Les caractéristiques d une ville arabe «moyenne» au XVIIIe siècle. Le cas de Constantine - article ; n°1 ; vol.44, pg 134-147
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Les caractéristiques d'une ville arabe «moyenne» au XVIIIe siècle. Le cas de Constantine - article ; n°1 ; vol.44, pg 134-147

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1987 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 134-147
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Raymond
Les caractéristiques d'une ville arabe «moyenne» au XVIIIe
siècle. Le cas de Constantine
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°44, 1987. pp. 134-147.
Citer ce document / Cite this document :
Raymond André. Les caractéristiques d'une ville arabe «moyenne» au XVIIIe siècle. Le cas de Constantine. In: Revue de
l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°44, 1987. pp. 134-147.
doi : 10.3406/remmm.1987.2163
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1987_num_44_1_2163André Raymond
LES CARACTÉRISTIQUES D'UNE VILLE ARABE
«MOYENNE» AU XVIIIe SIÈCLE.
LE CAS DE CONSTANTINE
Les grandes villes arabes, c'est-à-dire celles qui avaient rang de capitales provinc
iales, pendant la période ottomane, sont relativement bien connues, encore que
des lacunes graves existent dans notre documentation puisque, par exemple, Tunis
ou Damas n'ont fait l'objet d'aucune étude générale, et a fortiori d'aucune étude
sur cette période de trois siècles.
J'ai essayé, dans un travail d'ensemble1, de définir les traits généraux de leur
structure, de leurs activités et de leur population, que je me contenterai ici de rap
peler brièvement : prédominance des activités économiques qui se traduit par une
structure fortement radio-concentrique, la zone des marchés et des caravansérails
étant située au centre de la ville; opposition très marquée de la zone d'activité
économique et des zones consacrées à la résidence, opposition que révêle l'organi
sation de réseaux de voirie très fortement contrastés (rues relativement larges et
régulières dans le centre; réseau de rues au dessin très irrégulier, s'achevant fr
équemment en impasses dans les régions périphériques où se développent des quart
iers souvent fermés); population très variée dans sa composition, et organisée en
communautés suivant le système du millet, avec ses deux aspects complémentaires
(relative autonomie des groupements intéressés, contrôle exercé par les autorités).
Nous ne disposons pas sur les villes «moyennes» de monographies assez pré
cises pour qu'il soit possible de vérifier si les traits de structure relevés pour des
capitales comme Alger, Tunis, Le Caire, Damas, Alep, Mossoul et Baghdad se
retrouvent également dans des villes d'importance plus réduite, de statut politique
plus modeste, d'activité économique moins diversifiée. L'exploitation des sources
d'archives qui a été entreprise pour les grandes villes arabes à l'époque ottomane ville arabe au XVIIIe siècle : Constantine I 135 Une
et qui promet de faire progresser très rapidement notre connaissance de ces villes
a à peine commencé pour les villes moyennes2 et nous ne disposons que rarement,
à leur propos, d'informations «extérieures» qui permettent d'en tenir lieu.
L'étude que nous présentons sur Constantine bénéficie du fait que la ville a fait
l'objet d'un bon relevé immédiatement après la conquête — qu'a utilisé Ernest
Mercier3. Grâce aux quatre cents toponymes, à peu près tous localisables, dont
nous disposons, nous pouvons prendre une connaissance relativement précise de
la structure urbaine, l'équivalent (à une échelle plus modeste) du plan et de l'Expli
cation du plan de la Description de l'Egypte. Mais il est bien évident que les découv
ertes éventuelles (et l'exploitation) des archives des Tribunaux concernant cette
ville permettront seules d'aboutir à des conclusions véritablement solides sur la
structure de la ville. En attendant un développement, qui est très avancé pour
les grandes villes, nous ne pouvons présenter qu'une esquisse fondée sur une docu
mentation déjà connue.
CONSTANTINE A LA VEILLE DE LA CONQUÊTE .
Le plan publié par E. Mercier permet de fixer avec précision la surface intra
muros de la ville en 1837 : un peu plus de 37 hectares, soit une étendue nettement
inférieure à celle d'Alger (48 hectares) et peu de chose par rapport aux grandes
villes du temps : Le Caire, naturellement (660 hectares construits), mais aussi Alep
(367 ha), Baghdad (340 ha), Damas (313 ha), Tunis (231 ha) et Mossoul (194 ha).
