Le roman politique des écrivains algériens de langue arabe - article ; n°1 ; vol.54, pg 96-110
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Mots - Année 1998 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 96-110
LE ROMAN POLITIQUE DES ÉCRIVAINS ALGÉRIENS DE LANGUE ARABE Dans la littérature algérienne, l'arabe, l'islam et l'attachement à certaines valeurs de l'identité algérienne ont constitué des enjeux politiques. En langue arabe, cette littérature reprend les thèmes fondateurs de l'idéologie nationaliste et s'efforce de participer au projet national de création d'une langue et d'une culture. Une mythologisation des personnages et de l'histoire tend à créer nouvelles références et valeurs nationales, sans succès.
THE POLITICAL NOVEL AS WRITTEN BY ALGERIAN AUTHORS IN ARABIC Arabic, Islam, and an attachment to certain values within Algerian identity, have constituted the principle political claims made in Algerian literature. The literature written in Arabic takes up the founding themes of nationalist ideology and vigorously strives to participate in the national project of the creation of a language and a culture. A mythologization of personalities and history attempts to create new points of reference and national values, without success.
LA NOVELA POLÍTICA DE LOS ESCRITORES ARGELINOS DE LENGUA ARABE En la literatura argelina, el arabe, el islam y el apego a ciertos valores especificos de la identidad argelina constituyeron verderas apuestas políticas. La literatura de lengua arabe vuelve pues a utilizar los temas fundadores de la ideologia nacionalista y se esfuerza a paticipar en el poyecto nacional de creación de una lengua y de una cultura. Una mitologización de los personajes y de la historia tiende a la creación de nuevos valores y referencias nacionales pero sin gran resultado.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rita Salam
Le roman politique des écrivains algériens de langue arabe
In: Mots, mars 1998, N°54. pp. 96-110.
Resumen
LA NOVELA POLÍTICA DE LOS ESCRITORES ARGELINOS DE LENGUA ARABE En la literatura argelina, el arabe, el islam y
el apego a ciertos valores especificos de la identidad argelina constituyeron verderas apuestas políticas. La literatura de lengua
arabe vuelve pues a utilizar los temas fundadores de la ideologia nacionalista y se esfuerza a paticipar en el poyecto nacional de
creación de una lengua y de una cultura. Una mitologización de los personajes y de la historia tiende a la creación de nuevos
valores y referencias nacionales pero sin gran resultado.
Abstract
THE POLITICAL NOVEL AS WRITTEN BY ALGERIAN AUTHORS IN ARABIC Arabic, Islam, and an attachment to certain
values within Algerian identity, have constituted the principle political claims made in Algerian literature. The literature written in
Arabic takes up the founding themes of nationalist ideology and vigorously strives to participate in the national project of the
creation of a language and a culture. A mythologization of personalities and history attempts to create new points of reference
and national values, without success.
Résumé
LE ROMAN POLITIQUE DES ÉCRIVAINS ALGÉRIENS DE LANGUE ARABE Dans la littérature algérienne, l'arabe, l'islam et
l'attachement à certaines valeurs de l'identité algérienne ont constitué des enjeux politiques. En langue arabe, cette littérature
reprend les thèmes fondateurs de l'idéologie nationaliste et s'efforce de participer au projet national de création d'une langue et
d'une culture. Une mythologisation des personnages et de l'histoire tend à créer nouvelles références et valeurs nationales, sans
succès.
Citer ce document / Cite this document :
Salam Rita. Le roman politique des écrivains algériens de langue arabe. In: Mots, mars 1998, N°54. pp. 96-110.
doi : 10.3406/mots.1998.2330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1998_num_54_1_2330SALAM0 Rita
Le roman politique
des écrivains algériens
de langue arabe
« C'est le chien qui n'a pas été en
mesure d'aboyer qui fournit à Sherlock
Holmes l'indice capital. Les nationalismes
qui n'ont pas réussi à aboyer sont en nombre
bien supérieur à ceux qui y sont parvenus. »
Ernest Gellner1
Le thème du lien étroit entre langue et littérature, la seconde
contribuant à consacrer, voire créer, la première, avec l'aide de
l'écrivain (« Dante, créateur de l'italien »), a maintes fois été
développé, en particulier en contexte de construction nationale où
la langue, une et légitime, est l'une des conditions de l'existence
de la nation, une et indivisible. Dans son essai sur le « mythe du
génie de la langue française », Henri Meschonnic montre tout ce
travail de légitimation de la langue à travers divers processus de
mythologisation, sélection, tri, rejet et choix fondamentaux qui
accompagnent l'édification de la nation française2.
Pour ce qui concerne l'Algérie indépendante, on a pu observer,
dans un passé plus récent, des mécanismes similaires de légitimation
et mythologisation, d'investissement émotionnel, pour ne pas dire
° Laboratoire de lexicométrie et textes politiques, ENS Fontenay Saint-Cloud, Le
Parc, Grille d'Honneur, 92211, Saint-Cloud.
