Les esclaves de la Guadeloupe à la fin de l Ancien Régime : du code noir aux codes numériques - article ; n°2 ; vol.2, pg 93-115
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Les esclaves de la Guadeloupe à la fin de l'Ancien Régime : du code noir aux codes numériques - article ; n°2 ; vol.2, pg 93-115

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Description

Histoire & Mesure - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 93-115
Nous nous sommes intéressés aux listes nominatives d’esclaves contenues dans les inventaires après décès des propriétaires des plantations. C’est ainsi que nous connaissons pour 10 602 esclaves leur nom, surnom, valeur d’estimation, âge, origine ou ethnie, fonction, maladies, traits de caractère. L’analyse porte sur les corrélations et est grandement facilitée par la présence de ce paramètre quantitatif qu’est le prix de l’esclave.Cela permet d’établir avec une grande netteté la hiérarchie des couleurs dans cette société où l’on va du plus noir au plus clair, ainsi que de nombreux résultats démographiques.
The slaves in Guadeloupe at the end of the ancien régime period: from the negro code to numeric codes. We were concerned with the lists of the slaves’ names contained in the inventories made after the death of the plantation owners. these have thus enabled us to know the name, nickname, estimation value, age, origin or ethnic group, occupation, discases, personality of 10,602 slaves. The analysis deals with the different correlations, and the presence of the quantitative variable represented by the price of the slave has made this analysis much more efficient. It has thus been possible to establish precisely a hierarchy according to the colour of the skin in a society ranging from the blackest to the lightest black, together with a large amount of demographic features.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Nicole Frisch
Marc Frisch
Les esclaves de la Guadeloupe à la fin de l'Ancien Régime : du
code noir aux codes numériques
In: Histoire & Mesure, 1987 volume 2 - n°2. pp. 93-115.
Résumé
Nicole et Marc Frisch. Les esclaves de la Guadeloupe à la fin de l'ancien régime : du code noir aux codes numériques. Nous
nous sommes intéressés aux listes nominatives d'esclaves contenues dans les inventaires après décès des propriétaires des
plantations. C'est ainsi que nous connaissons pour 10.602 esclaves leur nom, surnom, valeur d'estimation, âge, origine ou
ethnie, fonction, maladies, traits de caractère. L'analyse porte sur les corrélations et est grandement facilitée par la présence de
ce paramètre quantitatif qu'est le prix de l'esclave. Cela permet d'établir avec une grande netteté la hiérarchie des couleurs dans
cette société où l'on va du plus noir au plus clair, ainsi que de nombreux résultats démographiques.
Abstract
Nicole and Marc Frisch. The slaves in Guadeloupe at the end of the « ancien régime » period: from the negro code to numeric
codes. We were concerned with the lists of the slaves' names contained in the inventories made after the death of the plantation
owners. These have thus enabled us to know the name, nickname, estimation value, age, origin or ethnic group, occupation,
diseases, personality of 10,602 slaves. The analysis deals with the different correlations, and the presence of the quantitative
variable represented by the price of the slave has made this analysis much more efficient. It has thus been possible to establish
precisely a hierarchy according to the colour of the skin in a society ranging from the blackest to the lightest black, together with a
large amount of demographic features.
Citer ce document / Cite this document :
Frisch Nicole, Frisch Marc. Les esclaves de la Guadeloupe à la fin de l'Ancien Régime : du code noir aux codes numériques. In:
Histoire & Mesure, 1987 volume 2 - n°2. pp. 93-115.
doi : 10.3406/hism.1987.1315
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1987_num_2_2_1315Histoire & Mesure, 1987, II-2, 93-116
Nicole et Marc FRISCH
Les esclaves de la Guadeloupe à la fin
de l'Ancien Régime : du code noir aux
codes numériques
En étudiant les esclaves de la Guadeloupe, nous avons voulu
dégager les particularités de la population servile d'une île de dimension
modeste, à l'extrême fin de l'Ancien Régime.
Le choix de la Guadeloupe était d'autant plus intéressant que,
jusqu'à ce jour, les recherches concernant l'histoire des Antilles françai
ses s'étaient surtout tournées vers les dossiers de plantation de la grande
île sucrière de Saint-Domingue. Ces contiennent les rapports des
gérants destinés aux propriétaires métropolitains. A la Guadeloupe, de
tels documents sont rarissimes car les planteurs résident sur leur
habitation antillaise.
Si l'on ne voulait pas se contenter des récits et anecdotes des pères
de l'église, si passionnants par ailleurs, il fallait bien trouver d'autres
