Merleau-Ponty. La langue, le sujet et l institué : la linguistique dans la philosophie - article ; n°77 ; vol.19, pg 21-32
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Merleau-Ponty. La langue, le sujet et l'institué : la linguistique dans la philosophie - article ; n°77 ; vol.19, pg 21-32

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Description

Langages - Année 1985 - Volume 19 - Numéro 77 - Pages 21-32
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 89
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Puech
Merleau-Ponty. La langue, le sujet et l'institué : la linguistique
dans la philosophie
In: Langages, 19e année, n°77, 1985. pp. 21-32.
Citer ce document / Cite this document :
Puech Christian. Merleau-Ponty. La langue, le sujet et l'institué : la linguistique dans la philosophie. In: Langages, 19e année,
n°77, 1985. pp. 21-32.
doi : 10.3406/lgge.1985.1501
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1985_num_19_77_1501Chr. PUECH
MERLEAU-PONTY. LA LANGUE, LE SUJET ET L'INSTITUÉ
LA LINGUISTIQUE DANS LA PHILOSOPHIE
A titre général, on ne peut que souscrire à la remarque de J. Schlanger : « la
perspective intellectuelle-culturelle des champs dramatiques, des débats et enjeux,
donne un rôle extrêmement important à l'historiographie de la pensée. En même
temps, elle la rend presque impraticable sous une forme systématique. Pour l'instant,
c'est par manque d'instruments notionnels, de catégories d'approche, de moyens de
découpage et de prise. Mais cela va peut-être aussi beaucoup plus loin parce qu'il est
peu vraisemblable qu'une histoire plurale puisse être une histoire systématique, une
histoire totalisable » ^ En renonçant au mythe d'une histoire culturelle globale, doit-
on s'interdire, du même coup, de rendre compte des champs polémiques plus ou
moins explicites qui dessinent en un moment donné une configuration irréductible à
l'une seulement de ses composantes ? Comment rendre compte, par exemple, de la
manière dont ont été thématisées les notions de « sujet parlant » et d'« énonciation »,
dans la linguistique récente, sans tenir compte du fait que cette élaboration a pu être
tributaire non seulement de ce qu'elle refusait, mais aussi de ce qu'elle ignorait et
dont elle pouvait pourtant aussi partager les enjeux ? Corrélativement, la thématisa-
tion. même marginale, de ces notions par les procédures linguistiques attachées à leur
autonomie et à leurs critères propres de validation n'a pu que, soit renforcer les réac
tions de défiance vis-à-vis de la prétention de la linguistique à la scientificité, ou,
plus radicalement à rendre compte fondamentalement du langage, soit conduire à
penser que la philosophie n'avait plus de champ propre ou que les nouveaux espaces
du pensable philosophique ne pourraient lui être fournis par un simple retour à sa
tradition 2.
Le thème du « sujet parlant » nous semble condenser cette situation de crise que
nous essayons de préciser. Introduit par certains linguistes IBenveniste, Jakobson)
1. Judith Schlanger, L'Enjeu et le Débat, Denoël/Gautrier (1979), p. 14.
2. Le caractère trop général de ces remarques ne nous échappe pas. Il faudrait surtout tenu-
compte du fait que les travaux les plus importants de la génération « structuraliste », en philo
sophie, ont surtout tenté de réagir et d'échapper à cette alternative : Derrida, parce que la
déconstruction vise à complexifier les notions de « limites », « marges », « champ » et « pro
pre » et suppose une certaine forme de réactivation de la tradition ; Foucault parce que les
concepts « d'épistémé » et « d'archéologie » sont par nature et par destination trans
disciplinaires ; Althusser, dans la mesure où le thème de I « anti-humanisme théorique » parti
cipe, à sa place, au débat sur l'anthropologie et l'anthropologisation de la philosophie. Mais
tenter d'échapper à cette alternative suppose qu'elle soit déjà en place. C'est à cette mise en
place que nous nous intéressons ici.
21 comme une sorte de point aveugle du structuralisme linguistique post-saussurien 3, le
thème de « la subjectivité dans le langage » ne pouvait que provoquer un certain
« bougé » dans les « problématiques de soi » 4 que la et la philosophie
