Les conséquences de la dérégulation d un monopole sur sa politique d investissement en capital humain - Le secteur des télécommunications - article ; n°1 ; vol.100, pg 63-92
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Les conséquences de la dérégulation d'un monopole sur sa politique d'investissement en capital humain - Le secteur des télécommunications - article ; n°1 ; vol.100, pg 63-92

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Revue d'économie industrielle - Année 2002 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 63-92
Monopoly organization provides firms with the incentive to invest in its human capital by creating an internal labor market for the specific skills and competencies of their employees. The deregulation of the monopoly disrupts this equilibrium because new entrants will recruit employees of the former monopoly. Under deregulation, the increased resignation rate of skilled workers prevents the former monopoly from making a return on investments in human capital. Consequently, the former monopoly reduces its investments and induces the State and other economic actors to invest in human capital in order to regulate the labor market that supports the deregulated sector. This study focuses on deregulation of the telecommunications sector in France.
La situation de monopole incite l'entreprise qui est dans cette position à réaliser des investissements en capital humain par le biais de la création d'un marché interne du travail car les salariés qu'elle emploie sont dotés de compétences spécifiques. La dérégulation d'un monopole remet en cause cet équilibre car les nouveaux entrants vont recruter les salariés de l'ancien monopole. L'accroissement du taux de démission des salariés formés ne permet pas de rentabiliser les investissements en capital humain. L'ancien monopole va donc réduire ses investissements, obligeant les pouvoirs publics et les autres acteurs économiques à prendre en charge ces investissements pour assurer la régulation du marché du travail qui sous-tend le secteur dérégulé. La recherche s'appuie sur l'analyse de la dérégulation du secteur des télécommunications en France.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Ferrary
Les conséquences de la dérégulation d'un monopole sur sa
politique d'investissement en capital humain - Le secteur des
télécommunications
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 100. 3e trimestre 2002. pp. 63-92.
Abstract
Monopoly organization provides firms with the incentive to invest in its human capital by creating an internal labor market for the
specific skills and competencies of their employees. The deregulation of the monopoly disrupts this equilibrium because new
entrants will recruit employees of the former monopoly. Under deregulation, the increased resignation rate of skilled workers
prevents the former monopoly from making a return on investments in human capital. Consequently, the former monopoly
reduces its investments and induces the State and other economic actors to invest in human capital in order to regulate the labor
market that supports the deregulated sector. This study focuses on deregulation of the telecommunications sector in France.
Résumé
La situation de monopole incite l'entreprise qui est dans cette position à réaliser des investissements en capital humain par le
biais de la création d'un marché interne du travail car les salariés qu'elle emploie sont dotés de compétences spécifiques. La
dérégulation d'un monopole remet en cause cet équilibre car les nouveaux entrants vont recruter les salariés de l'ancien
monopole. L'accroissement du taux de démission des salariés formés ne permet pas de rentabiliser les investissements en
capital humain. L'ancien monopole va donc réduire ses investissements, obligeant les pouvoirs publics et les autres acteurs
économiques à prendre en charge ces investissements pour assurer la régulation du marché du travail qui sous-tend le secteur
dérégulé. La recherche s'appuie sur l'analyse de la dérégulation du secteur des télécommunications en France.
Citer ce document / Cite this document :
Ferrary Michel. Les conséquences de la dérégulation d'un monopole sur sa politique d'investissement en capital humain - Le
secteur des télécommunications. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 100. 3e trimestre 2002. pp. 63-92.
doi : 10.3406/rei.2002.985
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2002_num_100_1_985Pr Michel FERRARY (*)
CERAM - Sophia-Antipolis
LES CONSEQUENCES
DE LA DÉRÉGULATION
D'UN MONOPOLE SUR SA POLITIQUE
D'INVESTISSEMENT
EN CAPITAL HUMAIN
LE SECTEUR DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
Mots-clés: publique d'éducation, Investissements télécommunication en capital humain, dérégulation d'un monopole, politique
Key words : Human Capital Investments, Monopoly Deregulation. Public of Educations,
Telecomm unication .
INTRODUCTION
La mise en œuvre des activités de production suppose le recours à différents
types de ressources: capital technique, technologies et capital humain.
L'économie des institutions (Coase, 1937; Williamson, 1975, 1985) montre
que la firme arbitre entre l'internalisation et l'externalisation pour mobiliser
ces ressources. En ce qui concerne le capital humain, la firme peut choisir
entre acheter sur le marché du travail une main d' œuvre qualifiée pour laquell
e le coût de formation a été pris en charge par d'autres acteurs économiques
(autres entreprises, pouvoirs publics et/ou travailleurs) ou elle peut décider de
prendre à sa charge l'investissement en formation. Dans ce cas l'entreprise
recrute des salariés moins qualifiés pour les former. Cette distinction recoupe
celle faite par différents auteurs institutionalistes entre les mécanismes du mar
ché interne et du marché externe du travail de la firme (Doeringer et Piore,
1971 ; Aoki, 1991, Boyer, 1993; Salais et Storper, 1993). L'économie institu-
tionnaliste (Williamson, 1985) fait du degré de spécificité des actifs le critère
déterminant de l'arbitrage entre l'intégration verticale et le recours au marché.
