Les problèmes de l environnement méditerranéen - article ; n°1 ; vol.15, pg 257-267
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1973 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 257-267
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Poncet
Les problèmes de l'environnement méditerranéen
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°15-16, 1973. pp. 257-267.
Citer ce document / Cite this document :
Poncet Jean. Les problèmes de l'environnement méditerranéen. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°15-
16, 1973. pp. 257-267.
doi : 10.3406/remmm.1973.1246
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1973_num_15_1_1246LES PROBLEMES
DE L'ENVIRONNEMENT MÉDITERRANÉEN
par Jean PONCET
Le milieu naturel méditerranéen a pu être défini, d'une façon restrictive,
comme celui où la culture de l'olivier est possible, en même temps que celle des
céréales non irriguées (Dresch et Birot). Cette définition de géographie humaine
permet de tracer les limites approximatives, tant au Nord qu'au Sud, d'une zone
relativement étroite, comprise entre les pays tempérés plus humides et plus froids,
d'une part, les pays arides, d'autre part. Du point de vue qui nous intéresse ici,
nous préférerons dire qu'il s'agit d'une zone de rencontre entre les deux grands
types de climats secs continentaux (froid et chaud) et les influences maritimes
océaniques, ces dernières affectant surtout le bassin occidental et central de la
Méditerranée. Cette rencontre vaut au climat méditerranéen ses principales caracté
ristiques : la vigueur des contrastes thermiques et des précipitations orageuses (fin
du printemps et automne surtout) entraînés par le contact des fronts septen
trionaux et méridionaux se déplaçant saisonnièrement avec le principal foyer
anticyclonique axé sur les méridiens atlantiques ; la pluviosité réduite dans
l'ensemble (prépondérance des influences continentales) mais d'une irrégularité et
parfois d'une violence comparable seulement à celle des orages tropicaux ; les
dangers aridité prolongée enfin . . . Aridité et contrastes tempérés cependant
par les facteurs du relief et de l'exposition, qui façonnent les microclimats locaux,
sur des façades maritimes fréquemment abritées. Ce dernier trait est en relation avec
la seconde caractéristique dominante des pays méditerranéens : il s'agit, le plus sou
vent, d'un ensemble de pays montagneux bordant de près une mer profonde à côtes
découpées, parfois régularisées cependant par les apports continentaux. C'est le cas
du littoral européo-asiatique dans son ensemble, qui s'achève en péninsules, en
grandes îles et en archipels, encore jalonnées quelquefois d'accidents volcaniques,
alors que le vieux continent africain allonge au contraire parallèlement à la côte les
plis de l'Atlas maghrébin ou les bordures de l'ancien socle saharien.
Une double originalité climatique et physique par conséquent, et dont il a
bien souvent été dit qu'elle expliquerait, au moins en partie, les formes prises par
les premières sociétés humaines implantées dans ce milieu : difficultés et aléas de
l'agriculture en sec, développement de l'irrigation, population tendant à s'aggl
omérer et à se fixer sur des terroirs souvent restreints, tournés vers la mer,
aménageant des ilôts ou des sites "perchés", dans le proche arrière-pays, prépon
dérance des communications maritimes, rôle des thalassocraties, etc. Les tech
niques de l'hydraulique, l'aménagement des versants bien exposés en réseaux de J- poncet 258
terrasses, l'assainissement des bas-fonds marécageux et leur "bonification" inten
sive, la protection contre les crues, autant de pratiques répondant de très bonne
heure aux besoins des populations. Celles-ci manquaient de larges espaces, mais
trouvaient, par contre, abondance et variété de ressources dans un milieu très
différencié et favorisé par la nature : forêts et pâturages sur les hauteurs, les
versants défrichés, eaux de ruissellement et d'infiltration, piémonts et vallées
fertiles, littoraux poissonneux, découpés, abondants en abris, climats ignorant les
froids et les chaleurs extrêmes, ressources végétales remarquablement diversifiées
par le relief, bois et matériaux à pied d'œuvre, multiplicité de sites défensifs
aisément aménageables . . .
