Les enfants des Kibboutz - article ; n°1 ; vol.16, pg 27-38
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Description

Revue française de pédagogie - Année 1971 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 27-38
L'éducation kibboutz a atteint son but : créer une personnalité juive radicalement nouvelle, en une seule génération. Mais ce succès n'est démonstratif que pour ce genre de petite société où existe un haut degré de consensus sur un idéal universel. Ce succès n'est donc pas universalisable.
Différences essentielles entre la formation de la personnalité dans un kibboutz et dans un pays occidental : au kibboutz, l'image maternelle est très mobile, le conflit œdipien se trouve modifié, le surmoi et le moi sont collectifs.
Children of the kibboutz - Education in the kibboutz has reached its aims : getting a perfectly new Jewish personality, within one generation. But this success is only convincing for such a kind of small society where there is a high degree of consensus on a universal ideal. Thus this success cannot get a universal range.
Main differences between the training of the personality in a kibboutz and in a Western country : in the kibboutz, the mother figure is much variable, then the cedipian conflict gets much changed, the upper-self concept and the self concept are collective.
Los niños de los « kibbutz » - La educación « kibbutz » ha logrado su propósito : crear una personalidad judia radicalmente nueva, en una sola generación. Pero tal éxito no es demostrativo mas que para esta clase de pequeña sociedad donde existe un alto grado de consenso sobre un ideal universal. Este éxito no se puede pues, universalizar. Diferencias esenciales entre la formación de la personalidad en un « kibbutz » y en un país occidental : en el « kibbutz » la imagen maternal es muy variable, el conflicto edipiano resulta modificado, el sobreyo y el yo son colectivos.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 200
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eliane Verret
Les enfants des Kibboutz
In: Revue française de pédagogie. Volume 16, 1971. pp. 27-38.
Citer ce document / Cite this document :
Verret Eliane. Les enfants des Kibboutz. In: Revue française de pédagogie. Volume 16, 1971. pp. 27-38.
doi : 10.3406/rfp.1971.1803
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1971_num_16_1_1803Résumé
L'éducation kibboutz a atteint son but : créer une personnalité juive radicalement nouvelle, en une seule
génération. Mais ce succès n'est démonstratif que pour ce genre de petite société où existe un haut
degré de consensus sur un idéal universel. Ce succès n'est donc pas universalisable.
Différences essentielles entre la formation de la personnalité dans un kibboutz et dans un pays
occidental : au kibboutz, l'image maternelle est très mobile, le conflit œdipien se trouve modifié, le
surmoi et le moi sont collectifs.
Abstract
Children of the kibboutz - Education in the kibboutz has reached its aims : getting a perfectly new
Jewish personality, within one generation. But this success is only convincing for such a kind of small
society where there is a high degree of consensus on a universal ideal. Thus this success cannot get a
universal range.
Main differences between the training of the personality in a kibboutz and in a Western country : in the
kibboutz, the mother figure is much variable, then the cedipian conflict gets much changed, the upper-
self concept and the self concept are collective.
Resumen
Los niños de los « kibbutz » - La educación « kibbutz » ha logrado su propósito : crear una
personalidad judia radicalmente nueva, en una sola generación. Pero tal éxito no es demostrativo mas
que para esta clase de pequeña sociedad donde existe un alto grado de consenso sobre un ideal
universal. Este éxito no se puede pues, universalizar. Diferencias esenciales entre la formación de la
personalidad en un « kibbutz » y en un país occidental : en el « kibbutz » la imagen maternal es muy
variable, el conflicto edipiano resulta modificado, el sobreyo y el yo son colectivos.Jusqu'à ces jours, prévaut en Amérique l'idée, issue
des institutions à la Dickens, qu'un enfant subit toujours
les effets désastreux découlant obligatoirement d'une vie
institutionnelle (cf. Spitz et Bowlby). Effectivement, les
enfants américains élevés dans des institutions rencontrent
LES ENFANTS DES KIBBOUTZ des difficultés considérables au cours de 'leur vie ; cela
semblerait prouver que l'enfant aurait vitalement besoin,
pour sa santé mentale, de J'expérience chaude, intime et
continue d'une relation privilégiée avec sa mère (ou un
substitut permanent).
Trois facteurs sont jugés spécialement pernicieux
pour l'enfant : l'absence de relation stable avec une
figure maternelle pendant les trois premières années, 1e
traumatisme de la séparation limitée et le changement de
figure maternelle. Or, ce dernier élément prévaut en
Israël où les « metapelets » (mot signifiant approximative
ment « celle qui prend soin », mais qui ne correspond
exactement ni à « soignante », n\ à « puéricultrice », ni
à « éducatrice », ni à « nourrice » ; il nous a paru plus
juste de garder simplement le mot israélien, comme le fait
d'ailleurs Lebovici dans son dernier livre : « La connais
sance de l'enfant par te psychanalyse », P.U.F., 1970), où
les metapelets, donc, changent fréquemment, au long des
ans, des mois et même des jours.
