Les animateurs de télévision - article ; n°28 ; vol.6, pg 55-111
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Description

Réseaux - Année 1988 - Volume 6 - Numéro 28 - Pages 55-111
57 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Sabine Chalvon-Demersay
Dominique Pasquier
Les animateurs de télévision
In: Réseaux, 1988, volume 6 n°28. pp. 55-111.
Citer ce document / Cite this document :
Chalvon-Demersay Sabine, Pasquier Dominique. Les animateurs de télévision. In: Réseaux, 1988, volume 6 n°28. pp. 55-111.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1988_num_6_28_1268ANIMATEURS DE TÉLÉVISION LES
Sabine Dominique CHALVON-DEMERSAY PASQUIER
CNRS/CNET
if LES ANIMATEURS, UNE EXPECE EN VOIE DE DISPARITION ?
L'EXEMPLE AMERICAIN
Les animateurs français ont-ils eu raison de souhai
ter une privatisation de la télévision ? C'est une question
que l'on peut vraiment se poser lorsqu'on étudie l'évolution
des grilles de programme de la télévision américaine ces
trente dernières années : la logique d'un système télévisuel
commercial en situation de forte concurrence conduit visible
ment à réduire le nombre et la place des animateurs dans les
programmes. Un simple chiffre donne une idée du décalage actuel
entre la France et les Etats Unis : en 1985, les trois net
works américains (ABC, CBS, NBC) utilisaient une vingtaine
d'animateurs dans leurs programmes nationaux (1) ; la même
(1) Nous limiterons nos analyses dans ce texte aux programmes
proposés par les "networks", ces trois réseaux de télé
vision nationaux qui regroupaient, jusqu'en 1983, 80 %
de l'ensemble des stations de télévision commerciale.
Depuis cette date, le développement des marchés de la
vidéo et du câble d'un côté, la multiplication des sta
tions indépendantes de l'autre, ont beaucoup ébranlé
l'empire des networks qui ne sont désormais plus en situa
tion hégémonique dans certains marchés télévisuels. Mais,
dans la perspective historique qui nous intéresse ici,
ces changements récents ne modifient pas les analyses des
grilles de programme qui peuvent être faites. Enfin, le
réseau de télévision publique, PBS, dont on ne parlera
pas non plus, n'emploie que quelques animateurs (de 5 à
10 selon les périodes et les stations) et recueille une
audience trop faible pour modifier nos observations.
57 les chaînes françaises en employaient plus de 150... année,
Il serait bien sûr tout à fait absurde de prétendre
que la télévision française est condamnée à suivre, avec
quelques années d'écart, le modèle américain. Les deux systè
mes télévisuels ont des traditions différentes (la télévision
publique est depuis toujours très marginale aux Etats Unis),
et ils sont en outre régis par des règles dissemblables : en
France, les chaînes, même privées, restent soumises à un
cahier des charges qui stipule des quotas de production spé
cifiques. Enfin, rien ne permet d'affirmer que, placés dans
les mêmes conditions, les publics américains et français
effectueraient les mêmes choix en matière de programmes. La
France est de l'avis de beaucoup d'observateurs, un pays où
l'attachement aux animateurs est particulièrement fort, comme
en témoigne par exemple la survivance des speakerines (1) .
Toutefois, le cas américain, s'il n'est pas transpo-
sable tel quel, n'en apporte pas moins un éclairage irrempla
çable sur le problème de la place des animateurs dans l'ins
titution télévisuels. Ce qui importe est d'ailleurs moins le
constat d'absence des animateurs dans les grilles actuelles,
que l'analyse des modalités de leur disparition progressive,
et surtout des logiques qui la soutendaient . La télévision
américaine permet de poser une question fondamentale : les
animateurs sont-ils nécessaires, et en quoi le sont-ils ?
