Les politiques étatiques et firmes multinationales du secteur automobile - article ; n°1 ; vol.80, pg 67-92

Christophe Storaï

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1997 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 67-92
Based on a study of the automobile industry, this paper attempts to explain the bilateral influences between north-american and european states' policies and strategies of multinational firms. Considering the determining factors of the automobile industry's globalisation, the article proposes to identify the implications of this process on automobile makers' international strategies and concerning commercial policies. On this way, it's possible to specify the different logics of firms' multinationalisation (multinational strategies and global strategies) in a view of the perception of the competitive area in which enterprises are moving. However, public authorities' behaviour concerning foreign direct investment's attraction - regulation can shape competitive environment and strategic choices of car makers ; but it seems that foreign investments' government policies still remain in search of foundation.
L'objet de cet article est de présenter une analyse des influences bilatérales entre les politiques étatiques nord-américaines et européennes et les stratégies des firmes multinationales dans le cadre restreint du secteur automobile. L'étude, fondée sur l'identification des facteurs déterminants du phénomène de globalisation du secteur automobile, propose un examen des répercussions de ce processus dans le domaine de la stratégie internationale des constructeurs automobiles et précise ses implications en matière de politiques commerciales. Sur cette base, sont analysées les différentes logiques comportementales de multinationalisation des firmes (stratégies multinationales et stratégies globales) eu égard à la perception du contexte concurrentiel dans lequel les acteurs évoluent. Mais l'environnement et les orientations stratégiques des producteurs automobiles peuvent être modelés par l'attitude des pouvoirs publics en matière d'attraction/réglementation des investissements directs étrangers (IDE) ; politiques étatiques des investissements étrangers qui demeurent d'ailleurs en quête de fondement.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 31
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Christophe Storai
Les politiques étatiques et firmes multinationales du secteur
automobile
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 80. 2e trimestre 1997. pp. 67-92.
Abstract
Based on a study of the automobile industry, this paper attempts to explain the bilateral influences between north-american and
european states' policies and strategies of multinational firms. Considering the determining factors of the automobile industry's
globalisation, the article proposes to identify the implications of this process on automobile makers' international strategies and
concerning commercial policies. On this way, it's possible to specify the different logics of firms' multinationalisation (multinational
strategies and global strategies) in a view of the perception of the competitive "area" in which enterprises are moving. However,
public authorities' behaviour concerning foreign direct investment's attraction - regulation can shape competitive environment and
strategic choices of car makers ; but it seems that foreign investments' government policies still remain in search of foundation.
Résumé
L'objet de cet article est de présenter une analyse des influences bilatérales entre les politiques étatiques nord-américaines et
européennes et les stratégies des firmes multinationales dans le cadre restreint du secteur automobile. L'étude, fondée sur
l'identification des facteurs déterminants du phénomène de globalisation du secteur automobile, propose un examen des
répercussions de ce processus dans le domaine de la stratégie internationale des constructeurs automobiles et précise ses
implications en matière de politiques commerciales. Sur cette base, sont analysées les différentes logiques comportementales de
multinationalisation des firmes (stratégies multinationales et stratégies globales) eu égard à la perception du contexte
concurrentiel dans lequel les acteurs évoluent. Mais l'environnement et les orientations stratégiques des producteurs automobiles
peuvent être modelés par l'attitude des pouvoirs publics en matière d'attraction/réglementation des investissements directs
étrangers (IDE) ; politiques étatiques des investissements étrangers qui demeurent d'ailleurs en quête de fondement.
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Storai Christophe. Les politiques étatiques et firmes multinationales du secteur automobile. In: Revue d'économie industrielle.
Vol. 80. 2e trimestre 1997. pp. 67-92.
doi : 10.3406/rei.1997.1669
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1997_num_80_1_1669Christophe STORAÏ
LATAPSES - CNRS
Université de Nice - Sophia Antipolis
LES POLITIQUES ETATIQUES
ET FIRMES MULTINATIONALES
DU SECTEUR AUTOMOBILE *
investissements Mots-clés : Globalisation, directs à l'étranger. firme multinationale, politiques étatiques, secteur automobile,
Key Words : multinational firm, states' policies, automobile industry, forei
gn direct investment.
L'analyse des interactions des États et des firmes multinationales n'est
pas un phénomène récent. En effet, les modalités d'internationalisation
des entreprises ont toujours suscité la vigilance des pouvoirs publics :
la recherche de codes de bonne conduite témoigne des efforts de régulation de
ce phénomène mais aussi de la complexité d'un contrôle international. Dans
un premier temps, la littérature économique consacrée à ce thème a été essen
tiellement centrée sur les pays en voie de développement, alors que la théorie
de la multinationalisation des entreprises concernait majoritairement les firmes
nord-américaines. Progressivement, l'élaboration de théories spécifiques fon
dées sur la notion de « réactions oligopolistiques » a permis d'analyser diff
éremment la dialectique protectionnisme-investissements directs à l'étranger.
