Les crises démographiques en France à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle : un essai de mesure - article ; n°1 ; vol.8, pg 117-144
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Les crises démographiques en France à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle : un essai de mesure - article ; n°1 ; vol.8, pg 117-144

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Histoire & Mesure - Année 1993 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 117-144
The demographic crises in France at the End of the XVIIth century and during the XVIIIth century: an attempt of measurement This papers offers a more convenient method for detecting the demographic crises than those in use till now. Founded on the ARIMA model, it gives an estimation of the amplitude of the deviation due to the crises, these crises being understood as external shocks. An application from French demographic series of the 1670-1789 period illustrates the method and helps to tackle the questions related to the various interpretations of Malthus’s theory. The master of the post-crisis recovery is dealt with, and its effects on the variations of the age of the first marriage.
Cet article propose une méthode de détection des crises démographiques plus efficace que celles usitées jusqu’alors. Basée sur une modélisation ARIMA, elle fournit une estimation de l’amplitude des déviations dues aux crises, ces crises étant pensées comme des chocs exogènes. Une application, à partir de séries démographiques françaises couvrant la période 1670-1789 illustre la méthode, ce qui permet d’aborder les problèmes posés par les diverses interprétations de Malthus. Ainsi sera abordé le problème de la récupération d’après crises, des effets des crises sur la variation de l’âge au premier mariage.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Michel Chevet
Les crises démographiques en France à la fin du XVIIe et au
XVIIIe siècle : un essai de mesure
In: Histoire & Mesure, 1993 volume 8 - n°1-2. pp. 117-144.
Abstract
J.P. Chevet. The demographic crises in France at the End of the XVIIe century and during the XVIIIe century : an attempt of
measurement. This papers offers a more convenient method for detecting the demographic crises than those in use till now.
Founded on the ARIMA model, it gibes an estimation of the amplitude of the deviation due to the crises, these crises being
understood as external shocks. An application from French demographic series of the 1670-1789 period illustrates the method
and helps to tackle the questions related to the various interpretations of Malthus's theory. The matter of the post-crisis recovery
is dealt with, and its effects on the variations of the age of the first marriage.
Résumé
J.M. Chevet. Les crises démographiques en France à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles : un essai de mesure. Cet article
propose une méthode de détection des crises démographiques plus efficace que celles usitées jusqu'alors. Basée sur une
modélisation ARIMA, elle fournit une estimation de l'amplitude des
déviations dues aux crises, ces crises étant pensées comme des chocs exogènes.
Une application, à partir de séries démographiques françaises couvrant la période 1670-1789 illustre la méthode, ce qui permet
d'aborder les problèmes posés par les diverses interprétations de Malthus. Ainsi sera abordé le problème de la récupération
d'après crises, des effets des crises sur la variation de l'âge au premier mariage.
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Chevet Jean-Michel. Les crises démographiques en France à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle : un essai de mesure. In:
Histoire & Mesure, 1993 volume 8 - n°1-2. pp. 117-144.
doi : 10.3406/hism.1993.1418
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1993_num_8_1_1418Histoire & Mesure, 1993, VIII-1/2, 117-144
Jean-Michel CHEVET
Les crises démographiques en France à la fin du
XVIIe siècle et au XVIIIe siècle : un essai de mesure
On attribue généralement aux crises démographiques, qu'elles
soient de subsistances ou dues à des épidémies, des effets catastrophi
ques qui peuvent de plus, selon quelques auteurs, être régulateurs du
niveau de peuplement d'un pays ou d'une région. Pour démontrer le côté
catastrophique des crises démographiques les historiens démographes
ont depuis longtemps cherché à repérer et mesurer ces crises à l'aide de
méthodes utilisables par l'ensemble de la communauté et qui soient
efficaces quels que soient le lieu et l'époque.
Plusieurs méthodes ont ainsi été proposées. Elles présentent toutes
cependant un certain nombre d'inconvénients qu'il convient d'analyser.
D'abord, toutes ne fournissent qu'une hiérarchisation des crises, ce qui,
en l'absence de critères statistiques véritables, s'avère fort discutable.
Ensuite, elles ne permettent ni de mesurer l'ampleur des crises, ni d'en
établir un véritable bilan chiffré. Des méthodes permettant de remédier
à ces inconvénients existent ; elles s'appuyent sur les développements
récents des techniques de prévision utilisant les modélisations ARIMA.
