Le Puy-de-Dôme a-t-il été allergique à la colonisation de l Algérie (1844-1870)? - article ; n°1 ; vol.43, pg 138-150
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Le Puy-de-Dôme a-t-il été allergique à la colonisation de l'Algérie (1844-1870)? - article ; n°1 ; vol.43, pg 138-150

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1987 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 138-150
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 116
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francis Koerner
Le Puy-de-Dôme a-t-il été allergique à la colonisation de
l'Algérie (1844-1870)?
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°43, 1987. pp. 138-150.
Citer ce document / Cite this document :
Koerner Francis. Le Puy-de-Dôme a-t-il été allergique à la colonisation de l'Algérie (1844-1870)?. In: Revue de l'Occident
musulman et de la Méditerranée, N°43, 1987. pp. 138-150.
doi : 10.3406/remmm.1987.2146
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1987_num_43_1_2146Francis Koerner
LE PUY-DE-DÔME A-T-IL ÉTÉ ALLERGIQUE
A LA COLONISATION EN ALGÉRIE (1844-1870)?
En août 1844, le sous-secrétaire d'État à l'Intérieur, sollicité par le ministère
de la Guerre, demande qu'on établisse des statistiques pour apprécier à sa juste
valeur le mouvement d'émigration qui n'a cessé de s'amplifier en France depuis
le retour à la paix en Algérie.
Rien n'interdit de penser a priori que les régions centrales en contact avec le
monde méditerranéen depuis le Moyen Age aient songé à la colonisation en pays
musulman. D'ailleurs les migrants auvergnats participaient dans le passé à une
colonisation bien plus lointaine, en Nouvelle-France (1660-1720), aux «Isles» et
en Guyane1. M. Poitrineau signale un peu plus tard le rachat de six Trinitaires
en Afrique du Nord2.
Au-delà de l'aspect des migrations temporaires très intenses aux xvne et xvme
siècles, certains auteurs se sont attachés à montrer au xixe siècle l'hémorragie due
aux migrations définitives. Le canton de Besse fournit 14 % d'émigrants au cours
de la première moitié du XIXe siècle, puis 7 % entre 1860 et 18833. Une étude
sur la commune de Fernoël confirme point par point ces chiffres, soit 14 % de
migrants définitifs entre 1836-1846, suivi d'un fléchissement sensible après 1866
en raison des travaux rémunérateurs dans le département. Tout le monde connaît
par ailleurs l'émigration intérieure qui aboutit dans les années 1880 à une vérita
ble colonisation de Paris5. Il semble qu'il faille, d'après F. Raison, reporter ce
phénomène dans les premières années du xixe siècle6.
ROMM 43, 1987-1 Le Puy-de-Dôme et la colonisation de l'Algérie / 139
UN PREMIER CONSTAT EN 1844
Le phénomène de la colonisation algérienne est à peine amorcé à ce moment
tout comme dans le Cantal7. Les statistiques par arrondissement donnent le résul
tat suivant :
Familles Isolés Professions
Toti
Nombre Membres
vateur Maçon ier
Clermont-
1 6 6 1 Ferrand 2 8
14 Culti 2 CoutelIssoire 1 1
Riom r 4 6 10 10
Thiers î 2 1 1 1 3
3 8 16 1 22
Les renseignements complémentaires ne sont pas à négliger bien que les chiffres
soient quelquefois d'un maniement difficile en raison des ratures, des corrections,
d'une impression d'incertitude totale. Sur les 17 chefs de familles, 2 sont d'anciens
militaires et il se peut que le nombre de soldats démobilisés sur place soit beau
coup plus nombreux. Les statistiques mentionnent aussi les sommes d'argent
qu'emportent les emigrants, 6 500 F à Clermont-Ferrand, 850 F à Riom, 1 600 F
à Thiers. Ces chiffres, bien disparates, n'ont peut-être pas grande signification.
On attend d'être installé en Algérie pour vendre quelque bien de famille, ou bien
on laisse les sommes en dépôt chez les notaires afin de pourvoir aux besoins des
enfants qu'on viendra prendre plus tard, quand la situation sera moins précaire.
Dans certains cas aussi, l'émigration est une émigration de la misère.
