Les insurrections paysannes au Mont-Liban au XIXe siècle - article ; n°2 ; vol.109, pg 671-688
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1997 - Volume 109 - Numéro 2 - Pages 671-688
Elias Kattar, Les insurrections paysannes au Mont-Liban au XIXe siècle d'après les archives de la Congrégation De propaganda fide, p. 671-688. Le Liban connaît trois révoltes populaires dans la première moitié du XIXe siècle. En 1820-1821, les paysans maronites, organisés en communes populaires, réclament la parité des droits avec les druzes, notamment en matière fiscale. En 1840, peuple et notables combattent l'occupation égyptienne de Mehemed Ali et Ibrahim Pasha. En 1858-1860, les paysans, appuyés par le clergé maronite, se constituent en force politique. L'article propose un éclairage nouveau sur ces événements en tirant profit d'une exploitation systématique des archives de la Congrégation De propagande fide jusqu'ici méconnues.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Elias Kattar
Les insurrections paysannes au Mont-Liban au XIXe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 109, N°2. 1997. pp. 671-688.
Résumé
Elias Kattar, Les insurrections paysannes au Mont-Liban au XIXe siècle d'après les archives de la Congrégation De propaganda
fide, p. 671-688.
Le Liban connaît trois révoltes populaires dans la première moitié du XIXe siècle. En 1820-1821, les paysans maronites,
organisés en communes populaires, réclament la parité des droits avec les druzes, notamment en matière fiscale. En 1840,
peuple et notables combattent l'occupation égyptienne de Mehemed Ali et Ibrahim Pasha. En 1858-1860, les paysans, appuyés
par le clergé maronite, se constituent en force politique.
L'article propose un éclairage nouveau sur ces événements en tirant profit d'une exploitation systématique des archives de la
Congrégation De propagande fide jusqu'ici méconnues.
Citer ce document / Cite this document :
Kattar Elias. Les insurrections paysannes au Mont-Liban au XIXe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et
Méditerranée T. 109, N°2. 1997. pp. 671-688.
doi : 10.3406/mefr.1997.4509
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1997_num_109_2_4509ELIAS KATTAR
LES INSURRECTIONS PAYSANNES AU
MONT-LIBAN AU XIXe SIÈCLE D'APRÈS
LES ARCHIVES DE LA CONGRÉGATION
DE PROPAGANDA FIDE
De 1820 à 1860, le Mont-Liban est le théâtre d'une série d'insurrections
de paysans dirigées par le bas clergé maronite. Les insurgés qui se sont or
ganisés en communes populaires secouent la société rurale et son organi
sation traditionnelle1 par une série de mouvements et par un courant d'
idées nouvelles.
Ces mouvements, qui prennent en général le nom d"Âmmiya, se pro
posent de réaliser l'égalité des droits entre chrétiens et musulmans, surtout
druzes2, et revendiquent une certaine autonomie dans la gérance de l'a
dministration locale sur laquelle se fonde le consensus général entre les di
vers groupes sociaux qui peuplent la Montagne libanaise.
Ces insurrections se produisent en général au sein de la seule commun
auté confessionnelle maronite et prennent la forme d'une réaction tantôt
contre les instances socio-administratives du pays, tantôt contre l'occupa
tion étrangère.
1 L'histoire du territoire qui correspond au Liban actuel est essentiellement ru
rale depuis la conquête musulmane. Les grandes villes antiques du littoral méditer
ranéen s'éclipsent devant les villes caravanières de l'hinterland et deviennent de
simples villages. Dans cette économie rurale, le système traditionnel de mise en va
leur de la terre le plus répandu est celui de la muqâta'a qui remplace l'ancienne iqta
dans laquelle l'administration musulmane concédait la mise en valeur et l'exploita
tion d'une terre à un militaire ou à un clan familial en contrepartie du service mili
taire. Ce système évolue d'abord en iltizâm ou location des tributs, toujours fondé
sur le service militaire. Sur Yiqtâ', voir notre article, Quelques aspects de l'institution
de l'iqta au Liban à la fin du Moyen Age, dans Hannon, revue libanaise de géographie,
1978-1979, p. 141-164. Sur le système de Yiqtâ' et de la muqâta'a, voir aussi G. Baer,
Iltizâm, dans El, III, 1982, p. 1182-1183; C. Cahen, L'évolution de l'iqtâ' du IXe au XIIIe
siècle, dans Annales ESC, 8, 1953, p. 25-52.
2 Les druzes constituent une secte musulmne ésotérique issue des chiites-ismaï-
lites au XIe siècle.
