Les réseaux d innovation des chercheurs universitaires sont-ils géographiquement circonscrits ? - article ; n°1 ; vol.109, pg 69-90
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Revue d'économie industrielle - Année 2005 - Volume 109 - Numéro 1 - Pages 69-90
In this study we examine the networks of invention of a French university of science, by using extremely detailed micro data on European patent inventors. We want to test whether the inventors'or-ganizational belonging and the nature of the exchanged knowledge influence the attributes of the outcome patents and more specifically, the geographic dispersion of their co-inventors. The results show that knowledge diffusion between the academia and the industry is geographically constrained, cohich is less the case for knowledge flows within the academic sphere, suggesting that geographic and organizational proximities can play substitute roles in knowledge transfers. Secondly, we find that the higher the complexity of the created knowledge, the closer the location of the innovative partners.
Dans cette étude nous examinons les réseaux d'innovation des chercheurs d'une université française. En utilisant des données micro-économiques sur les inventeurs de brevets européens, nous testons si la diffusion géographique des connaissances universitaires au sein de ces réseaux dépend de l'appartenance organisationnelle des membres du réseau et de la nature des connaissances échangées. Nos résultats montrent que la transmission des savoirs entre université et industrie est géographiquement localisée, ce qui entretient les inégalités territoriales. Par contre, ces savoirs circulent entre universitaires éloignés, suggérant ainsi que la proximité organisationnelle (entre universitaires) peut se substituer à la proximité géographique pour favoriser les transferts de connaissances.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Caroline Hussler
Patrick Ronde
Les réseaux d'innovation des chercheurs universitaires sont-ils
géographiquement circonscrits ?
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 109. 1er trimestre 2005. pp. 69-90.
Abstract
In this study we examine the networks of invention of a French university of science, by using extremely detailed micro data on
European patent inventors. We want to test whether the inventors'or-ganizational belonging and the nature of the exchanged
knowledge influence the attributes of the outcome patents and more specifically, the geographic dispersion of their co-inventors.
The results show that knowledge diffusion between the academia and the industry is geographically constrained, cohich is less
the case for knowledge flows within the academic sphere, suggesting that geographic and organizational proximities can play
substitute roles in knowledge transfers. Secondly, we find that the higher the complexity of the created knowledge, the closer the
location of the innovative partners.
Résumé
Dans cette étude nous examinons les réseaux d'innovation des chercheurs d'une université française. En utilisant des données
micro-économiques sur les inventeurs de brevets européens, nous testons si la diffusion géographique des connaissances
universitaires au sein de ces réseaux dépend de l'appartenance organisationnelle des membres du réseau et de la nature des
connaissances échangées. Nos résultats montrent que la transmission des savoirs entre université et industrie est
géographiquement localisée, ce qui entretient les inégalités territoriales. Par contre, ces savoirs circulent entre universitaires
éloignés, suggérant ainsi que la proximité organisationnelle (entre universitaires) peut se substituer à la proximité géographique
pour favoriser les transferts de connaissances.
Citer ce document / Cite this document :
Hussler Caroline, Ronde Patrick. Les réseaux d'innovation des chercheurs universitaires sont-ils géographiquement circonscrits
?. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 109. 1er trimestre 2005. pp. 69-90.
doi : 10.3406/rei.2005.3065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2005_num_109_1_3065HUSSLER () Caroline
BETA (Bureau d'Économie Théorique et Appliquée) Strasbourg
SERFA (Service de Formation pour Adultes) Mulhouse
Patrick RONDÉ (*>
GRAICO (Groupe de Recherche sur l'Apprentissage,
l'Innovation et les Compétences dans les Organisations) Mulhouse
BETA (Bureau d'Économie Théorique et Appliquée) Strasbourg
LES RESEAUX D'INNOVATION
DES CHERCHEURS UNIVERSITAIRES
SONT-ILS GÉOGRAPHIQUEMENT
CIRCONSCRITS ?
Mots-clés : université, brevets, proximité, diffusion de connaissances.
Key words : University, Patent, Proximity, Knowledge Flows.
INTRODUCTION
Un nombre conséquent de travaux se sont penchés ces quinze dernières
années sur la géographie des externalites de connaissances publiques (Jaffe,
1989; Audretsch et Feldman, 1996; Autant-Bernard, 2001), et la majorité
d'entre eux a mis en évidence, à un niveau agrégé (et ce, quels que soient le
niveau d'analyse et l'indicateur de proximité retenus (1)) le rôle bénéfique de
la proximité géographique dans la transmission des connaissances. Les acteurs
de l'innovation, qu'ils soient industriels ou universitaires, semblent donc avoir
(*) Remerciements : Nous tenons à remercier Francesco Lissoni (Cespri) pour avoir si spon
tanément accepté de nous faire bénéficier de sa base de données sur les brevets euro
péens. Nous sommes également reconnaissants envers tous les participants au projet
« base de données ULP » (Joaquin Azagra-Caro, Nicolas Carayol, Olivier Frey, Rachel
Lévy, Patrick Llerena, Mireille Matt, Tue Uyen N'Guyen, Musa Topaloglu et Sandrine
Wolff) non seulement pour leur travail minutieux, mais aussi pour leurs stimulantes
remarques.