avaient, chacune pour leur compte, élaborées. Le philosophe P. Raymond témoignait
récemment de l'effet produit, dans le champ philosophique, par le chapitre intitulé
« L'homme dans la langue » des Problèmes de linguistique générale . Si la question
intéressait alors le philosophe, c'était moins parce que le destin de la linguistique lui
importait, que parce qu'il lui semblait qu'alors, la linguistique était mieux apte que
la tradition philosophique à faire avancer des questions dont l'ancrage disciplinaire
n'était plus évident. Si le sujet n'est que l'effet structurel descriptible d'une propriété
de langue, c'est tout un régime du discours philosophique qui doit être abandonné :
celui de l 'auto-fondation, de la maîtrise des enjeux.
En 1968 déjà, F. Wahl notait sur un mode ironique cette transformation de la
perception par la philosophie de ses enjeux et de ses ressources.
« II semble que pendant quelques années, la philosophie médusée n'ait fait que répéter et
assimiler ce qu'elle lisait dans Lévi-Strauss, dans Saussure, qu'elle se soit mise au service du
renversement épistémologique en cours, sur un terrain qu'elle tenait naguère pour sien » 6.
D'autre part, on ne peut qu'être frappé par la manière dont Benveniste à la fois
suscite, enregistre et répercute cette extension de la linguistique « hors d'elle même »
lorsqu'il est question de « l'homme dans la langue », pour reprendre le titre significat
if de Problèmes. Qu'il écrive dans une revue de linguistique, de psychologie ou qu'il
prenne la parole dans un congrès philosophique, l'analyse de la subjectivité dans le
langage est toujours renvoyée aux limites du linguistique comme tel, à un horizon de
recherches dont l'analyse formelle des langues est la condition absolument nécessaire,
mais encore insuffisante. « De la subjectivité dans le langage » situe bien les enjeux
d'une thématisation proprement linguistique du sujet. Si d'un côté il s'agit de récuser
toute interprétation du langage comme instrument de communication en la renvoyant
à son insuffisance (« une fois remise à la parole cette fonction, on peut se demander
ce qui la prédisposait à l'assurer »), s'il s'agit bien également de mettre en évidence
un statut du discursif distinct de la parole saussurienne, il s'agit également et plus
radicalement de préciser une « problématique de soi » de la linguistique. Au-delà,
donc, du débat intra-linguistique avec le structuralisme bloomfieldien, les formulat
ions très générales de Benveniste au début des années 60 témoignent bien — dans
un style très différent de celui de Jakobson — d'un véritable effort pour situer le tra
vail du linguiste par rapport à un certain statut ontologique des faits de langage dans
l'ensemble des faits humains :
« Le langage enseigne la définition même de l'homme... C'est dans et par le langage que
l'homme se constitue comme sujet, parce que la langage seul fonde, en réalité, dans sa réa-
3. E. Benveniste, Problèmes de Linguistique Générale, t. II (Ed. Gallimard, 1974). « Рощ-
un linguiste qui est habitué à pratiquer le travail linguistique et qui a eu de bonne heure, c'est
mon cas, des préoccupations structuralistes, c'est un spectacle surprenant que la vague de
cette doctrine, mal comprise, découverte tardivement et à un moment où le structuralisme en
linguistique est déjà pour certains quelque chose de dépassé », p. 16. Pour une première appro
che de la réception de Saussure dans le champ délimité de la linguistique, Cf. L.I.N.X. (revue
du Centre de Recherches linguistiques de Paris-X, Nanterre) n° 6 (1980).
4. J. Schlanger, op. cit., p. 14 : « Autant que de comprendre ce qui est directement en
cause, il s'agit de se formuler et de se situer. Dans sa dimension culturelle, une problématique
est une problématique de soi ».
5. P. Raymond : Raisons, nua 4 et s.
6. F. Wahl, Qu'est-ce que le structuralisme ; Philosophie, 5 (Ed. Seuil, Coll. « Points »,
p. 14).
22 qui est celle de l'être, le concept d'« ego » (p. 259) [...]. Or nous tenons que cette « sublité
jectivité », qu'on la pose en psychologie ou en phénoménologie, comme on voudra, n'est
que l'émergence dans l'être d'une propriété fondamentale du langage. Est &

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