«Les émigrations, écrit le sous-préfet de Riom, ont pour cause le besoin d'ouvrage,
le peu de ressources pécuniaires, le désir de voir améliorer les positions sociales, l'espoir
de faire fortune. »
Mêmes constatations à Issoire où l'on envisage à peine l'expatriation outre-mer :
«L'émigration n'est pas encore entrée dans les mœurs des habitants de l'arrondiss
ement d'Issoire; elle n'a lieu que vers l'intérieur de la France, notamment par Paris et
des départements qui l'environnent. En raison du retour au calme au Maroc et en Algérie,
une demande de renseignement pour une concession de terre vient d'être enregistrée. »
Le seul départ concerne une cantinière.
Le phénomène de migration temporaire semble d'ailleurs se répercuter sur l'émi
gration définitive. L'Auvergnat veut voir, veut savoir quel sera son nouveau genre
de vie. Les plans des lots de colonisation ne lui suffisent pas. Si l'émigration outre
mer ne lui plaît pas, il revient au pays. 140 / F. Koerner
Arrondissement de Riom
Familles Membres Isolés Tot
vateurs pentiers
Aigueperse 2 7 3 7 1 10
Ennezat 1 4 4
Pontgibaud 4 2 4
Riom 1 1
Sur les 19 personnes enregistrées, 9 sont apparemment déjà de retour, ce qui
explique le scepticisme administratif à Clermont.
«Depuis la conquête jusqu'en 1842, il n'y a d'émigration pour l'Algérie. Du moins
on n'a aucun renseignement à ce sujet. Si quelques individus s'y sont rendus pendant
cette période pour tenter la fortune (sic) ils en sont revenus après un court séjour. »
Rien ne fait croire à un mouvement plus profond dans les années suivantes. Un
seul emigrant a obtenu une concession de terre. Tous les autres individus sont
sans ressources.
LES DEMANDES D'ÉMIGRATION (1844-1847)
Jusque dans les premières années du Second Empire, les archives marquent une
grande incertitude. Les dossiers traitant de la colonisation en Algérie ne font ment
ion que des demandes de départ. Elles nous montrent les catégories susceptibles
d'envisager l'émigration. Une étude exhaustive demanderait à recouper ces demandes
de départ par les passeports réellement délivrés.
Demandes de départ
1844 1845 1846 1847 Total
Chefs de famille 12 25 16 32 85
4 10 15 32 Artisans 3
11 4 9 32 Cultivateurs 6
3 2 5 Maçons
1 1 Médecins
Femmes rejoignant
leur mari 5 5
Divers 8 1 8 17
12 25 16 32 97
Les cultivateurs demandent à partir isolés ou en groupe. Plusieurs demandes asso
ciées arrivent de la région de Billom; or la demande individuelle est obligatoire.
La plupart ne demandent pas l'accession à la propriété en Algérie. Ils envisagent
de devenir manœuvriers, terrassiers, c'est-à-dire ouvriers agricoles sur un domaine.
Dans le cas d'une demande de concession on cherche à faire intervenir des personn
alités politiques. M. Terrasse- Verny d'Issoire demande le concours de M. Gizot Le Puy-de-Dôme et la colonisation de l'Algérie I 141
de l'Anglade, député, pour une concession de 100 ha. Philibert Margeride est appuyé
par le préfet de la Loire-Inférieure pour un lot dans la région de Blidah.
«Nantes, 12 novembre 1843
M. Margeride Philibert, propriétaire autrefois d'un fonds de commerce à Clermont a
quitté cette ville, il y a 9 ans, pour venir s'attacher près de Paris à l'exploitation agri
cole d'une fabrique de sucre de betteraves appartenant à mon frère; il a étudié avec
soin et pratiqué sous la directrion d'agronomes distingués, les meilleures méthodes d'agri
culture; il avait déjà acquis les premiers principes de cette science en exploitant lui-
même, pendant 12 ans, de petites propriétés qu'il possède à Vic-le-Comte et à
Clermont...»
Il va sans dire que Margeride constitue un excellent candidat pour la colonisation.
Une autre demande de concession émane de M. Andrieux, médecin à Thiers,
pour un lot de 100 ha à Blidah. Il a à sa disposition 200 000 F pour la faire fructifier.
Comme on le voit, à peine 10 % des demandes concernent une concession. Seule
la bourgeoisie possède les fonds nécessaires.
Les artisans semblent de plus en plus intéressés par l'Algérie. Toutefois il ne
faut pas toujours établir une différence totale entre artisans et paysans. Beaucoup
d'artisans ont un genre de vie mixte. Les métiers les plus intéressés par l'expatria
tion sont les charrons, les maçons, les couteliers, les charpentiers, les plâtriers,
les potiers. Rien à voir avec la palette des métiers des migrants temporaires. Le
phénomène n'a pas assez d'ampleur pour qu'on puisse le mettre

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