Cette analyse repose sur une conception générale de mimétisme concurrentiel :
il est supposé que le meilleur moyen pour une entreprise de résister à la
concurrence d'un adversaire est de répondre à une action en utilisant la même
arme stratégique (1). Au-delà de la vérification empirique d'un tel présupposé,
(*) Nous remercions Michel RAINELLI et Paul-Marie ROMANI pour leurs conseils et
encouragements ainsi que les rapporteurs anonymes de la Revue d'Économie Industrielle
pour leurs critiques et commentaires sur une version antérieure de cet article. Néanmoins,
la responsabilité des erreurs ou maladresses demeurant dans le texte doit nous incomber.
(1) Les chercheurs du GERPISA - Réseau international ont lancé un programme internation-
nal 1992-1995 « Émergence de nouveaux modèles industriels ». L'objectif scientifique
poursuivi est de reconstituer les trajectoires réelles des firmes automobiles, de leurs
filiales et transplants depuis le milieu des années 1970, et de caractériser les modèles
éventuels que ces trajectoires dessinent. Il est rendu compte de l'avancement de ce pr
ogramme à travers, notamment, la publication régulière des Actes du GERPISA. Dans le
numéro 12 des Actes « Positionnement sur le marché et flexibilité productive », les contri
butions des auteurs montrent clairement l'existence des comportements stratégiques
mimétiques (Belis-Bergouignan, Lung 1994) tant au Japon qu'en Europe, même si la
concurrence autour des opportunités entraîne cependant des différences entre les firmes.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 80, 2" trimestre 1997 67 ce type d'approche a permis de souligner la place croissante occupée par les
pays développés dans le «fait multinational » : ces nations pouvant être simul
tanément des centres d'origine et d'accueil des firmes multinationales. Cette
idée est au centre d'une contribution proposée par J.L. Mucchielli (1982), dans
laquelle l'auteur s'intéresse à quantifier l'existence d'une interpénétration des
capitaux entre les pays développés.
Parmi l'ensemble des travaux empiriques développés consacrés aux firmes
multinationales, les plus originaux sont certainement ceux qui ont tenu compte
de la complexité du phénomène multinational, en proposant d'une part, une
grille d'analyse simultanée des politiques étatiques concernant l'accueil des
firmes étrangères et la promotion de la multinationalisation des entreprises
nationales (Rainelli, 1984) ; et d'autre part, en caractérisant l'hétérogénéité et la
discontinuité du processus de multinationalisation des firmes grâce à l'analyse
de la différenciation des phénomènes de mondialisation et de globalisation
(Michalet, 1990). En effet, C.A. Michalet remarque un changement structurel
multidimensionnel intervenu entre la mondialisation et la globalisation qu'il est
possible d'appréhender par l'étude des modifications engendrées dans la struc
turation de l'espace géographique au sein duquel les entreprises multinationales
exercent leurs activités. Cette distinction nous semble pertinente, car elle permet
de caractériser simultanément l'émergence de nouvelles formes de gestion des
relations coopératives inter-firmes (Chesnais, 1990) et l'existence d'une typolo
gie à deux dimensions des stratégies des firmes en matière d'internationalisation
(voir infra paragraphe 2). L'objet de cet article est plus limité puisqu'il concer
ne l'analyse des influences bilatérales entre les pouvoirs publics nord-améri
cains et européens et les stratégies des firmes multinationales dans le cadre res
treint du secteur automobile. De ce point de vue, le cadre référentiel de notre
étude s'inscrit logiquement dans le champ de l'analyse sectorielle. La justifica
tion de ce choix est relativement forte. Sans entrer dans un débat taxonomique
relatif aux notions de secteur, branche ou industrie, le niveau d'analyse sectoriel
permet de faire apparaître les firmes et surtout le lieu où s'affrontent les straté
gies des acteurs : le secteur s' avérant être une réalité vécue par les firmes que ce
soit dans les relations avec leurs concurrents-partenaires ou dans leurs stratégies
vis-à-vis des consommateurs. Aussi, nous conviendrons dans la suite de notre
étude d'appeler secteur automobile le regroupement de firmes dont l'activité
principale est la construction d'automobiles.
Dans l'analyse de la trajectoire des entreprises du secteur automobile, deux
éléments sont à considérer qui, sans ê