Les schismes romains au  VIe siècle - article ; n°1 ; vol.35, pg 221-256
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1915 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 221-256
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1915
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Duchesne
III. Les schismes romains au VIe siècle
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 35, 1915. pp. 221-256.
Citer ce document / Cite this document :
Duchesne Louis. III. Les schismes romains au VIe siècle. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 35, 1915. pp. 221-256.
doi : 10.3406/mefr.1915.7124
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1915_num_35_1_7124SCHISMES ROMAINS AU VIe SIECLE LES
Sous le sage et paisible gouvernement de Théodoric, l'Italie,
éprouvée par tant de guerres, se reprenait à vivre et même à pros
pérer. Aux « hôtes » Goths il avait fallu céder le tiers des terres ,·
mais il y avait tant de terres, et si peu de propriétaires, que l'amé
nagement n'avait pas été trop difficile. Théodoric vivait en paix
avec tous les rois barbares établis dans les diverses provinces de
l'Occident ; il avait avec eux des arrangements, des alliances matri
moniales ; tous le respectaient : il semblait les présider. Avec le souve
rain byzantin ses relations étaient moins cordiales ; on alla quel
quefois jusqu'à se brouiller, mais en somme assez légèrement. Les po
pulations latines ne paraissent pas avoir regretté l'empire ; seules
quelques familles aristocratiques regardaient du côté de Constanti
nople, sans en attendre rien de bien précis. A part les splendeurs
de la cour impériale, qui, sous le règne d'Anastase, prince peu dépens
ier, devaient manquer d'éclat, on ne voit pas bien ce que le gou
vernement de Théodoric laissait à désirer. Ses lieutenants étaient
des (lotJis ; mais ses conseillers, au nombre desquels brillaient des
hommes comme Boèce et Oassiodore, étaient Romains. Le sénat était
comblé d'attentions ; il avait à Rome une réelle autorité ; on le
consultait dans les grandes affaires, dans le choix des consuls et
autres dignitaires de très haut rang. Il légiférait encore dans le
domaine des aifaires locales et ses édits conservaient l'ancien titre
de sénatus-consultes.
L'Eglise n'avait qu'à se louer de l'équité, de la bienveillance
même, du souverain barbare. Le schisme d'Acace avait interrompu
les relations entre le clergé italien et celui de l'empire. Aucun LES SCHISMES ROMAINS AU VIe SIÈCLE 222
évêque, et le pape moins que personne, ne souhaitait échanger sa
condition de protégé du roi Théodoric contre celle de sujet d'Anastase.
On vivait donc en paix. Sur les détails des relations ecclésias
tiques dans l'Italie péninsulaire, le registre * du pape Grélase, par
tiellement conservé, jette un jour fort curieux. Grâce à ce docu
ment, on peut se faire une idée des rapports entre le pape et ses
suffragante directs et aussi des incidents qui diversifiaient la vie des
églises de province.
La plus grave affaire, dans ce milieu ecclésiastique, c'était le
choix du pape. Maintenant que tout le monde à Rome, sauf de
très rares exceptions, était devenu chrétien, tout le monde avait in
térêt à l'élection pontificale. Le sénat ne pouvait manquer de s'en
préoccuper spécialement. Dans les moindres petites villes, quand il
y avait lieu d'élire un nouvel évêque, le décret d'élection était
toujours rédigé au nom du clergé, de la curie municipale {orcio) et
du peuple. A Rome, la curie municipale, c'était le sénat Cordo am-
plissimus). Le gouvernement, comme, tel, n'intervenait pas, sauf
dans les cas graves où il était impossible de s'arranger sans lui.
Croyons que les élections pontificales de ce temps ont toujours
abouti au succès du plus digne. A en juger par les documents off
iciels, ce succès n'allait pas de soi. Des ambitions peu avouables se
manifestaient à chaque vacance ; les sympathies étaient à l'encan ;
et, comme parmi les enjeux de la lutte figurait l'administration du
temporel de l'Eglise, c'est en définitive à la fortune ecclésiastique
qu'il incombait de réaliser les promesses. Il y a, en cette situation,
quelque analogie avec la vente plus ou moins avouée des emplois,
fléau qui sévissait si gravement dans l'Etat. Comme les gouverneurs
1 Dès ce temps-là on conservait aux archives de l'Eglise romaine les
minutes des lettres expédiées au nom du pape, par ses diverses administ
rations. Elles étaient classées en des registres que le temps a fait dispar
aître. De copies partielles, exécutées à diverses époques, il ne subsiste
que des fragments ; les plus anciens proviennent du registre de Grélase. SCHISMES ROMAINS AU VIe SIECLE 223 LES
de province, après une nomination qui leur avait coûté très cher,
se rattrapaient sur les contribuables, ainsi le patrimoine des pauvres
servait à payer les compétitions épiscopales. Il était naturel qu'un
tel abus fit surgir des protestations.