Mais avant d'analyser les modes d'éducation des
kibboutz, rappelons la situation de la femme et de l'en
fant dans le kibboutz et d'abord disons quelques mots sur
tes kibboutz eux-mêmes. Ils ne représentent que 4 % de
la nation israélienne mais leur poids spécifique est bien
plus important puisqu'ils sont représentés par 15 % du
Parlement. Et il convient de rappeler que 25 % des sol
dats tués pendant la guerre des six jours venaient des
kibboutz où ils étaient nés et où ils avaient été élevés. Chaque société éduque la génération suivante, élève
Le mot hébreu « kibboutz » signifie « groupe » tout ses enfants à chaque étape de sa croissance selon la
demande particulière issue du mode de vie particulier simplement. Le kibboutz dont parle Bettelheim : « Atid »,
de cette société. De là découle l'intérêt de comparer les a été fondé en 1932 par des Juifs venus essentiellement
modes d'éducation suivant les sociétés dont ils procèdent d'Europe de l'Est et qui, comme d'autres fondateurs
et notamment ceux des civilisations individualistes de d'autres kibboutz voulaient rompre complètement avec
l'existence en ghetto et créer une vie nouvelle sans type occidental avec 'les types d'éducation collectiviste
des communes chinoises, des soviets ou des kibboutz (1). l'autoritarisme familial qu'ils avaient connu.
Ainsi, il ne semble pas indifférent dès l'abord de Le kibboutz est une communauté fermée, qui a rem
remarquer que les kibboutz israéliens semblent ignorer placé la religion parentale par le judaïsme, sorte
des troubles de l'enfance ou de l'adolescence comme la d'athéisme socialiste à morale très stricte. Toutes les
délinquance et la drogue, de même que n'y existent pas satisfactions, et plus encore, qui, dans un ghetto, venaient
de jeunes pour qui la vie est absurde. de la famille, doivent venir aux kibboutzims de leurs
pairs. Ainsi, la salle à manger commune a été instituée Cette seule constatation suffirait à justifier l'étude des
pour rompre avec le cérémonial des repas patriarcaux. méthodes éducatives pratiquées dans 'les kibboutz et de
leurs possibilités d'application aux problèmes du monde Au départ, le kibboutz ne prévoyait pas d'enfant, ni
occidental. même de mariage pour ne pas rompre le groupe ; on ne
créait pas de famille pour ne pas avoir d'enfant et quand
le premier enfant est né on ne savait pas quoi en faire... (1) Cet article a été inspiré par la lecture du livre de Bruno c'est ainsi que la fameuse éducation commune n'a été Bettelheim, The Children of the dream, édité par Thames and Hud
pensée qu'a posteriori. Le but du kibboutz étant de lancer son, et non encore traduit en français.
27 une nouvelle économie, il se proposait aussi de créer un leur enfant ; convaincues d'être incapables de leur offrir
homme nouveau, libéré du noyau familial. Mais quand le cette vie, elles ont accepté ce que le kibboutz leur pro
premier de ces hommes arriva sur la scène comme nou posait par ailleurs comme une nécessité de son type
veau-né ce fut un fléau pour chacun sauf sa mère et d'organisation collectiviste : une éducation collectiviste
peut-être son père. des enfants. Donnant moins que leur propre mère ne leur
a donné, les mères des kibboutz demandent en retour Encore la mère aborda-t-elle sa maternité dans le
moins à leur enfant : elles le confient à des metapelets kibboutz dans des conditions très conflictuelles.
qui ne le dévoreront pas comme leur mère fa fait. En effet, peu de religions ont autant rejeté la féminité
En résumé : que la religion juive : les hommes y remercient Dieu
chaque jour de ne pas les avoir créés femmes. 1) l'enfant n'est pas voulu,
Mais d'autre part, selon la doctrine juive orthodoxe, 2) la maternité est vécue de manière conflictuelle,
est juif seulement celui qui est né d'une mère juive ; 3) l'idéologie des kibboutz est collectiviste, aussi dès la plus précoce enfance, au fond de l'incons
4) le kibboutz essaie de résoudre pragmatiquement les cient d'une fiUe juive est enfouie l'idée qu'une bonne fille
problèmes issus de cet ensemble de conditions : il est celle qui devient une bonne mère.
centre le système non sur l'enfant mais sur la liberté Or, tout comme les Américaines qui reculent le des parents, même s'il est vrai que le corollaire en moment d'avoir des enfants pour ne pas interrompre une est la liberté des enfants, profession qu'elles trouvent pour le moment plus import
5) il aboutit, à travers des différences de détail (selon ante, de même, les femmes des kibboutz écartaient la
que le kibboutz est « à droite » ou « à gauche ») à maternité au profit de ce qui était essentiel pour elles :

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