraire : l'article où H. Mitterand6 examine un ensemble
de mots désignant le visage dans Thérèse Raquin (visage, face, figure, phy
sionomie, masque) ; cette étude conduit à des conclusions qui concernent le
roman de Zola, non le fonctionnement de ces cinq unités dans la langue.
Pour le discours politique, on peut se référer par exemple à l'article de
J. B. Marcellesi dans Langue française n° 4 : le mot « socialisme », étudié
dans cet article, l'est à travers ses occurrences dans les Actes du Congrès
de Tours ; la description est, par conséquent, tributaire des conditions de
production de corpus.
De ces diverses études on peut dégager des remarques de deux ordres.
D'un côté, l'on voit se dessiner sur des signes-occurrences l'opposition que
la sémantique lexicale opère sur des signes-types entre des recherches de
structuration qui partent d'une notion (« le vocabulaire de... »), que
ce soit dans un domaine particulier ou dans un texte particulier, et des
recherches d'organisation lexicale qui partent d'un mot.
D'autre part, il n'est pas sans intérêt de noter la difficulté qu'a la
lexicologie textuelle à constituer précisément son objet ; tout se passe en
effet comme si l'étude des mots pris dans un texte glissait d'un côté vers
l'analyse des énoncés — et des phénomènes d'énonciation de ces énoncés —
autrement dit vers l'analyse du discours ; d'un autre côté vers l'étude des
organisations de termes dans un domaine particulier, rejoignant ainsi la
lexicologie non textuelle, au sens où nous l'avons d'abord définie.
Cette double tendance de la lexicologie textuelle : s'effacer au profit de
l'étude du fonctionnement textuel — ou faire passer le texte à l'état de
prétexte — se marque par exemple dans la transformation de l'intitulé
de l'équipe de recherche de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, qui,
de Centre de recherches de lexicologie politique, est devenue le Labor
atoire d'étude des textes politiques français.
On peut relever à ce propos l'ambiguïté de termes tels que celui de
politique, qui est utilisé tantôt pour définir un corpus, tantôt pour définir
un champ : dans la thèse de J.-B. Marcellesi, ce terme définit un type de
discours qui détermine le corpus, tandis que dans la thèse de J. Dubois, elle
définit un champ qui détermine la sélection des mots étudiés. La problémati
que de l'évolution de l'analyse du lexique dans les textes a d'ailleurs été
analysée par L. Guespin \ qui marque bien le passage du point de vue
« lexical » à une perspective conduisant aux frontières de la linguistique.
5. Dubois (10).
6. Mitterand (34).
7. Guespin (20). En fait, les mots saisis dans les textes sont pris par rapport au texte
et alors il s'agit d'un travail portant sur des performances discursives, avec
ce que cette approche suppose d'éléments transphrastiques, énonciatifs et
sociolinguistiques ; ou bien, les mots sont saisis à partir des textes pour être
confrontés dans une perspective qui est de l'ordre de ce que D. Slatka
appelle compétence générale 8, laquelle n'est pas la compétence au sens
linguistique du terme, mais plutôt une potentialité discursive, liée bien
entendu aux pratiques sociales, idéologiques, techniques, scientifiques, etc., et
donc centrée extra-linguistiquement.
Autrement dit, ce que la lexicologie atteint, au travers des champs et
des textes, c'est parfois un — ou des — vocabulaire (on note d'ailleurs
des hésitations significatives entre ce terme et celui de lexique), ce sont
des éléments de discours, des éléments de société ; ce n'est pas le lexique.
1. 2. La sémantique : le lexique vu sous l'angle du signe.
En revanche, le lexique est bien considéré comme un élément de la
langue dans les analyses de ce que l'on appelle « sémantique lexicale » ou
« sémantique structurale », ou souvent « sémantique ■» tout court, tant ce
travail représentait en France, jusqu'à ces dernières années, toutes les inves
tigations possibles du sens.
Il s'agit là d'analyses de type paradigmatique, centrées sur la recherche
de structurations lexicales entre les mots et de structuration sémantique à
l'intérieur d'un mot. Elles se sont développées à partir des années 30 et
s'inscrivent dans les conceptions de Saussure sur le signe, dans l'opposition
signifiant/ signifié, développée par Hjelmslev en : forme de l'expression/ forme
du contenu. Dans le domaine du lexique, fonder une sémantique structurale
a donc signifié un refus et un programme :
— le refus de ce qu'était la « sémantique » à la fin du xix* siècle,
lorsque Bréal a propos

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