Les voyages de Jacques d Esparron, commissaire à la levée du subside en Provence (1405-1406) - article ; n°1 ; vol.70, pg 407-422
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Les voyages de Jacques d'Esparron, commissaire à la levée du subside en Provence (1405-1406) - article ; n°1 ; vol.70, pg 407-422

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1958 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 407-422
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Jean Favier
Les voyages de Jacques d'Esparron, commissaire à la levée du
subside en Provence (1405-1406)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 70, 1958. pp. 407-422.
Citer ce document / Cite this document :
Favier Jean. Les voyages de Jacques d'Esparron, commissaire à la levée du subside en Provence (1405-1406). In: Mélanges
d'archéologie et d'histoire T. 70, 1958. pp. 407-422.
doi : 10.3406/mefr.1958.7436
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1958_num_70_1_7436LES
VOYAGES DE JACQUES D'ESPARRON
COMMISSAIRE A LA LEVÉE DU SUBSIDE EN PROVENCE
(1405-1406)
PAR
M. Jean Fa vier
Membre de l'École
L'une des méthodes employées pour se procurer immédiatement
de l'argent consiste à vendre des revenus ultérieurs. La Papauté ne
ee fit pas faute d'y recourir en cette période du Grand Schisme pen
dant laquelle le pontife d'Avignon, comme celui de Rome, eut
maintes fois besoin de grosses sommes d'argent. Toujours préjudi
ciable pour l'avenir, cette méthode ne comportait le plus souvent
aucune perte financière. C'est ainsi que les Papes d'Avignon se
firent fréquemment avancer par tel marchand, voire par tel collec
teur, les revenus à venir d'une collectorie, sous la forme de prêts
dont le remboursement était assigné sur ledit revenu. C'est ainsi
que les fruits des différentes gabelles d'Avignon et du Comtat
Venaissin furent en général vendus à des marchands, pour un prix
quelque peu inférieur au revenu réel. Mais ceci ne portait pas en soi x ' ;v
de lourdes conséquences : passé le terme du marché, fini le rem
boursement de l'emprunt, les revenus étaient d,e nouveau dispo
nibles.
Plus grave fut la solution adoptée par Benoît XIII lors de son " 4
premier voyage en Ligurie, en 1405. Il était devenu difficile d'obte
nir un nouveau subside des trois provinces d'Aix, Arles et Embrun, J. FAVIER 408
si largement mises à contribution depuis dix ans, sans faire de
concession. La taxe pour l'établissement de la décime fut diminuée
de moitié, en échange d'un don de 8.000 francs d'or, fait au pape par
le clergé de ces provinces. Le revenu de la décime était donc défin
itivement réduit, ce qui, à longue échéance, représentait une perte
pour le siège apostolique.
Il importait, au moins, que ce don fût rapidement versé. Le
collecteur de Provence, Simon des Prés, ne pouvant assumer cette
perception supplémentaire, deux receveurs extraordinaires furent
établis sous son autorité, mais avec une grande autonomie, pour
remplacer les archevêques d'Àix et d'Arles, qui s'étaient employés,
comme commissaires et collecteurs généraux du subside, à réunir
les premiers fonds. De l'un d'eux, Guillaume de Littera, chanoine
d'Aix, nous ne connaissons que les versements à la Chambre apos
tolique, mais l'activité de l'autre, Jacques d'Esparron, prieur de
Trets, nous est assez bien connue par ses comptes 1 pour que nous
puissions le suivre dans l'exercice de sa fonction.
***
II commença par aller chercher l'argent reçu par l'archevêque
d'Arles, Artaut de Méhelle, qui, récemment promu, avait montré
son zèle en rassemblant 1.500 florins. Le 14 août 1405, Jacques
d'Esparron et son neveu, Raymond d'Esparron, arrivent à cheval
au château de Salon, où l'archevêque passe l'été. Artaut remet au
collecteur les 1.500 florins et lui paie également 33 florins pour son
voyage 2, l'argent devant être tout de suite porté à la Chambre apos
tolique, alors établie à Gênes. Le 21 août, Jacques d'Esparron quitte
Salon ; le 23, il rejoint Guillaume de Littera. Ayant, en raison de
l'insécurité de la région, loué les services d'un écuyer, Guilherm
» Reg. Av. 325, fol. 445-479.
