Le personnel de la cour de Clément V - article ; n°1 ; vol.63, pg 139-181
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1951 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 139-181
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Guillemain
Le personnel de la cour de Clément V
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 63, 1951. pp. 139-181.
Citer ce document / Cite this document :
Guillemain Bernard. Le personnel de la cour de Clément V. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 63, 1951. pp. 139-181.
doi : 10.3406/mefr.1951.7364
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1951_num_63_1_7364LE PERSONNEL DE LA COUR DE CLEMENT V
M. Bernard Guillemain
Membre de l'École
Tandis qu'à partir de l'avènement de Jean XXII, une impression
nante série de documents dont la richesse n'a pas encore été épui
sée permet de connaître la puissance matérielle de la Papauté jus
qu'au retour à Rome et au Schisme, et spécialement le train de
vie de la cour pontificale, nous ne disposons, pour la période immé
diatement antérieure, que de pièces isolées ou incomplètes. Elles
jettent pourtant quelque clarté sur l'existence quotidienne de la
cour.
Durant la seconde moitié du xme siècle, la Papauté est presque
constamment itinérante *. Elle chemine à travers le Latium, l'Omb
rie, la Toscane, la Campanie même, s'attarde volontiers à. Viterbe,
Orvieto, Pérouse. Une précieuse liste du personnel qui entourait
Nicolas III en 1278 a été conservée2 ; elle indique plus de 200 per
sonnes — 218, semble-t-il — dont la rétribution était effectuée en
1 G. Mollat, Les papes d'Avignon, 8e éd., Paris, 1930, p. xi-xm.
2 Elle a été publiée intégralement par : P. Galletti, Memorie di tre
antiche chiese di Rieti, Rome, 1765, p. 171-183 ; — G. Moroni, Dizionar
io di erudiziene storico-ecclesiastica, Venise, 1844, t. XXIII, p. 40-48 ;
— Fr. Baethgen, Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der Päpstli
chen Hof-und Finanzverwaltung unter Bonifaz VIII, dans Quellen und
Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken des Preussis-
chen historischen Instituts in Rom, t. XX, 1928-1929, p. 195-206. Elle a
été utilisée par E. Muntz, L'argent et le luxe à la cour pontificale d'Avi
gnon, dans Revue des Questions historiques, t. LXVI, 1899, p. 34-35. 140 . Β. GUILLEMAIN
nature, puisqu'elles recevaient quotidiennement, selon leurs fonc
tions, des provisions (viandae) de la cuisine, de la paneterie et de
la bouteillerie, et des prébendes (pretendete) de la maréchalerie, les
quatre services domestiques de la cour.
Sous Boniface VI H, dont deux comptes figurent aux Archives
vaticanes 1, le système fut gardé ; toutefois, parmi les 310 à 350 cu-
riales, quelques-uns étaient payés en espèces : c'étaient les clercs
de la Chancellerie, les sommeliers 2 et les écuyers de la maréchalerie,
le juge des appels et la laveuse ; et, lorsque la cour se déplaçait à
Anagni, une indemnité journalière était versée à tous ceux qui
s'étaient trouvés dans l'impossibilité de toucher les rations ordi
naires en raison du voyage qui bouleversait les conditions du ravi
taillement. Quoique ces versements épisodiques fussent classés dans
le mandatum, les dépenses des quatre services représentaient 60 à
65 % des dépenses totales8. De ces serviteurs divers, les attribu
tions, les gages en nature, le mode de logement sont consignés dans
un document, probablement composé au début du pontificat de
Clément V, qui fixe les usages tels qu'ils s'établissaient à la mort
de Benoît XI 4.
Mais, avec Jean XXII, à peine quinze ans plus tard, l'organisa
tion de la cour présente des traits sensiblement différents qui per
sisteront jusqu'au départ de Grégoire XI. La Papauté s'est fixée
en Avignon ; elle n'est plus sur les routes. Les effectifs comprennent
1 Collectorie 446 (comptes de la Chambre du 30 janvier 1299 au
22 janvier 1300) et Introitus et Exitus 5 (comptes du 26 1302 au
25 1303). Leur étude a été faite par Baethgen, art. cit., p. 114-
237. Nous abrégeons Introitus et Exitus par : I.E.
8 Faut-il rappeler qu'au Moyen Age le mot sommelier (somalarius)
désigne un conducteur de bêtes de somme? Quand nous voudrons par
ler des préposés aux boissons, nous utiliserons le terme bou teiller (buti-
cularius).