(1) Ainsi certaines analyses sont menées au niveau des pays (Jaffe et Trajtenberg, 1999;
Sjöholm, 1996) d'autres au niveau des régions (Maurseth et Verspagen, 2002), ou encor
e au niveau des départements (Autant-Bernard, 2001).
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 109, 1er trimestre 2005 69 intérêt à s'agglomérer pour bénéficier de leurs connaissances respectives
(comme en témoignent les initiatives politiques telles que les technopoles et
autres pôles de compétitivité). Pourtant, des exemples de concentrations d'ac
tivité d'innovation ratées ou en crise existent (Longhi et Quéré, 1991 ; Rallet
et Torre, 2001, Lazaric et al., 2004) remettant sérieusement en cause les effets
positifs systématiques de la simple proximité géographique entre acteurs de
l'innovation pour favoriser la circulation d'idées innovantes entre eux, et appe
lant par là même à des raffinements de l'analyse. Forts de ce constat, notre tra
vail ambitionne d'éclairer la diffusion spatiale des connaissances créées à
l'université en tentant d'identifier ses déterminants grâce à une analyse micro
économique de la localisation des réseaux d'innovation des chercheurs acadé
miques.
À l'origine du besoin de proximité physique entre acteurs pour catalyser les
flux de connaissances, on retrouve l'idée que la connaissance n'est pas un bien
public (contrairement à ce que supposaient le modèle traditionnel de Nelson,
1959), et ne circule pas sans coût ni difficulté. Ainsi les travaux inspirés de
Polanyi (1958, 1962) autour des concepts de connaissances tacites (2) et
connaissances explicites/codifiées (3) suggèrent clairement que la diffusion
géographique de ces deux types de connaissances est différenciée. Quand la
connaissance est codifiée, l'existence d'un code (ensemble de modèles, de lan
gages et de grammaire) rend la compréhension et l'assimilation de ces
connaissances relativement aisées pour tous (sous réserve de connaître et de
maîtriser le code). Au contraire, quand la connaissance est plus tacite, elle est
plus incorporée dans son contexte, et son appropriation par des individus exté
rieurs est plus délicate. Dès lors, « l'aptitude à assimiler et transférer des
connaissances scientifiques et techniques qui ne sont pas totalement codifiées
est largement tributaire des opportunités de contact personnel direct entre les
parties concernées » (Foray, 1995, p. 19), la proximité physique facilitant ces
contacts (sans toutefois les garantir, comme l'ont montré Tremblay et
Rousseau, 2003). Ainsi, Feldman et Lichtenberg (1998), en évaluant le degré
de codification des résultats de plusieurs projets de recherche financés par
l'UE, mettent en évidence que plus les connaissances générées par la
recherche sont tacites, plus les activités de RD sont géographiquement concent
rées. De même Leveque et al. (1996) concluent que le besoin de proximité
géographique n'est pas le même quel que soit le type de RD entreprise par les
organisations partenaires (les processus de RD d'exploration requérant une
proximité géographique permanente, alors que dans les processus de RD
d'imitation, la proximité géographique semble accessoire). En résumé, le
(2) Les connaissances tacites renvoient au fait que « nous en savons toujours plus que ce que
nous pouvons dire » (Polanyi, 1962) ou que ce que nous « voulons dire » (Argyris et
Schön, 1978).
(3) Pour une typologie de ces connaissances, cf. Cowan et al. (2000).
70 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 109, 1er trimestre 2005 de codification des connaissances, et plus largement, la nature des degré
connaissances échangées et créées semblent jouer un rôle dans la localisation
des acteurs de l'innovation et la géographie des flux de connaissances.
Conscients de la difficulté d'une évaluation directe du caractère tacite de la
connaissance (et de son impact en matière de localisation des partenaires de
l'innovation), Carrincazeaux et al. (2001) proposent d'approcher celui-ci par
le degré de complexité de la base de connaissance créée. Ils montrent alors que
plus la connaissance créée est complexe (et tacite), plus le besoin de proximit
é géographique entre acteurs privés de l'innovation est fort. Dès lors, il paraît
stimulant de tester si ces conclusions restent valables dans le cadre des
connaissances générées par l'université et si la complexité des connaissances
échangées influence aussi l'étendue spat

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