Constantine paraît donc représenter assez bien le type des villes moyennes du monde
arabe à cette époque. Nous ne possédons aucune information sur la surface des
quartiers extra muros qui existèrent probablement au sud de la ville (au-delà de
Bâb al-Wâd) (H3 sur notre plan) dans la région dominée par le Koudiat Aty, et
où étaient également situées des zones de cimetières.
La population de la ville a fait l'objet d'évaluations tout aussi peu fiables que
celles qui sont proposées par les voyageurs ou les consuls sur les autres villes arabes.
Elles vont de 25 000 habitants à 45 000. Les évalutions les plus basses (Shaler :
25 000 habitants), qui correspondent aux chiffres les plus anciens de la période
coloniale (Tableau de 1840 : 25 à 30 000; recensement de 1846 : 25 035), parais
sent également les plus vraisemblables4. Compte tenu de la surface de la ville et
de la densité habituelle des villes arabes de cette époque (400 habitants au plus),
il nous semble que le chiffre de 25 000 habitants proposé par A. Nouschi est proche
de la réalité5, bien que la densité de 675 par hectare qui resuite de cette
évaluation soit très élevée.
Rappelons les traits généraux, si caractéristiques et si impressionnants, du site
de Constantine. La ville s'étend sur un plateau qui s'abaisse en pente assez régul
ière, mais de plus en plus rapide, du nord-ouest au sud-est : nombre de rues, situées
sur sa limite orientale, portent des noms significatifs : «Zallâïqa» (la glissante) (G6),
«Zarzâïlja» (la glissade) (16), «Derdaf» (les petits pas).
La ville est entourée de trois côtés par un ravin profond au fond duquel coule
l'oued Rummel. On ne peut y accéder facilement que du côté sud, où un isthme
la rattache à la hauteur du Koudiat Aty. En 1837, trois portes existaient du côté
du sud : Bâb al-ôadid (porte Neuve) (H3), Bâb al-Wâd (porte de la Rivière) (H3),
Bâb al-ôâbiya (porte de la Citerne) (15) desservent la partie basse de la ville. Une I A. Raymond 136 ville arabe au XVIIIe siècle : Constanîine / 137 Une
quatrième porte, ouverte du côté opposé, permettait de traverser le ravin par le
pont, restauré en 1792 par Çâlah Bey (Bâb al-Qantara : porte du Pont) (B7). La
ville était divisée en quatre quartiers principaux situés aux angles : Tâbiya, au sud-
ouest (FI), Qasba, au nord-ouest (C2), Qantara, au nord-est (C5), Bâb al-ôâbiya,
au sud-est (H6). Des portes, situées au sud de la ville, partaient des rues princi
pales qui permettaient de parcourir la ville du sud au nord : une rue à partir de
Bâb al-ôadîd conduisant vers le quartier de la Qasba; deux rues à partir de Bâb
al-Wâd, entre lesquelles étaient situés les principaux marchés de la ville; une rue,
à partir de Bâb al-ôâbiya, menant au quartier de Qantara et au pont sur le Rum-
mel. Entre ces rues principales, relativement larges et régulières, se développait
un réseau de ruelles étroites, irrêgulières, accidentées, qui impressionnèrent vive
ment les conquérants de 1837 :
«Ce sont... des enfoncements qui promettent des passages et qui n'aboutissent pas;
des apparences d'entrée qui n'amènent aucune issue; des rentrants et des saillants
embrouillés à plaisir.»6
Au total, un site très impressionnant et apparemment imprenable, dont un général
tunisien, qui avait en vain essayé de s'emparer de la ville, aurait dit :
«Ailleurs, les corbeaux fientent sur les hommes; ici ce sont les hommes qui fîentent
sur les corbeaux.»7
L'ÉVOLUTION DE LA VILLE AU XVIII» SIÈCLE
L'histoire proprement urbaine de Constantine nous est très mal connue : les
chroniques (dont peu sont publiées) et les ouvrages historiques sont peu explicites
en ce qui concerne l'évolution de la structure de la ville8. D'autre part, le nombre
des monuments datés est trop peu élevé pour qu'on puisse en tirer des indications
précises sur les flux urbains9.
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