(*) L'auteur tient à remercier les deux relecteurs anonymes de la Revue d'Économie
Industrielle et Ludovic Dibiaggio pour leurs commentaires et leurs suggestions de modif
ications.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3*m< trimestre 2002 63 Appliquer ce raisonnement au capital humain consiste à faire l'hypothèse que
plus les compétences humaines (1) mobilisées seront spécifiques à la firme et celle-ci aura tendance à internaliser leur accumulation au sein du marché
interne (Alchian, 1965; Doeringer et Piore, 1971; Ouchi, 1980; Pfeffer et
Cohen, 1984, Wholey, 1985 ; Aoki, 1991 ; Davis-Blake et Uzzi, 1993 ; Baker
et Gibbs, 1994, Stankiewicz, 1990, 1995 ; Pischke et Ziliboth, 1998).
À l'aune de ce cadre théorique, nous nous interrogerons sur l'influence de la
situation concurrentielle de la firme (monopole ou concurrence) sur le degré
de spécificité du capital humain qu'elle mobilise et sur sa politique d'investi
ssement en formation. Quelles sont les conséquences de la dérégulation d'un
monopole sur sa politique de formation et sur le comportement de ses salariés ?
En quoi une situation de monopole sur un marché particulier d' outputs peut-
elle induire une situation de monopsone sur le marché des inputs humains
nécessaires à l'activité productive du monopole? En quoi la situation monop
olistique d'une entreprise influence l'existence d'un marché de la formation
correspondant aux compétences que l'entreprise mobilise ? Quel est le rôle des
pouvoirs publics en matière d'investissement en capital humain pour accom
pagner la dérégulation d'un monopole? En quoi la dérégulation d'un monop
ole modifie les comportements et les anticipations des détenteurs de la force
de travail ?
Si l'on considère les ressources humaines comme une ressource à laquelle
on peut appliquer le raisonnement de Williamson (1985, p. 149), l'internalisa-
tion de l'accumulation de compétences s'expliquerait par deux facteurs: la
réalisation d'économie sur les coûts de transactions et la protection d'actifs
stratégiques. Williamson ne fait pas explicitement de la situation concurrent
ielle de l'entreprise un facteur explicatif de l'intégration ou non de l'accumul
ation des ressources. En revanche, d'autres chercheurs appartenant au courant
de l'économie des institutions (Balakrishnan et Wernerfelt, 1986; Walker et
Weber, 1987) ont montré l'influence de l'environnement concurrentiel de la
firme sur le degré de spécificité des ressources qu'elle mobilise. Pour leur part,
Ghertman et Quélin (1995) ont mis en évidence que l'intervention publique
dans la régulation d'un secteur peut modifier l'efficience de la structure de
gouvernance (hiérarchie, contrat ou marché). En nous appuyant sur ces
(1) Nous utilisons volontairement la notion de compétence car elle permet d'appréhender des
savoirs acquis et formalisés dans le cadre de formations certifiées et données par des ins
titutions et qui s'appréhendent conceptuellement sous le terme de qualification (Affichard,
1986). La notion de compétence permet également d'appréhender des savoirs informels,
tacites, appris sur le lieu de travail que Arrow (1974) qualifie de « on the job training »,
notion que l'on retrouve également chez Piore et Doeringer (1971, p. 17) pour justifier
l'existence de marchés internes et chez G. Becker (1962, p. 9) qui fait des compétences
tacites accumulées dans le processus de travail une dimension importante du capital
humain qui n'est pas appréhendée par le concept de qualification formalisée.
64 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3èm" trimestre 2002 nous montrerons que la situation concurrentielle de la firme influence auteurs,
le degré de spécificité et le mode d'accumulation de son capital humain. En
situation de monopole, le capital humain propre à l'activité de monopole sera
intrinsèquement spécifique et mettra la firme en situation de monopsone sur le
marché du travail. Cette situation conduira, tant du point de vue de l'offre que
de la demande de capital humain, à une internalisation de l'investissement en
formation au sein du monopole. Inversement, en situation de concurrence pure
et parfaite, l'extemalisation de l'investissement en formation par la firme sera
plus efficace car les sources de spécificité du capital humain seront moindres
du fait de la situation concurrentielle entre les employeurs sur le marché des
produits.
Les enjeux en matière de gestion du capital humain diffèrent se

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