Les protégés de Théodora - article ; n°1 ; vol.35, pg 57-79
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1915 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 57-79
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1915
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Duchesne
IV. Les protégés de Théodora
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 35, 1915. pp. 57-79.
Citer ce document / Cite this document :
Duchesne Louis. IV. Les protégés de Théodora. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 35, 1915. pp. 57-79.
doi : 10.3406/mefr.1915.7113
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1915_num_35_1_7113LES PROTEGES DE THEODORA
L'empereur Justin mourut le 1er août 527. Quatre mois avant
sa mort (l>r avril) il s'était associé son neveu Justinien, lequel, sous
des titres divers, comte, consul, maître des milices, était, depuis
l'avènement de son oncle, le chef réel du gouvernement. Avec lui
fut couronnée sa femme Theodora, personne énergique et avisée, sur
le passé de laquelle on racontait, très bas, beaucoup d'histoires. Main
tenant sa tenue était exemplaire : on n'eût pas trouvé dans tout l'em
pire un ménage plus correct, plus uni, que celui du Palais Sacré.
Ce n'est pas que les humeurs n'y fussent parfois en conflit. Theodora
n'était pas femme à se confiner dans le gynécée ; elle prenait au
sérieux son titre d'auguste et se mêlait volontiers des affaires pu
bliques. Toutefois un partage semble s'être établi de lui-même. L'em
pereur déterminait les lignes générales de, la politique ; c'est plutôt
dans les détails, dans les questions de personnes, que l'impératrice
intervenait. Justinien n'avait pas à céder sur les choses essentielles,
sur lesquelles, d'ailleurs, sa volonté convergeait généralement avec
celle de sa femme. Par ailleurs, quand Theodora voulait énergique-
ment quelque chose, et cela lui arrivait souvent, elle était sûre de
l'obtenir. Les fonctionnaires le sentaient et s'arrangeaient pour lui
plaire, surtout pour ne pas lui déplaire, ce qui était très dangereux.
Un événement qui se produisit dans les premiers temps du nou
veau régime donna la mesure de son énergie et contribua beaucoup,
on n'en peut douter, à assurer son influence. Le 11 janvier 582,
1 Voir t. XXXII, p. 305; t. ΧΧΧΙΠ, p. 337. 58 LES PROTÉGÉS DE THEODORA
une émente éclata dans l'Hippodrome, à propos des éternelles que
relles entre la faction verte et la faction bleue. Il y eut des pour
parlers assez aigres entre l'empereur et les chefs des Verts. De l'Hi
ppodrome l'agitation se répandit dans la rue; les Verts et les Bleus,
un moment réconciliés, s'unirent contre le gouvernement; l'Augus-
teon fut envahi, le palais menacé, le feu mis aux édifices publics:
Sainte-Sophie, Sainte-Irène, le Sénat, les thermes de Zeuxippe, le
grand hôpital de Samson, puis le vaste quartier qui de là s'éten
dait jusqu'au Forum de Constantin, tout fut la proie des flammes.
Pas de troupes pour réprimer la révolution déchaînée; car c'était
une révolution. On acclama dans le Cirque les neveux d'Anastase,
Hypatius et Pompeius, qui, malgré eux, semble-t il, se laissèrent re
vêtir des ornements impériaux. Justinien, découragé, se préparait à
leur céder la place ; déjà ses trésors étaient embarqués ; il allait
s'embarquer lui-même (18 janvier) quand Theodora intervint. Elle
se rendit compte des ressources qui restaient encore, fit semer l'or
et la discorde parmi les émeutiers, rallia quelques troupes, les mit
aux ordres de Bélisaire et de Mundus et les jeta sur l'Hippodrome,
que les émeutiers avaient transformé en place forte. Ils y furent
massacrés en masse, au nombre de trente mille, disent les chroni
queurs les moins excessifs. Le lendemain Hypatius et Pompée étaient
exécutés. Justinien régnait à nouveau : il le devait à Theodora.