3 Baethgen, art. cit., p. 128.
4 J. H aller, Zwei Aufzeichnungen Über die Beamten der Kurie im 13
und 14 Jahrhundert, dans Quellen und Forschungen, t. I, 1898, p. 1-38. LA COUR DE CLÉMENT V 141
de 3 à 400 personnes, sans qu'il soit facile de préciser beaucoup
plus, car des catégories entières de fonctionnaires ne figurent plus
sur les relevés de la Chambre, mais dépendent uniquement du ser
vice qui les emploie : tels sont les serviteurs subalternes de la cui
sine, de la maréchalerie, de l'aumônerie, de la prison, les scribes
de la Chancellerie, la plus grande partie du personnel de la Chambre.
La méthode des paiements en argent s'est généralisée x ; un cha
pitre spécial des comptes (celui des vadia ordinaria familiarium
pape) lui est consacré et chaque curialis reçoit, à intervalles régul
iers — toutes les huit semaines dès la quatrième année du pontif
icat (1319-1320) — un traitement calculé sur le nombre de jours
de présence, ou bien, s'il a été envoyé en mission, une indemnité
déterminée. Dans un autre chapitre (pensiones hospitiorum fami
liarium pape) sont notées les allocations de logement attribuées à
certains ou les loyers qu'une commission de trois personnes a aupa
ravant évalués.
Aussi n'est-il pas étonnant que les quatre services domestiques,
qui n'ont plus à assurer les distributions de l'époque antérieure,
n'absorbent plus qu'une faible part des dépenses8 : 6,84 % la pre
mière année du règne (1316-1317), 5,4 % la seconde (1317-1318),
2,83 % pour l'ensemble des dix-huit années. En faisant entrer en
ligne de compte le chapitre des traitements ordinaires et celui des
traitements extraordinaires, afin de retrouver approximativement
les charges supportées auparavant par les services domestiques, la
proportion s'élève respectivement à 41,31 % pour la première an
née, 31,7 % pour la seconde et seulement 18,33 % pour le pontif
icat. Il est vrai que la Chambre répondait alors aux besoins con-
1 Nous résumons K. H. Schäfer, Die Ausgaben der Apostolichen Kamm
er unter Johann XXII, Paderborn, 1911, p. 544-548.
8 Voir Schäfer, Ibid., p. 20-37, et Y. Renouard, Les relations des
papes d'Avignon et des compagnies commerciales et bancaires de 1316 à
1378 (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, fase. 151),
Paris, 1-941, tableau II, p. 32. 142 Β. GUILLEMAIN
sidérables des guerres que l'on trouve sous la curieuse et vague
rubrique : pro cera et quibusdam extraordinariis, qui représentait
63,7 % des dépenses.
On distingue donc les grandes lignes de l'évolution qui trans
forme la cour nomade, au système primitif de rémunération, aux
rouages encore mal définis, des dernières années du xme siècle et
des toutes premières du xiv®, en une cour sédentaire, remarqua
blement organisée et financée, dès le début du règne de Jean XXII.
Mais l'attention a-t-elle été suffisamment attirée sur le pontificat-
charnière de Clément V (1305-1314)? N'y a-t-il pas intérêt à ten
ter de saisir sur le vif les transformations que la comparaison
esquissée dénonce, à montrer ce que la cour du pape gascon avait
de semblable à celle de ses prédécesseurs et en quoi elle annonçait
celle de son successeur?
Trois registres de comptes, conservés aux Archives vaticanes
dans la série des Introitus et Exitus, doivent nous fournir les él
éments de la réponse : deux d'entre eux ont été publiés 1 ; le troi
sième, quoique connu, reste inédit2 : ils contiennent en gros les
années 1307, 1309 et 1310, des fragments datant même des pre-
1 /. E. 8 (11 mars-17 novembre 1307), /. E. 10 (14 novembre 1309-
23 octobre 1310, 18 décembre 1310-5 mars 1311, 18 juin-2 juillet 1311),
publiés dans Regesti Clementis Papae V, editi cura et studio monacho-
rum ordinis S. Benedicti, Rome, 1892, Appendices, t. I, p. 1-180. En
abrégé : Cl. V, Ap.
2 /. E. 75, in-8°, p. p., 60 feuillets en assez mauvais état, rongés par
l'humidité (22 novembre 1308-17 octobre 1309). M. Jean Rott a consa
cré son mémoire remis à l'Institut à l'issue de son séjour à Rome aux
Finances de la

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