Le pape Simplicius venait à peine de mourir (10 mars 483),
qu'il se tint, dans le mausolée impérial l attenant à la basilique
de Saint-Pierre, une assemblée de sénateurs et de membres du clergé
romain, sous la présidence du patrice Caecina Basilius, préfet du
prétoire et représentant du roi Odoacre. Basile prit la parole 2 et
commença par rappeler que le défunt pape avait réglé que son suc
cesseur ne pourrait être choisi sans son avis à lui, Basile ; et cela
à cause des troubles et des dilapidations qui étaient à redouter. Il
s'étonnait que, malgré cela, des tentatives d'élection eussent pu se
produire. Enfin il proposait une résolution en vertu de laquelle toute
aliénation de biens ecclésiastiques, immobiliers ou même mobiliers,
sauf quelques exceptions pour ceux-ci, devait être interdite tant au
futur pape qu'à ses successeurs. La motion fut adoptée, et l'on élut
le diacre Félix, Félix III.
11 ne semble pas qu'aux deux élections suivantes, celles de Gé-
lase (492) et d'Anastase II (496) il se soit produit des scissions
graves. Il en fut autrement en 498. à la mort d'Anastase. (Je pape,
on l'a vu 3, avait paru montrer quelque disposition à faciliter un
arrangement entre l'Eglise grecque et l'Eglise latine. A la première
manifestation de ces sentiments, une opposition décidée se forma
contre lui. i Sa mort prématurée (19 novembre 498) parut aux exal
tés un signe de la colère divine.
1 Sur le double mausolée de la famille théodosienne, v. mon article
Vaticana dans les Mélanges de l'Ecole de Rome, t. XXII, p. 388 et suiv.
2 Ce discours est reproduit dans les actes du concile de 502, Thiel,
p. 685; Mommsen, dans M. G. Auct. mit., t. ΧΙΓ, p. 44ô.
3 Mélanges, t. XXXII, p. 315.
4 A en croire le L. P., très défavorable à Anastase II, un grand nom
bre de clercs et même de prêtres se seraient retirés de sa communion. LES SCHISMES ROMAINS AU VIe SIÈCLE 224
Cette intransigeance n'était pas le fait de tout le clergé romain.
Nombre de clercs, avec l'archiprêtre Laurent, voyaient d'un bon
œil les tentatives d'accord. Ils avaient suivi avec sympathie la mis
sion politico-religieuse du patrice Festus et des évêques Cresconius
et Germanus, envoyés à Constantinople, le premier par le roi Théo-
doric, les autres par le pape Anastase. A la mort de celui-ci, le
conflit éclata entre les deux tendances. ' Laurent fut acclamé à
Sainte-Marie par une partie du clergé et pir la majorité du sénat,
pendant que les autres élisaient le diacre Symmaque dans la basi
lique de Latran (22 novembre). Les querelles, les batailles de rue,
recommencèrent, comme au temps de Damase et de Boniface. 2 Les
choses en vinrent au point que le gouvernement royal se vit obligé
d'intervenir. Les deux élus furent mandés à Ravenne; Théodoric
enquêta et décida en faveur de Symmaque. Celui-ci, aussitôt rentré
à Rome, convoqua un concile de ses suffragants. L'assemblée se tint
le 1er mars 499 et, pour prévenir le retour du schisme dont l'Eglise
romaine venait de souffrir, défendit de s'occuper, le pape vivant et
en dehors de lui, de l'élection de son successeur et de chercher à-
former un parti en vue de la succession. Laurent assista à ce con-
1 Sur cette affaire nous sommes renseignés: 1° parles trois conciles
romains de 499, 501, 502. Ils se sont conservés dans un recueil où ils figu
rent dans l'ordre 499, 502, 501 ; au

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