Les réactions des étudiants aux situations d'apprentissage à l'université - article ; n°1 ; vol.45, pg 84-95

Joan Bliss

Description

Revue française de pédagogie - Année 1978 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 84-95
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 1978
• Nombre de lectures: 8
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Joan Bliss
Les réactions des étudiants aux situations d'apprentissage à
l'université
In: Revue française de pédagogie. Volume 45, 1978. pp. 84-95.
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Bliss Joan. Les réactions des étudiants aux situations d'apprentissage à l'université. In: Revue française de pédagogie. Volume
45, 1978. pp. 84-95.
doi : 10.3406/rfp.1978.1668
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1978_num_45_1_1668façon d'enseigner et tous ressentaient le besoin de
mieux connaître comment les étudiants pourraient être
plus intéressés et plus engagés dans ce qui leur était
enseigné.
Nous avons décidé de demander aux étudiants de LES REACTIONS
nous raconter une histoire concernant leur façon de
DES ETUDIANTS réagir à un événement réel d'apprentissage de la physique
à l'université. Il nous semblait que de telles histoires, AUX SITUATIONS abondantes en détails, seraient à la fois riches en info
rmations et révélatrices. Plus précisément nous avons D'APPRENTISSAGE
invité chaque étudiant à nous raconter une histoire quand
A L'UNIVERSITE il se sentait particulièrement bien ou mal concernant
n'importe quelle situation d'apprentissage de la physique
à l'université. Nous avons également posé des questions
à propos de ce qui s'est passé d'une manière concrète,
pourquoi cet événement était important, comment l'ét
udiant s'était senti au moment de cet incident, et si cet
incident a eu un effet sur le travail de l'étudiant.
Notre idée d'approcher les étudiants de cette façon
venait d'une étude de Herzberg concernant la motivation
pour leur travail d'ingénieurs et de comptables dans l'i
ndustrie. Herzberg lui-même avait adapté cette technique
« d'incident critique » des études de Flanagan qui lui,
étudiait l'importance de certains facteurs dans le contenu
et l'exécution du travail. Nous avons seulement emprunté
l'idée générale et à partir de là nous avons développé
aussi bien un entretien plus approprié aux étudiants uni
versitaires qu'un système d'analyse nous permettant de
nous rendre compte de la richesse des entretiens. Nous
n'avons pas essayé de copier l'étude de Herzberg.
Notre but était d'interviewer 120 étudiants dans dix
universités différentes, prenant 4 de chaque
année à chaque endroit (l'Université en Angleterre ne
dure que 3 ans pour obtenir un B.Sc ou B.A.). Notre The Higher Education Learning Project, fondé par
résultat final fut 115 entretiens enregistrés, transcrits. la Nuffield Foundation, est une alliance de professeurs
Les universités ont été choisies de façon à pouvoir repréde niveau universitaire, plus particulièrement des physi
senter la diversité des types d'Universités en Angleterre. ciens. Les activités du projet sont centrées sur quatre
domaines :
— le travail individuel L'ENTRETIEN
— le travail en petits groupes
— le travail en laboratoires Dans notre étude pilote, nous avons parlé avec
vingt étudiants de première année et vingt étudiants de — les réactions des étudiants aux situations d'apprentis
troisième année dans quatre départements différents sage et à renseignement de la physique. de physique. Pendant ces essais pilotes, l'entretien était
Ce papier va décrire la dernière de ces activités, qui développé et amélioré. Pour l'étude principale, une équipe
d'interviewers était nécessaire. Il nous semblait important était une étude assez étendue au cours de laquelle des
étudiants de plusieurs universités ont été interviewés. que si le travail devait refléter les intérêts et besoins des
Le but de notre entretien était de mieux comprendre les physiciens, ces derniers devaient jouer un rôle considé
rable dans la tâche d'interviewer des étudiants. L'art problèmes d'apprentissage du point de vue de l'étudiant,