MEFRIM - 109 - 1997 - 2, p. 671-688. 45 672 ELIAS KATTAR
Les druzes qui refusent le principe de l'égalité entre le seigneur druze
et le paysan maronite3 regardent d'un mauvais œil le mouvement de reven
dications, craignant que l'unité de leur nation en soit menacée et que les
notables, défenseurs de et de la souveraineté druzes4, en soient affai
blis. Les divergences d'intérêts et de sentiments entre maronites et druzes
conduisent alors à un clivage qui exaspère les esprits et constitue une des
principales causes des événements sanglants de 1840-1860.
Les insurrections populaires connaissent trois étapes successives. En
1820-1821, c'est d'abord la révolution paysanne, assez bien organisée en
communes populaires qui représentent les villages des districts chrétiens
du centre et du nord du Mont-Liban. Ce mouvement réclame l'égalité de
vant la justice pour les chrétiens et les druzes, et aspire à libérer l'émirat du
Mont-Liban de la tutelle directe des Ottomans5.
En 1840 ensuite, les notables et le peuple des différentes communautés
religieuses du Mont-Liban s'organisent à la façon des mouvements de 1820-
1821 pour combattre l'occupation égyptienne de Mehemed Ali et de son fils
Ibrahim Pasha6.
3 Malgré la tolérance de l'islam à l'égard des juifs et des chrétiens, la société mu
sulmane prévoit pour eux le statut particulier de dhimmi qui leur impartit une posi
tion inférieure aux musulmans. Le principe d'égalité revendiqué par les paysans
chrétiens est en fait imposé au XIXe siècle par l'Europe au sultanat ottoman avec le
mouvement de Tanzimat.
4 Les druzes constituent une société refermée sur elle-même, farouchement a
ttachée à ses propres traditions. Très minoritaires, ils sont préoccupés de leur unité
qui fait figure de principe religieux. Ils sont soumis à leurs notables divisés depuis
trois siècles en deux partis, d'une part la famille Jumblât, de l'autre, le clan des Yaz-
baki à la tête duquel se succèdent des familles notables, depuis les Imâd jusqu'aux
Arsalân aujourd'hui.
5 Le Mont-Liban est divisé en plusieurs districts - muqâta 'a, au sens de ci
rconscription administrative liée à la perception des impôts. Du Nord au Sud, en par
tant des collines qui dominent la vallée de Tripoli, les districts chrétiens sont Al-
Zâwya, Jibbat Bsharri, Batrûn, Jbayl, Kisrawân. Les du Matn et du Shûf
sont habités par des chrétiens et des druzes, celui de Jazzine, par des chrétiens et des
chiites.
Ma' η puis Shihâb réussissent à faire du Mont-Liban un émirat relLes princes
ativement indépendant en s'adjoignant à partir du Shûf les autres districts de la Mont
agne et parfois des districts extérieurs aux frontières actuelles du Liban : ils s'allient
d'abord les notables, puis les habitants druzes et chrétiens, et maintiennent de
bonnes relations avec les pashas des provinces de Damas, de Tripoli, puis de Sidon-
Acre qui rejoignent les premiers vers la fin du XVIIe siècle pour contrôler les princes
turbulents de la Montagne.
6 Mehemed Ali (1769-1849), fondateur de la dynastie des Khédives d'Egypte.
Son fils Ibrahim, voulant réaliser le projet d'expansion de son père au détriment de
l'empire ottoman, occupe militairement la Palestine, le Liban et la Syrie de 1831 à LES INSURRECTIONS PAYSANNES AU MONT-LIBAN 673
Enfin, le mouvement de 1858-1861, la grande révolution paysanne de
Kisrawân, voit les paysans appuyés par une partie du clergé maron
ite s'organiser de nouveau en communes populaires plus solides que celles
des deux mouvement précédents. Ils élisent pour chef suprême Tanious
Shâhîne (?-1895), chassent du Kisrawân les notables maronites de la famille
Khâzen dont les biens sont confisqués et se constituent en force politique7.
Les sources
Les sources principales pour l'étude des insurrections en général sont :
- les annales des chroniqueurs libanais contemporains des événe
ments8;
- les relations de voyageurs9;
- les archives des pays d'Europe, surtout de France et de Grande Bre
tagne qui se sont rangées avec ou contre ces mouvements, selon les étapes
déterminées plus haut10;
- les archives de la résidence du patriarche maronite à Bkerké11;
1840. Il arrive aux portes d'Istanbul et menace le sultanat qui aurait pu succomber
sans l'intervention des puissances européennes. En 1840, après la conférence de
Londres et des flottes européennes, les troupes égyptiennes doivent re
brousser chemin, suite au mouvement populaire qui éclate contre elles et leur allié,
l'émir Bashîr II Shihâb (1767-1850), gouverneur du Mont-Liban. Pour plus de dét
ai

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