1. E. Gellner, Nation et nationalisme, Paris, Payot, 1994, p. 69.
2. H. Meschonnic, De la langue française, Paris, Hachette, 1997.
96 Mots, 54, mars 98, p. 96 à 110 dans une langue et une culture nationales devenues passionnel,
enjeux politiques et objets d'intense polémique, ainsi que des
tentatives pour éliminer du champ linguistique et culturel les autres
langues et cultures en présence. De quelle manière la production
romanesque de langue arabe a-t-elle pu contribuer à prendre en
charge la construction d'une culture nationale ? L'œuvre romanesque
des écrivains des années 1970 et 1980 peut constituer un bon
témoignage dans ce domaine.
Précisons d'abord que, dans le monde arabe, le roman est un
phénomène récent1, puisque le champ littéraire a longtemps été
dominé par la poésie. Dans le contexte algérien, notamment pendant
la période coloniale, celle-ci a été associée intimement au mouve
ment religieux salafite2 et sa fonction appréhendée dans le cadre
de la lutte anticolonialiste.
En effet, la langue arabe, étroitement liée à l'Islam ainsi qu'à
une conception conservatrice du rôle social de la femme, a constitué
durant la colonisation puis la lutte de libération, mais aussi largement
après, une « valeur-refuge » et un enjeu politique d'autant plus
fondamentaux qu'ils étaient pris pour base d'une identité algérienne,
« aliénée » et dépossédée par le colonisateur. C'est pourquoi leur
nécessaire « renaissance » a figuré sur l'agenda politique de l'Algérie
indépendante comme l'une des priorités de l'Etat algérien.
Pour ce qui est du roman, sans parler de la production littéraire
des natifs français de l'Algérie dont l'influence ne saurait être
occultée, et même s'il est possible de citer quelques noms de
romanciers de langue arabe, on considère qu'il n'émerge véritabl
ement qu'au cours des années 1950, avec les œuvres de Mouloud
Feraoun et surtout le fameux roman-poème de Kateb Yacine :
Nedjma.
La production romanesque en français précède donc historiquement
la en arabe, qui a attendu près de dix ans après
l'indépendance pour apparaître sur le marché, et encore avec un
nombre restreint d'écrivains (cinq ou six si l'on considère ceux qui
1. Le premier roman arabe, Zayneb de Muhammad Hey kal est paru en 1914 en
Egypte.
2. Désigné aussi sous les termes de « salafiyya » ou de « Islâh », le mouvement
salafite est un courant réformiste musulman né à la fin du 19e siècle sous l'impulsion
de doctrinaires comme Jamal ad-dîn al-Afghânî, Muhammad Abdou ou Rachid Ridhâ
qui prêchaient un retour aux sources de l'Islam par une relecture du texte coranique
au service d'une renaissance religieuse, culturelle et politique du monde musulman.
Ses plus éminents représentants au Maghreb sont Allai al-Fassi (Maroc) et Ahmed
Ben Badis (Algérie) qui ont constitué en outre des références importantes pour les
mouvements nationalistes de ces pays.
97 ont rencontré une audience notable) et peu d'ouvrages (quelques
dizaines de romans et de recueils de nouvelles), comparativement
à la production de langue française, à laquelle l'édition et la
diffusion en France ont longtemps garanti à la fois la liberté
d'expression et la notoriété.
Notre choix sera donc aisé ; nous ne nous intéresserons ici qu'aux
deux écrivains considérés comme les « pères » de cette littérature :
Abdelhamid Benhaddouga et Tahar Ouettar, dont la production reste
à la fois la plus féconde et la plus connue dans l'Algérie des
années 1970 à 1980 comme dans le monde arabe ou, grâce aux
traductions, dans les pays « frères », alliés politiques de l'Algérie
d'alors.
Ces écrivains présentent de nombreux points communs : tous
deux sont issus de l'Est algérien (région d'origine de nombreux
dirigeants) ; ils sont arabisants de formation (même s'ils parlent
français et aussi, pour ce qui est de Behaddouga, berbère) ; tous
deux ont étudié à la Zitouna de Tunis, où ils ont acquis une culture
savante fortement imprégnée de religieux. Mais leur engagement
politique précoce dans le MTLD puis au FLN pour le premier,
dans la mouvance de l'association des Ulémas (dont il a fréquenté
l'école) puis dans le FLN pour le second, qui sera en outre
longtemps proche de la mouvance communiste, va être déterminant
dans la formation de leur culture politique, leur action militante et
leur création littéraire. Enfin, l'un et l'autre ont joué un rôle
important au sein d'instances officielles, telles que la radio, la
presse nationale ou l'Union des écrivains algériens. Que leur œuvre
soit « engagée », voilà qui ne fait pas de doute. C'est d'ailleurs la
revendication de ces écrivains eux-mêmes (notamment

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