Dans les pages qui suivent, les diverses méthodes de repérage et de
hiérarchisation des crises proposées par les historiens démographes
seront tout d'abord exposées. Nous en montrerons ensuite les limites, ce
qui nous amènera à proposer une autre méthode qui, s'appuyant sur la
modélisation ARIMA, permet de repérer et de mesurer les crises selon
des critères statistiques de seuil.
Cette méthode sera appliquée au cas français pour la période
1670-1789 sur les deux échantillons de population de l'INED qui sont à
notre disposition. A partir de cette reconstitution statistique, nous
déterminerons les crises démographiques que la France a connues
pendant cette période. Nous proposerons alors un bilan de chacune de
celles qui auront été mises en évidence. Puis, nous en analyserons les
incidences sur la croissance de la population (phénomènes de récupérat
ion, régulation par l'âge au mariage, etc.). Enfin, la thèse de l'autoré-
gulation des populations d'ancien régime qui a été défendue par
plusieurs auteurs sera examinée et réfutée.
1. LES HISTORIENS DÉMOGRAPHES
ET LA MESURE DES CRISES DÉMOGRAPHIQUES
Dans un article qui reste encore sur bien des points d'actualité,
J. Meuvret a proposé de « considérer comme l'indice caractéristique de la
117 Histoire & Mesure
crise le rapport des décès aux conceptions, ou, ce qui revient au même,
le pourcentage de conceptions décompté, sinon mensuelle
ment, du moins dans le cadre de l'année-récolte » (1).
Cette méthode, utilisée avec un certain succès par de nombreux
historiens, peut encore rendre sûrement quelques services. Cependant,
elle possède un grave inconvénient du fait que si la crise de mortalité se
double d'une diminution du nombre des naissances l'indice s'en trou
vera augmenté d'autant. Supposons par exemple qu'en temps normal le
nombre des décès soit de 50 et celui des baptêmes de 60. L'indice sera de
0,83. Que survienne une crise de mortalité portant le nombre des décès
à 70 et l'indice bondira à 1,17. Si cette crise de mortalité s'accompagne
d'un recul des naissances, à 50 par exemple, l'indice augmentera jusqu'à
1,40. Nous ne pouvons donc que souscrire à l'opinion de J. Dupâquier
quand celui-ci déclare que la mesure des crises de mortalité doit être
fondée sur la seule statistique des décès (2).
F. Lebrun a proposé une formule simple qui, ne faisant intervenir
que les décès, se calcule ainsi : l'intensité des crises se mesure par l'écart
des décès de l'année « n » par rapport à la moyenne de la période
étudiée, l'indice 100 étant donné à cette moyenne. Cette méthode trouve
ses limites lorsque la mesure est opérée sur une série présentant une
tendance. Les résultats seront sur ou sous-estimés selon que la pente de
la tendance sera négative ou positive (3).
M. Lachiver, pour dresser un bilan de la crise de 1693-1694, a
calculé l'excédent ou le déficit du nombre des décès par rapport à une
moyenne de 10 ans précédant la crise (4). Cette méthode, sans être à
rejeter, présente cependant le même inconvénient que la précédente.
Au colloque de Montebello (Canada, 1975) dont le thème était
« l'étude méthodologique des crises démographiques du passé », Т.Н.
Hollingworth et J. Dupâquier ont proposé chacun un indice synthétique
de mesure des crises de mortalité (5).
Т.Н. Hollingworth a proposé de mesurer les crises de mortalité à
l'aide de la formule suivante :
I = Q x n2/3 x t1/3
(i- Q)
où I représente l'intensité de la crise, Q la proportion des décès, n
l'effectif de la population et t la durée de la crise mesurée en jours.
Lorsque l'indice est supérieur à 20, il y a crise. Outre le fait que l'on
ne connaît que rarement l'effectif de la population avant le XIXe siècle
comme plusieurs auteurs l'on fait remarquer à juste titre (6), cet indice
a l'inconvénient supplémentaire d'établir la démarcation entre crise et
non crise d'une manière assez arbitraire car rien ne nous renseigne sur le
seuil statistique que représente le chiffre 20.
L'indice proposé par J. Dupâquier a pour principal mérite d'être
simple et fondé exclusivement sur les chiffres des décès. Il se présente
ainsi :
Dx - Mx
118 Jean-Michel Chevet
où Ix est l'indice cherché pour l'année t, Dx le nombre des décès de
l'année t, Mx la moyenne des décès des dix années qui précèdent l'année
t et ax l'écart-type des dix années de référence.
A partir de cet indice l'auteur propose l'échelle des crises démograp
hiques suivante :
Magnitude 1 (crise mineure) = indice compris entre 1 et 2 2 (crise moyenne) = entre 2 et 4
Magn

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