Les chapelains d'honneur des papes d'Avignon - article ; n°1 ; vol.64, pg 217-238

Bernard Guillemain

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1952 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 217-238
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_D-ARCHEOLOGIE_ET_D-HISTOIRE
• Publié le: 01 janvier 1952
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Bernard Guillemain
Les chapelains d'honneur des papes d'Avignon
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 64, 1952. pp. 217-238.
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Guillemain Bernard. Les chapelains d'honneur des papes d'Avignon. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 64, 1952. pp.
217-238.
doi : 10.3406/mefr.1952.7376
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1952_num_64_1_7376-f.*
LES CHAPELAINS D'HONNEUR
DÉS PAPES D'AVIGNON
PAR
M. Bernard Guillemain
Membre de l'École
Depuis le xme siècle, au moins, la Papauté a aimé décorer des
ecclésiastiques de titres honorifiques et de privilèges qui n'entraî
naient pour eux ni changement de fonction, ni traitement, ni attr
ibution d'un bénéfice particulier. Cette pratique, qui rattache les
intéressés au Saint-Siège de façon plus étroite et les admet dans la
famille pontificale, s'est perpétuée jusqu'à nos jours : il suffît d'ou
vrir un Annuaire pontifical pour lire les longues listes des proto
notaires apostoliques « ad instar », des prélats domestiques, des
chapelains secrets d'honneur et des chapelains d'honneur « extra
Urbem ». Mais, si les deux premières catégories sont les plus abon
damment représentées à notre époque, ce fut celle des chapelains
d'honneur qui accueillit, jusqu'au milieu du xve siècle, les clercs
que le pape entendait distinguer.
Schäfer a publié jadis une uste de chapelains d'honneur origi
naires des diocèses allemands et montré comment leur institution
t." s'était séparée de celle des vrais chapelains pontificaux (capeUani
commensales et capeUani ou cantores capellae intrinseca*), qui assis
taient le pape à l'office et célébraient dans sa chapelle1. Notre pro-
1 K. H. Schäfer, Päpstliche Ehrenkapläne aus deutschen Diözesen im
vierzehnten Jahrhundert, dans Römische Quartalschrift für christliche
Altertumskunde und für Kirchengeschichte, t. XXI, Rome, 1907, p. 97-113, •y ■>■■><.'
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pos est de compléter et de préciser cette étude, et de donner même
un aperçu numérique des nominations, grâce à un dépouillement
systématique des documents avignonnais, avant, aussi bien
qu'après l'ouverture du Schisme.
L'expression de chapelain d'honneur (capellanus honoris) ne pa
rait pas utilisée avant Clément VI1. Ce genre de distinction existé
néanmoins. Dès Innocent III (1198-1216), les auditeurs des causes
portent en même temps le titre de chapelains2. Il est impossible de
soutenir que les 240 « capellani papae » que l'on relève dans les
registres d'Innocent IV (1243-1254) 8 sont tous des commensaux4 :
c'est simplement un honneur que le pape veut faire quand il dé
cerne le titre de chapelain à sept de ses parents, à un bâtard de Jean
sans Terre, à untrere d'Henri III qui deviendra évêque de Winc
hester ou à un auditeur général des causes de la curie.
Les mêmes remarques sont" valables, pour d'autres pontificats s
dont les registres sont intégralement publiés. Boniface VIII n'a-t-il
pas attribué à 107 ecclésiastiques la qualité de chapelain6, alors
1 Dans la liste des réceptions au temps de Clément VI (Coliectorie 466, ,*·♦
fol. 2-14 et 42-45. En abrégé : Collect.), on lit tantôt « in capella domini
papae », tantôt « in capella honoris », bien qu'il s'agisse évidemment de la
même chose ; chapelains commensaux et chapelains intrinseci sont ment
ionnés ailleurs {Ibid., fol. 18-20 et 47, fol. 14 v°-15).
2 E. Cerchiali, Capellani Papae et A. S. auditores causarum palatii
apostolici seu sacra Rota, Rome, t( II, 1920, p. 5-7.
8 Registres d'Innocent IV publiés par Élie Berger (Bibl. des Écoles
françaises d'Athènes et de Rome, 2e 'série, 4 vol., 1884-1921).
4 La meilleure preuve est que la bulle de nomination de maître
Gamellinus, chanoine de Glasgow et chancelier du roi d'Ecosse, précise Έί qu'il dévient chapelain « re et nomine » (13 février 1252, Ibid., n° 7264).