En France, les animateurs de télévision ont été jus
qu'à une période récente une évidence que l'on ne discutait
pas tant ils faisaient partie intégrante de l'univers télé
visuel national. Il aura fallu le démarrage des chaînes
commerciales et surtout les campagnes de presse déclenchées
(1) Cf par exemple les observations d'Elise Véron à propos
des présentateurs d'émissions scientifiques. Réseaux
n°21 , décembre 1986.
58 les négociations de salaires menées au par
moment des privatisations de 1987, pour qu'un
public et des dirigeants d'antenne indignés en viennent à
remettre en question la légitimité des prétentions des anima
teurs vedettes. Désormais, en France, on attend des animaqu'ils justifient leur présence. Aux Etats Unis, quand
la question s'est posée il y a plus de 20 ans, la manière
dont elle a été résolue n'a pas été, c'est le moins qu'on
puisse dire, tellement favorable aux animateurs. Aujourd'hui,
les animateurs constituent aux yeux des programmateurs améri
cains une solution bon marché pour les créneaux horaires qui
offrent de toute façon une faible rentabilité publicitaire.
Le contraste avec l'animateur vedette des chaînes françaises
qui trône sur le créneau de 20 h 30 est extrême : l'anima
teur le plus populaire et le mieux payé de la télévision amé
ricaine, Johnny Carson, démarre son émission quotidienne sur
NBC à 23 h 30. On ne s'y trompera pas : en agissant ainsi,
les programmateurs américains n'ont fait que suivre les goûts
du public, et c'est bien celui-ci qui a sacrifié ses anima
teurs vedettes à la fiction télévisuelle. Aujourd'hui,
aucun programmateur ne pourrait courir le risque de diffuser
une émission de variétés régulière aux heures ou les chaînes
concurrentes offrent le meilleur de leur production en matiè
re de fiction.
Pourtant, les animateurs n'ont pas toujours été des
personnages secondaires de la télévision américaine, tant s'en
faut. Jusqu'aux années 60/65, ils ont au contraire joué un
rôle décisif dans le développement de la télévision auprès
du grand public, et occupé une place centrale dans le système
télévisuel. Leur déclin, qui s'amorce brutalement avec la
fin de la pratique du direct pour les séquences commerciales
à partir des années cinquante cinq, se poursuit ensuite avec
la disparition de la plupart des genres télévisuels nécessi
tant la présence d'un animateur, et l'essor de nouvelles
59 catégories de médiateurs qui vont les remplacer dans l'esprit
du public. Une révolution technologique d'un côté, une évolu
tion des grilles de programmes de l'autre, auront eu, en quel
ques années, raison de personnalités télévisuelles dont le
prestige auprès du grand public et le pouvoir au sein des
chaînes semblaient sans limite. Et tout laisse penser qu'il
ne s!agit pas d'un revers de fortune passager : depuis plus
de douze ans, les quelques animateurs qui parviennent à se
maintenir dans les grilles des trois networks doivent se
contenter de cases horaires de faible écoute, et des deux
seuls genres télévisuels qui leur soient encore offerts : les
jeux et les talk shows.
Quand on sait que c'est le renforcement de la concur
rence entre les trois networks qui est directement à l'origine
de cette situation, on est tenté de considérer avec un certain
septicisme les analyses optimistes que faisaient la plupart
des animateurs à l'annonce de la fin du monopole public en
France. Au-delà de ses spécificités nationales, la télévision
américaine est un modèle de logique de rentabilité télévi
suelle dont l'analyse offre un éclairage sur l'avenir possible
de toute télévision placée dans le même contexte. Avant de
se réjouir des gains qui leur sont désormais accordés, les
animateurs français devraient peut-être s'inquiéter du sort
qui les attend.
LA FIN DES ANNOUNCERS
L'announcer est un personnage clé de la télévision
américaine jusqu'aux années 60 où l'usage de la vidéo pour
le tournage en différé des séquences publicitaires se généra
lise, rendant ainsi sa présence inutile. En fait, le terme
d 'announcer peut prêter à confusion car il recouvre deux
réalités distinctes.
60 Etre announcer est pour certains une fonction :
c'est le cas pour les animateurs rég

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