Milieu naturel très humanisé par conséquent, et de longue date, qui doit
précisément à son accessibilité et à ses dominantes bio-climatiques d'avoir
profondément subi l'empreinte des sociétés historiques qui s'y sont succédé. La
faune et la flore y ont changé d'aspect, plus que sous n'importe quel autre climat
peut être, non seulement par suite de la disparition du couvert originel et par le
développement des plantes cultivées, mais avec l'apparition de nouvelles associa
tions phytoclimatiques plus pauvres. Les sols surtout ont presque toujours
considérablement perdu, en qualité et en puissance, quand ils n'ont pas disparu.
Le micro-relief, le régime des eaux, les températures au sol ont évolué de façon à
faire croire à des mutations historiques du climat ou à des évolutions morpholog
iques naturelles, là où il ne faut parler que d'actions anthropiques ou des
conséquences de celles-ci. Il convient de revenir sur ces derniers points de
géographie historique, parce qu'ils éclairent les problèmes majeurs posés par
l'environnement méditerranéen en tant que tel à la société contemporaine. Trop
souvent, les données initiales de ces problèmes sont oubliées ou mal présentées.
Trop souvent, les problèmes de l'environnement sont réduits à des aspects qu'on
peut encore tenir pour mineurs dans l'ensemble des pays méditerranéens, ce qui
ne veut pas dire qu'ils doivent être négligés. Pollution atmosphérique, pollution
des eaux, dégradation du paysage vivant, urbanisation désordonnée et cauchemard
esque, tout cela se trouve certes et prend une ampleur alarmante en Méditer
ranée, dès que la civilisation dite industrielle s'y propage de la façon anarchique
qui caractérise aujourd'hui les pays "occidentaux" en particulier. Mais on peut
considérer ces aspects actuels, si graves soient-ils, de l'évolution fâcheuse subie par
notre environnement comme s'inscrivant ici sur un fond plus catastrophique
encore, parce que plus ancien, plus général et, sinon moins ressenti, en fait plus
difficile à dominer et à restaurer. C'est le fond de l'érosion accélérée des der
niers sols vivants et ce qu'on pourrait appeler l'"ensauvagement" généralisé du
régime hydraulique dans tous les bassins proprement méditerranéens. Or, et nous
ne saurions trop y insister, tous ces mécanismes physiques relèvent de la
commande humaine ; seule, la prise en conscience de leur gravité, mais surtout de
cette responsabilité sociale collective dans leur déchaînement sauvage ou leur
maîtrise rationnelle peut sauver en définitive l'environnement méditerranéen. L'ENVIRONNEMENT MEDITERRANEEN 259
V EVOLUTION HISTORIQUE DU MILIEU MEDITERRANEEN : DESTRUC
TION ET AMENAGEMENT
L es sociétés humaines se comportent à la fois, vis-à-vis du milieu naturel,
en destructeurs et en aménageurs, pour autant qu'elles exploitent ses ressources de
façon minière, qu'elles bouleversent inconsciemment le jeu de ses lois — de la
reproduction biologique en particulier —, ou qu'elles y interviennent au contraire
de manière constructive ou réparatrice, en fonction de l'expérience accumulée par
les générations, des besoins apparus et des capacités techniques acquises. Dans le
milieu méditerranéen, l'exploitation minière des ressources végétales, forêts et
pâtures notamment, a eu des conséquences d'autant plus irréparables qu'il
s'agissait d'un milieu vivant en situation "postclimatique", hérité du dernier
pluvial et tendant par conséquent à s'adapter au climat actuel, beaucoup moins
favorable à la végétation, dés que l'équilibre plus ou moins délicat de la biosphère
se trouve modifié ou rompu. Les études phytogéographiques montrent dans quelle
immense proportion ont disparu ou se sont dégradées les associations végétales
typiques du mili

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