8 La dépense réelle de ce voyage fut de 29 florins 20 sous (Ibid.,
fol. 463). Vf
»ir
LES VOYAGES DE JACQUES d'ESPARRON 409
Roque, ils prennent la route de Nice. Au Luc, village où Esparron
tient un bénéfice, ils changent de chevaux et se font accompagner
d'un valet qui ramènera ceux-ci de Nice au Luc. Le chemin n'étant
pas certain, ils prennent un guide à partir de Fréjue. Le 26, ils sont
à Nice, où ils se séparent de Guilherm Roque et font affaire avec un
passeur qui les conduira par mer à Gênes, en quatre jours, pour
3 florins 5 gros, dépense que les deux collecteurs partagent. Embarq
ués le 28, Jacques d'Esparron, toujours accompagné de son neveu,
et Guillaume de Littera entrent, le 1er septembre au matin, dans le
port de Gênes. Comme ils sont fatigués de la traversée, dont ils ne
feront pas une autre fois l'expérience, ils vont d'abord se reposer
dans un hôtel tenu par un Catalan et y passent la journée. Le len
demain, après avoir fait en ville quelques emplettes, ils s'installent,
plus confortablement1, à l'hôtel de la Croix-Blanche que tient, près
du port, un Anglais.
Esparron et Littera se rendent alors à la Chambre apostolique. Le
premier remet les 1.500 florins reçus par l'archevêque d'Arles et en
demande quittance ; le second verse 1.305 florins et 14 sous. Puis,
on les nomme « exécuteurs et commissaires à la levée du subside 2 ».
Ils reçoivent une bulle portant réduction de la décime et des lettres
indiquant à chacun les termes auxquels il devra verser sa recette, le
premier étant la prochaine fête de Noël. Fait notable, pour ces actes
■'4 qui ne sont en aucune façon des faveurs personnelles, Esparron doit
iti payer les droits de chancellerie 3 ; il s'empresse de les porter dans ses
frais d3 mission.
Les deux commissaires prennent alors le chemin du retour. Dans I
1 Le prix de leur pension passe de 6 à environ 9 gros par jour (Ibid.,
fol. 463 v°-464r°).
2 Executores et commissarios ad levandum dictum subsidium (Ibid.,
fol. 464 ι*).
8 3 florins 7 gros pour la minute, la grosse et le parchemin de celle-ci,
ce dont Guillaume de Littera paie la moitié, soit 21 gros et demi, plus
10 gros pour la quittance et 18 gros pour la lettre d'obligation. 410 J. FAVIER
une barque, ils gagnent Voltri le 22 septembre et décident de pour
suivre le lendemain par terre. Ils recrutent donc, pour porter leurs
bagages, une mule et son conducteur, et, pour leur propre sécurité
dans une contrée parcourue par les bandits, deux « brigands λ1 qui
les accompagnent jusqu'à Varazzo. Mais la population de Varazzo
doit être hostile aux gens de Benoît XIII : il leur est impossible de
se procurer la moindre nourriture et force leur est d'aller jusqu'au
village suivant, Cella Ligure, sans doute, où ils déjeunent, renvoient
leurs « brigands » dûment payés et prennent deux arbalétriers pour
les protéger jusqu'à Savone, où, ce soir-là, ils dînent et couchent. Le
24 septembre, ils ne reprennent la route qu'après déjeuner, pour
gagner Finale. Le 25, il? déjeunent à Albenga et vont jusqu'à Carvo,
le 26 à midi, ils sont à Porto Maurizio et, le soir, à San Remo. Le 27,
ils déjeunent à Vintimille et couchent à La Turbie, pour arriver, le
28 au matin, à Nice. La première occupation de Jacques d'Esparron
y est d'acheter une paire de souliers neufs dont il consigne le prix,
3 gros, dans ses frais de voyage.
N'oubliant pas que leur mission commence, ils passent la matinée
du 29 septembre à montrer la bulle au clergé niçois. Puis, ils
empruntent chacun un cheval et gagnent Grasse. Le lendemain,
ils atteignent Draguignan. Le 1er octobre, ils perdent du temps à
louer des chevaux, vont déjeuner aux Arcs et parviennent au Luc.
Jacques d'Esparron demeure un jour dans son bénéfice pour s'y
reposer, notant avec joie qu'il a retrouvé ses chevaux, cependant
que son collègue poursuit vers Aix. Le 3, Esparron va déjeuner à
Brignolles et dîne à Saint-Maximin. Le 4 octobre, il est enfin chez
lui, àTrets.
·*·
II prépare alors sa collecte. Le 5, il va rendre visite à l'archevêque
1 Les brigands sont des hommes d'armes allant à pied. p^P^^Pf^^if^^^^^P^P^^f^
LES VOYAGES DE JACQUES d'eSPARRON 411 »ι , ;/!
d'Aix, qui le retient à déjeuner. Le 6, il est à Salon, où il notifie à
l'archevêque d'Arles le résultat de son voyage à Gênes.

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