Les catholiques russes et les pro-catholiques en Russie dans la première moitié du XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.29, pg 361-374
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Les catholiques russes et les pro-catholiques en Russie dans la première moitié du XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.29, pg 361-374

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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 3 - Pages 361-374
Lucjan Suchanek, Les catholiques russes et les pro-catholiques en Russie dans la première moitié du XIXe siècle.
Il faut considérer la conversion des Russes au catholicisme (déclarée ou secrète, en Russie ou à l'étranger) sous l'aspect religieux, mais l'acte de la conversion, officiellement taxée de « perversion catholique », était aussi une forme de jugement et de critique de la spiritualité russe, une réaction contre la religiosité extérieure et les tendances athées. Outre l'acte purement confessionnel, le passage au catholicisme était une manifestation de révolte contre l'État qui avait soumis l'Église, et contre l'Église que les convertis considéraient comme subordonnée à l'État.
On mentionne dans cet article les catholiques et les pro-catholiques suivants : P. Kozlovskij, S. Svečina, Z. Volkonskaja, N. Gogol', V. Pečerin, I. Gagarin, M. Lunin, P. Čaadaev.
Lucjan Suchanek, Russian Catholics and pro-Catholics in Russia, in the first half of the nineteenth century.
Conversion of Russians to Catholicism (openly or clandestinely, in Russia or abroad) should be examined under its religious aspect, but the act of conversion, officially designated in insulting terms: denaturation into Catholicism was also a form of evaluation and criticism of Russian spirituality, a reaction to the external religiosity and atheistic tendencies. Conversion to Catholicism was not only a confessional act but also a manifestation of revolt against the State which had subjugated the Church to its authority and against the Church that had become in the eyes of converts a servant of the State.
The article names the following Russian Catholics and pro-Catholics : P. Kozlovskii, S. Svechina, Z. Volkonskaia, N. Gogol', V. Pecherin, I. Gagarin, M. Lunin, P. Chaadaev.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucjan Suchanek
Anne-Marie Tatsis-Botton
Les catholiques russes et les pro-catholiques en Russie dans la
première moitié du XIXe siècle
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 29 N°3-4. Juillet-Décembre 1988. Le christianisme russe entre
millénarisme d'hier et soif spirituelle d'aujourd'hui. pp. 361-374.
Résumé
Lucjan Suchanek, Les catholiques russes et les pro-catholiques en Russie dans la première moitié du XIXe siècle.
Il faut considérer la conversion des Russes au catholicisme (déclarée ou secrète, en Russie ou à l'étranger) sous l'aspect
religieux, mais l'acte de la conversion, officiellement taxée de « perversion catholique », était aussi une forme de jugement et de
critique de la spiritualité russe, une réaction contre la religiosité extérieure et les tendances athées. Outre l'acte purement
confessionnel, le passage au catholicisme était une manifestation de révolte contre l'État qui avait soumis l'Église, et contre
l'Église que les convertis considéraient comme subordonnée à l'État.
On mentionne dans cet article les catholiques et les pro-catholiques suivants : P. Kozlovskij, S. Svečina, Z. Volkonskaja, N.
Gogol', V. Pečerin, I. Gagarin, M. Lunin, P. Čaadaev.
Abstract
Lucjan Suchanek, Russian Catholics and pro-Catholics in Russia, in the first half of the nineteenth century.
Conversion of Russians to Catholicism (openly or clandestinely, in Russia or abroad) should be examined under its religious
aspect, but the act of conversion, officially designated in insulting terms: "denaturation into Catholicism" was also a form of
evaluation and criticism of Russian spirituality, a reaction to the external religiosity and atheistic tendencies. Conversion to
Catholicism was not only a confessional act but also a manifestation of revolt against the State which had subjugated the Church
to its authority and against the Church that had become in the eyes of converts a servant of the State.
The article names the following Russian Catholics and pro-Catholics : P. Kozlovskii, S. Svechina, Z. Volkonskaia, N. Gogol', V.
Pecherin, I. Gagarin, M. Lunin, P. Chaadaev.
Citer ce document / Cite this document :
Suchanek Lucjan, Tatsis-Botton Anne-Marie. Les catholiques russes et les pro-catholiques en Russie dans la première moitié
du XIXe siècle. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 29 N°3-4. Juillet-Décembre 1988. Le christianisme russe entre
millénarisme d'hier et soif spirituelle d'aujourd'hui. pp. 361-374.