mais avait également des raisons pratiques : quelques- d'interviewer est néanmoins difficile et il fallait l'appren
dre. Toute la valeur de l'étude reposait entièrement sur uns d'entre nous s'intéressaient aux nouvelles méthodes
d'enseignement, tous s'interrogeaient sur leur propre la qualité des entretiens : si l'interviewer pouvait créer
84 pourrait être créé par la situation expérimentale, c'est-à- bonne ambiance, poser des questions qui perune
dire une bonne et mauvaise histoire à propos d'une mettaient à l'étudiant de dire ce qu'il voulait dire et de
situation du même genre. Pendant l'étude pilote nous ne pas poser des questions qui suggéraient à l'étudiant
avons trouvé qu'un certain nombre d'histoires très révéce qu'il devait dire, etc. Donc une équipe, surtout des
latrices surgissait si, une fois annoncé que l'entretien physiciens, reçut une formation de la technique d'inter
viewer. Les entretiens dans les universités ont été conduits était fini, l'interviewer demandait à l'étudiant si par
hasard une autre histoire soit bonne soit mauvaise, lui par des équipes de deux personnes dont une était un
venait à l'esprit. interviewer expérimenté. Malgré toutes ces précautions
si parfois les transcripts des entretiens montraient des
traces de suggestions etc. de la part de l'interviewer,
La nature de l'analyse ces données n'ont pas été utilisées dans l'analyse.
Evidemment nous ne pouvions pas prévoir ce que Le problème fondamental de l'analyse était de réduire l'étudiant allait dire. Préparer une liste de questions les histoires racontées par les étudiants à une forme qui précises auxquelles on aurait voulu des réponses, nous permettait une comparaison entre elles pour voir dans aurait obligé à supposer quel genre de chose avait une quelle mesure elles étaient semblables ou différentes, valeur pour les étudiants, ce qui en fait était le but de sans que l'histoire soit rendue insignifiante. l'entretien. Il était donc important que l'étudiant lui-même
façonne d'une certaine manière l'entretien et que nos Donc on cherchait une façon d'analyser les entretiens
questions ne dirigent pas ses réponses. qui pouvait satisfaire les critères suivants :
— elle devait être bien fondée, des personnes différentes Mais d'autre part, nous ne voulions pas que l'étudiant
proposant la même réponse ; parle de n'importe quoi. Le but de l'entretien était d'ap
profondir ce qui s'était passé dans la situation d'appren — l'analyse devait être fidèle aux informations contenues
tissage et ce que l'étudiant ressentait à ce moment-là dans les entretiens ;
afin de rendre ces choses aussi claires que possible. — elle devait avoir un rapport avec le but de l'investiga
tion ; De plus il était essentiel que l'étudiant se sente
— elle devait établir un équilibre entre une approche trop libre de parler à un étranger de choses qui lui étaient
simple et une autre trop complexe ; à la fois intimes et importantes. Les données de l'entre
tien n'auraient une valeur que si l'étudiant parlait de — elle devait prendre en considération des points de vue
quelque chose qui le touchait spécialement, sans trop différents et qui parfois même se chevauchaient ;
cacher de choses importantes. — la première étape de l'analyse était d'extraire l'e
ssence du récit de façon à pouvoir la transmettre à En bref, l'interviewer doit avoir en tête trois étapes une autre personne. importantes dans le déroulement d'une histoire que l'étu
diant raconte : Nous avons trouvé une méthode pour donner à cha
— tout d'abord obtenir assez de détails concrets à que histoire un compte rendu standardisé, en utilisant
propos d'un événement important pour l'étudiant, afin des termes fixes et ainsi ces comptes rendus pouvaient
d'avoir une description qui pourrait être soumise à une être comparés entre eux d'une façon bien fondée.
analyse ;
Pour pouvoir procéder de cette manière il nous a — deuxièmement, savoir comment l'étudiant avait fallu une collection d'éléments standardisés venant des