Cette femme terrible était très religieuse, comme son mari. Mais
tandis que celui-ci s'intéressait par devoir à la police générale de
l'Eglise et par goût personnel aux discussions théologiques, Theo
dora se plaisait à la dévotion. C'était la grande protectrice des
saints moines d'Orient, dont l'ascèse formidable et voyante l'impres
sionnait beaucoup. Malheureusement ils se trouvaient en conflit avec
l'orthodoxie officielle et le gouvernement les persécutait. Ce n'est
pas sans impatience qu'elle entendait parler de ces rigueurs. Ils
le savaient et ne se faisaient pas faute de recourir à sa bienveil
lance. Aussi est elle fort célébrée par les écrivains monophysites, PROTEGES DE THEODORA 59 LBS
Jean d'Asie surtout ', dont les récits curieux témoignent de la sol
licitude de l'impératrice à l'égard des dissidents et de son ingénios
ité à les secourir sans se mettre trop ouvertement en opposition
avec les règlements officiels.
C'est évidemment sous son inspiration que le gouvernement mod
2 son attitude à l'égard des Monophysites persécutés. Les ifia (531)
moines qui, chassés des villes, surtout d'Amid et d'Edesse, avaient
dû chercher asile dans les solitudes de l'Euphrate, furent autorisés
à rentrer dans leurs monastères. Un certain nombre se dirigèrent
vers Constantinople, soit isolément, soit avec les évêques exilés ;
ceux-ci, Justinien se les fit expédier, pensant qu'on parviendrait peut-
être à les araisonner. Ils étaient au nombre de huit s. Pour la plu
part, les mésopotamiens, cinq cents environ, furent installés dans
le palais d'Hormisdas 4, voisin de la demeure impériale. On leur
permettait de vivre à leur guise, en pratiquant l'ascèse de leur pays :
mais ils n'étaient pas autorisés à circuler en ville. En revanche
les visiteurs ne leur manquaient pas. On parlait beaucoup de leur
vie mortifiée : leur étrangeté les rendait populaires. L'impératrice les
comblait d'attentions et venait souvent s'édifier de leurs discours ;
l'empereur lui-même allait quelquefois les voir. 'Pout cela n'était pas
fait pour plaire au clergé, ni aux religieux orthodoxes. Ceux-ci
n'étaient pas au bout de leurs peines. Un moine d'Amid, appelé
Zooras r>, qui, dans son pays, avait mené la vie de stylite et con
quis une grande; réputation de sainteté, réussit, grâce à la faveur
de l'impératrice, à s'établir près du faubourg de Sycae (G-alata et
1 Elie, le biographe de Jean de Telia, ne fait pas de différence entre
les dispositions de Theodora et celles de .Justinien.
2 L'Jiis/orm miscellanea (Vili, 5) donne ici les dates de l'indiction IX
et de la V année de .Justinien·, cette année et cette indiction coïncident
pendant l'été 531.
3 Elie, l. c, p. 39.
4 Jean d'Asie, De beatis or., 47.
5 Sur Zooras, v. Jean d'Asie, De beatis orientalibus, 2, et les documents
du concile de Menas. 60 LBS PROTEGES DE THEODORA
Péra) au delà de la Corne d'Or, et même à organiser un monastère,
avec une église où l'on célébrait tous les offices. Ils étaient très
courus : la paroisse de Zooras attirait l'entourage de Theodora. La
mode fut bientôt d'y faire baptiser les enfants. D'autres échappés
du palais d'Hormisdas se répandaient ou même s'établissaient en
ville. De jour en jour on voyait croître leur audace. Ils se van
taient, si l'empereur les avait admis à son audience, de lui avoir
tenu des propos énormes. Un certain Isaac l alla jusqu'à crever de
son bâton et jeter au feu une image de Justinien. Il y avait de quoi
le faire pendre. Mais Theodora était si puissante! On fermait les
yeux sur les excès de ses protégés.
Cependant la cour poursuivait son plan d'entente avec les dis
sidents. Justinien les mit en rapport avec ses théologiens. Au bout
de quelque temps les prélats et les moines monophysites présentè
rent à l'empereur une requête où ils exposaient leur foi 2. Là dessus
s'engagèrent des discussions qui durèrent plus d'une année. Enfin
on en vint (533) à un colloque en forme 3, qui eut trois séances.
Il se tint dans une des salles du palais d'Hormisdas. L'empereur
n'assista qu'à la dernière réunion ; les autres furent présidées par
le maître des offices Strategius. Six évêques de chaque côté furent
invités à y prendre part. Du côté orthodoxe c'étaient Hypatius
d'Ephèse, D

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