sources. C'est Ch. Schnakenbourg qui a attiré notre attention sur l'intérêt
que pouvaient avoir des documents d'apparence bien ingrate : les listes
nominatives d'esclaves contenues dans les inventaires après décès. Ces
actes notariés, conservés aux archives départementales de Basse-terre,
étaient rédigés lors d'une succession. L'esclave était alors estimé au
même titre que le mobilier, le bétail, et autres biens meubles. Un expert
(lui-même propriétaire d'esclaves) était désigné pour dresser leur liste,
les estimer et noter tous les détails pouvant affecter leur valeur
marchande. Le notariat français n'a pas failli là à sa réputation et c'est
ainsi que nous savons : le nom de l'esclave, son surnom éventuel, son
sexe, son âge, son origine, ses filiations, son état sanitaire, ses fonctions
sur la plantation, des mentions éventuelles (telles que marron, bon sujet,
etc.) et enfin ce paramètre insolite et précis, sa valeur d'estimation :
objet de l'attention toute particulière des héritiers, vu leurs intérêts
contradictoires, et de la nôtre, car il nous a permis une analyse fine des
corrélations entre les divers paramètres concernant l'esclave.
Nous avons ainsi relevé 10.602 descriptions d'esclaves sur les années
1770-1789. Ils concernent 8.820 esclaves différents, ce qui représente 10
% environ de la population servile de l'île. C'est une grande chance pour
nous d'avoir pu effectuer notre sondage sur un échantillon aussi
important. Grâce à leur masse, ces données permettent de remédier dans
93 Histoire & Mesure
une large mesure aux ommissions ou erreurs du copiste. Avec un effectif
moindre, on risquait de traiter des populations trop réduites lorsque des
caractères comme l'origine ou le métier sont fixés.
L'analyse statistique des données propres à chaque esclave (sexe,
âge, ethnie, prix, etc.) nous apprend ainsi les principales caractéristiques
de la population servile. C'est par la cohérence des résultats obtenus à
chaque étape que l'on arrive à préciser le degré de confiance qu'il
convient d'accorder à nos sources.
On ne pourra ici que résumer les résultats obtenus, qui ont fait
l'objet d'une thèse (1) publiée par la Société d'Histoire de la Guadeloupe
(2). Disons tout de suite qu'ils font ressortir avec une extrême netteté la
hiérarchie des couleurs de peau et des origines, ce qui n'étonnera pas
ceux qui connaissent bien la société antillaise contemporaine... Quant à
l'emploi de méthodes numériques (3), (4), il s'est révélé particulièrement
adapté pour établir des résultats démographiques : pyramides des âges,
origine des esclaves, structures familiales ainsi que des remarques sur la
natalité et la mortalité. Il est bien entendu que des chiffres précis sur ces
deux derniers points nous seront à jamais inaccessibles en l'absence
d'état civil.
Les listes d'esclaves n'étant pas destinées à être des documents
d'information, ne nous renseignent pas sur tout. Lacunes et omissions ne
permettent pas de pousser l'étude de plusieurs sujets aussi loin que nous
l'aurions souhaité. Ainsi nos documents se sont révélés inadéquats pour
préciser les conditions et l'organisation du travail, l'apport annuel de la
traite, les causes du marronnage, ou même d'aborder des questions telles
que les châtiments, la résistance à la servitude, les soins aux enfants, etc.
Avant d'exposer nos résultats, nous allons présenter notre source
principale et notre méthodologie.
I. Les listes nominatives d'esclaves
A) Description des sources
L'expert chargé de dresser la liste des esclaves procède comme dans
les exemples suivants :
« Toussaint, mulâtre, cuisinier, âgé de 34 ans, estimé 3300 Lv. »
« Charles, nègre de Guinée, âgé de 33 ans, ayant une descente,
estimé 1900 Lv. »
« Sa femme légitime Pétronille, négresse de Guinée, âgée de 32 ans,
prisée 1800 Lv. »
« Jean- Pierre, leur fils, négrillon, âgé de 3 ans, estimé 800 Lv. »
« Abraham, nègre de Guinée, âgé de 48 ans environ, estimé 50 écus
seulement, étant enflé et mauvais sujet », etc. (inventaire de la
succession Ch. F. Lecointre de Bellecourt, Notaire Dupuch, 30
94 Nicole et Marc Frisch
Novembre 1785, MN 2/19, archives départementales de Basse-
Terre).
Sur ce modèle, pour chaque esclave nous aurons en général :
son nom, éventuellement un surnom « Luce Petite-Terre », ou un
sobriquet « Dieudonnée dite Gaie » ;
son origine : nègre ou négresse créole, mulâtre ou mulâtresse, métis ou
métisse, câpre ou câpresse, nègre ou négresse de Guinée (ce qui reste
très vague du point de vue géographique), mais aussi des ethnies
africaines précises : Ibos, Aradas, Congos, etc. ;
son âge, exprimé en années pour les adultes et les enfants, en mois ou
en semaines pour les nourissons ;
sa valeur d'estimation, indiquée en livres des îles. Indice matériel et
tangible de l'existence de l'esclave , elle est toujours indiquée ,

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