doi : 10.3406/cmr.1988.2155
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1988_num_29_3_2155LUC JAN SUCHÁNEK
LES CATHOLIQUES RUSSES
ET LES PROCATHOLIQUES EN RUSSIE
DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE
L'archiprêtre Alexandre Schmemann, théologien eminent et historien de
l'orthodoxie, a écrit que la conversion de la Russie au Xe siècle, lorsqu'il fallut
« choisir entre l'ancienne Rome et la nouvelle [...] a décidé une fois pour toutes
de l'évolution de la Russie et de l'Église russe »'. En accord avec la conception
byzantine de la théocratie qui reconnaissait le pouvoir et l'autorité de l'empereur
dans les affaires religieuses, l'orthodoxie devint une religion d'État - elle fut
la religion de l'État. Après les réformes introduites par Pierre Ier, « par l'instaura
tion du Synode, écrit A. Schmemann, l'Église devient un département ministériel
parmi d'autres »\ Ce que dit R. Pipes sur « la confusion presque symbiotique
de l'Église et de l'État »3 s'inscrit dans le même contexte. C'est une idée qui a
été formulée encore plus nettement il y a quelques dizaines d'années par un
historien polonais, J. Kucharzewski : « A partir du moment où le pouvoir temporel
a usurpé les droits divins, la religion chrétienne a perdu sa pureté et est devenue
partie intégrante de la tyrannie. »4
Ces constatations sont importantes pour nous à plus d'un titre: on peut
envisager sous cet angle la politique de l'État et de l'Église orthodoxe envers
le catholicisme, mais aussi les attitudes individuelles, car elles expliquent, au
moins en certaines occasions, le motif des abandons de l'orthodoxie au profit
du catholicisme. L'Église jouait un rôle important dans la propagande en faveur
du loyalisme des citoyens envers le pouvoir, elle appelait aux sentiments de
fidélité envers le régime et à l'observation des lois3, et cela provoquait chez de
nombreux Russes une réaction négative.
L'attitude de l'Église orthodoxe envers les hétérodoxes, envers toutes les
autres confessions, est fondée sur la thèse selon laquelle « l'orthodoxie - comme
l'écrit S. Bulgakov - a conscience d'être la vraie Église, celle qui se trouve
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXIX (3-4), juillet-décembre 1988, pp. 361-374. 362 LUCJAN SUCHÁNEK
en possession de toute la plénitude et de toute la vérité dans l'Esprit-Saint »'.
Telle était aussi son attitude envers le catholicisme, et Rome était traitée d'impie ;
les appellations latinisantes rendaient un son méprisant Par la faute d'un
enchaînement de causes historiques, ces deux confessions chrétiennes proches
l'une de l'autre se retrouvaient distantes, étrangères et hostiles7.
L'attitude de l'État et du gouvernement envers le catholicisme tenait compte
non de l'aspect doctrinal, mais de l'intérêt politique de l'Empire ; ceci est
devenu un facteur important après le partage de la Pologne, quand des millions
de catholiques se retrouvèrent à l'intérieur des frontières de la Russie - et il
faut encore y ajouter les catholiques de rite grec (les uniates).
La politique du gouvernement envers le catholicisme a évolué. Il a commencé
à pénétrer en Russie à la fin du XVIIIe siècle, surtout dans les milieux aristocra
tiques ; un exemple frappant est donné par la famille Golycin. A. Besançon parle
de l'émergence à cette époque d'« un contre-courant catholique », et le relie au
développement du libéralisme*.
Au XIXe siècle, sous Alexandre 1er, pendant la première période du règne de
ce monarque libéral qui subissait l'influence de Joseph de Maistre9 (lui-même
adepte d'une Église universelle ayant à sa tête l'Église romaine et le pape),
l'attitude envers le catholicisme était bienveillante. Mais pendant le règne de
Nicolas 1er, et surtout après la répression du soulèvement polonais de 1830, cette
attitude changea brutalement. La religion cessa d'être l'affaire privée des croyants
et devint un élément de la politique gouvernementale10. Il fut officiellement
interdit de changer de religion, et la conversion au catholicisme fut qualifiée
de « perversion », « dévoiement » et autres appellations injurieuses. Les catho
liques russes furent soumis à une persécution à connotations politiques, car on
faisait l'amalgame entre le catholicisme et le mouvement polonais de libération.
Durant la première moitié du XIXe siècle les conversions au catholicisme ne
furent pas nombreuses. Il y eut cependant parmi les convertis des gens qui par
leur culture, leur vie publique et leur activité politique occupaient une place en
vue dans le pays, et qui sont entrés dans l'histoire. Il nous paraît logique de
proposer la classification suivante des catholiques russes :
1 . ceux qui confessaient ouvertement le catholicisme ;
2.qui ont gardé leur conversion secrète.
Une deuxième classification prend en compte le lieu de la conversion :
1 . ceux qui se sont convertis au catholicisme en Russie ;
2.qui se sont à l'étranger.
Ces deux systèmes ne s'excluent pas l'un l'autre, au contraire ils s'interpéné
trent souvent; ainsi, par exemple, certains ont embrassé la foi catholique à
l'étranger, mais ont gardé le fait secret, car ils ne voulaient pas se fermer le
chemin du retour en Russie. Un exemple en est le prince Petr Kozlovskij, que
cite (en ne donnant que son initiale, le prince K.), le marquis de Custine dans
son livre La Russie en 1839 (Paris, 1843). A partir de 1820, il était de fait un
émigré, et il ne revint en Russie qu'en 1834".
Volkonskaja13 Pendant la embrassèrent période de libéralisme le catholicisme. d'Alexandre PcCerin 1", écrit Sofja que SveCina12 c'est « et le Zinaida comte
de Maistre qui a converti SveCina au catholicisme »&

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