On sait encore qu'en 1278 Nicolas III entretenait 25 chapelains (G. Mor
oni, Dizionario di erudiziene storico-ecclesiastica, Venise, 1844, t. ΧΧΠΙ,
p. 40-48).
8 Registres de Boniface VIII, t. IV, par Robert Fawtier, p. 400-401,
Paris, 1931 (Bibl. des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 2« série). ■Ti
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qu'il n'en nourrissait qu'une vingtaine1? Sous Clément V, les tré
soriers de la Chambre et le lecteur en théologie autant que les reje
tons de nobles familles d'Aquitaine reçoivent cette distinction.
Jean XXII nomme 431 chapelains 2, mais, en dix-huit ans de règne,
n'en paie que 28 8. Benoît XII, plus avare de provisions, n'en
recrute que 113 *, s'il fait figurer sur ses comptes 36 chapelains
intrinseci et 16 commensaux8. De fait, nous trouverons un cata
•1*
logue, compilé sans doute dans les dernières années du siècle, qui
citera dés chapelains d'honneur créés par ces deux pontifes.
Donc, dès le cours du xine siècle et encore au début du xive, le
titre de chapelain du pape ou du Siège Apostolique n'a le plus
souvent qu'une valeur honorifique et est conféré aux deux catégor
ies de personnages que nous retrouverons désormais : des clercs de
la curie ou des membres des clergés diocésains que le pontife daigne
admettre dans la même compagnie que les chapelains qui desservent
quotidiennement sa chapelle privée.
C'est par une supplique que l'attention du pape est attirée sur le
clerc qui brigue le titre de chapelain d'honneur, soit qu'elle émane
de l'intéressé lui-même4, soit que des protecteurs la déposent pour
celui-ci7. Mais ces suppliques, comme beaucoup d'autres, n'ont pas
dû être enregistrées.
1 Pour tout ce qui concerne le nombre des chapelains commensaux,
de Nicolas III à Jean XXII, je me permets de renvoyer à mon article sur
Le personnel de la cour de Clément V (Mélanges d'archéologie et d'histoire,
t. LXIII, p. 153 et 156).
2 Lettres communes de Jean XXII, par G. Mollat, t. XIV, Paris, 1935,
p. 90-95 (Bibl. des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 3e série).
3 Schäfer; Die Ausgaben der Apostolichen Kammer unter Jo
hann XXII, Paderborn, 1911.
• Lettres communes de Benoît XII, par J.-M. Vidal, t. III, Paris, 1911,
p. 327-328 (Bibl. des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 3e série).
• Schäfer, Die Ausgaben der Apostolichen Kammer unter Bened
ikt XII, Klemens VI und Innoeenz VI (1335-1362), Paderborn, 1914.
'•■A'; • Schäfer, Päpstliche Ehrenkapläne, art. cité, appendice I, p. 112.
7 La nomination de Fr. Jean de Bais, dominicain de Nicosie, rappelle 220 B. ÖUILLEMAIN
De vive voix, le pape ordonne & son camérier, ou à défaut à un
trésorier, ou un haut fonctionnaire de la Chambre1, de recevoir le
nouveau chapelain. Celui-ci doit prêter serment, comme toute per
sonne qui entre en fonction à la curie. S'il est absent, il se présen
tera au dignitaire de son ordre, dejsón diocèse ou d'ailleurs qui, par
bulle spéciale, a reçu mandat d'entendre sa profession de foi et
qui en rendra compte8, ou bien il déléguera un procureur. Alors, il
entrera en possession de ses insignes distinetifs* — le rochet, la
chape et la barette — et des privilèges auxquels il a droit.
Le plus important était la soumission directe au, pape : le chapel
ain d'honneur était soustrait à la juridiction de son ordinaire et,
s'il était moine, il pouvait même ne plus résider dans le couvent
désigné par ses supérieurs. On comprend qu'un bon recteur du dio
cèse d'Auch s'en réjouisse4. Pourtant, dès 1368, il est signifié à
quelques religieux qu'ils ne seront pas exempts de leur ordre5.
expressément que les ambassadeurs du roi de Chypre ont remis une sup
plique en sa faveur (Collect. 45β, fol. 12 v°. 15 septembre 1350).
1 Le trésorier : Registre d'Avignon (en abrégé : Reg. Avin.) 173,
fol. 94 v° (19 juin 1382) ; Pierre Flandrin, conseiller de la Chambre, qui
fit office de camérier durant le voyage d'Urbain V en Italie (Reg.
Ann. 17ß, fol. 64 v°).
* C'est Févêque du diocèse ou d'un diocèse voisin, un abbé,